Ken Rosewall, joueur de tennis.

Kenneth Robert Rosewall dit Ken Rosewall, né le 2 novembre 1934 à Sydney (Australie), est un joueur de tennis australien, dont la carrière s’étend de 1949 à 1980.

Considéré comme l’un des plus grands champions de l’histoire du tennis, il a remporté 133 titres en simple messieurs, dont vingt-cinq tournois professionnels considérés comme majeurs qui se décomposent en huit titres du Grand Chelem, quinze titres du Grand Chelem professionnel et deux WCT Finals, soit l’un plus grands palmarès de l’histoire du tennis masculin en simple.

Rosewall est le joueur qui a probablement le plus disputé de simples dans l’histoire du tennis masculin, au moins 2 282 connus à ce jour. Il est aussi probablement le joueur qui a remporté le plus de simples dans l’histoire du tennis soit 1 655 connus à ce jour.

Rosewall est le seul tennisman, avec Rod Laver, à avoir accompli le Grand Chelem professionnel, en 1963, s’adjugeant le U.S Pro, le French Pro et le Wembley Pro dans la même saison. Il totalise vingt-trois titres de catégorie « Chelem » (Pro Slam et Grand Slam), amateurs, professionnels et ère Open cumulés.

Il a fait partie des vingt meilleurs joueurs du monde (amateurs et professionnels confondus) chaque année de 1952 à 1977, soit pendant plus d’un quart de siècle sans interruption. Il fut probablement l’un des deux meilleurs joueurs du monde pendant environ neuf années et le meilleur de la première moitié des années 1960.

Vainqueur de la Coupe Davis à trois reprises avec l’équipe d’Australie, en 1953, 1955 et 1956, Ken Rosewall fit également preuve d’une longévité inégalée : passé professionnel en 1957, il joue son ultime tournoi en 1982, à l’âge de 47 ans. Il fut également le joueur le plus âgé (37 ans, 2 mois et 1 jour) à remporter un titre du Grand Chelem, à l’occasion de l’Open d’Australie 1972, et le plus âgé à atteindre une finale d’un tournoi du Grand Chelem, lors de l’US Open 1974, à l’âge de 39 ans.

Comme la très grande majorité des joueurs de tennis qui ont commencé leur carrière avant l’ère Open, Rosewall a commencé sur le traditionnel circuit amateur géré par la Fédération internationale de lawn tennis et par les fédérations nationales avec notamment la Coupe Davis, qui était le principal objectif des joueurs de cette époque (les tournois du Grand Chelem étant certes importants mais souvent secondaires comparés à l’épreuve créée par Dwight Davis).

Rosewall s’est notamment révélé pour la première fois à 15 ans et 11 mois quand il atteint, en octobre 1950, les demi-finales du New South Wales Metropolitan Championships (à ne pas confondre avec the New South Wales Championships), battu par Ken McGregor, alors le 2e amateur australien derrière Frank Sedgman.

En janvier 1951, Rosewall a remporté son premier tournoi à Manly près de Sydney.

En 1952, il est probablement devenu pour la première fois un des 20 meilleurs joueurs du monde (amateurs et professionnels confondus) : dans son classement uniquement réservé aux amateurs, Lance Tingay du Daily Telegraph de Londres le classa 10e ex-aequo avec son partenaire de double Lew Hoad. Rosewall avait entre autres atteint les quarts de finale des Internationaux amateurs des États-Unis à Forest Hills, en battant notamment en huitièmes la tête de série no 1 américaine, Vic Seixas (à l’époque le tournoi désignait des têtes de série américaines et des têtes de série étrangères).

Il venait juste d’avoir 18 ans lorsqu’il reçut le trophée des Internationaux amateurs d’Australie, son premier titre dans un tournoi du Grand Chelem. Quatre mois plus tard, il récidiva à Roland-Garros et il conquit aussi le titre du Pacific Southwest à Los Angeles (ce tournoi était considéré par beaucoup comme le 2e plus grand tournoi des États-Unis après Forest Hills). Pour compléter le tableau, il atteignit aussi les quarts de finale à Wimbledon et les demi-finales de Forest Hills, où il fut battu par Tony Trabert le futur vainqueur du tournoi. Ce dernier ayant récidivé lors du Challenge Round (« tour du défi ») de Coupe Davis, beaucoup d’experts accordèrent la première place chez les amateurs à Tony Trabert, Rosewall étant crédité de la 2e place dans cette catégorie.

Rosewall régressa un peu dans la hiérarchie en 1954 car il s’était contenté d’une place de finaliste à Wimbledon et son pays avait perdu la Coupe Davis au profit des États-Unis.

L’année suivante, Rosewall a remporté tous ses simples de Coupe Davis, permettant ainsi à son pays de reconquérir le saladier convoité. En remportant les Internationaux amateurs d’Australie, il a empêché Tony Trabert de réaliser le Grand Chelem amateur en 1955. Ce dernier prit sa revanche en finale des Championnats des États-Unis amateurs à Forest Hills.

En 1956, Lew Hoad et Ken Rosewall gagnèrent les trois titres en double des tournois sur herbe du Grand Chelem. Lors de leurs jeunes années, les deux Australiens furent affublés de divers surnoms comme « The Gold-dust Twins » ou « The Whiz Kids » pour exprimer leur précocité et leur talent. En septembre 1956, Rosewall priva encore un joueur du Grand Chelem, en l’occurrence Hoad, son partenaire de double, en finale de Forest Hills. Si Hoad fut sans conteste le meilleur amateur et de loin en 1956 (défense victorieuse de la Coupe Davis et petit Chelem), Rosewall fut le meilleur amateur de fin de saison en vainquant Hoad 3 fois de suite (Forest Hills, Adelaide et Melbourne).

Lors de sa carrière amateur, Rosewall a participé à 3 Challenge Rounds victorieux de Coupe Davis (1953, 1955, 1956). Dans cette épreuve, il a remporté 15 simples sur 17 (durant l’ère Open, il participera, en double, à une autre conquête en 1973 et gagnera 2 simples sur 2 en 1975). Il a aussi remporté 1 Championnat amateur des États-Unis (1956), 1 Roland-Garros amateur (1953), 2 Championnats amateurs d’Australie (1953, 1955) et le Pacific Southwest à Los Angeles (ce tournoi créé en 1927, avait à l’époque le troisième plus beau tableau de joueurs après Wimbledon et Forest Hills). Rosewall a aussi atteint 4 grandes finales (2 à Wimbledon, 1 à Forest Hills et 1 en Australie (plus 1 à Los Angeles)).

Le promoteur et ancien joueur professionnel Jack Kramer avait essayé d’embaucher les « Whiz Kids » (Hoad et Rosewall) fin 1955 sans succès mais un an plus tard il est revenu à la charge et Rosewall a finalement accepté l’offre de Kramer. Lors du Challenge Round de la Coupe Davis en décembre 1956 Rosewall a essayé de convaincre son coéquipier Hoad de le rejoindre dans les rangs professionnels mais ce dernier n’a pas sauté le pas.

Rosewall a ainsi joué son premier match professionnel, le 14 janvier 1957 à Kooyong (Melbourne) contre le meilleur joueur professionnel de l’époque Pancho Gonzales. Mais comme Rosewall l’a expliqué plus tard, il a constaté à ses dépens la grosse différence de niveau qui séparait les meilleurs amateurs des meilleurs professionnels : dans la tournée en Australie et aux États-Unis qui a opposé les deux joueurs jusqu’en mai, Gonzales est sorti net vainqueur en dominant Rosewall, 50 matchs à 26. Lors de pauses dans la tournée Rosewall a aussi participé à 2 tournois, l’Australian Pro (Championnats professionnels d’Australie) à Sydney en février et l’U.S. Pro (Championnats professionnels des États-Unis) à Cleveland en avril : ces compétitions ont clairement révélé l’écart entre les meilleurs pros et les meilleurs amateurs puisque Rosewall fut nettement battu, en ne remportant aucun set, respectivement par Sedgman (deuxième meilleur pro en 1956) et par Segura (troisième meilleur pro en 1956). Après la Seconde Guerre mondiale, parmi les meilleurs amateurs des joueurs tels que Dinny Pails, Frank Parker, Ken McGregor, Ashley Cooper, Malcolm Anderson, Mervyn Rose, Alex Olmedo, Barry MacKay, Butch Buchholz ou Fred Stolle ont nettement échoué dans les rangs professionnels. Cependant une minorité de grands joueurs amateurs ont réussi, grâce à leur talent et à leur travail très dur, à remporter quelques grandes épreuves professionnelles au bout de quelques mois ou d’une année : Kramer, Pancho Segura, Gonzales, Frank Sedgman, Trabert, Hoad, Andrés Gimeno, Rod Laver. Rosewall fut aussi de ceux-là puisqu’en septembre 1957, huit mois après ses débuts pro, il remporta le titre de Wembley Pro, le plus grand tournoi européen de l’époque, où seuls Sedgman et Trabert parmi les meilleurs manquaient, aux dépens de Segura. Et en fin d’année Rosewall gagna sa première tournée professionnelle, en compagnie de Hoad, Sedgman et Segura, en Australie.

En 1958 Rosewall eut l’opportunité de montrer qu’il était déjà un des meilleurs si ce n’est le meilleur joueur du monde sur terre battue. L’année précédente, les Championnats Professionnels de France ou French Pro (appelés aussi Championnats du monde professionnels sur terre battue quand ils étaient disputés à Roland Garros) n’avaient pas été organisés mais ils revinrent en 1958. Rosewall battit successivement Kramer, Sedgman et Hoad, blessé, pour empocher le titre. Rosewall termina aussi 2e du tournoi des Champions à Forest Hills (incidemment aussi le site des Internationaux amateurs des États-Unis) et 2e ex-aequo (avec Gonzales et Sedgman) au Masters Round Robin Pro de Los Angeles (ces deux tournois américains étant les plus importants du pays cette année-là).

En 1959 pour la première fois depuis son passage chez les pros, Rosewall a mené face à Gonzales dans les tête-à-tête : 3 à 2 selon les statistiques de Joe McCauley qui fut notamment journaliste dans la revue américaine « World Tennis » (et même 5 à 2 selon The Times (New York) et le Sunday Times (of England) d’après ce qu’a écrit Peter Rowley5. Hormis cela Rosewall a gagné les deux éditions des Championnats professionnels du Queensland en 1959 (celles de janvier et de décembre).

L’année suivante Rosewall a de nouveau été intégré dans une grande tournée professionnelle mondiale, de janvier à mai, aux États-Unis, en Europe puis en Australie, avec Gonzales, Segura et Alejandro « Alex » Olmedo la nouvelle recrue professionnelle, meilleur amateur avec Neale Fraser en 1959. Cette tournée fut probablement l’apogée de toute la carrière de Pancho Gonzales. Le bilan final fut le suivant : 1. Gonzales 49 matchs gagnés et seulement 8 perdus, 2. Rosewall 32-25, 3. Segura 22-28, 4. Olmedo 11-44. Rosewall termina donc loin de Gonzales. Au milieu de la partie nord-américaine de la tournée Gonzales menait 23-1 (défaite unique, 6-4 4-6 13-11, face à Olmedo à Philadelphie) alors que Rosewall affichait un bilan de 11-13. À la fin de la tournée Gonzales avait battu Rosewall probablement 15 victoires à 4 (13-3 sûr). Incidemment cette tournée était une preuve de plus démontrant que les meilleurs professionnels étaient bien les meilleurs joueurs du monde puisqu’Olmedo termina bon dernier de ce tour.

Juste après cette tournée Gonzales disputa un tournoi mineur sans grands noms qu’il remporta le 16 mai 1960 et décida de prendre sa retraite (comme souvent chez Gonzales ce fut une décision temporaire puisque, ayant besoin d’argent selon ses propres termes, il revint sur les courts le 30 décembre 1960 soit 7 mois 1/2 plus tard). En l’absence de Gonzales, Rosewall devint clairement le leader, remportant 6 tournois dont les 2 plus importants de l’année, chronologiquement le « French Pro » (c’est-à-dire les Championnats professionnels de France) à Roland Garros, et le tournoi de Wembley Pro (Hoad finaliste à Roland Garros et vainqueur de 4 tournois s’affirma comme le dauphin de son compatriote).

Selon les critères modernes de 2006, Gonzales n’aurait jamais été considéré comme le meilleur joueur du monde en 1960 car n’ayant joué que 4 mois 1/2 cette année-là (1 tournée plus 1 tournoi) : il n’aurait pas accumulé suffisamment de points ATP (classement technique ou classement de la « Race »). Mais dans les critères des années antérieures à l’ère open, les tournées avaient quelquefois une importance considérable et beaucoup de témoins de l’époque ont considéré que Gonzales fut le meilleur en 1960 : McCauley auteur de The History of Professional Tennis étaient de ceux-là, Hoad estimait aussi que Gonzales était le roi (et Rosewall lui-même ne se considérait pas comme le meilleur). D’autres pensaient (pensent) que les succès de Rosewall dans les plus grands tournois suffisent pour lui accorder la première place : Robert Geist qui classa ex æquo les deux joueurs propose un bon compromis entre les opinions divergentes.

Après dix longues années à parcourir le monde avec sa raquette, Rosewall décida de prendre de longues vacances pour profiter de sa famille : il ne disputa aucune compétition dans la première moitié de 1961 même s’il s’entraîna avec Hoad quand les professionnels tournèrent en Australie : Gonzales de retour aux affaires, après ses 7 mois 1/2 de retraite, remporta une nouvelle tournée mondiale aux dépens de Hoad, Olmedo (qui avait remplacé Rosewall souhaitant se reposer), Gimeno et les deux nouvelles recrues MacKay et Buchholz (Segura, Trabert, Cooper et Sedgman remplacèrent au pied levé les joueurs blessés, en particulier Sedgman disputa toute la 2e partie de la tournée face à MacKay).

Rosewall revint sur le circuit en été et remporta les deux plus grands évènements tennistiques de 1961 et de loin puisque bénéficiant d’une (petite) tradition et de la venue de tous les meilleurs joueurs du monde : les Internationaux Professionnels de France (« French Pro ») à Roland Garros sur terre battue et le tournoi pro de Wembley en indoor sur bois. À l’époque les deux tournois se disputaient à la file sur les deux surfaces les plus extrêmes puisque la terre battue est la plus lente et le bois la plus rapide (la dernière compétition internationale qui s’est disputée sur cette surface fut la rencontre Paraguay-France de 1985). À Roland Garros Rosewall enleva le titre à Gonzales en finale 2-6 6-4 6-3 8-6 et à Wembley l’Australien domina Hoad, vainqueur de Gonzales en demi-finale.

Après avoir gagné sur terre battue et sur bois Rosewall clôtura sa saison en gagnant sur herbe aux Championnats Professionnels de Nouvelle-Galles du Sud à Sydney démontrant ainsi cette année-là qu’il était le plus complet des joueurs et donc le meilleur.

Robert Roy de L’Équipe, Kléber Haedens et Philippe Chatrier de Tennis de France, Michel Sutter (qui a notamment écrit « Vainqueurs 1946-1991 Winners » et une version plus courte mais actualisée, « Vainqueurs 1946-2003 Winners »), Christian Boussus (finaliste de Roland Garros amateur 1931), Peter Rowley, Robert Geist, Tony Trabert, John Newcombe, Rod Laver et aussi le New York Times le magazine américain World Tennis considéraient que Rosewall était désormais le nouveau no 1 mondial.

Dès lors il a complètement dominé le circuit professionnel : non seulement il a conservé ses couronnes de Wembley et de Roland Garros qui furent encore en 1962 les deux événements majeurs du circuit et de loin mais il a aussi remporté 5 des 6 autres plus grands tournois (Adelaide, Melbourne, Genève, Milan et Stockholm). Il a donc gagné 7 des 8 plus grands tournois de l’année : seul le tournoi de Zurich lui a échappé puisque Segura l’a battu en demi-finale avant de succomber à son tour en finale face à Hoad. De plus Rosewall a empoché deux autres mini-tournois ainsi qu’une petite tournée en Nouvelle-Zélande.

Il semblerait que Rosewall n’a perdu que 8 matchs en 1962 face à Hoad (2 fois), Gimeno, Ayala, Buchholz, Segura, Anderson et Robert Haillet à Royan en tournée, ce dernier étant le premier Français de l’après-guerre a battre un véritable no 1 mondial en exercice (Darmon avait battu en 1956 Hoad qui n’était que no 1 amateur soit probablement 5e mondial toutes catégories).

Pour illustrer d’ailleurs la faiblesse du tennis amateur à la fin des années 1950 et au début des années 1960 il faut savoir qu’aucun des leaders amateurs, hormis peut-être Gimeno, entre Hoad et Laver, n’a réussi une grande carrière professionnelle : les meilleures places obtenus par Ashley Cooper, Mal Anderson, Rose, Olmedo, Buchholz, MacKay et Ayala chez les professionnels furent les 5es places de Buchholz en 1963 (selon Frank Sedgman en janvier 1964) et en 1964 selon le classement officiel par points des professionnels de cette année-là, cf. plus bas). Autre exemple édifiant : en janvier 1963 un grand amateur, Rod Laver (alors détenteur avec ses coéquipiers australiens de la Coupe Davis et vainqueur d’environ 21 tournois en 1962 dont ceux du Grand Chelem) a entamé sa carrière professionnelle. Sur ses 24 premiers matchs professionnels il n’en remporta que 2, prouvant une fois de plus la supériorité des meilleurs professionnels sur les meilleurs amateurs. En Australasie (Australie + Nouvelle-Zélande), sur gazon, Rosewall battit Laver 11 fois sur 13 et Hoad fut encore plus intraitable avec 8 victoires et aucune défaite. Laver prit ensuite part à une nouvelle tournée, aux États-Unis, avec toujours Rosewall mais sans Hoad qui ne fut pas choisi car sinon il y aurait eu trop d’Australiens pour le public d’outre-Atlantique. Vinrent aussi deux Américains, MacKay et Buchholz ainsi que Gimeno et Ayala. Laver entama cette nouvelle tournée par 3 défaites, 2 successives face à MacKay et la 3e face à Rosewall. Laver retrouva la saveur de la victoire lors de son match suivant face à Ayala.

Dans la première phase de 2 mois 1/2 de cette tournée, chacun des 6 joueurs affrontaient environ 8 fois chaque adversaire. Rosewall termina 1er (31 matchs gagnés – 10 perdus), Laver second (26-16), Buchholz troisième (23-18), Gimeno quatrième (21-20), MacKay cinquième (12-29) et Ayala sixième (11-30). En particulier contre Laver il remporta les 5 premières rencontres, remportant ainsi 12 matchs consécutifs contre son cadet, puis Laver enleva les 3 dernières rencontres. Ensuite la deuxième phase de la tournée, qui se termina fin mai, opposa le premier (Rosewall) au second (Laver) de la première phase pour désigner le vainqueur final (les troisième (Buchholz) et quatrième (Gimeno) de la première phase se rencontrant pour la 3e place définitive). Sur les 18 matchs de la phase finale, Rosewall prit le meilleur sur Laver en 14 occasions et donc accapara le trophée (Gimeno prenant la 3e place en battant Buchholz 11 à 7).

Le reste de la saison fut principalement réservée aux tournois. Dans les confrontations directes en tournois Rosewall fut beaucoup moins dominateur qu’en tournée puisqu’il ne domina Laver que 4 fois en 7 occasions mais ces statistiques sont trompeuses car Rosewall remporta les 3 plus importants matchs. En 1963 Rosewall enleva 5 tournois (comme Laver) dont les 3 plus importants de l’année à savoir chronologiquement l’U.S. Pro (Championnats professionnels des États-Unis) à Forest Hills (il est vrai sans Gimeno et Sedgman) sur gazon où il vainquit aisément Laver 6-4 6-2 6-2, le French Pro (Championnat professionnel de France) à … Coubertin en indoor sur bois où sa victime fut une nouvelle fois Laver (plus tard dans son autobiographie, « The education of a tennis player » page 151, Laver loua son vainqueur « …I played the finest tennis I believe I’ve ever produced, and he beat me (« … J’ai joué le plus beau tennis de ma vie et pourtant il m’a battu ») », et Wembley Pro toujours sur bois (cette fois Rosewall domina Hoad en finale pour la 3e année consécutive). Pour la petite histoire le French Pro avait déménagé de Roland Garros à Coubertin. Rosewall a gagné son dernier tournoi de l’année aux Internationaux d’Italie à Rome. Rosewall a donc confirmé sa mainmise sur le circuit en remportant les plus grands tournois et les deux tournées auxquelles il a participé. Laver a néanmoins montré son grand talent et ses aptitudes en devenant le 2e joueur du monde grâce à ses finales à Coubertin et à Forest Hills ainsi que sa 2e place dans la tournée américaine. Sur l’ensemble de l’année 1963, Rosewall a battu Laver 38 matchs à 13. Ceci est un indice de plus montrant clairement que les meilleurs professionnels étaient presque à coup sûr les meilleurs joueurs tout court les années précédentes.

En 1964 Rosewall a encore remporté un très grand tournoi, le French Pro, son tournoi fétiche, une deuxième fois face à Laver sur bois. À la fin de la tournée en Afrique du Sud, Rosewall battit aussi Laver 6-4 6-1 6-4 dans un match défi que certains considéraient comme un match de Championnat du Monde, à Johannesburg, dans le stade d’Ellis Park. Dans le classement officiel par points des joueurs professionnels prenant en compte 17 (ou 18) tournois (7 points au vainqueur, 4 points au finaliste, 3 points au 3e, 2 points au quatrième et 1 point pour chaque quart-de-finaliste), Rosewall finit no 1 en 1964 avec 78 points, suivi par Laver no 2 (70 points), Gonzales no 3 (48 points), Gimeno no 4 (47 points), Buchholz no 5 (31 points), Hoad no 6 (29 points), Olmedo no 7 (26 points) et Ayala no 8 (7 points). Cependant ce classement ne tenait pas compte d’au moins 11 ou 12 autres tournois puisque McCauley a trouvé trace d’au moins 29 tournois professionnels disputés par au moins quelques-uns des meilleurs pros ainsi que certains tournois mineurs et des petites tournées et b) accordait le même nombre de points quel que soit le tournoi ce qui était injuste vis-à-vis des grands tournois où Laver fut globalement supérieur à Rosewall.

La majorité des témoins de l’époque (Joe McCauley, Robert Geist, Michel Sutter… parmi les journalistes et les joueurs eux-mêmes) approuvèrent ce classement par points puisqu’ils estimèrent que Rosewall fut le meilleur en 1964. Rod Laver lui-même après son triomphe sur Rosewall à Wembley déclara « I’ve still plenty of ambitions left and would like to be the World’s No.1. Despite this win, I am not that yet – Ken is. I may have beaten him more often than he has beaten me this year but he has won the biggest tournaments except here. I’ve lost to other people but Ken hasn’t. (J’ai encore plein d’ambitions à assouvir notamment la place de no 1 mondial. Malgré ma victoire ici je ne le suis pas encore car c’est Ken qui l’est toujours. Certes je l’ai battu plus souvent qu’il ne m’a battu cette année mais hormis ici il a remporté les plus grands tournois. J’ai aussi perdu contre d’autres joueurs contrairement à Ken.) ».

Laver a réussi une très grande saison et en réalité mérite au moins autant que Rosewall la 1re place en 1964. « Rocket » (le surnom de Laver) fut au moins l’égal de Rosewall dans bien des domaines : il remporta 2 très grands tournois : l’U.S. Pro (dans la banlieue de Boston) en dominant successivement Rosewall (victime d’une intoxication alimentaire) et Gonzales, et Wembley pro en battant Rosewall en finale dans l’un de leurs meilleurs matchs (quant à Gonzales, il a gagné l’U.S. Pro Indoors, à White Plains, probablement le 4e plus grand tournoi de cette année-là, en éliminant successivement Mal Anderson, Laver, Hoad et Rosewall). Laver fut l’égal de Rosewall dans les grandes confrontations, deux chacun (Coubertin et Johannesburg pour Rosewall, et l’US Pro et Wembley pour Laver).

Rosewall fut supérieur à Laver si on considère leurs confrontations avec leur plus grand rival en 1964 à savoir Gonzales puisque Rosewall a battu Gonzales 11 fois sur 14 alors que Laver a dû s’incliner 8 fois sur 13 face à Gonzales, son aîné de 10 ans. Mais Laver a gagné un tournoi de plus que Rosewall (en incluant les tournois à 4 joueurs), 11 à 10 mais surtout Laver fut clairement supérieur à son compatriote dans les confrontations directes mineures puisque le cadet a gagné dix fois sur onze ce qui donne un bilan global en 1964 de 12 victoires de Laver contre seulement 3 pour Rosewall. Le leadership commença donc à changer.

Si on ne considère que les 8 premiers mois et 1/2 de l’année 1965, Laver et Rosewall furent sensiblement égaux, le cadet remportant certes plus de tournois dont l’US Pro Indoors à New York et le Masters Pro à Los Angeles mais Rosewall frappant deux grands coups cet été-là en gagnant aisément l’U.S. Pro sur les courts en gazon du Longwood C.C (en banlieue de Boston) en dominant très aisément Gonzales, 6-3 6-2 6-4 puis Laver, 6-4 6-3 6-3 dans les derniers tours et à nouveau Laver, 6-3 6-2 6-4, cette fois en finale du French Pro sur les courts très rapides en bois de Coubertin. Mais dès la semaine suivante à Wembley et jusqu’à la fin de l’année Laver est devenu irrésistible obligeant Rosewall à reconnaître la suprématie de Laver.

1966 fut l’année de la plus grande rivalité entre les deux Australiens qui dominèrent largement tous les autres joueurs. Ils se partagèrent les 5 plus grands titres et les 5 plus grandes finales (ou 2e place). Rosewall remporta le tournoi le plus doté de l’histoire du tennis à cette date (25 000 USD) au Madison Square Garden ainsi que son cher French Pro à Coubertin à chaque fois en dominant Laver en finale, ce dernier prenant sa revanche en gagnant les autres très grands tournois de l’année : Forest Hills Pro (Rosewall second), l’U.S. Pro (en banlieue de Boston) et Wembley Pro (Rosewall finaliste dans les deux tournois). Sur les 20 principaux tournois du circuit, Laver en remporta 9, Rosewall 8 et Gimeno 3. En incluant les tournois mineurs Laver fut victorieux 15 fois, Rosewall 9 fois et Gimeno 6 fois. Dans les tête-à-tête, Rosewall et Laver remportèrent chacun 7 matchs. Rosewall restait le vice-roi indiscutable de la planète tennis.

Le véritable déclin de Rosewall commença en 1967 car pas mal de joueurs le dominèrent à plusieurs reprises (il est probable que le French Pro de 1965 fut le sommet de la carrière de Rosewall et que Wembley, la semaine suivante, montra les premiers signes subtils de déclin de l’Australien). Non seulement Laver atteint l’apogée de sa carrière, devenu quasi invincible sur les surfaces rapides et le roi incontesté des pros mais Gimeno, auparavant régulièrement en retrait, menaça Rosewall pour la 2e place. Sur les 20 tournois principaux du circuit pro en 1967, 10 revinrent à Laver dont les 5 plus grands (U.S. Pro outside Boston, French Pro, Wembley Pro, Wimbledon Pro, Madison Square Garden, World Pro in Oklahoma, Boston Pro (à ne pas confondre avec l’U.S. Pro disputé à la périphérie de Boston), Newport R.R., Johannesburg Ellis Park, Coubertin Pro en avril (à ne pas confondre avec le French Pro disputé aussi à Coubertin, en octobre), 6 tournois furent gagnés par Rosewall (Los Angeles, Berkeley, U.S. Pro Hardcourt in St Louis, Newport Beach, Durban et Cape Town), 3 par Gimeno (Cincinnati, East London, Port Elizabeth) et 1 par Stolle (Transvaal Pro). Si on considère l’ensemble des tournois, la suprématie de Laver fut encore plus évidente : 1) Laver 18 tournois plus deux tournées mineures, 2) Rosewall 7 tournois, 3) Stolle 4 tournois et 4) Gimeno 3 tournois. Dans les confrontations directes Rosewall fut mené par Laver 8-5 et partagea les victoires avec Gimeno 7-7 (Gimeno-Laver : 4-12).

Avant 1967 Gimeno avait toujours été dominé par Rosewall dans les confrontations directes mais cette année-là ils firent jeu égal (Rosewall a battu Gimeno à Los Angeles, Madison Square Garden, St Louis, Newport, Johannesburg (match défi), Durban et Wembley tandis que Gimeno s’est avéré le meilleur à Cincinnati, l’U.S. Pro, East London, Port Elizabeth, Johannesburg (tournoi), Marseille, le French Pro). Ayant gagné beaucoup plus de tournois que Gimeno, Rosewall méritait néanmoins la deuxième place derrière Laver, ce dernier étant devenu pour la première année le numéro 1 de très loin après les années 1964 à 1966 où la rivalité entre les deux Australiens avait été très forte.

Interdit des épreuves traditionnelles pendant 11 ans et 4 mois (soit 11 Coupes Davis, 11 Wimbledon amateurs, 11 Forest Hills amateurs, 11 Roland Garros amateurs, 12 Internationaux d’Australie amateurs) de janvier 1957 au 30 mars 1968, Rosewall a atteint son meilleur niveau pendant cette période (en particulier entre 1960 et 1966) en remportant au moins 62 tournois (en incluant 16 tournois de moins de 8 joueurs) et au moins 7 tournées.

Comme il l’est expliqué auparavant à partir d’août 1972 les joueurs purent enfin entrer dans presque tous les tournois qu’ils souhaitaient et ainsi la véritable ère Open a débuté (tous les meilleurs joueurs étant rassemblés à Forest Hills, ils en profitèrent pour créer leur syndicat afin de jouer là où bon leur semble puisque jusqu’à présent les joueurs amateurs ou les pros indépendants dépendaient du bon vouloir des dirigeants internationaux et nationaux et que les professionnels sous contrat étaient à la fois bannis du circuit traditionnel et forcés de jouer là où leurs patrons promoteurs le demandaient. Les joueurs syndiqués allaient avoir bientôt l’occasion d’exercer leur nouveau pouvoir dès l’été 1973.

Rosewall empocha 7 tournois en 1972 (en incluant le très faible Australian Open) et fut généralement classé 3e joueur mondial après Smith et Nastase par Judith Elian ou Lance Tingay ou Joe McCauley (Bud Collins intervertissant Nastase et Rosewall).

Le début de 1973 fut identique à la seconde moitié de 1972 pour Rosewall : un grand blanc. Après son élimination au 2e tour de l’U.S. Open 1972 (contre Mark Cox), il enregistra probablement la pire défaite de toute sa carrière contre Karl Meiler dans son premier match (second tour) de l’Australian Open de 1973 (une fois encore avec un tableau très faible puisque comme en 1972 seuls Rosewall et Newcombe parmi les joueurs du Top 20 participèrent). Plus important : entre mai 1972 (victoire à Dallas) et avril 1973 (victoire à Houston, River Oaks) Rosewall ne décrocha que deux petits tournois, Tokyo WCT (tournoi n’accordant aucun point pour la qualification aux WCT Finals) et Brisbane (en décembre 1972) où il fut le seul joueur du Top 20. Si 1967 fut la première année d’un déclin véritable mais relatif car ponctué de nombreux exploits, 1973 (et plus précisément « l’après Dallas 1972 ») fut le véritable commencement du déclin de Rosewall : bien qu’il resta encore un des meilleurs joueurs du monde pendant quelques années, il ne fut plus désormais capable de lutter pour la 1re place mondiale.

Pour la 12e fois Rosewall ne participa pas encore à Wimbledon mais contrairement aux 11 fois précédentes ce fut de son propre chef : c’est ici que les joueurs purent enfin s’exprimer librement pour la première fois dans l’histoire du tennis. Hormis 3 joueurs tous les joueurs de l’ATP boycottèrent le tournoi de Wimbledon6 afin de soutenir leur collègue Nikola Pilić suspendu par les Fédérations yougoslave et internationale. Rosewall comme ses autres collègues de l’ATP ne joua donc pas.

Ses meilleures performances en 1973 furent d’abord sa demi-finale à l’U.S. Open (comme en 1972 la plus grande compétition de l’année) et ensuite sa troisième place aux WCT Finals à Dallas (il fut battu par Ashe en demis puis vainquit Laver pour la 3e place). Il remporta aussi Houston WCT (déjà dit), Cleveland WCT, Charlotte WCT, Osaka et Tokyo.

1974 fut la première année depuis 1952 où Rosewall n’a pas gagné le moindre tournoi : il disputa 9 tournois (dont celui de Hong-Kong jamais terminé à cause de la pluie) et atteignit 3 finales dont celles de Wimbledon et de Forest Hills. Grâce à ces deux grosses performances Rosewall fut classé entre la deuxième place (Tingay) et la 7e (Collins) par beaucoup de journalistes (il ne fut que 8e au classement de l’ATP car il avait trop peu joué de tournois car il avait succombé aux charmes pécuniaires de l’« organisation » (« cirque » serait un terme plus approprié) World Team Tennis (WTT à ne pas confondre avec WCT).

Rosewall fit encore partie des 10 (selon l’ATP, Collins ou Tommasi) ou 15 meilleurs joueurs du monde en 1975 grâce à ses 5 victoires en tournois (Jackson, Houston-River Oaks, Louisville, Gstaad, Tokyo Gunze Open) et ses deux victoires en simple lors de la rencontre de Coupe Davis contre la Nouvelle-Zélande (la Coupe Davis fut enfin ouverte aux pros sous contrat en 1973 : cette année-là Rosewall fut sélectionné par Neale Fraser pour le double en demi-finale de l’épreuve). Rosewall vint une dernière fois à Wimbledon, à 40 ans passés, et comme lors de son premier Wimbledon Open (en 1968) il chuta au même tour (le 4e) face au même joueur (Tony Roche).

En 1976 Rosewall quitta définitivement le Top 10 mais resta dans le Top 20 grâce à ses 3 titres conquis à Brisbane, Jackson WCT et Hong-Kong (sur Nastase alors 3e joueur du monde).

1977 fut la dernière année de Rosewall dans le Top 20 : cela signifie qu’il a fait partie des meilleurs joueurs du monde chaque année pendant 26 ans (dans le Top 20 de 1952 à 1977 sans interruption). Il remporta les derniers tournois de sa carrière à Hong-Kong et à Tokyo (Gunze Open) quelques jours après son 43e anniversaire.

Il se retira graduellement pour conclure en octobre 1980 : à près de 46 ans, il participa à son dernier tournoi à Melbourne en indoor, en éliminant au premier tour Butch Walts, classé no 49 à l’ATP avant que Paul McNamee ne mette un terme à la sublime carrière de Kenneth Robert Rosewall. En 1982 il fit un retour très bref, à plus de 47 ans au championnat sur terre battue de Nouvelles Galles du Sud (New South Wales Hardcourt Championships), à Grafton du 10 au 14 février où il atteignit la finale de ce tournoi hors ATP (Grand Prix et WCT) en perdant 6-4 6-2 face à Brett Edwards.

Source : Wikipédia.

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