Jean Borotra, joueur de tennis.

Jean Borotra est un joueur de tennis et homme politique français, né le 13 août 1898 à Biarritz et mort le 17 juillet 1994 à Arbonne (Pyrénées-Atlantiques).

Surnommé « le Basque bondissant », il est l’un des « Quatre Mousquetaires » qui se sont notamment illustrés avec l’équipe de France en Coupe Davis dans les années 1920 et 1930. Vainqueur de dix-huit tournois du Grand Chelem toutes catégories confondues, il s’est notamment imposé en simple à Wimbledon en 1924 et 1926 et à Roland-Garros en 1931. D’août 1940 à avril 1942, il est commissaire général à l’éducation physique et aux sports du gouvernement de Vichy.


Jean Laurent Robert Borotra est le fils d’Henri Borotra (1864-1907), homme de lettres, et de Marguerite Laurence Suzanne Juliette Revet (1868-1947). Son père Henri est né à Zacatecas au Mexique, d’une mère mexicaine et de Jean Borotra, qui sera maire d’Arbonne de 1881 à 1896.

Jean Borotra a deux frères cadets : Frédéric (1902-1923), diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, mort à 21 ans d’une double pneumonie, et Édouard (1904-1979), chef d’entreprise et père de Didier et Franck Borotra, frères jumeaux, futurs hommes politiques, respectivement député et sénateur. Édouard, également joueur de tennis, a participé au tournoi de Roland-Garros en 1925, 1928 et 1929, ainsi qu’au tournoi de Wimbledon de 1928. Jean Borotra est donc le grand-oncle de l’actrice Claire Borotra, qui est la fille du sénateur Franck Borotra.

Jean Borotra épouse le 24 juillet 1937 Mabel de Forest-Bischoffsheim (1902-1998), fille d’un aristocrate naturalisé britannique, héritier par adoption de la grande fortune Hirsch-Bischoffsheim et connu sous le titre de « comte de Bendern ». Elle est divorcée de l’homme politique Edmond Barrachin. Borotra et elle auront un fils, Yves, avant de divorcer en juillet 1948, elle ayant été accusée à la Libération d’avoir dénoncé des résistants et d’avoir été une informatrice de la Gestapo. Elle est jugée par contumace en avril 1950 alors qu’elle s’est réfugiée en Suisse. Condamnée à une peine de 10 ans de travaux forcés, elle est finalement acquittée en 1953 par le tribunal militaire de Paris, après son retour en France en 1952. Jean Borotra témoigne en sa faveur, en 1950 (affirmant qu’il ne l’a plus vue depuis novembre 1943 mais qu’elle ne peut pas être coupable) et en 1953. Il se remarie en août 1988 avec l’historienne Janine Bourdin (1925-2017).

Jean Borotra passe sa jeunesse au Pays basque. Il découvre le tennis à 14 ans lors d’un séjour linguistique dans une famille anglaise, les Wildy, habitant à Kenley (Surrey) : jusqu’alors, il n’avait connu que la pelote basque. Ses hôtes ont bien du mal à croire qu’il n’a jamais touché une raquette (il a d’ailleurs commencé à renvoyer les balles à mains nues, comme dans le jeu de maniste, une des variantes de la pelote basque qu’il pratiquait en alternance avec le joko garbi, ou chistera courte). Les tennismen locaux se bousculent pour affronter le jeune phénomène français dont le style tennistique est tout sauf académique mais dont la condition physique exceptionnelle, associée à un grand désir de vaincre le font progresser à pas de géant.

Dès ses dix-huit ans, Jean Borotra interrompt ses études au lycée Saint-Louis à Paris pour s’engager volontairement dans l’Armée, le 11 septembre 1916 pour la durée de la guerre. D’abord canonnier de 2e classe au 118e régiment d’artillerie lourde, il est admis, en février 1917, à l’École de l’artillerie de Fontainebleau. Il en sort, fin août 1917, aspirant d’artillerie à titre temporaire, d’abord au 105e régiment d’artillerie puis au 121e régiment d’artillerie lourde. Il gagne ses galons de sous-lieutenant à titre temporaire le 15 mai 1918 et termine la guerre avec deux citations : Croix de guerre. Son grade de sous-lieutenant est rendu définitif peu avant sa démobilisation en octobre 1919.

Son engagement volontaire pendant la Guerre de 1914-1918 met entre parenthèses sa carrière tennistique naissante, cependant il parvient en finale du double du championnat militaire de tennis de l’armée du Rhin en 1919, associé à un ancien champion de France militaire, le capitaine Cardot. La paire Cardot – Borotra est battue en finale, de peu, et Cardot demande à Borotra combien de fois il a joué au tennis. Borotra répond qu’il n’a joué que moins d’une centaine de parties. Cardot répond que cela ne l’étonne pas, « mais dès que vous aurez la possibilité de vous entraîner 2 heures, 3 ou 4 fois par semaine, je ne serais pas surpris que vous deveniez champion de France en 2-3 ans ».

En novembre 1921, Jean Borotra bat un des meilleurs joueurs français de l’époque, André Gobert, alors qu’il s’adonne également au football, et accède directement à la première série, avec le rang de no 5 français. En 1921 il dispute des tournois internationaux, dont une finale de double mixte, au tournoi de Cannes, associé à Suzanne Lenglen. Malgré la présence d’Henri Cochet, il remporte le simple messieurs et le double mixte. Dès 1922, il est sélectionné dans l’équipe de France de Coupe Davis, épreuve qu’il dispute de multiples fois associé aux trois autres mousquetaires Henri Cochet, René Lacoste et Jacques Brugnon.

Il gagne les tournois de Wimbledon en 1924 et 1926 (trois fois finaliste) et de Roland-Garros en 1931, ainsi que le championnat d’Australie en 1928, à l’occasion d’une tournée organisée par son club, le Racing. Il est un des rares joueurs non australiens à avoir disputé ce dernier championnat car les moyens de transport de l’époque ne favorisaient guère la venue des grands champions du temps, et le seul « Mousquetaire » à l’avoir remporté. Il échoue en finale de l’US Open de tennis 1926 contre René Lacoste, qui le bat en finale 6-4, 6-0, 6-4, ce qui l’empêche ainsi de réaliser un Grand Chelem sur la durée de sa carrière.

Volleyeur de premier ordre, avec une technique peu orthodoxe mais des qualités athlétiques exceptionnelles, Borotra pratique toute sa vie un tennis d’attaque, s’emparant du filet à la première occasion, où il est quasiment « impassable ». Excellent sur surfaces rapides, il est particulièrement redoutable sur courts couverts en bois, surface sur laquelle il remporte des tournois à plus de cinquante ans, comme le championnat d’Angleterre sur court couvert alors qu’il est âgé de cinquante-et-un ans. En 1936, il remporte la Coupe du Roi au côté de Bernard Destremau. Ayant arrêté la compétition au plus haut niveau à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il fait sa rentrée dans le tournoi de Deauville en 194621 et parvient à réaliser en 1947 une unique et dernière apparition en équipe de France de Coupe Davis, en double contre la Tchécoslovaquie où il perd cependant son match. Il joue son dernier match en compétition à 87 ans lors du tournoi de double mixte vétéran de Wimbledon.

Sa « bête noire » a été le champion américain Bill Tilden ; il est toutefois le premier des Mousquetaires à le battre, lors du championnats des États-Unis sur courts couverts de 1926, ce qui restera sa seule victoire contre lui.

Jean Borotra a été membre depuis 1920 puis président du Tennis club de Paris de 1930 à 1941, lauréat du prix Guy Wildenstein de l’Académie des sports en 1937, et lauréat du Prix du Dirigeant sportif en 1938 du comité de l’Association des écrivains sportifs. Jean Borotra est nommé président d’honneur de la Fédération française de tennis après la guerre. Il a également été vice-président de la Fédération internationale de tennis ; il est évincé en 1969, car il s’oppose à ses collègues français sur la question du statut des joueurs et leurs rapports avec les promoteurs professionnels. Il a été nommé membre de l’International Tennis Hall of Fame avec ses camarades Mousquetaires en 1976, et a été élu Gloire du sport.

Jean Borotra est le détenteur d’au moins 85 titres internationaux. Il a été 59 fois champion de France, 20 fois champion d’Angleterre, trois fois champion du monde et deux fois champion d’Amérique.

Il compte 32 sélections en Coupe Davis de 1922 à 1947. En 54 matchs disputés, il totalise 19 victoires pour 12 défaites en simple et 17 victoires pour 6 défaites en double. Il a aussi été médaille de bronze en double aux Jeux olympiques à Paris.

Au Championnat international des vétérans, il a remporté le simple en 1959 et le double en 1960 (avec Adrian Quist) et 1964 (avec McCall).

Jean Borotra mène de front une double carrière de champion de tennis et de cadre dirigeant dans l’industrie. Il est embauché en 1924 par la SATAM (« société anonyme pour tous appareillages mécaniques », qui fabrique des appareils pour la distribution des carburants) en qualité d’ingénieur commercial chargé des exportations. Il devient ensuite administrateur de la société de 1933 à 1976, ainsi que de l’Union française de crédit pour le commerce et l’industrie, de la marque Hotchkiss-Delahaye en 1953. La SATAM et l’Union française de crédit font partie d’un groupe fondé par le polytechnicien Alexandre Giros, la SGE (Société générale d’entreprise). L’un des ses fils, François, PDG de la SATAM, est administrateur avec Borotra d’une filiale, la société britannique Avery-Hardoll Ltd.

Sa facette d’homme d’affaires se double d’un volet de relations publiques et mondaines, pour lequel le tennis lui sert parfois de sésame. Il affronte en match amical des têtes couronnées, comme Manuel II du Portugal ou Gustave V de Suède… qu’il laisse, très diplomatiquement, gagner.

Incarnation avant la lettre de l’Homme pressé de Paul Morand, Borotra parcourt la planète entière en combinant matches de tennis et rendez-vous professionnels, à une époque où les lignes aériennes transocéaniques n’existent quasiment pas.

Ses fonctions passées de commissaire général à l’éducation physique et aux sports du gouvernement de Vichy conduisent les instances britanniques, après la guerre, à lui interdire – semble-t-il sur la prière du gouvernement français – de participer au tournoi de Wimbledon. Il n’y réapparaît qu’en 1948.

À partir de 1966 ou 1967, il devient aussi l’un des vice-présidents du Centre d’études politiques et civiques, un club de réflexion patronal de droite, qu’il fréquente depuis quelques années. Le CEPEC est présidé par un patron pétainiste, Georges Laederich, membre du bureau national de l’ADMP, puis par François Lehideux, ancien ministre du régime de Vichy à l’instar de Borotra et futur président de l’ADMP.

Il a été l’un des conseillers des gouvernements gaullistes dans les années 1960 en matière de sport — il a présidé la commission chargée d’élaborer la doctrine du sport au Haut-comité des sports —, et le vice-président du Conseil international pour l’éducation physique et le sport.

Source : Wikipédia.

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