Antoine Perrenot de Granvelle, archevêque et diplomate.

Antoine Perrenot de Granvelle, né le 20 août 1517 à Besançon et mort le 21 septembre 1586 à Madrid, est un prélat bourguignon, évêque d’Arras puis archevêque de Malines et cardinal, un diplomate et un homme d’État au service de Charles Quint, puis de son fils, Philippe II.

Membre du Conseil d’État des Pays-Bas, il est un des principaux conseillers de la Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, de 1559 à 1564, puis vice-roi de Naples et président du conseil suprême d’Italie et de Castille.


Il est le fils de Nicolas Perrenot de Granvelle (1486-1550), proche conseiller de l’empereur Charles Quint, puis garde des Sceaux du Saint-Empire romain germanique, et de Nicole Bonvalot, fille de Jacques Bonvalot, seigneur de Champagney, gouverneur de la ville de Besançon, chevalier de l’Éperon d’or, et de Marguerite Merceret.

Enfant, Antoine de Granvelle a comme précepteur le philologue Hugues Babet. Il étudie ensuite le droit à l’université de Padoue, puis la théologie à l’université de Louvain.

Chanoine et protonotaire apostolique de Besançon en 1529, alors qu’il n’a que 12 ans, il devient archidiacre de Gray en 1531, à l’âge de 14 ans, puis doyen d’Arbois, l’année suivante. Il est nommé en 1534 premier secrétaire de l’empereur et en 1535, prévôt d’Utrecht, abbé de Balerne en 1537 et coadjuteur du Prieuré de Mouthier-Haute-Pierre en 1538 avant de devenir chanoine à Gand.

Au mois de novembre 1538, âgé seulement de vingt-trois ans, il est nommé évêque d’Arras grâce à une dispense. Il est fait chanoine de la cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Lambert de Liège le 9 juin 1540. En qualité d’évêque d’Arras, il participe au Concile de Trente, où il s’exprime le 8 janvier 1543.

Grâce à l’influence de son père, il se vit confier plusieurs missions  politiques, qui lui permirent de développer des compétences diplomatiques, tout en le familiarisant avec les grands courants de la politique européenne. Il prend part aux négociations de paix qui suivirent la défaite des princes protestants de la Ligue de Smalkalde (bataille de Muehlberg en 1547).

En 1550, il succéda à son père en tant que secrétaire d’État ; à ce poste, il conseilla Charles Quint au cours de la guerre contre Maurice de Saxe, il l’accompagna lors de la fuite d’Innsbruck, et il réussit à obtenir la paix de Passau (août 1552).

L’année suivante, il arrangea les détails du mariage de Marie Ière d’Angleterre et de Philippe II d’Espagne, à qui il offrit ses services en 1555, l’année de l’abdication de l’empereur.

À la fin de la onzième guerre d’Italie, après la victoire de Saint-Quentin (1557), Philippe II fait de Granvelle un des émissaires chargés de négocier avec la France les traités du Cateau-Cambrésis, signés en avril 1559.

Lorsque, quelques mois plus tard, Philippe quitte les Pays-Bas, où il ne reviendra jamais, Granvelle est nommé principal conseiller de la « gouvernante et régente » (gouverneur général) Marguerite de Parme, demi-sœur du roi, qui remplace Emmanuel-Philibert de Savoie. Granvelle est assisté par deux fidèles de Philippe II, Viglius van Aytta et Charles de Berlaymont, tous deux néerlandais (de Frise et du Hainaut,   respectivement).

Ils sont notamment chargés d’appliquer et de faire appliquer la politique religieuse de Philippe II, radicalement hostile au protestantisme. Ils vont de ce fait se heurter, dans le cadre du Conseil d’État à trois nobles de haut rang qui ont servi dans les armées de Charles puis de Philippe, mais qui, bien que catholiques, sont tolérants en matière religieuse : le prince Guillaume d’Orange et les comtes Lamoral d’Egmont et Philippe de Montmorency, comte de Hornes, qui tous trois veulent aussi préserver les libertés provinciales et urbaines, mises à mal par la politique de centralisation menée depuis les années 1520.

Une étape importante de cette centralisation est la réforme des diocèses, instituée par la bulle Super Universas (1559) : aux six diocèses traditionnels (suffragants de Cologne ou de Reims) sont substitués dix-huit diocèses correspondant plus ou moins aux dix-sept provinces, dont trois  archidiocèses : Malines (siège primatial), Cambrai et Utrecht. Cette réforme, bien que favorable à l’idée d’un État néerlandais spécifique, n’est pas très bien vue, parce qu’elle signifie un renforcement du contrôle de l’orthodoxie religieuse (chaque diocèse étant doté d’un tribunal d’inquisition).

Granvelle profite personnellement de cette réforme, puisqu’il devient archevêque de Malines le 10 mars 1561 ; vers la même époque, il est fait cardinal (avec le titre cardinalice de San Silvestro in Capite).

Les années 1562-1563 sont marquées par l’aggravation des tensions au sein du Conseil d’État, où les trois Néerlandais d’opposition finissent par menacer de démissionner, ce qui amènerait certainement des troubles dans le pays. Ils bénéficient d’un certain soutien de la gouvernante qui se rend compte que la répression à outrance du protestantisme (comme en Espagne) n’est pas la meilleure solution aux Pays-Bas.

En mars 1564, Philippe II fait une concession importante : Granvelle est révoqué de ses fonctions politiques aux Pays-Bas et doit se retirer dans son pays d’origine, le comté de Bourgogne. Il conserve malgré cela la fonction d’archevêque de Malines.

Les six années qui suivent sont paisibles, marquées seulement par une visite personnelle qu’il fait à Rome en 1565.

Il impose à son frère Charles, abbé commendataire de l’abbaye Notre-Dame de Faverney (actuelle Haute-Saône), les décisions du concile de Trente visant à une amélioration du fonctionnement de l’Église catholique, l’obligeant à résider effectivement dans son abbaye et répondant négativement aux demandes qu’il lui adresse à Baudoncourt, les 29 et 31 octobre 1564, pour résigner son titre abbatial au profit de leur neveu Antoine d’Achey.

En 1570, Granvelle est chargé d’une mission diplomatique à Rome : négocier une alliance entre les États pontificaux, la république de Venise et la couronne d’Espagne contre l’Empire ottoman, alliance conclue le 25 mai 1571 et dont le résultat est la victoire navale de Lépante (octobre 1571).

La même année, il est nommé vice-roi de Naples, poste difficile et dangereux, qu’il occupe pendant cinq ans avec habileté.

Philippe II le rappelle en 1575 à Madrid, pour qu’il préside le conseil des affaires d’Italie.

En 1580, il conduit les négociations en vue de l’union des couronnes d’Espagne et de Portugal, et en 1584, celles du mariage de l’infante Catherine avec Charles-Emmanuel Ier de Savoie, un échec pour la France.

Ces succès lui valent d’être nommé archevêque de Besançon en novembre 1584. Mais, frappé de paralysie, il ne peut pas être intronisé.

Il meurt à Madrid le 21 septembre 1586.

Son corps est transporté à Besançon et inhumé, comme celui de son père Nicolas Perrenot de Granvelle, dans le caveau de la chapelle familiale de l’église des Carmes, voisine du palais Granvelle.

Source : Wikipédia.

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