Zviad Gamsakhourdia, homme d’état.

Zviad Konstantines dze Gamsakhourdia né le 31 mars 1939 et mort le 31 décembre 1993, est un homme politique géorgien qui fut président de la République du 26 mai 1991 au 6 janvier 1992.

Premier président démocratiquement élu d’une ex-république soviétique, Zviad Gamsakhourdia fut aussi un professeur, un écrivain, un dissident soviétique et enfin un homme politique, craignant et accusant sans cesse le Kremlin de comploter contre son gouvernement. Père de la Géorgie indépendante, il ne put recevoir l’aide des puissances étrangères pour développer son pays et dut se trouver un solide allié en Djokhar Doudaïev, président tchétchène dont la république fut reconnue par Gamsakhourdia.

Victime d’un coup d’État qui mena la République de Géorgie à une terrible et sanglante guerre civile, Zviad Gamsakhourdia fut également à l’origine des actuelles dissensions entre l’Abkhazie et la Géorgie mais se rapprocha d’autres pays caucasiens, telle que l’Arménie.


près la mise en place de la politique de Glasnost par le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev, Gamsakhourdia joua un rôle clef dans l’organisation de manifestations de masse pour l’indépendance de la Géorgie entre 1987 et 1990, rejoint par Merab Kostava, libéré en 1987. En 1988, Gamsakhourdia devint l’un des fondateurs de la Société de Saint Ilia le Juste (SSIR), organisation combinant société religieuse et parti politique qui devint la base de son propre mouvement politique. L’année suivante, la répression brutale par les forces soviétiques d’une grande manifestation pacifique organisée à Tbilissi du 4 au 9 avril fut un élément crucial, rendant impossible le maintien du pouvoir soviétique sur la Géorgie. Le processus de réformes démocratiques s’accéléra par la suite, conduisant aux premières élections géorgiennes libres, démocratiques et multipartites le 28 octobre 1990. Le parti SSIR de Gamsakhourdia et l’Union d’Helsinki géorgienne s’allièrent avec d’autres groupes d’opposition pour former une coalition réformiste appelée « Table ronde – Géorgie libre » (« Mrgvali Magida — Tavisupali Sakartvelo »). La coalition remporta une victoire écrasante, obtenant 64 % des voix contre seulement 29,6 % pour le Parti communiste géorgien. Le 14 novembre 1990, Zviad Gamsakhourdia fut élu à une large majorité président du Conseil suprême de la République de Géorgie.

Le 31 mars 1991, la Géorgie organisa un référendum au cours duquel 90,08 % des votants se prononcèrent en faveur d’un rétablissement de l’indépendance du pays. Le parlement géorgien proclama l’indépendance le 9 avril 199115, rétablissant dans les faits l’État géorgien indépendant de 1918 à 1921. Cependant l’indépendance ne fut pas reconnue par l’Union soviétique et, bien que de nombreuses puissances étrangères l’aient reconnue rapidement, la reconnaissance mondiale n’eut lieu que l’année suivante. Zviad Gamsakhourdia fut élu président de la République lors des élections du 26 mai16 avec 86,5 % des voix (participation de plus de 83 %).

En arrivant au pouvoir, Gamsakhourdia se trouva confronté à d’importantes difficultés tant économiques que politiques, notamment en ce qui concerne les relations avec l’Union soviétique. Un des autres problèmes clef était la situation des nombreuses minorités ethniques présentes en Géorgie  (représentant jusqu’à 30 % de la population). Bien que les groupes ethniques minoritaires aient participé activement au retour de la démocratie en Géorgie, ils étaient sous-représentés dans les institutions élues en octobre 1990, avec seulement neuf députés « non géorgiens » sur les 245 que comptait le parlement. Même avant l’indépendance de la Géorgie, la situation des minorités nationales était problématique, conduisant par exemple au déclenchement d’importantes violences interethniques en Abkhazie en 1989. Des Géorgiens avaient, lors des élections, fait campagne sous le slogan « la Géorgie aux Géorgiens ». Pour les moins extrémistes, ce slogan pouvait signifier la fin de la domination soviétique et de la russification du pays. Cependant, d’autres l’utilisaient pour demander l’abolition du statut d’autonomie dont bénéficiaient certaines régions peuplées par des minorités ethniques, quelques extrémistes allant jusqu’à demander l’expulsion totale des minorités.

Ce slogan, et d’autres du même type, alarmèrent les minorités. Des nationalistes issus de ces minorités, demandèrent l’unification avec leurs homologues ethniques situés de l’autre côté de la frontière russe, ou dans les cas les plus extrêmes l’indépendance. D’autres républiques soviétiques faisaient face à des problèmes interethniques du même ordre allant parfois jusqu’à la guerre civile comme en Moldavie (minorité russe) et en Azerbaïdjan (minorité arménienne).

En 1989, des troubles violents se déclenchèrent dans la République  socialiste soviétique autonome d’Ossétie du Sud entre la population souhaitant l’indépendance de la Géorgie d’une part et les Ossètes favorables à l’intégration à la Russie d’autre part. Le Soviet régional d’Ossétie du Sud annonça que la région faisait sécession de la Géorgie pour former une « République soviétique démocratique » ossète. En réponse, le Soviet suprême géorgien supprima l’autonomie de l’Ossétie du Sud en mars 1990.

Une épreuve de force tripartite commença dans la région entre les Géorgiens, les Ossètes et les forces militaires soviétiques, ce qui entraîna (en mars 1991) la mort de 51 personnes et l’expulsion de plus de 25 000 personnes. Après son élection au poste de président du Soviet Suprême, renommé Conseil suprême, Gamsakhourdia dénonça le mouvement ossète, le considérant comme une partie du stratagème russe pour miner la Géorgie, déclarant que les séparatistes ossètes étaient « des agents directs du Kremlin, ses outils ainsi que des terroristes ». En février 1991, il envoya une lettre à Mikhaïl Gorbatchev lui demandant le retrait des troupes de l’armée soviétique et d’un contingent des forces de l’intérieur de l’URSS présents dans l’ancienne région autonome d’Ossétie du Sud.

Le 22 décembre 1991, des partisans armés de l’opposition organisèrent un coup d’État et attaquèrent plusieurs bâtiments officiels dont le bâtiment du parlement géorgien où Gamsakhourdia avait trouvé refuge. De lourds combats continuèrent dans Tbilissi jusqu’au 6 janvier 1992, entraînant la mort d’au moins 113 personnes. Le 6 janvier, Gamsakhourdia et les  membres de son gouvernement traversèrent les lignes ennemies et s’échappèrent vers l’Azerbaïdjan qui leur refusa l’asile politique. L’Arménie, qui était d’accord pour accueillir la femme et les enfants de Zviad mais pas le président lui-même, accueillit finalement Gamsakhourdia pour une courte période, rejetant les demandes d’extradition de la Géorgie. Afin de ne pas compliquer les relations déjà tendues avec la Géorgie, les autorités arméniennes autorisèrent Gamsakhourdia à partir vers la république séparatiste de Tchétchénie où il se vit offrir l’asile politique par le gouvernement rebelle du général Djokhar Doudaïev. Si la thèse d’une aide russe au coup d’État a été évoquée, elle n’a jamais été prouvée.

Un conseil militaire composé des opposants de Gamsakhourdia forma dès lors un gouvernement provisoire. Une de ses premières actions fut de déposer officiellement le président Gamsakhourdia. Il se transforma ensuite en Conseil d’État et offrit en mars 1992 le poste de président de ce Conseil au vieux rival de Gamsakhourdia, Edouard Chevardnadze. Il ne fut procédé à aucune élection ou référendum pour avaliser le changement. Chevardnadzé gouverna de facto comme président.

Après son renversement, Gamsakhourdia continua à se considérer comme le président légitime de la République de Géorgie. Il était encore reconnu comme tel par certains gouvernements et par quelques organisations internationales, bien que le Conseil Militaire insurrectionnel ait été rapidement accepté comme l’autorité gouvernante dans le pays. Gamsakhourdia refusa d’accepter son renversement puisqu’il avait été élu au poste de président par une majorité écrasante de la population (contrairement à Edouard Chevardnadze, choisi non démocratiquement). En novembre et décembre 1992, il fut invité en Finlande (par le groupe pour l’amitié avec la Géorgie du parlement finlandais) et en Autriche (par la Société Internationale des Droits de l’Homme). Dans les deux pays, il tint des conférences de presse et des meetings avec des parlementaires et des personnalités gouvernementales.

Des accrochages entre les forces pro- et anti-Gamsakhourdia continuaient durant les années 1992 et 1993. Des sympathisants de Gamsakhourdia firent prisonniers des membres du gouvernement entraînant des raids de représailles des forces gouvernementales. Un des plus sérieux incidents eut lieu à Tbilissi le 24 juin 1992 lorsque des sympathisants armés de Gamsakhourdia envahirent les bureaux de la télévision d’État. Ils parvinrent à diffuser un message radio déclarant : « le gouvernement légitime a été réinstallé. La junte rouge touche à sa fin ». Cependant, ils furent évacués après quelques heures par la Garde nationale. Ils espéraient ainsi entraîner un soulèvement massif contre le gouvernement de Chevardnadze, mais ce fut un échec.

Le gouvernement de Chevardnadze imposa un régime extrêmement répressif dans toute la Géorgie pour supprimer le « Zviadisme ». Les forces de sécurité et la milice pro-gouvernementale Mkhedrioni procédèrent à des arrestations massives et à un harcèlement des militants pro-Gamsakhourdia. Bien que les atteintes faites aux Droits de l’Homme aient été critiquées par la communauté internationale, le prestige personnel de Chevardnadze lui permit d’être accepté par la communauté internationale. Le 14 août 1992, les troupes gouvernementales entrèrent en Abkhazie afin de déloger les sympathisants de Gamsakhourdia présents dans cette région, déclenchant ainsi la Guerre d’Abkhazie. Cependant les atteintes aux Droits de l’Homme ne firent que détériorer un peu plus les relations inter-ethniques déjà tendues. En septembre 1993, la guerre entre les forces géorgiennes et les séparatistes abkhazes prit fin. Ce conflit se termina par une défaite du gouvernement, entraînant le départ d’Abkhazie des forces gouvernementales et de 300 000 géorgiens ainsi que la mort d’environ 10 000 personnes.

Zviad Gamsakhourdia mourut le 31 décembre 1993 dans des circonstances qui restent encore actuellement extrêmement floues. Il est sûr qu’il est mort dans le village de Khibula dans la région de Mingrélie (Géorgie occidentale) et qu’il fut ré-enterré dans le village de Djikhashkari (même région). Selon des rapports de presse britanniques, le corps a été trouvé avec une seule plaie au niveau de la tête correspondant à la trajectoire d’une balle. Plusieurs causes sont évoquées pour sa mort qui reste encore controversée et non résolue.

Source : Wikipédia.

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