Ville d’Anvers (Belgique).

Anvers, en néerlandais : Antwerpen) est une ville belge dans la Région flamande, chef-lieu de la province d’Anvers et de l’arrondissement administratif du même nom, située au cœur de la Dorsale européenne.

Le 1er avril 2017, la commune d’Anvers était la plus peuplée de Belgique, devant Gand et Charleroi, avec 521 216 habitants. L’agglomération anversoise compte 1 250 000 habitants, et c’est la deuxième plus peuplée de Belgique, après Bruxelles. Anvers est également la troisième commune et ville de Belgique pour la superficie, avec 204,51 km2, juste après Tournai et Couvin.

Archétype de la ville bourgeoise-marchande depuis le Bas Moyen Âge, elle constitue alors, selon Fernand Braudel, le centre du commerce  international et de la haute finance tout au long du XVIe siècle. Anvers abrite depuis 1931 le plus ancien et l’unique gratte-ciel d’Europe jusqu’en 1949, la Boerentoren (Tour des paysans), et dispute à Venise l’invention de la comptabilité en partie double. Anvers est connue pour abriter parmi les plus prestigieux diamantaires, avec Londres et Amsterdam, ainsi que la plus importante bourse de diamants au monde, l’Antwerpse Diamantkring. Elle abrite également une grande concentration d’établissements d’audit et de conseil. Enfin, le port d’Anvers, (deuxième port commercial d’Europe en termes d’activités et de tonnage après celui voisin de Rotterdam aux Pays-Bas), joue un rôle majeur dans la mondialisation des activités économiques européennes.

Les Anversois sont aussi appelés les Sinjoren, de l’espagnol señor, héritage de l’époque où elle faisait partie de l’Empire habsbourgeois de Charles Quint. La ville est souvent appelée ’t Stad (« La Ville ») et parfois de  koekenstad (« la ville des biscuits ») par allusion aux koffiekoeken d’Anvers (biscuits recouverts d’un fin glaçage au café), réputées dans toute la Belgique.


Né d’un petit port près d’une jetée, hanté par une population modeste et romanophone au VIIe siècle, dont l’évolution heurtée donne une ville portuaire au XIIIe siècle, Anvers est, lors de la guerre de Quatre-Vingts Ans, la plus grande ville des Dix-Sept Provinces et une des plus grandes villes d’Europe, avec une population de 150 000 habitants.

L’histoire d’Anvers a été déterminée par sa situation fluviale stratégique le long de l’Escaut et la destruction de ses rivales ou potentielles rivales lors des aléas géopolitiques, mais aussi par la dualité linguistique entre  population urbaine romanophone et population paysanne germanophone, surtout avant l’essor démographique du XIIe siècle brouillant les disparités linguistiques.

Sa véritable expansion ne remonterait selon l’historiographie classique qu’aux alentours de l’an 900, lorsque les habitants agrandissent le légendaire Aanwerp, terrain surélevé de la primitive jetée qui donne son nom à Anvers. A cette époque, Anvers faisait part de la Toxandrie qui appartenait au Saint Empire romain germanique. Il y avait un château içi dès la période carolingienne au IXe siècle. En 879, les Normands  envahissent la Flandre. En 970, une fois l’ordre ottonien imposé, Anvers n’est encore qu’un poste frontière de l’Empire, on y construit des fortifications en bois, remplacées plus tard au XIIe siècle par un château-fort en pierre (le Steen). Au Xe siècle le Marquisat d’Anvers est né, qui, en tant que fief, était subordonné aux ducs de la Basse-Lotharingie. De 1076 à 1100 Godefroy de Bouillon était le duc de Basse-Lotharingie et le marquis d’Anvers. Godefroid Ier de Louvain reçoit le duché en 1106. En 1183,  l’empereur érige le landgraviat du Brabant en duché de Brabant en la faveur de son arrière-petit-fils Henri Ier de Brabant. Anvers partage désormais le destin politique de cet État.

L’extension de la ville se poursuit d’abord vers le sud, comme le prouve l’installation de l’ordre des Prémontrés, attiré par les milieux urbanisé ou péri-urbanisé avec la construction grâce à des dons seigneuriaux, sous l’égide de saint Norbert, de l’abbaye Saint-Michel. Par la suite, les  chanoines de la petite église se déplacent vers le nord et fondent une nouvelle paroisse, avec au centre l’église Notre-Dame, ancêtre de la cathédrale actuelle. Dans les décennies qui suivent, la ville continue à se développer en vagues concentriques créant une succession de remparts que l’on devine encore dans sa topographie.

La ville d’Anvers obtient en 1312 une charte qui fait d’elle une commune démocratique.

Au siècle suivant, la ville et son port prennent leur essor, car la grande rivale, Bruges, est condamnée par l’ensablement du bras de mer qui mène à Damme, l’avant-port de cette ville. La flotte anversoise fréquente déjà, outre la mer du Nord familière, l’océan Atlantique et la mer Baltique.

Une bourse de commerce, peut-être la première grande bourse de commerce fondée en Europe, est attestée en 1460. Mais on considère que la première bourse des valeurs anversoise (au sens moderne), est fondée en 1531, animée par des négociants qui relient l’Inde à l’Amérique.

La Feitoria de Flandres, fondée en 1508 à Anvers, fut la principale tête de pont de l’empire commercial portugais, la Casa da Guiné, devenue en 1503 Casa da India, à l’intersection des chemins commerciaux des colonies du Brésil, de l’Afrique et des Indes orientales.

Au milieu du XVIe siècle, les Pays-Bas espagnols profitèrent du rôle dominant de la ville, qui était alors une des plus grandes villes d’Europe et qui resta pendant longtemps un très grand centre culturel et artistique.

Anvers fait partie du duché de Brabant, dont la possession est passée de la maison de Valois-Bourgogne à la maison de Habsbourg (1482), puis aux Habsbourg d’Espagne en 1556, avec Philippe II.

Les tensions entre le roi d’Espagne et souverain des Pays-Bas, qui est catholique, et une partie des Néerlandais, notamment les protestants, aboutissent à la révolte des Gueux en 1566, puis au début de l’insurrection, dite guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648).

La ville connait plusieurs épisodes dramatiques. Entre le 4 novembre et le 7 novembre 1576, une partie des soldats espagnols mutinés mirent à sac la ville. Au cours de cet épisode, moururent plusieurs milliers d’habitants.

Ce drame entraîne l’unité des provinces face à la présence espagnole, avec la pacification de Gand.

Le départ des troupes espagnoles d’Anvers permet la prise du pouvoir municipal par les calvinistes, qui proclament la république d’Anvers (novembre 1577). Dans un premier temps, le culte catholique reste autorisé.

Après la formation de l’union d’Arras et de l’union d’Utrecht en 1579, Anvers adhère à l’union d’Utrecht, qui en 1581, proclame la déchéance de Philippe II par l’acte de La Haye, origine des Provinces-Unies.

En 1582, François d’Anjou, proclamé souverain des Pays-Bas par les États généraux, est couronné duc de Brabant dans la cathédrale d’Anvers. Mais il joue ensuite un rôle ambigu, voulant s’imposer face à Guillaume d’Orange, le vrai chef de l’insurrection.

En janvier 1583, il ordonne à 4 000 de ses soldats d’attaquer Anvers ; à défaut d’une garnison de défenseurs, les citoyens d’Anvers repoussent l’attaque, mettant en déroute l’armée française.

En 1585, la ville tombe aux mains des troupes espagnoles d’Alexandre Farnèse à l’issue d’un siège de treize mois, la ville étant défendue par Philippe de Marnix de Sainte-Aldegonde.

La reprise d’Anvers fixe dans cette région la frontière entre les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies. Les tentatives ultérieures pour reprendre la ville échouent, jusqu’au moment où l’indépendance des Provinces-Unies est reconnue par le roi d’Espagne par le Traité de Münster signé le 30 janvier 1648.

Après la prise d’Anvers par les Espagnols, les Provinces-Unies ferment l’accès à l’Escaut dans le but de priver les Espagnols des avantages de leur victoire, ce qui naturellement eut des conséquences catastrophiques sur l’économie de la ville.

Abandonnée par les protestants, que Philippe II visait plus particulièrement et qui constituaient une très large part de l’élite commerciale et  intellectuelle de la ville, Anvers voit sa population réduite de moitié en moins de 20 ans, au profit des Provinces-Unies et notamment  d’Amsterdam.

Jusqu’au milieu du xviie siècle, Anvers profite de la présence d’artistes tels que RubensVan DyckJordaens et Teniers ou encore les familles de sculpteurs Quellin et Hendrik Frans Verbrugghen ainsi que plusieurs imprimeurs et célèbres facteurs de clavecins anversois.

À l’issue de la guerre de Succession d’Espagne, la couronne d’Espagne passe aux Bourbons, mais la souveraineté sur les Pays-Bas méridionaux est  transférée aux Habsbourg d’Autriche par les traités d’Utrecht de 1713 et ils deviennent ainsi les Pays-Bas autrichiens.

L’opposition aux Autrichiens aboutit à un soulèvement en 1787-1789. L’État indépendant des États belgiques unis est proclamé à Bruxelles et Anvers y participa. Mais le retour des Autrichiens en 1790 met fin à cette brève indépendance.

A la suite de la Révolution française, Anvers est occupée une première fois par l’armée révolutionnaire française le 30 septembre 1792, lors de la Première annexion française des États de Belgique, qui durera moins d’une année. Après la restauration des territoires conquis par les Français au Saint-Empire romain germanique en 1793, ceux-ci reviennent et annexent une seconde fois la ville en 1794 puis l’entièreté du Duché de Brabant en 1795.

L’Escaut est rouvert la même année et l’ébauche d’un port moderne vit le jour : Napoléon Bonaparte demanda à Charles-François Beautemps-Beaupré d’établir ce qui sera la première carte des bouches de l’Escaut et fit réaliser deux bassins achevés en 1811 (le Petit Bassin et le Grand Bassin – rebaptisés bassin Bonaparte et bassin Guillaume en 1903, ils abritent maintenant le Museum aan de Stroom ou musée sur le cours d’eau). Un bagne a également existé de 1804 à 1814.

Sous le Premier Empire, Anvers était le chef-lieu du département des Deux-Nèthes. Elle bénéficie brièvement de l’ouverture des bouches de l’Escaut et devient une base navale majeure que Napoléon aurait appelée un « pistolet pointé vers le cœur de l’Angleterre » et un « point d’attaque mortel à l’ennemi ». En fait, l’obstruction de la Royal Navy et le blocus continental décidé par Napoléon réduisent considérablement son activité.

Pendant le siège de 1814, les Britanniques tentent, tans succès, d’incendier la flotte mouillée dans le port ; mais elle leur est livrée après l’abdication de Napoléon.

Après la chute de Napoléon Bonaparte lors de la bataille de Waterloo le 18 juin 1815, le Premier Empire est définitivement démembré et un nouvel État est créé par le Congrès de Vienne la même année : le Royaume uni des Pays-Bas. Celui-ci se compose alors de dix-sept provinces : les neuf provinces de l’ancienne république des Provinces-Unies et huit autres, créées par la loi fondamentale du 24 août 1815 dont la province néerlandaise d’Anvers, l’ancien département des Deux-Nèthes à l’exception de l’arrondissement de Bréda qui en fut détaché pour être intégré à la province de Brabant-Septentrional.

Le siège de la citadelle d’Anvers à l’automne 1832 fut l’un des épisodes importants de la guerre entre la Belgique et les Pays-Bas à la suite de la révolution belge. À la suite de la Révolution belge commencée le 25 août 1830 et de la proclamation d’indépendance du nouveau Royaume de Belgique le 4 octobre 1830, la ville joua un rôle majeur dans la guerre entre la Belgique et les Pays-Bas puisqu’elle se trouvait sur le chemin de retraite des troupes néerlandaises après leur départ de Bruxelles lors de l’épisode des Journées de septembre. Elle fut prise par les troupes de volontaires révolutionnaires belges dès le 26 octobre 1830. Le 27 octobre, la ville fut bombardée le général néerlandais David Chassé. Les bâtiments échelonnés le long des quais dans l’Escaut, et sur lesquels on tire répondent par des bordées. Le feu commence alors depuis la forteresse Tête de Flandre et depuis la citadelle, où le général fait arborer le drapeau noir. Le  bombardement dure depuis quatre heures jusqu’à plus de dix heures du soir, cause de nombreux dégâts et coûte la vie à 85 personnes. L’indépendance de la Belgique fut proclamée le 4 octobre et reconnue par les grandes puissances l’année suivante lors de la signature du Traité des XVIII articles le 26 juin 1831.

Après la prestation de serment du premier rois des Belges, Léopold Ier, le 21 juillet 1831, Guillaume II d’Orange-Nassau, roi des Pays-Bas, lance une attaque dans le but de reprendre la Belgique : c’est la Campagne des Dix-Jours. Elle entraine la réaction du Royaume de France, garant de la neutralité belge, qui envoie l’Armée du Nord commandée par le Maréchal Étienne Maurice Gérard, pour combattre les Néerlandais. La coalition belgo-française est victorieuse mais les néerlandais laissent une garnison dans la citadelle d’Anvers, ce qui entraina le retour des français et le siège de la ville du 15 novembre au 23 décembre 1832. La séparation entraîne une nouvelle fermeture des bouches de l’Escaut. Il faudra attendre 1863 pour que la navigation soit définitivement libre après le rachat forfaitaire du droit de navigation par le ministre Charles Rogier.

Des Français se réfugièrent en Belgique lors de la Guerre franco-prussienne de 1870. Le peintre Eugène Boudin en fit partie et à cette occasion a peint de nombreux tableaux d’Anvers.

La croissance d’Anvers reprit et se développa à la fin du XIXe siècle avec la colonisation du Congo. Le Congo fournit en effet quantité de matières premières (caoutchouc, ivoire, minerais) et stimula le trafic portuaire ainsi que les activités industrielles.

En 1914, la ville subit le siège de l’armée allemande pendant trois semaines à compter du début de septembre. L’armée belge, sous les ordres directs du roi Albert Ier, se replia après les combats des forts de Liège en août 1914. Les troupes belges se répartirent entre les forts des deux lignes concentriques de fortifications dont la ville est entourée depuis la fin du XIXe siècle. C’est de cette position qu’elles exécutèrent deux sorties qui repoussèrent chaque fois les troupes allemandes. Mais, finalement, le 8 octobre, Anvers vit entrer les soldats allemands après la retraite belge vers la côte et l’Yser.

La commune a été décorée de la croix de guerre 1914-1918.

En 1940, la ville fut occupée par l’armée allemande jusqu’en septembre 1944, subissant, en 1943, les bombardements américains qui visaient les usines de General Motors qui travaillaient pour l’armée allemande, avec des pertes dans la population civile. En avril 1941, une émeute antisémite ébranle le quartier de la gare centrale.

En mai 1942 l’administration communale sous la direction du bourgmestre Leo Delwaide et à la suite de l’ordonnance allemande imposant le port de l’étoile jaune à tous les ressortissants juifs, organise la distribution des étoiles de David. La police communale d’Anvers s’implique également lors des rafles d’août 1942. La coresponsabilité des protagonistes belges de la Shoah en Belgique fait l’objet d’un rapport commandité par le sénat : La Belgique docile. La Belgique présentera officiellement ses excuses à la communauté juive pour le rôle qu’a joué son administration et ses forces de police dans la déportation des Juifs de Belgique.

En septembre 1944, le mouvement de résistance des Witte Brigade (les brigades blanches) parvint à localiser les sabotages allemands dans la ville et les installations portuaires, et guida l’avant-garde canadienne qui libéra la ville et sauva le port de la destruction. Cela s’avéra vite de première importance pour le ravitaillement des armées alliées. Aussi, les Allemands lancèrent-ils V1 et V2, des missiles qui plurent sur la ville, d’octobre 1944 à janvier 1945, visant le port qui travaillait jour et nuit à l’approvisionnement des armées alliées. Il en résulta de nombreuses victimes civiles, notamment lors du bombardement du cinéma Rex, le plus meurtrier de la guerre à avoir été réalisé par un seul projectile.

Au début du XXIe siècle, le port d’Anvers est le deuxième port d’Europe, après Rotterdam. La réputation des diamantaires anversois fait de cette ville la première place mondiale de taille et de négociation du diamant.

Source : Wikipédia.

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