La Cathédrale de Lausanne (Suisse).

La cathédrale de Lausanne, anciennement cathédrale Notre-Dame de Lausanne, est l’un des principaux monuments gothiques en Suisse. Vouée au culte protestant depuis 1536, elle domine la ville vaudoise de Lausanne, en Suisse. La paroisse abrite le siège de l’Église évangélique réformée du canton de Vaud.


Remplaçant plusieurs édifices religieux successifs antérieurs (dès le VIe siècle), la cathédrale de Lausanne est un bâtiment édifié en pierre de taille (grès tendre dit molasse), de style gothique, commencé vraisemblablement sous l’épiscopat de Landry de Durnes (1160 à 1174), et achevé vers le milieu du XIIIe siècle, soit à l’époque où la région, excepté la ville qui dépendait de l’évêché, était rattachée au comté de Savoie. Elle fut consacrée à la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie sous le vocable « Notre-Dame » le 20 octobre 1275 en la présence du pape Grégoire X, de l’évêque de Lausanne Guillaume de Champvent et de l’empereur Rodolphe de Habsbourg.

Au Moyen Âge, elle devint un haut lieu de pèlerinage marial : 70 000 personnes environ s’y rendaient chaque année pour vénérer la statue miraculeuse de la Vierge, alors que Lausanne ne comptait que quelque 7 000 habitants.

La construction de la cathédrale de Lausanne eut lieu de 1170 à 1235 environ. C’est la grande époque des constructions de cathédrales en Europe occidentale : l’une des plus célèbres, celle de Chartres (1194-1220), est ainsi contemporaine de la cathédrale de Lausanne. Si les premiers travaux furent effectués dans le style roman, les maîtres d’œuvre successifs adoptèrent très rapidement pendant les décennies qui suivirent le style gothique, plus conforme à l’évolution de l’architecture du temps. Le chevet est ainsi daté de la fin du xiie siècle-début du xiiie siècle et serait l’œuvre du Maître de Lausanne, attesté dans les sources d’archives. La nef et le portail peint sont achevés vers 1230, alors que le massif occidental est sans doute terminé, avec moins de moyens, pour la consécration solennelle de 1275. La dernière étape est attribuée au maître d’œuvre Jean Cotereel, d’origine anglo-normande sans doute, qui importe des formes caractéristiques du style gothique anglais.

Elle connut au cours de son histoire deux incendies importants, le premier le 17 août 1235 et le second peu avant 1320, qui engendrèrent dans les deux cas des dégâts considérables.

L’antipape Félix V y est intronisé le 23 juillet 1440.

Peu avant la Réforme, l’évêque Aymon de Montfalcon entreprend de grands travaux. Il supprime le passage routier qui « perçait » l’église transversalement, afin de relier la Cité-Dessus et la Cité-Dessous et qui divisait l’édifice en deux parties distinctes (massif occidental / nef et chœur), dorénavant réunis en un seul espace. L’ancien porche occidental, largement ouvert, est fermé par un grand portail de style gothique flamboyant, édifié dès 1515 mais reste inachevé à la Réforme (la statuaire en particulier est lacunaire). Dans son état actuel, il date en grande partie de la restauration intégrale de 1892-1909. Nouvelle restauration avec nettoyage en douceur en 2017.

À l’arrivée des Bernois et avec l’adoption de la Réforme protestante, l’édifice fut dédié en 1536 au culte zwinglien et l’évêque, Sébastien de Montfalcon, chassé.

La cathédrale connut à cette époque des déprédations importantes dues aux Bernois, au grand dam des Conseils de la ville, dont notamment la destruction du cloître et de la plupart du mobilier précieux du chœur et des chapelles. Plus de cinquante statues de saints en bois et deux œuvres de première importance furent ainsi détruites ou vendues : le retable d’argent (env. 64 kilos) en forme de triptyque du maître-autel (1474) de l’orfèvre Charles Humbeloz de Dijon, offert par l’évêque Georges de Saluce, rehaussé de couleurs par le peintre Pierre Spicre et surtout la statue miraculeuse en argent doré de la « Vierge trônant avec l’Enfant » debout sur ses genoux (XIIe siècle) célèbre et vénérée dans toute l’Europe médiévale. Elle pesait environ 6,5 kilos et comportait des ornements en argent et une couronne en or et en pierres précieuses. Ces deux pièces majeures furent fondues en juin 1537 à Berne. L’église du Saint-Rédempteur à Lausanne possède cependant une copie assez fidèle du xve siècle de cette statue, en bois polychrome, sauvée par les chartreux de la Valsainte.

Du riche trésor de la chapelle Notre-Dame de Lausanne, seuls deux angelots sculptés offerts par l’évêque Benoît de Montferrand (1476-1491)14 ont survécu (Musée d’histoire de Berne). Les manuscrits précieux, quant à eux, furent pour la plupart rachetés par la ville de Fribourg et sont déposés actuellement à la BCU.

On déplore également la perte du maître-autel de calcaire noir poli de Saint-Triphon, emporté en hiver 1561 à la Collégiale protestante Saint-Vincent de Berne où il se trouve aujourd’hui encore. Les riches tapisseries du chœur furent également confisquées (Musée d’histoire de Berne). Notons que le jubé en calcaire noir (seules 7 colonnes ont subsisté) ainsi qu’une partie des stalles sculptées datant de ca. 1275 furent détruites dans le premier tiers du XIXe siècle, après l’incendie de la tour-lanterne qui les dominait (1825).

L’évêque et historien Jacques Stammler écrivait en 1902 : “Le trésor qui tomba ainsi dans les mains des Bernois fut empilé dans des tonneaux et mené à Berne sur dix-huit chars. Les écrivains modernes du canton de Vaud estiment à 125000 louis d’or, soit à la valeur actuelle de 2 500 000 francs l’importance de ce trésor, et cela sans les pierres précieuses, les tapisseries et les vêtements”.

L’ensemble de la statuaire en pierre, hormis la statue décapitée de la Vierge avec l’Enfant en grès du narthex, fut par contre bien conservé. Il reste même d’importants fragments de polychromie architecturale à l’intérieur (notamment dans la chapelle Notre-Dame) et surtout sur les figures du « portail peint » (XIIIe siècle) dont la restauration fut achevée en 2007.

L’époque bernoise verra la réalisation de la chaire monumentale (1633) due aux artistes bernois Daniel Heintz II et Jörg Freymund. Dans le déambulatoire, un important ensemble de monuments funéraires date aussi de cette époque.

Dès 1874, l’édifice a fait l’objet d’une restauration conduite par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc, dont ce fut le dernier chantier (l’architecte mourut d’ailleurs dans la ville en 1879). Il restaura notamment le couronnement de la tour-lanterne, remplaçant l’ancienne flèche de 1825-1827, qui avait été construite par Henri Perregaux, la sauvant sans doute de l’effondrement. Un long chantier de restauration caractérise les années 1890-1910, réalisé en grande partie selon le programme de Viollet-le-Duc. Sur la façade occidentale, il faut signaler par ailleurs la reconstruction complète, entre 1892 et 1909, du grand portail, dit aussi portail Montfalcon, dont la sculpture a été réalisée par Raphaël Lugeon.

Au XXe siècle, les restaurations se succèdent avec régularité, sous la direction de la Commission technique de la Cathédrale, créée en 1898 ; le beffroi est ainsi presque entièrement repris en pierre de Morlay dans les années 1940-1960 ; dans les années 1970-2000, les deux transepts, la nef et le portail peint sont l’objet de travaux d’envergure. La restauration de la tour-lanterne sera suivi par les spécialistes de l’Europe entière : il s’agit de l’une des premières « restauration des restaurations » à une époque où l’action de Viollet-le-Duc est réévaluée à sa juste valeur. Alors que les autorités vaudoises conservent cet apport, au même moment, à Saint-Sernin de Toulouse, on dérestaure les parties dues au célèbre architecte, causant une polémique mémorable. Le cas de Lausanne est alors cité en exemple d’une nouvelle perception de l’histoire des restaurations.

Un nouveau cycle de restauration de l’édifice est lancé au début des années 2010 par l’État de Vaud pour une durée de cinq ans et un coût de vingt millions de francs ; la tour inachevée, le chœur et la toiture de la cathédrale sont en particulier concernés par ces travaux.

Rattachée désormais à la paroisse de Chailly-la Cathédrale, la cathédrale protestante accueille régulièrement des célébrations œcuméniques, ainsi que des manifestations culturelles (concerts). Quelques messes ont été également autorisées et célébrées ces dernières années.

Le 10 avril 2013, l’Église évangélique réformée du canton de Vaud met à jour le logo et le site internet de la cathédrale afin d’augmenter le rayonnement et la visibilité de cette dernière.

Le bâtiment est inscrit comme bien culturel suisse d’importance nationale.

Le 28 mai 2020, une délégation du Conseil d’État vaudois annonce la poursuite de rénovations ainsi que le remplacement des chaises en vannerie (en place depuis 1912) par des bancs au dossier réversible.

Source : Wikipédia.

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