Toni Morrison, romancière, essayiste, et critique littéraire.

Toni Morrison, née Chloe Ardelia Wofford le 18 février 1931 à Lorain dans l’Ohio et morte le 5 août 2019 à New York, est une romancière, essayiste, critique littéraire, dramaturge, librettiste, professeure de littérature et éditrice américaine.

Elle est lauréate du prix Pulitzer en 1988 et du prix Nobel de littérature en 1993 pour lequel elle est la huitième femme et la première autrice afro-américaine à avoir reçu cette distinction.


Toni Morrison née Chloe Ardelia Wofford est la seconde des quatre enfants (Lois sa sœur aînée, George et Raymond ses frères cadets) de Ramah, une femme de ménage, et de George Wofford, un soudeur.

Ses grands-parents maternels, Ardelia et John Solomon Willison3, avaient fui successivement l’ambiance raciste, ségrégationniste de l’Alabama puis du Kentucky, pour s’installer dans l’Ohio et du côté paternel, les grands-parents avaient quitté la Géorgie où ils travaillaient comme métayers.

Toni Morrison passe son enfance et son adolescence à Lorain, ville de la banlieue de Cleveland, habitée par des personnes aux ascendances diverses : Tchèques, Allemands, Irlandais, Italiens, Grecs, Serbes, Mexicains et Afro-Américains. Si Toni Morrison a connu l’exclusion, en revanche elle n’a pas subi les violences racistes comme les ont rapportées d’autres écrivains, tels que Maya Angelou, Dick Gregory et Richard Wright. Dans une interview donnée à la station National Public Radio, elle indique : « I didn’t really have a strong awareness of segregation and the separation of races until I left Lorain » (« je n’avais pas vraiment une claire conscience de la ségrégation et du racisme jusqu’à ce que je quitte Lorain »).

Les parents de Toni encouragent leurs enfants aux études, à la lecture, dès leur plus jeune âge, c’est ainsi que lorsque la jeune Toni Chloé entre en première année du cycle primaire, à la Hawthorne Elementary School (qui lui rend hommage par une plaque commémorative), elle est non seulement la seule afro-américaine, elle est aussi le seul élève de la classe à savoir déjà lire.

Lorsqu’elle a douze ans, elle se convertit au catholicisme ; elle prend pour nom de baptême Antony en mémoire de St. Antoine de Padoue. Plus tard, alors qu’elle est étudiante à l’université Howard, s’apercevant que beaucoup de gens éprouvent des difficultés à bien prononcer son prénom de Chloé, elle décide de se faire appeler par son prénom de baptême, Antony, abrégé en Toni Wofford. C’est ce diminutif accolé au nom de son futur mari qu’elle choisit par la suite comme nom d’auteur, choix qu’elle dira par la suite avoir regretté.

Elle fait ses études secondaires à la Lorain High School, une école secondaire non ségréguée, elle y manifeste son goût pour la littérature générale et latine et se passionne en particulier pour les œuvres de Jane Austen, les romanciers russes comme Léon Tolstoï et les classiques du XIXe siècle comme Madame Bovary de Gustave Flaubert.

Ayant réussi brillamment son diplôme de fin d’études secondaires, elle est admise en 1949 à la plus prestigieuse des universités afro-américaines, l’université Howard, pour y étudier la littérature. Elle y obtient le Bachelor of Arts (licence) en 1953, après avoir bénéficié de l’enseignement du poète Sterling Brown et du philosophe Alain Locke.

Désireuse de continuer ses études, elle est admise à l’université Cornell, où elle soutient son Master of Arts (master 2) en 1955, intitulé “Virginia Woolf’s and William Faulkner’s Treatment of the Alienated.”, qui porte sur le thème du suicide dans l’œuvre de William Faulkner et de Virginia Woolf.

Après son diplôme, elle entame une carrière de professeur à l’université de Texas Southern (de 1955 à 1957), avant de retourner à l’université Howard comme maître-assistante en littérature anglaise de 1957 à 1964. Parmi ses étudiants se trouve le futur militant des droits civiques Stokely Carmichael. Puis elle enseigne successivement à l’université Cornell, l’université d’État de New York (de 1984 à 1989), l’université Yale (de 1976 à 1977), au Bard College (de 1986 à 1988) et devient professeure titulaire de la chaire Robert F. Goheen, à l’université de Princeton en 1989, poste qu’elle occupera jusqu’à sa retraite en 2006.

Après son divorce en 1964, elle s’installe à Syracuse puis à New York et travaille comme éditrice chez Random House. En 1967, elle est promue directrice d’édition, chargée du secteur de la littérature afro-américaine ; elle contribue à sa diffusion et valorisation, en éditant, entre autres, les biographies de Mohamed Ali et Angela Davis, les œuvres de Toni Cade Bambara, Gayl Jones, Leon Forrest, Chinua Achebe, Wole Soyinka, Athol Fugard, ainsi qu’une anthologie relatant l’histoire des Noirs aux États-Unis, The Black Book.

Toni Morrison commence à écrire de la fiction au sein d’un groupe informel de poètes et d’écrivains de l’Université Howard qui se réunissent pour discuter de leur travail. Dans ce cadre, elle participe à une séance où elle présente une nouvelle sur une fille noire aspirant à avoir les yeux bleus, qui lui a été inspirée par les propos d’une de ses amies d’enfance. Elle développe plus tard l’histoire dans son premier roman, The Bluest Eye (L’Œil le plus bleu). Elle a alors 39 ans, et se lève tous les matins à 4 heures du matin pour écrire, alors qu’elle élève seule deux enfants. Le livre est publié par Holt, Rinehart et Winston en 197030. Il reçoit un accueil favorable de la part de John Leonard, critique littéraire au New York Times, qui parle d’une « prose si précise, si fidèle à la parole et si chargée de douleur et d’émerveillement que le roman devient une poésie » et précise « Mais The Bluest Eyes, c’est aussi de l’Histoire, de la sociologie, du folklore, des cauchemars et de la musique ». Le roman se vend mal au début, mais l’Université de la ville de New York l’inscrit dans la bibliographie recommandée de son nouveau département d’études sur les Noirs, comme d’autres facultés, ce qui stimule les ventes. Le livre attire également l’attention de Robert Gottlieb, un éditeur réputé de Knopf, rattaché à la maison d’édition Random House. Par la suite, Gottlieb éditera la plupart des romans de Toni Morrison.

En 1975, le deuxième roman de Toni Morrison, Sula (1973), traitant de l’amitié entre deux femmes noires, est nominé pour le National Book Award. Son troisième roman, Song of Solomon (1977), retrace la vie de Macon “Milkman” Dead III, de sa naissance à l’âge adulte, à la découverte de son héritage. Ce roman lui vaut une reconnaissance nationale, avec une sélection sur la liste principale des « livres du mois », éditée par le club du livre américain. C’est le premier roman d’un écrivain afro-américain à être choisi depuis The Native Song, de Richard Wright en 1940. Song of Solomon remporte également le prix du National Book Critics Circles / Cercle national des critiques du livre.

Lors de sa cérémonie d’ouverture de 1979, le Barnard College décerne à Toni à Morrison la Barnard Medal of Distinction, sa plus haute récompense.

Morrison donne à son roman suivant, Tar Baby (1981), un décor contemporain. Jadine, mannequin de mode obsédée par son apparence, tombe amoureuse de Son, un vagabond sans le sou qui se sent à l’aise dans son identité de Noir.

En 1983, Morrison délaisse l’édition pour consacrer plus de temps à l’écriture, et vit alors dans un hangar à bateaux reconverti sur le  fleuve Hudson à Nyack, New York. Elle enseigne la littérature anglaise à l’université d’État de New York (SUNY) et à l’université Rutgers du Nouveau-Brunswick. En 1984, elle est nommée à la chaire Albert Schweitzer de l’université d’État de New York à Albany.

Sa première pièce de théâtre, Dreaming Emmett, traite de l’assassinat d’un adolescent afro-américain âgé de 14 ans, Emmett Till, après avoir été torturé, meurtre commis en 1955 par des Blancs. La pièce est jouée en 1986 à l’Université d’État de New York à Albany, où elle enseigne. Toni Morrison a également été professeur invitée au Bard College de 1986 à 1988.

En 1987, Toni Morrison publie son roman le plus célèbre, Beloved, le premier tome d’une trilogie comportant Jazz puis Paradis. Ce roman s’inspire de l’histoire vraie d’une esclave afro-américaine, Margaret Garner, que Toni a découverte alors qu’elle rédigeait The Black Book. Fuyant l’esclavage, Margaret Garner est poursuivie par des chasseurs d’esclaves. Pour échapper à la capture, elle tue sa fille de deux ans, mais est prise avant de pouvoir se suicider. Le roman de Morrison imagine le bébé mort, « adoré » (beloved), revenant, tel un fantôme, hanter sa mère et sa famille.

Beloved est acclamé par la critique et reste meilleure vente pendant 25 semaines. Pour la critique littéraire Michiko Kakutani, du New York Times, la scène où la mère tue son bébé est « tellement brutale et troublante qu’elle semble réunir l’avant et l’après en une ligne unique et inébranlable du destin. ». L’écrivaine canadienne Margaret Atwood écrit dans une revue pour le New York Times : « La polyvalence de Mme Morrison, son ampleur technique et émotionnelle ne semblent connaître aucune limite. S’il y avait des doutes sur son statut de romancier américain par excellence, de sa propre génération ou de toute autre génération, Beloved va les faire taire. ».

« Serai-je autorisée, enfin, à écrire sur des Noirs sans avoir à dire qu’ils sont noirs, comme les Blancs écrivent sur les Blancs ? »
Cependant, la critique n’est pas unanime. Le critique social-conservateur afro-américain Stanley Crouch, par exemple, se plaint dans son article paru dans The New Republic que le roman « se lit en grande partie comme un mélodrame structurellement basé sur les concepts des miniséries », et que Morrison « interrompt perpétuellement son récit avec des publicités idéologiques larmoyantes ».

Malgré son succès, Beloved ne remporte pas les prestigieux National Book Award ou National Book Critics Circle Award. Quarante-huit critiques et écrivains noirs dont Maya Angelou, Henry Louis Gates Jr., Amiri Baraka, John Edgar Wideman et Angela Davis protestent contre cette omission dans une pétition publiée par The New York Times le 24 janvier 1988. Deux mois plus tard, elle obtient le prix Pulitzer pour Beloved, en 1988. Le 7 octobre 1993, elle reçoit le prix Nobel de littérature pour « ses romans caractérisés par une force visionnaire et une portée poétique, qui donne vie à un aspect essentiel de la réalité américaine. ».

En 1993, elle fait la une du magazine Time.

En 2005, elle est faite docteur honoris causa en arts et littérature de l’université d’Oxford, puis en 2011, de l’université de Genève. En 2006, le jury du supplément littéraire du New York Times consacre Beloved « meilleur roman de ces 25 dernières années » et en novembre de la même année, le musée du Louvre fait de Toni Morrison son invitée d’honneur, proposant un programme de lectures, rencontres et conférences avec l’autrice et ses amis artistes, écrivains ou professeurs.

Depuis 2002, elle s’investit également dans la littérature pour enfants avec son fils Slade Morrison (qui meurt en 2010 à l’âge de 45 ans). Elle prend également la direction du magazine The Nation.

Son roman le plus connu et le plus vendu, Beloved, a été adapté au cinéma en 1998 par Jonathan Demme avec Oprah Winfrey, Danny Glover et Thandie Newton dans les rôles principaux.

Toni Morrison est également critique  littéraire et essayiste abordant divers sujets comme la façon dont les femmes afro-américaines regardent les autres femmes, comment grandir quand on a la peau noire, etc. Ses écrits contribuent au combat des Afro-Américains pour leur émancipation.

Après sa retraite, elle vit à New York, sur les rives du fleuve Hudson.

Toni Morrison meurt le 5 août 2019 au Montefiore Medical Center à New York, des suites d’une pneumonie.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.