Hồ Chí Minh, homme d’état.

Hồ Chí Minh, né Nguyễn Sinh Cung le 19 mai 1890 à Hoàng Trù (province de Nghê An) et mort le 2 septembre 1969 à Hanoï, est un homme d’État vietnamien et une figure importante de l’anticolonialisme et du communisme international.

Il est connu sous les noms Nguyễn Tất Thành (« Nguyên grandes espérances ») dans les années 1900 et 1910, et Nguyễn Ái Quốc (« Nguyên le patriote ») dans les deux décennies suivantes.

La jeunesse de Hô Chi Minh est marquée par des voyages autour du monde, qui contribuent à lui faire découvrir l’idéologie communiste. Engagé pour la cause anticolonialiste en France, il séjourne en URSS, où il achève sa formation politique, avant de regagner l’Asie. Fondateur du Parti communiste vietnamien en 1930, il joue un rôle central et actif dans l’indépendance de son pays à partir de 1941, avant de devenir le premier président de la république démocratique du Viêt Nam, reconnue internationalement en 1954.

Au fil de son parcours, Hô Chi Minh développe une idéologie qui se distingue des communismes russe et chinois, avec lesquels il lui arrive d’entrer en conflit. Sa pensée continue aujourd’hui encore à inspirer politiques et particuliers au Viêt Nam, où il fait l’objet d’un véritable culte de la personnalité. La ville la plus peuplée du Viêt Nam est baptisée Hô Chi Minh-Ville (Thành Phố Hồ Chí Minh) en son honneur depuis 1975.


Le 5 juin 1911 Nguyên Tât Thanh embarque à Saïgon sur le paquebot mixte Amiral Latouche-Tréville de la Compagnie maritime des Chargeurs réunis qui assure alors la liaison Hai Phong-Dunkerque via diverses escales11. Il débarque à Marseille avec seulement dix francs en poche, puis se rend au Havre dans le but de prendre un navire pour traverser l’Atlantique. Au Havre, il utilise comme pseudonyme Van Ba et travaille dans la banlieue de la ville comme jardinier, avant d’obtenir un poste de cuisinier des officiers d’un paquebot.

Cette période est marquée par une errance permanente. Entre 1911 et 1913, il se rend entre autres à Bordeaux, Paris, Lisbonne, Tunis, Dakar, en Afrique de l’Ouest ou encore en Amérique, où il assiste au lynchage d’Afro-Américains par le Ku Klux Klan. Durant ses nombreux voyages, il va toujours à la rencontre de ses compatriotes vietnamiens et démontre une réelle facilité dans l’apprentissage des langues. Il devient donc un véritable cosmopolite, sans pourtant jamais oublier ses racines vietnamiennes. Durant son séjour aux États-Unis, il rencontre à Boston des nationalistes coréens qui sont alors en lutte contre les ambitions japonaises, mais ne peut cependant rencontrer leur leader Syngman Rhee, alors hors des États-Unis. Nguyên Tât Thanh revient en Europe en 1913 ou début 1914 ; ces différents voyages ces rencontres avec des anticolonialistes lui permettent de faire des parallèles entre les situations coloniales et de développer sa pensée anticoloniale.

Après ces nombreux voyages, le jeune Annamite s’installe à Londres. Comme aux États-Unis, il multiplie les emplois, étant notamment nettoyeur de route et chauffeur de salle avant de travailler aux cuisines de l’hôtel Carlton. Après son séjour à Londres, il revient en France durant l’été 1919, pour résider à Paris. Il suit alors l’effervescence révolutionnaire mondiale15. La révolution soviétique donne à la théorie du « droit des nations à disposer d’elles-mêmes » (Lénine) un écho universel au moment où les « Quatorze points » du Président américain Wilson proposent un nouveau modèle de relations internationales basé sur une égalité entre les nations, et notamment une association générale des nations supposée offrir à l’avenir « des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands États ».

Nguyên Tât Thanh s’était rapproché dès son premier séjour parisien d’émigrés vietnamiens nationalistes et désireux de s’émanciper de la France : Phan Châu Trinh qui l’initie au métier de retoucheur de photos17, Nguyên The Truyen, un ingénieur, Phan Van Truong, un avocat et Nguyễn An Ninh, un écrivain journaliste. Ensemble ils sont connus comme « les cinq dragons » ; le chef du groupe est Phan Châu Trinh, leurs idéaux sont ceux de la Révolution française. Il écrit des articles avec eux ; ils publient sous le pseudonyme de « Nguyễn Ở Pháp » (« Nguyễn en France »). Leurs amis français les convainquent de changer leur pseudonyme, qui devient « Nguyễn Ái Quốc » (« Nguyễn le patriote »).

En 1919, Nguyên Tât Thanh cosigne avec ses quatre camarades le manifeste Revendications du peuple annamite, rédigé par Phan Van Truong. Cependant, ce texte, destiné aux diplomates réunis à la conférence de la paix de Paris, ne trouve aucun écho ; cet échec fait comprendre à Thanh que le droit des peuples à disposer défendu par Wilson d’eux-mêmes ne concerne que les Occidentaux. Il commence alors à utiliser pour lui-même le pseudonyme Nguyên Ai Quôc.

L’échec des Revendications, l’absence d’autonomie dans les colonies malgré la large participation d’Indochinois à la Première Guerre mondiale et la désillusion de Nguyên Ai Quôc concernant les nationalistes réformistes, le conduisent à adhérer à la Section française de l’Internationale ouvrière, au sein de laquelle il milite pour affirmer l’existence nationale des colonisés. Présent au congrès de Tours de décembre 1920 comme délégué de la 13e section et d’un fantomatique Groupe socialiste indochinois, il soutient l’adhésion de la SFIO au Komintern et rejoint donc le Parti communiste français (PCF) dès sa naissance.

Nguyên Ai Quôc participe à la vie du PCF, là aussi pour promouvoir l’engagement du parti en faveur des populations colonisées. Il écrit dans L’Humanité, La Vie ouvrière et Le Libertaire. En juillet 1921, il participe à la fondation l’Union intercoloniale, une émanation du PCF qui publie Le Paria au sein de laquelle naît un communisme afro-asiatique spécifique, principalement vietnamien et maghrébin. Il y est le spécialiste de l’Asie et s’y lie d’amitié avec Jean Ralaimongo et Max Clainville-Bloncourt (frère d’Élie Bloncourt).

Il écrit des pièces de théâtre, comme Le dragon de bambou, et un ouvrage anticolonialiste, Le Procès de la colonisation française. Sa vie est précaire. Si un ami avocat lui fournit un domicile officiel 6 villa des Gobelins, il occupe en fait à partir de juillet 1921 une petite chambre du 18e arrondissement. Il vit de travaux de retouche en photographie et est surveillé par la police. Durant l’hiver 1922-1923, il est convaincu qu’il doit quitter la France, car il se sait menacé d’expulsion vers son pays natal. De plus, il est déçu de ne pas avoir réussi à entraîner un grand nombre de militants à une action concrète contre le colonialisme. Il quitte alors la France pour l’URSS, sans même prévenir ses camarades. Dmitri Manouïlski l’avait en effet invité à venir, en compagnie de Jean Cremet, comme spécialiste de l’Asie.

Parti pour l’URSS en passant par Berlin (sous couvert de voyage d’agrément en Suisse), Nguyên Ai Quôc arrive à Moscou en juillet 1923 en tant que représentant des colonies au sein de la délégation française au congrès de fondation de l’Internationale paysanne rouge, dite Krestintern, prévu pour le 12 octobre. C’est un voyage de dix-huit mois dans l’appareil central du Komintern ; figure d’expert des questions coloniales et asiatiques dès 1924, il achève de devenir un redoutable praticien de la politique. Ce séjour en URSS permet à Nguyên Ai Quôc de compléter sa formation politique. Il fait en effet ses classes de révolutionnaire professionnel à l’Université des travailleurs d’Orient (sigle russe : KUTV), fondée en 1921. Lorsque l’écrivain Ossip Mandelstam l’interviewe le 23 décembre 1923, il le qualifie de « kominternchik », terme qui n’est pas attribué à n’importe qui.

Du 17 juin au 10 juillet 1924 a lieu le cinquième congrès de l’Internationale. Quôc, appuyé par Manouilski, lance le projet de former une Constitution de propagande internationale à destination des territoires colonisés ou sous mandat, laquelle est achevée après la fin du cinquième congrès. Aux côtés de Quôc, qui devient l’un des principaux représentants de ces territoires, on trouve notamment l’Algérien Abdelkader Hadj Ali, qui vient lui aussi du PCF.

En décembre 1924, le député de Cochinchine anticommuniste Ernest Outrey annonce que Quôc doit « revenir incessamment de Russie », alors qu’il se trouve en fait depuis un mois dans le sud de la Chine2 En effet, dès le départ, son but n’est pas de rester à Moscou mais bien de retourner en Indochine ; ainsi, dès le 24 mars, soit neuf mois après son arrivée à Moscou, il écrit à l’Internationale pour signifier que son objectif est de se rendre en Chine.

Arrivé à Canton en novembre 192425, il y recrute de nombreux Indochinois exilés (dont des nationalistes) et il y fonde en 1925 le Thanh Niên (Jeunesse révolutionnaire du Viêt Nam) dont les meilleurs élèves sont envoyés à Moscou. Il épouse en octobre 1926 une élève sage-femme chinoise et catholique, Tăng Tuyết Minh (曾 雪 明). Le 12 avril 1927, le leader nationaliste chinois Tchang Kaï-chek initie à Shanghai de grandes purges anticommunistes. Nguyên Ai Quôc est contraint de se réfugier auprès du consulat soviétique à Hankéou, puis quitte le territoire par Hong Kong.

Alors plutôt apprécié par les responsables du Kominterm, Nguyên Ai Quôc ne peut rester longtemps inactif et, en décembre 1927, il effectue un étrange voyage en France. En effet, les autorités politiques ainsi que la sûreté connaissent alors depuis longtemps son identité, Quôc étant considéré comme un homme à l’influence importante et donc dangereux ; il est par conséquent extrêmement recherché. Arrivé à Paris au début du mois, il y est repéré dès le 12, et est alors en grand danger. Au même moment, Albert Sarraut, qui exerce des fonctions au ministère de l’Intérieur et a été deux fois gouverneur général de l’Indochine française, déclare : « Le communisme, voilà l’ennemi », et « la destruction de la patrie n’est pas une opinion. C’est un crime ». Un communiqué est alors lancé, dont le contenu est le suivant : « L’agitateur annamite Nguyên Ai Quac, qui jusqu’à ces temps derniers était délégué à la propagande coloniale au sein de l’Internationale communiste à Moscou, est arrivé ces jours-ci à Paris. Il s’est présenté à la direction du Parti communiste pour y solliciter un emploi, mais aucune place ne lui a été offerte. Nguyên Ai Quac aurait manifesté l’intention de repartir pour Moscou ».

Des recherches sont lancées afin de le retrouver, mais sans succès. Aucun indice ou aucun visuel sur sa présence ne sont détectés. Il est peu probable que le but de trouver un emploi, mentionné par Sarraut dans son communiqué, soit un objectif recevable pour le voyage en France de Quôc. En effet, étant alors un cadre du Komintern et jouant sa vie, celui-ci n’aurait eu aucun intérêt à redevenir un simple salarié dans la section coloniale du PCF, son voyage avait donc un lien avec la colonie indochinoise. Selon l’historienne américaine Sophie Quinn-Judge, le PCF devait au plus tôt fusionner les éléments révolutionnaires indochinois en France afin d’en faire un noyau communiste discipliné ayant pour finalité de rejoindre l’Indochine et d’y encadrer un futur Parti communiste, et même pourquoi pas impulser un travail d’agitateur populaire en Asie de l’Est. Après un passage par Moscou, il est en effet envoyé en 1928 au Siam pour réorganiser les partis communistes locaux, action qu’il mène également dans les Établissements des détroits (Malaisie actuelle).

À partir de décembre 1929, Nguyên Ai Quôc s’installe à Hong Kong, dans plusieurs meublés. Il exerce la fonction-clé de liaison entre le Bureau oriental clandestin du Komintern, à Shanghai, et les organisations communistes de l’Asie du Sud-Est27. Il parvient notamment, dès février 1930, à créer un Parti communiste vietnamien unifié.

Cependant, il est arrêté le 6 juin 1931 par la police anglaise, qui manque de le livrer aux Français. Il est finalement libéré, mais en janvier 1933 seulement. Ainsi, à partir de 1931 et jusqu’en 1938, il perd toute connexion avec le devenir de l’Indochine, essentiellement parce qu’il est trop dangereux pour lui d’en approcher les frontières, et ne peut revenir au Viêt Nam qu’en 1941.

Dans cet intervalle de temps, il fait un nouveau séjour à Moscou, où il étudie à l’École internationale Lénine, établissement créé en 1926 pour les dirigeants des partis communistes. Il assure ensuite des fonctions au Secrétariat d’Orient du Komintern et donne des cours aux élèves vietnamiens de l’Institut des questions nationales et coloniales ; il redevient alors un cadre important du Komintern et, en tant que tel, assiste en 1935 au septième congrès du Komintern.

En avril 1940, Nguyên Ai Quôc parvient au Yunnan, en Chine. À partir du mois de mai, à Kun Ming, il travaille sous divers pseudonymes avec l’émanation locale du parti communiste chinois. Après les insurrections indochinoises, il commence l’installation d’une base de résistance au Viêt Nam ; début février 1941, il franchit la frontière (à la borne 108) et s’installe sous le pseudonyme de Père Thu dans la grotte de Côc Bo, dans le hameau de Pac Bo (en). Il rencontre Võ Nguyên Giáp et Phạm Văn Đồng.

À Pac Bo, Ngûyen Ai Quôc repense le projet communiste, sans pour autant entrer en contradiction avec le Komintern mais en défendant une autonomie d’initiative quasi absolue. Il choisit ainsi de donner la priorité au combat national, qu’il veut articuler à une résistance au fascisme japonais et français. Le principal instrument de ce projet est un front politique, dirigé par le Parti communiste indochinois et dont le nom est Viêt Nam Dôc Lâp Dông Minh (Alliance pour l’indépendance du Vietnam), plus connue sous le nom raccourci de Viêt Minh. C’est une nouvelle métamorphose, pour le pays comme pour Nguyên Ai Quôc, qui prend le nom de Hô Chi Minh, signifiant « Hô à la volonté éclairée ».

En février 1941, après la défaite française face à l’Allemagne, il prend la tête d’un groupe d’hommes pour gagner le Tonkin. Il mène en Chine du Sud une action décisive auprès des autorités nationalistes et de l’OSS (les services de renseignements américains) pour obtenir une assistance militaire ainsi que la reconnaissance politique du Viêt Minh. Il est cependant arrêté le 29 août 1942 en se rendant à Chongqing pour rencontrer des responsables nationalistes, car soupçonné d’être un espion franco-japonais. Il n’est libéré que le 10 septembre 1943, après avoir été cru mort par ses compagnons et déplacé de prison en prison, dans au total dix-huit établissements différents.

Il finit par obtenir l’admission du Viêt Minh comme membre du gouvernement provisoire projeté, et parvient également à nouer des contacts étroits avec l’état-major américain lors d’un voyage à Kunming, en Chine, en 1944. En décembre 1944, il crée une « brigade de propagande armée pour la libération du Viêt Nam », embryon de l’armée de libération, confiée à Võ Nguyên Giáp. Ses hommes ayant trouvé dans la jungle un aviateur américain abattu, Hồ Chí Minh se rend avec celui-ci à l’antenne de l’OSS en Indochine et obtient des services de renseignement américains argent, armes et munitions, ainsi que l’appui de plusieurs équipes du Détachement 101 qui seront parachutées dans la jungle avec des opérateurs radio et des entraîneurs pour ses guérilleros en 1945.

À partir de juin 1945, Hô Chi Minh est établi dans le village de Tan Trao, à quatre-vingts kilomètres au nord de Hanoï, où il est averti le 11 août de l’imminence de la capitulation japonaise face aux Alliés. Le 16 août, le Viêt Minh fonde un comité de libération nationale, présidé par Hô ; la révolution d’Août est lancée. Le 21, il entre discrètement dans Hanoï et, le 25, l’empereur, qui a abdiqué le 23, remet l’épée et les sceaux impériaux à ses envoyés. Il préside le gouvernement provisoire formé le 29 août, au sein duquel il est entouré de quinze ministres dont neuf communistes. Le 2 septembre, il lit la déclaration d’indépendance de la république démocratique du Viêt Nam devant le palais du gouverneur général, il est déjà devenu l’homme de l’indépendance.

À partir de 1945, il met en place une bureaucratie d’État qui hérite autant de l’appareil des Nguyên et de l’Indochine coloniale que des réformes importées de la Chine maoïste. Pour lui, la morale représente l’élément premier, voire la qualité essentielle des combattants révolutionnaires. Hô Chi Minh est la principale personnalité mise en avant par le nouveau pouvoir pour créer des figures de rassemblement aptes à rassembler les Vietnamiens. Se popularise alors l’image du président frêle, amaigri mais toujours souriant dans son costume kaki délacé ; ses premières biographies paraissent, des anecdotes, bons mots et messages circulent, et son anniversaire est officiellement célébré dès 1946. Il adopte ainsi un mode personnel d’exercice du pouvoir et un statut unique, de rassembleur de la nation et de recours suprême, un peu dans la tradition impériale ; c’est la figure de l’« Oncle Hô ». Le domaine privilégié de Hô Chi Minh est celui des affaires étrangères, dans le cadre desquelles il joue réellement la carte de la négociation. Ainsi, suite à une « Convention préliminaire » avec Jean Sainteny le 6 mars 1946, il fait un long séjour en France du 31 mai au 20 octobre de la même année, pendant lequel déploie une campagne d’importance pour amener l’opinion non communiste à l’idée d’une transition pacifique vers l’indépendance. Lors de ce séjour, dont le but est la négociation de Fontainebleau qui, en juillet, ne débouche finalement sur rien41. À l’issue de ce dernier voyage à l’Ouest, il peut constater le faible poids de la république démocratique du Viêt Nam dans les décisions internationales. Il pousse néanmoins jusqu’au bout la carte de la négociation, exploitant les divisions entre les Français et comptant sur une montée de la gauche.

Le 19 décembre 1946, à vingt-deux heures, Hô Chi Minh évacue Hanoï avec son gouvernement, après avoir lancé un appel solennel à la résistance : « Que celui qui a un fusil se serve de son fusil ! Que celui qui a une épée se serve de son épée ! Si l’on n’a pas d’épée, que l’on prenne des pioches et des bâtons ! Que chacun mette toutes ses forces à combattre le colonialisme pour sauver la Patrie ! ». En 1948, il lance une première campagne d’émulation patriotique dans le cadre d’une mobilisation permanente de la paysannerie comme du peuple urbain, avec un triple mot d’ordre : « battre la famine, battre l’ignorance, battre l’envahisseur ».

En 1950, lorsque Staline confie à Mao Zedong la conduite du mouvement révolutionnaire au Nord Viêt Nam, Hô Chi Minh perçoit les limites de la solidarité internationaliste. À partir de ce moment, il prend l’habitude de tempérer l’influence des conseillers de Mao installés auprès de ses forces, en multipliant les déclarations sur les « caractéristiques culturelles » de la révolution vietnamienne. En juillet 1954, les accords de Genève mettent fin à la guerre d’Indochine : le Viêt Nam est divisé en deux. Les accords de Genève prévoient également l’organisation d’élections libres et l’unification du pays, mais les États-Unis soutiennent dans le Sud un coup d’État portant au pouvoir Ngô Đình Diệm, qui refuse de reconnaitre ces accords. L’administration Eisenhower estimait, en 1956, que la proportion de Vietnamiens qui auraient voté en faveur de Hồ Chí Minh était de près de 80 %. Au Nord, la république démocratique du Viêt Nam présidée par Hô Chi Minh est désormais reconnue internationalement mais les communistes espèrent toujours pouvoir unifier le pays.

Dans l’interlude entre guerre d’Indochine et guerre du Viêt Nam, la figure de Hô Chi Minh est plus que jamais une référence centrale de la culture politique vietnamienne. Chef de l’État, secrétaire général (de 1956 à 1960) puis président du Parti, il assure la cohésion et l’exceptionnelle stabilité du groupe dirigeant. Acteur décisif, il pense et assume la dimension internationale du devenir national plus qu’aucun autre dirigeant communiste, promouvant le pragmatisme contre le dogmatisme utopique. En 1960, il soutient la création du Front national de libération du Sud Việt Nam (FNL), bientôt surnommé « Việt Cộng » (contraction de « Việt Nam Cộng Sản », ou « communistes vietnamiens » en français) par les Américains et les Sud-Vietnamiens. En 1963, la direction du Parti communiste du Nord-Viêt Nam connaît cependant un changement de direction, avec l’arrivée de Lê Duẩn et Lê Duc Tho, partisans d’une lutte à outrance qui écartent Hô Chi Minh.

En 1965, il devient l’un des héros de la jeunesse occidentale et notamment du mouvement anti-guerre grandissant aux États-Unis, qui viennent d’entrer dans la guerre du Viêt Nam. Il est l’homme des contacts parallèles avec les neutres (tels que Jean Sainteny ou Raymond Aubrac) qui amorcent la négociation de Paris en 1968, mais aussi celui de la diplomatie secrète qui prépare et accompagne la reprise de la lutte ; il brise le relatif isolement de la république démocratique du Viêt Nam, et obtient une aide militaire de la part de la Chine et de l’URSS.

Bien que probablement malade dès 1965, Hô Chi Minh conserve l’essentiel de ses activités jusqu’en 1969. Il est soigné à partir du printemps 1967 par des équipes médicales chinoises, mais meurt le 2 septembre 1969. Son décès est officiellement annoncé comme ayant eu lieu le 3 septembre pour ne pas ternir la fête nationale de l’indépendance du 2 septembre. Hồ Chí Minh voulait que ses cendres soient répandues au-dessus du pays, du nord au sud. Pourtant, ses héritiers décidèrent de l’embaumer comme Lénine, contre sa volonté, ceci en attendant que la réunification se fasse.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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