Pierre Chanel, prêtre catholique.

Pierre Chanel (en wallisien et futunien Petelo Sanele) né Pierre Louis Marie Chanel, le 12 juillet 1803 à la ferme de la Potière à Cuet dans la commune de Montrevel-en-Bresse (Ain), et mort assassiné à Futuna le 28 avril 1841, est un saint catholique, martyr de l’Océanie.

Prêtre catholique missionnaire, Pierre Chanel est membre de la Société de Marie (pères maristes) et est envoyé comme missionnaire en Océanie. Il arrive sur l’île de Futuna dans le Pacifique Sud en novembre 1837 pour évangéliser la population. Son action suscite des oppositions parmi l’entourage du roi Niuliki et il est tué le 28 avril 1841.

Béatifié en 1889, il  est canonisé le 12 juin 1954 et devient alors Saint Pierre Chanel, martyr de l’Océanie. Il est fêté le 28 avril. Plusieurs sanctuaires ont été érigés en son nom, notamment la basilique Saint-Pierre-Chanel de Poi sur l’île de Futuna.


Pierre Chanel est né dans le hameau de la Potière près de Montrevel-en-Bresse, dans l’Ain en France le 12 juillet 1803. Fils de Claude-François Chanel et Marie-Anne Sibellas, paysans il est le cinquième d’une famille de huit enfants. De l’âge de 7 à 12 ans, il travaille comme berger. Il va aussi à l’école de Saint-Didier-d’Aussiat où réside l’abbé Camus. Celui-ci, curé de la paroisse, a persuadé ses parents de l’autoriser à fréquenter sa petite école qu’il avait ouverte. Ce prêtre reçoit régulièrement la visite du curé de Cras-sur-Reyssouze, le Père Trompier, qui connaît Pierre. Le père Trompier lui propose de l’emmener avec lui, pour servir la messe et étudier avec lui, à l’école de Cras, qu’il intègre à l’automne 1814.

Pierre Chanel fait sa première communion le 23 mars 1817. À la suite de la lecture des lettres des missionnaires envoyés par Guillaume-Valentin Dubourg, administrateur apostolique et ordinaire en Louisiane, de retour d’Amérique, Pierre Chanel développe l’envie de devenir missionnaire.

Pierre Chanel quitte Cras en 1819 pour faire ses humanités au petit  séminaire de Meximieux. Il y étudie de 1819 à 1823 et obtient plusieurs prix et accessits en vers latins, doctrine chrétienne et en éloquence, discours français et latins. Il fréquente le collège diocésain de Belley en 1823 puis continue ses études théologiques au grand séminaire de Brou en 1824.

Le 15 juillet 1827, il est ordonné prêtre et exerce d’abord comme vicaire à Ambérieu-en-Bugey. À Ambérieu, il lit les lettres d’un ancien vicaire de cette paroisse qui est alors missionnaire en Inde. Il y rencontre Claude Bret, qui devient son ami et qui est aussi l’un des premiers missionnaires maristes. L’année suivante, Pierre Chanel demande à l’évêque de Belley l’autorisation d’aller en mission. Sa candidature n’est pas acceptée et à la place, il est nommé curé de la paroisse de Crozet pour les trois années suivantes. Il trouve sa nouvelle paroisse dans un état qu’il juge déplorable. Les dimanches et jours de fête, l’église est presque vide ; il estime que les enfants sont oisifs et livrés à eux-mêmes. Chanel se rend en pèlerinage à Annecy, sur le tombeau de saint François de Sales qui avait autrefois visité sa paroisse.

Parmi ses activités, Pierre Chanel vient au aide aux malades de la paroisse. Pendant ce temps, il entend parler d’un groupe de prêtres diocésains qui espèrent créer un ordre religieux dédié à Marie, la mère de Jésus.

En 1831, à l’âge de 28 ans, il entre à la Société de Marie, une congrégation fondée en 1822 par Jean-Claude Colin dans le contexte de la renaissance catholique après la Révolution française.

Chanel rejoint les maristes pour se concentrer sur les missions locales et le travail de missionnaire à l’étranger. Cependant, au lieu de le choisir comme missionnaire, les Maristes le nomment au Petit Séminaire de Belley où il enseigne pendant cinq ans. Son rêve est de partir en mission aux États-Unis, au lieu de quoi il exerce tour à tour les fonctions de professeur de 6e la première année, de directeur spirituel, d’économe les deux années  suivantes, et de vice-supérieur de la maison les deux dernières années.

En 1833, il accompagne Jean-Claude Colin à Rome pour solliciter l’agrément de la Société naissante. En 1836, le pape Grégoire XVI demande aux Maristes d’envoyer des missionnaires sur le territoire du Pacifique sud-ouest. En échange d’une éventuelle acceptation, le groupe s’est vu promettre une approbation formelle, accordée par le pape Grégoire XVI. Pierre Chanel se professe mariste et se porte volontaire avec les autres aspirants le 24 septembre 1836. Il est alors nommé supérieur de la bande des sept premiers missionnaires maristes qui s’embarquent le 24 décembre 1836 du Havre sur La Delphine accompagnés de Jean-Baptiste Pompallier, le nouvel évêque du diocèse de Maronea en Océanie occidentale, création récente de Rome (1835) confiée à la Société de Marie. Ils partent pour dix mois de navigation qui les conduit à l’île de Futuna.

Cette mission s’inscrit dans une rivalité missionnaire entre catholiques et protestants pour le contrôle du Pacifique. De nombreuses îles ont été évangélisées par la London Missionary Society au début du XIXe siècle, notamment Fidji et les Samoa.

Pierre Chanel se rend d’abord aux îles Canaries, le 8 janvier 1837, où son ami Claude Bret attrape un virus pseudo-grippal qui provoque sa mort en mer qui survient le 20 mars 1837. Pierre Chanel se rend ensuite à Valparaíso au Chili (le 28 juin), où la congrégation française des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie (les « Pères Picpus »), qui s’occupe du vicariat apostolique d’Océanie orientale, a sa base. Ses troisième et quatrième escales ont lieu aux îles Gambier (le 13 septembre) puis à Tahiti (le 21 septembre), où le groupe est transféré sur le navire Raiatea. Le 23 octobre, ils mettent les voiles pour déposer deux missionnaires (Pierre Bataillon et le frère Joseph-Xavier) à Wallis, siège principal de la mission aux Tonga. Les missionnaires arrivent à Vava’u mais n’y sont pas les bienvenus, alors ils poursuivent leur voyage vers Futuna. Pierre Chanel se rend sur l’île de Futuna, accompagné d’un frère laïc français, Marie-Nizier Delorme. Ils arrivent le 8 novembre 1837 avec Thomas Boag, un laïc protestant anglais qui réside sur l’île et qui les a rejoints à Tonga pour aller à Futuna.

Tandis que l’évêque Pompallier continue le voyage vers la Nouvelle-Zélande, Pierre Chanel et son compagnon s’installent à Futuna. Jean-Baptiste Pompallier promet de revenir d’ici six mois, avant de partir évangéliser la Nouvelle-Zélande où il s’installe. La distance (plus de 2 500 km) entre les deux endroits rend les communications difficiles, et Pompallier ne revient à Futuna que quatre ans plus tard.

Au moment de l’arrivée des pères maristes, la société futunienne est déjà en contact avec les Occidentaux, en particulier des navires venant s’approvisionner en eau et nourriture en échange de vêtements, objets ou armes à feu. Un commerçant s’est même implanté à la fin des années 1830. Jusqu’aux années 1800, Futuna est morcelée en de multiples entités politiques, mais en 1820, il ne reste plus que deux royaumes coutumiers : Alo (ou Tua) à l’est et Sigave à l’ouest. Les missionnaires arrivent dans le royaume Tua, sous la direction du roi Niuliki. Les deux royaumes sont fréquemment en guerre, et l’apport de fusils européens renforce la violence des conflits. Alo remporte deux guerres contre Sigave, avant d’être vaincu lors d’un troisième conflit ; peu avant l’arrivée de Pierre Chanel, Alo regagne son titre de vainqueur (malo). Enfin, le 10 août 1839, Alo bat  définitivement Sigave lors de la guerre du Vai et Niuliki se proclame roi de toute l’île de Futuna.

Pierre Chanel est aidé par Samu Keletaona, un futunien ayant voyagé sur des goélettes occidentales et parlant anglais. Sam Keletaona l’introduit auprès de Niuliki, roi du royaume coutumier d’Alo, et devient l’un des premiers convertis au catholicisme.

Le groupe est d’abord bien accueilli par Niuliki qui les héberge durant les deux premières années. En juin 1839, Pierre Bataillon vient de Wallis à Futuna et persuade Niuilki de brûler les effigies des divinités futuniennes afin de prouver la puissance du dieu chrétien. Niuliki promet même de se convertir lorsque toute la population serait devenue catholique.

Le séjour des pères maristes est toutefois difficile. Ils doivent faire face à l’isolement (Pompallier, qui avait promis de revenir dans les six mois, n’est toujours pas là), s’acclimater au climat tropical et comprendre la culture futunienne. Les Pères apprennent la langue du pays (le futunien) et baptisent des enfants mourants.

Quelques Futuniens sont baptisés tandis que quelques autres sont instruits. Les conversions au christianisme prennent de l’ampleur, ce qui déplaît au roi Niuliki qui croit que cette nouvelle religion sur l’île saperait son autorité. Il cesse rapidement d’héberger et d’offrir des vivres aux missionnaires. Pour subsister, ces derniers sont réduits à défricher un champ de manioc. Néanmoins, certains habitants s’empressent de détruire leurs récoltes afin de les forcer à fuir le pays. Réduits à la plus extrême pauvreté et réduit à la famine, les Pères sont contraints de manger leur propre chien. Menacé de mort, le Père Chanel répond : « la religion est implantée dans l’île, elle ne s’y perdra point par ma mort, car elle n’est pas l’ouvrage des hommes, mais elle vient de Dieu. »

En 1839, Pierre Chanel est témoin de l’affrontement entre les royaumes de Sigave et d’Alo lors de la guerre du Vai et soigne les blessés du royaume d’Alo qui en sort vainqueur.

Toutefois, la population se montre réticente à adopter cette nouvelle  religion. En novembre 1840, Niuliki apprend que la population de Wallis, désobéissant au souverain Lavelua Vaimua, s’est convertie au catholicisme. Il voit alors les missionnaires comme une menace. Au début de l’année 1841, le fils de Niuliki, Meitala, prend la tête d’un groupe de jeunes hommes favorables aux pères maristes. Souhaitant bénéficier de ce nouveau dieu, suivant les promesses faites par les missionnaires, Meitala décide de rompre avec les règles en vigueur qui lui interdisaient, en tant que fils aîné, de manger de l’igname avant qu’il n’ait lui-même un fils. Il transgresse le tabou et fait cuire un grand four en terre rempli d’ignames après avoir eu la certitude que le dieu futunien ne le tuerait pas. Le 18 avril 1841, Chanel indique que Meitala s’est entièrement converti au catholicisme.

Le gendre de Niuliki, Musumusu, se montre de plus en plus critique vis-à-vis de la protection accordée par le roi au missionnaire venu apporter la nouvelle religion. Il menace de renverser Niuliki si ce dernier ne fait pas mettre à mort le mariste11. Niuliki ordonne donc à Musumusu d’aller tuer Pierre Chanel.

Le 28 avril 1841, au point du jour, un important groupe d’hommes, conduits par Musumusu, armés de lances, de massues et de haches, envahit la maison des missionnaires à un moment où Pierre Chanel est seul. D’après le frère Marie Nizier, ils se battent contre quelques catéchumènes habitant près de la maison du missionnaire. Filitika bouscule Chanel et Umutaouli le frappe avec son casse-tête au bras puis à la tempe ; Fusea lui jette une lance munie d’une baïonnette, ce qui le jette à terre. Le coup final est porté à la tête par Musumusu avec une herminette.

La maison de Pierre Chanel est pillée, Musumusu part avec sa soutane ensanglantée. Le corps de Chanel est enseveli dans une natte, puis vers midi, il est enseveli dans un trou. Sur ordre de Niuliki, la maison des missionnaires et leur plantations sont détruites.

Source : Wikipédia.

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