Luis Mariano, chanteur.

Mariano Eusebio González y García, dit Luis Mariano, né le 13 août 1914 à Irun (province de Guipuscoa, Espagne) et mort le 14 juillet 1970 à Paris, est un ténor et chanteur d’opérette basque espagnol, qui a connu une très grande popularité en Amérique latine, en France, en Espagne et au Québec. Outre l’espagnol et le français, il parlait couramment le basque, sa langue maternelle, et a toujours assumé ses origines basques.

Il accède à la célébrité en 1945 grâce à La Belle de Cadix, opérette de Francis Lopez ou encore Le Chanteur de Mexico. Il devient alors, à la scène comme au grand écran, le « prince de l’opérette ».


Mariano Eusebio González y García est le fils de Mariano González y García, garagiste mécanicien, et de Gregoria García Molpereces, brodeuse à domicile. Le couple González vit à Bordeaux depuis 1912, date à laquelle ils se sont mariés. Pour la naissance de leur premier enfant ces derniers  décident de retourner en Espagne. C’est ainsi que naît Mariano le 13 août 1914 à 1 h 30 du matin à Irun. Par superstition du nombre 13, sa mère demandera à son mari de falsifier la date et l’heure de naissance. Ainsi, Luis sera considéré jusqu’à sa mort comme né le 12 août à 23 h 30.

Luis Mariano, carte maximum, France.

L’Espagne est épargnée du Premier conflit mondial, cependant la famille González est des plus modestes. Irun étant une ville douanière, la mère de Mariano s’autorisera à faire de la contrebande d’absinthe en France, boisson qui était alors interdite, afin de faire quelques sous en plus de son salaire. À la naissance de María-Luisa, leur second enfant, le 3 octobre 1916, les González retournent s’installer à Bordeaux afin de mieux gagner leur vie. Là, le jeune Luis est scolarisé dans une école maternelle catholique. Il ne parle cependant pas le français, la langue parlée au domicile familial étant l’espagnol. Il apprendra le français par des religieuses à partir de ses 4 ans, mais ne l’utilisera que rarement. La famille se réinstalle ensuite à Irun où son père reprend un petit garage sous franchise Citroën. Le jeune Mariano est inscrit à l’école des Pères français de Saint-Jean-Baptiste de la Salle de Saint-Sébastien où il se révèle doué pour le dessin et le chant, mais dans aucune autre matière scolaire. Il est destiné par ses parents à devenir  garagiste comme son père, mais celui-ci préfère les arts. Il prend des cours de violon là où sa sœur, également très douée pour le chant, prend des cours de piano, mais ce sera en vain pour tous les deux. Il est cette fois destiné à devenir architecte et prend des cours de dessin industriel. Mariano garda secrète son envie de devenir acteur, puis chanteur lorsqu’il s’aperçoit de l’admiration de ses camarades de chœur. En effet, parallèlement à la scolarité, il est inscrit à 14 ans à la chorale Irun’go Atsegina et à 18 ans dans l’Orphéon Donostiarra de Saint-Sébastien, chœur mixte où, vu ses capacités vocales et sa tessiture, il est le ténor soliste.

Lors de la guerre civile espagnole, la famille du jeune prodige quitte  l’Espagne pour Hendaye, la ville voisine d’Irun en France. Les González n’ayant emporté aucun bien avec eux dans la précipitation, ils espèrent longuement la fin des hostilités afin de retrouver leur domicile. Mais celui-ci sera bombardé et détruit, comme l’entièreté d’Irun, par les troupes franquistes. C’est alors que la mère Gregoria falsifie à nouveau les papiers du jeune homme, changeant sa date de naissance en 12 août 1920 afin de lui permettre d’échapper à la conscription. De 1937 à 1939 Mariano est deuxième ténor dans le groupe vocal Eresoinka avec lequel il chante dans toutes les capitales européennes (salle Pleyel, Chaillot et opéra de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Londres) au profit des résistants basques et espagnols. Avec ce groupe, Luis enregistre pour la première fois sa voix en 1937, en participant à l’édition d’un disque de chansons populaires. En vue de sa carrière qui débute, il changea son nom d’artiste en “Mariano” car son nom “González” a été quelquefois moqué. La même année, il tourne dans son premier film, Ramuntcho, qui est une adaptation du roman de Pierre Loti.

Les conditions misérables de la famille González les poussent à retourner à Bordeaux à la fin de la guerre civile, tandis que Mariano loue une chambre chez un habitant de Sare. La même année il entre aux Beaux-Arts de  Bordeaux. Au début de la guerre, il est mobilisé dans les champs. Il s’occupe alors des vendanges dans un vignoble de Sainte-Foy-la-Grande appartenant à un riche importateur de café du nom d’André Varon. Celui-ci qui l’entend chanter le présente à Gaston Poulet, alors propriétaire du conservatoire de Bordeaux. Il passe avec succès, le 7 décembre 1939, le concours d’entrée du conservatoire de Bordeaux en classe de chant. Gaston Poulet notera sur le grand registre du Conservatoire : « Je viens d’entendre un type formidable : il se nomme Gonzalez ». Celui-ci lui fait rencontrer la cantatrice Jeanine Micheau qui lui prédit un grand avenir et l’incite à travailler sa voix.

Pour gagner quelques sous en même temps qu’étudier au conservatoire, il chante dans un cabaret, Le Caveau des Chartrons, accompagné du chef d’orchestre Fred Adison. Celui-ci dira que Luis a « une voix d’or ». Ses prestations enflamment le public. Il y chante des airs latinos et se produit dans le célèbre orchestre de tangos de Rafael Canaro. Il enregistre avec cet orchestre son premier disque où il interprète deux tangos : Olvidame et Callecita de mi novia. À cette époque il rencontre Jeanne Lagiscarde, gérante d’un magasin de disques de Bordeaux. Cette femme influente dans les milieux artistiques de la ville prend en main la carrière du jeune Mariano et le persuade de tenter sa chance à Paris. En 1942, il tourne dans Le Chant de l’exilé aux côtés de Tino Rossi et Ginette Leclerc (film paru l’année suivante). Il y joue le rôle d’un jeune basque chanteur.

En septembre 1942, Luis Mariano quitte le conservatoire de Bordeaux, se rend à Paris muni d’une lettre d’introduction de Jeanine Micheau et va recevoir des leçons du grand ténor basque Miguel Fontecha. Ce dernier lui faisant comprendre qu’être chanteur d’opéra exige une ascèse que Mariano ne se sent pas capable de suivre, il l’incite à devenir chanteur de bel canto et lui enseigne cette technique de chant dans la plus pure tradition lyrique italienne, se caractérisant par la beauté du son et la recherche de la  virtuosité. En 1943, il joue dans le film L’Escalier sans fin sous son vrai nom, Mariano González. Il y chante Seul avec toi, un titre signé Loulou Gasté. Il rencontre cette même année Max de Rieux alors directeur de l’Opéra-Comique de Paris. Celui-ci veut monter une représentation de l’opéra Don Pasquale de Donizetti à l’occasion du centenaire de sa création. Mariano monte sur la scène du palais de Chaillot en décembre 1943 dans le rôle d’Ernesto, avec Vina Bovy et Gilbert Moryn. Mariano parle toujours mal le français et est un assez mauvais comédien, ce qui lui vaut une paye très modeste. Jeanne Lagiscarde l’inscrit alors dans un court d’art théâtrale où il rencontre Maurice Escande qui saura lui apprendre l’art d’être habile sur scène. Il améliorera son français simplement en le pratiquant dans Paris. Les représentations de Don Pasquale se poursuivent ensuite à Bordeaux, puis à Marseille avant de revenir à Paris en avril 1944. Ses roucoulades lui valent un triomphe et les critiques sont en moyenne très bonnes.

À la fin d’année 1944, Luis hésite entre continuer l’opéra et faire de la chanson populaire. Dans le premier cas il pourrait jouer  dans Rigoletto de Verdi car Jeanne, son agent autoproclamée, a contacté le directeur de l’Opéra de Paris pour lui faire passer les auditions. Saint-Granier (surnom de Jean de Granier de Cassagnac), un important créateur de revues, lui conseille de s’écarter de l’opéra. Cette même année il adopte son nom Luis Mariano, comme en témoignent la presse et les affiches de l’époque. En 1945, Luis chante dans des émissions de variété radiophoniques de Saint-Granier, il y interprète notamment Amor Amor et Besame mucho qu’il enregistrera. José Sentis lui composera plusieurs airs dont España Mia, considérée comme un des premiers grands succès du chanteur. En avril, il se produit au Théâtre de Chaillot avec la cantatrice sud-américaine Carmen Torres. En novembre de la même année, toujours à Chaillot, il partage l’affiche avec Édith Piaf et Yves Montand. Il participe à Paris à des concerts organisés par la revue Galeria au profit des Républicains espagnols8. Il chante cette même chanson, España Mia, à l’ABC pour la Revue de la victoire, sa première scène de variétés. Il fait également des apparitions à l’Alhambra à partir de l’automne 1945, toujours dirigé par Saint-Granier.

Luis Mariano, carte maximum, France.

Pendant ce temps, Francis Lopez, un compositeur au succès grandissant, doit à tout prix monter un spectacle pour la fin d’année 1945 sur commande du théâtre du casino Montparnasse. Lopez propose alors de compléter et d’adapter Mariage à l’essai, une opérette inachevée de Raymond Vincy dont l’intrigue devait se dérouler près de Marseille. Raymond Vincy, Marc-Cab et Maurice Vandair, les paroliers, renomment alors le nom de la pièce en La Belle de Budapest. Jeanne Lagiscarde contacte Francis Lopez pour faire jouer Luis en tant que rôle principal. Lopez et Mariano se rencontrent au Fouquet’s, étant tous les deux basques ils s’entendent très rapidement. Une fois Mariano arrivé dans l’équipe, Francis Lopez décide que l’intrigue du spectacle se passera en Espagne. La pièce est renommée en La Belle de Cadix. Le travail d’adaptation des paroles est terminé en un mois. Luis participe à l’aspect visuel du spectacle et dessine les costumes, certains décors ainsi que les affiches de promotion. La première représentation est prévue pour le 19 décembre. Les premières représentations ne sont pas vraiment des réussites et l’on pense déjà à déprogrammer la pièce. Prévue pour être produite six semaines, La Belle de Cadix va tenir l’affiche pendant plus de cinq ans. Le disque qui est tiré de l’opérette et qui comprend le titre Maria Luisa fait exploser les ventes : 1 250 000 exemplaires seront vendus. Pathé-Marconi est obligé de réaménager ses chaînes de production pour faire face à la demande.

La popularité de Luis Mariano grandit rapidement. Pendant une dizaine d’années, il domine le monde de la chanson et de l’opérette. On l’entend notamment dans Fandango (1949). Le point culminant de sa carrière peut se situer en 1951-1952, années du Chanteur de Mexico et du film Violettes Impériales. Au théâtre, outre Le Chanteur de Mexico (1951), il triomphe dans Andalousie (1947) et Chevalier du Ciel (1955).

Pour le cinéma, de 1945 à 1958, Mariano joue dans une vingtaine de films qui sont traduits dans de nombreuses langues. Parallèlement il donne des récitals dans le monde entier : États-Unis, Canada, Amérique du Sud, où partout une foule énorme l’attend dès sa descente de l’avion ou du bateau. Lorsqu’il arrive en Uruguay, on craint le pire, tellement le mouvement de masse populaire déclenché par son arrivée est important. Sur le port de Montevideo, 60 000 fans ont fait le déplacement pour le voir descendre du transatlantique et 100 000 personnes seront présentes au concert qu’il donne dans la capitale de l’Uruguay. Au Mexique, ce sont 160 000 fans qui l’acclameront dans le stade de Mexico.

En 1957 et 1959, Mariano accompagne la caravane du cirque Pinder sur les routes de France, puis il se produit à l’Olympia.

Les années 1958-1960 marquent un certain tournant dans la carrière de Mariano. Les yéyés envahissent les ondes et les écrans de télévision. Mariano a toujours autant de succès sur les théâtres d’opérettes : Le Secret de Marco Polo (1959), Visa pour l’amour (« véritable jouvence pour l’artiste »), le Prince de Madrid (1967), sont de véritables succès.

Signalons toutefois une tournée triomphale en Roumanie (1966), et l’enregistrement d’un disque de chansons espagnoles et d’un disque de chansons napolitaines. En province, il faisait des reprises très remarquées du Chanteur de Mexico et de La Belle de Cadix (pour le vingtième  anniversaire de cette création).

En décembre 1969, il assure la création de La Caravelle d’or au théâtre du Châtelet, mais ayant contracté une maladie, probablement une hépatite mal discernée, mal jugulée, il abandonne son rôle au bout de quelques mois après un malaise sur scène.

Le 14 juillet 1970, Luis Mariano meurt à la suite d’une hémorragie cérébrale à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris.

Sa tombe au cimetière d’Arcangues est encore visitée et fleurie par ses fans, cinquante ans après sa mort.

Source : Wikipédia.

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