Lotte Lehmann, cantatrice.

Lotte Lehmann, née le 27 février 1888 à Perleberg en royaume de Prusse et morte le 26 août 1976 à Santa Barbara en Californie, est une cantatrice allemande naturalisée américaine.

Célèbre soprano lyrico-dramatique, réputée pour ses interprétations de Schubert, Beethoven, Strauss et Wagner, elle s’établit en 1914 à Vienne, où elle chante à l’opéra pendant vingt‑quatre ans, créant notamment le rôle du compositeur dans Ariane à Naxos de Richard Strauss en 1916.


Elle étudie le chant à Berlin avec Erna Thiele, Hélène Jordan et Mathilde Mallinger (la toute première Eva des Maîtres chanteurs de Nuremberg). Elle débute en 1910 à l’opéra de Hambourg, où elle participe à 562  représentations dans 52 rôles différents jusqu’en 1916. Après avoir interprété des petits rôles, en 1913 elle triomphe dans le rôle d’Elsa de Lohengrin. À partir de 1914, elle chante à l’Opéra de Vienne (où elle débute dans le rôle d’Agathe, dans Der Freischütz), dont elle adopte la culture jusqu’à représenter l’archétype de la soprano viennoise. En 1916, Richard Strauss lui donne sa grande chance, qu’elle sait saisir, dans le rôle du compositeur lors de la création de la seconde version d’Ariane à Naxos. Par la suite, elle participe également à la création d’autres opéras de Strauss : en 1919 à Vienne La Femme sans ombre, en 1924 Intermezzo à Dresde, sous la direction de Fritz Busch, et en 1933 à Vienne le rôle-titre d’Arabella.

Fréquentant moins le répertoire italien, elle incarne cependant une mémorable Desdémone dans l’Otello de Verdi (qu’elle chanta avec Giovanni Zenatello) et la meilleure Suor Angelica qui fût donnée d’entendre à Puccini lui-même. Elle chanta aussi Mimi (La Bohème), et les rôles-titres de Manon Lescaut et Turandot (dont elle fut la créatrice à Vienne en 1926).

Elle se spécialise dans Mozart, Strauss, Wagner, Beethoven. Elle est la grande Maréchale de son époque et une grande Leonore. Elle chante aussi les lieder de Schubert et Schumann, accompagnée notamment au piano par Bruno Walter.

À partir de 1922, elle entreprend des tournées mondiales qui vont la conduire dans les deux Amériques. Aux États-Unis, elle chante pour la première fois en 1930, à l’Opéra de Chicago dans le rôle de Sieglinde (La Walkyrie). En 1934, elle débute au Metropolitan Opera de New York dans le même rôle, aux côtés de Lauritz Melchior. Ensemble, ils forment alors le duo Siegmund-Sieglinde, qui reste dans l’histoire du chant comme le plus exceptionnel, et dont témoigne l’enregistrement du premier acte de La Walkyrie en 1935, sous la direction de Bruno Walter. Ils collaboreront sur les planches américaines jusqu’en 1945. Elle est régulièrement invitée à Covent Garden (inaugurant les Saisons de Bruno Walter en 1924, avec qui elle  chante pour la première fois la Maréchale dans Le Chevalier à la rose), au Festival de Salzbourg (1926-1937)4, à l’Opéra de Paris, de Stockholm, Berlin, Dresde.

L’accession au pouvoir des nazis dans sa patrie la conduit à faire des choix : elle préfère quitter sa « patrie artistique » et suivre en exil ses camarades inquiétés racialement, plutôt que de se faire le porte-étendard artistique d’une pensée politique qu’elle rejette. En 1938, année de l’Anschluss, elle rompt définitivement avec l’Opéra de Vienne et part pour New York où se retrouvent les artistes qui ont fui l’Europe : Lauritz Melchior, Friedrich Schorr, Alexander Kipnis, Emanuel List, Bruno Walter, Erich Leinsdorf.

Elle quitte la scène de l’opéra en 1945 et donne encore des récitals jusqu’en 1951, avant de s’installer en Californie, à Santa Barbara, pour enseigner, notamment à la Music Academy of the West, qu’elle a contribué à fonder. Elle se voue également à l’écriture et la peinture.

Interprète privilégiée de Richard Strauss, elle avait « une des plus belles voix du XXe siècle, autant par la musicalité exceptionnelle de ses apparitions, où l’on ne releva jamais une faute de goût, que par le naturel suave de son chant. » Selon André Tubeuf, « la spontanéité et le jusqu’auboutisme dramatique comme vocal, de ses incarnations de théâtre imposaient une présence […] Voix visible, émotionnelle. Mais hauteur et noblesse, et même héroïsme, dans ce chant tendu jusqu’au raptus, l’immolation. […] Une diction souveraine, une profondeur peut-être unique de l’émission, une richesse de couleurs et une chaleur très certainement sans secondes ». Même si elle ne chanta jamais au Festival de Bayreuth, la générosité et la beauté de sa voix apportèrent à ses interprétations wagnériennes (Sieglinde, Elsa, Eva, Elisabeth, Freia) une humanité, une féminité et une chaleur, une sensualité particulières.

Source : Wikipédia.

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