Robert Schumann, pianiste et compositeur.

Robert Schumann, né le 8 juin 1810 à Zwickau et mort le 29 juillet 1856 à Endenich (aujourd’hui un quartier de Bonn), est un pianiste et compositeur allemand. Sa musique s’inscrit dans le mouvement romantique qui domine au début du XIXe siècle une Europe en pleine mutation. Compositeur littéraire par excellence, Schumann et sa musique illustrent une composante du romantique passionné. Il est le mari de Clara Schumann, pianiste et également compositrice.


Wieck rassure Christiane Schumann en lui promettant de faire de son fils « en trois ans l’un des plus grands pianistes vivants, plus spirituel et chaleureux que Hummel, plus grandiose que Moscheles », et Schumann emménage pour un temps chez son professeur. Il travaille avec acharnement mais se plaint déjà de « douleurs infinies dans le bras ». Bientôt, il se plaindra d’une paralysie de la main droite qui le contraindra à abandonner la carrière de virtuose, sans grands remords il est vrai.

La « paralysie » de Schumann n’a pas encore été tirée au clair. Le compositeur lui-même l’a attribuée à un appareil de son invention pour stimuler la dextérité. Cet appareil, dont nous n’avons aucune description (Schumann l’appelle Cigarrenmechanik), peut avoir occasionné une tendinite qu’il traite avec des bains et des compresses, puis par homéopathie. Par la suite, Schumann ne se servira pas de son index droit pour jouer au piano, et non du majeur ou de l’annulaire qui lui posaient des problèmes en 1830. Le problème peut être éventuellement dû au traitement d’une maladie vénérienne ou à une dystonie, semblable à celle dont a souffert le pianiste Leon Fleisher.

Robert Schumann, carte maximum, Berlin, 22/10/1956.

À cette époque (1831-1832), il a une liaison avec une certaine Christel Mc Garten, à qui il donnera le surnom de « Charitas ». Il contracte auprès d’elle une infection vénérienne, qui lui fera dire le 19 février 1855 « En 1831 j’ai été infecté syphilitiquement et traité à l’arsenic ». La syphilis serait-elle la cause de son déclin ultérieur, aboutissant au stade de paralysie générale? L’hypothèse a été maintes fois avancée, mais il faut la relativiser car, à l’époque, on ne faisait pas clairement la distinction entre les maladies vénériennes. Schumann lui-même note dans son journal : « des douleurs qui me mordent et me rongent […] un lion entier qui me déchire ». Or, le chancre syphilitique est indolore.

Les tendances de Schumann à l’hypocondrie et à la dépression seront accentuées par la mort de sa belle-sœur Rosalie, puis de son frère Julius, et enfin par l’épidémie de choléra qui sévit en Allemagne au cours de l’année 1833.

Le 3 avril 1834, il lance la Neue Zeitschrift für Musik, revue – qui existe toujours – où il part en guerre contre les « philistins », gardiens d’un ordre musical rétrograde. Y interviennent les membres des « Compagnons de David » (Davidsbund), société fictive où l’on retrouve entre autres Friedrich Wieck (maître Raro), sa fille Clara (Zilia) et Schumann lui-même, dédoublé en Eusebius, rêveur introverti, et Florestan, passionné et combatif. Dans les Davidsbündlertänze op. 6 (« danses des compagnons de David »), il met en scène les personnages de cette comédie. L’introverti et peu loquace Schumann se révèle un critique musical brillant, alternant l’humour, le sarcasme, l’éloge. Ses articles sur Schubert, Berlioz, Chopin… restent des modèles de critique poétique, d’autres comme ceux qu’il écrit sur Meyerbeer, sont d’une ironie et d’une virulence rares.

En 1834, Schumann se fiance avec Ernestine von Fricken, fille d’un riche baron de Bohême et élève de Friedrich Wieck. Les fiançailles seront rompues en moins d’un an — entre autres parce qu’Ernestine, fille adoptive, ne peut prétendre à l’héritage – mais cet épisode nous vaut deux grandes œuvres. Le Carnaval, op. 9 fait référence à la ville d’Ernestine, Asch ; la séquence A-Es-C-H (la—mi  –do–si) détermine la première partie, As-C-H (la   —do — si) est intégrée dans la seconde. Ernestine elle-même est évoquée sous le nom d’Estrella, et Clara Wieck sous celui de Chiarina. L’œuvre se termine par la marche des Davidsbündler contre les philistins. Une marche analogue conclut les Études symphoniques, op. 13, variations sur un thème du baron von Fricken, le père d’Ernestine.

L’année 1840 voit le début d’une nouvelle phase créatrice pour Schumann avec la composition de cent trente huit lieder. Alors que ses compositions précédentes pour piano étaient peuplées de son seul imaginaire, il s’ouvre à l’imaginaire des poètes. La perspective du mariage avec Clara élargit sa fantaisie créatrice et le voyage à Vienne l’a mis en contact direct avec la création de Schubert. En outre, ses compositions pour le piano n’ont pas été un énorme succès commercial et les lieder promettent des rentrées plus importantes. Ceci donne Myrthen op. 25, recueil de 26 lieder sur des textes d’auteurs divers qu’il mettra dans la corbeille de noces de Clara, les Liederkreis, op. 24 sur des textes de Heine, op. 35 sur des textes de Justinus Kerner, op. 39 sur des textes d’Eichendorff, L’Amour et la Vie d’une femme sur des textes de Chamisso op. 42, Les Amours du poète sur des textes de Heine, op. 48… Le Liederfrühling, op. 37 sur des textes de Rückert comprendra quatre lieder composés par Clara.

Le couple s’installe dans sa vie conjugale. Robert compose, effectue le travail d’éditeur de sa revue (il écrit des critiques, entretient un réseau de correspondants en Allemagne et à l’étranger, dirige la publication). En 1843, il enseigne au conservatoire de Leipzig, créé par Mendelssohn. Clara s’occupe du foyer, parfait sa culture générale négligée durant ses années d’enfant prodige en lisant Goethe, Shakespeare, Jean Paul, étudie les œuvres de Bach, Beethoven, Chopin et bien sûr de Schumann. Elle réalise les réductions pour piano de ses œuvres orchestrales, compose quelques pièces pour piano. Les Schumann font salon, organisent des concerts et des lectures, reçoivent…

En 1841, Schumann écrit sa première symphonie, la Symphonie du printemps, op. 38, qui sera créée par Felix Mendelssohn à la direction de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, l’Ouverture, Scherzo et Finale pour orchestre op. 52, une Fantaisie pour piano et orchestre qui, quatre années plus tard, sera complétée de deux mouvements pour devenir le Concerto pour piano, op. 54, une symphonie en ré mineur qui, réorchestrée, deviendra la Quatrième Symphonie, op. 120.

Si 1841 était consacrée à l’orchestre, il aborde la musique de chambre en 1842. De cette année-là datent les Trois quatuors à cordes, op. 41, dédiés à Mendelssohn, le Quintette avec piano op. 44, le Quatuor avec piano, op. 47. En 1843 il compose Le Paradis et la Péri op. 50, oratorio profane pour soli, chœur et orchestre d’après la légende hindoue Lalla Rookh de Thomas Moore qui sera de son vivant, avec sa première symphonie, son plus grand succès17. La première à Leipzig le 4 décembre 1843 est aussi la première apparition de Schumann en tant que chef d’orchestre. C’est un succès, bien que le compositeur myope et peu autoritaire ait du mal à contrôler l’orchestre. La soprano Livia Frege écrit à Clara « Si seulement votre cher mari pouvait se décider à quereller un peu et à réclamer une plus grande attention, cela irait certainement plus facilement »18. Après la première de Dresde Friedrich Wieck, impressionné, propose la réconciliation.

Clara réduit son activité de concertiste. Elle effectue tout de même des tournées, en Allemagne du Nord accompagnée par Robert puis seule au Danemark en 1842, en Bohême… Bien que les revenus du compositeur Schumann augmentent sensiblement, les dépenses sont grandes et les tournées aident à renflouer les caisses. En janvier 1844, les Schumann partent pour une tournée de quatre mois en Russie. Schumann y trouve le moyen de satisfaire sa curiosité intellectuelle mais considère dégradant son rôle de « mari de la pianiste ». En outre sa santé empire. Il est sujet à des phobies, des crises d’angoisse, des vertiges, qui s’accentuent au cours des voyages.

Au retour de Russie les symptômes s’aggravent et à l’automne 1844, il sombre dans une profonde dépression, accompagnée des symptômes déjà connus et d’un acouphène qui reviendra par la suite.

La succession de Mendelssohn à la tête du Gewandhaus de Leipzig est confiée au compositeur danois Niels Wilhelm Gade, en dépit des aspirations de Schumann. Il se sépare de la Neue Zeitschrift für Musik et le couple décide de s’installer à Dresde, où il emménage le 11 décembre 1844. Clara dispose maintenant d’un salon de musique à elle où elle peut répéter sans déranger Robert. Il reprend, conjointement avec Clara, l’étude de Bach.

Bien qu’elle soit capitale du royaume de Saxe et, en dépit de sa riche architecture baroque, Dresde est, comparée à Leipzig, une ville provinciale sur le plan culturel. Elle n’a même pas de salle de concerts permanente. On y organise des concerts privés, on se rencontre entre artistes. Richard Wagner, qui avait cherché à se faire connaître du critique influent de Leipzig, est un interlocuteur fréquent, particulièrement en politique20. La santé de Schumann s’améliore mais reste fragile. Sa popularité de compositeur s’accroît, même en dehors d’Allemagne. En 1848 Le Paradis et la Péri sera joué à New York.

Il accompagne Clara dans des tournées à Vienne, à Berlin, en 1846, mais elle ne rencontre plus ses succès d’enfant prodige. En 1847 la mort de Félix Mendelssohn est un choc. En mai 1849, la révolution de 1848 atteint Dresde. La famille Schumann quitte la ville de manière rocambolesque et se réfugie jusqu’à la mi-juin à Kreischa. En novembre 1849 Ferdinand Hiller qui était parti de Dresde pour Düsseldorf en 1847, part pour Cologne et propose Schumann comme son successeur.

À Dresde, Schumann compose des fugues et des pièces pour piano à pédalier, mais aussi des chœurs pour l’ensemble qu’il reprend d’Hiller en 1847. Il termine en 1845 son Concerto pour piano, op. 54, compose en 1846 sa Deuxième Symphonie en ut majeur, op. 61, son Premier Trio, op. 63 en 1847.

1848 voit l’achèvement de son unique opéra, Genoveva, qui ne remportera qu’un succès d’estime, et de Manfred, mélodrame pour voix parlée, chœur et orchestre d’après le poème de Byron.

1849 est l’occasion d’une nouvelle explosion créatrice dans tous les genres: lieder, musique pour piano, musique de chambre, ensembles vocaux, chœurs. Cette année-là, l’Allemagne célèbre le centenaire de Goethe ; c’est pour Schumann l’occasion de terminer ses Scènes de Faust commencées en 1844. La révolution se verra évoquée par les Marches, op. 76.

Quatre de leurs enfants sont nés à Dresde. Schumann s’intéresse aussi aux enfants dans ses compositions avec l’Album pour la jeunesse, op. 68 (qui contient entre autres le Gai laboureur), l’Album de lieder pour la jeunesse, op. 79 (composé pendant la révolution) et Douze pièces à quatre mains pour petits et grands enfants, op. 85.

La proposition de Düsseldorf offre à Schumann le prestige d’une position de Generalmusikdirektor et un revenu annuel de 750 thalers. Pour Clara c’est la perspective de reprendre une activité régulière de concertiste.

Pour la ville c’est la perspective d’engager un compositeur célèbre, et aussi d’avoir « deux artistes pour le prix d’un ». Les Schumann emménagent le 2 septembre 1850.

La ville fait un accueil chaleureux aux deux musiciens et les débuts de Robert Schumann à la tête de l’orchestre sont concluants dans sa première saison où a lieu, le 6 février 1851, la brillante première de sa troisième symphonie, la Symphonie « Rhénane », op. 97, mais son peu d’aptitude à la direction d’orchestre va vite amener une situation de conflit. Il manque d’autorité, sa battue est peu claire, il s’exprime d’une voix faible et peu intelligible, les répétitions l’épuisent et il doit les interrompre fréquemment. Malgré le soutien de Clara Schumann qui tente de pallier ses défaillances, Schumann a de plus en plus de mal à diriger un orchestre avec chœur composés en grande partie d’amateurs et qui, livrés à eux-mêmes, entrent en quasi-rébellion.

Les critiques enflent. À l’été de 1852 ses troubles le reprennent, l’acouphène revient, et il doit laisser la baguette à son assistant Tausch jusqu’en décembre. Le festival de Rhénanie, qui se tient en mai 1853 à Düsseldorf, et pour lequel Schumann doit partager la baguette avec son prédécesseur Hiller et Tausch, est un succès mitigé. Il dirige sa Quatrième Symphonie avec succès mais le clou du festival est le concert Beethoven dirigé par Hiller avec en soliste le jeune virtuose Joseph Joachim qui deviendra un ami du couple Schumann.

Les troubles le reprennent l’été suivant, accentués de douleurs rhumatismales et de lombalgie. En août apparaissent des troubles de la parole. Le 30 septembre Johannes Brahms se présente aux Schumann et leur joue ses premières compositions. Ils l’accueillent avec enthousiasme. En octobre Schumann compose les Contes, op. 132, pour clarinette, alto et piano et les Chants de l’aube, op. 133 pour piano. Le 27 octobre la première de la Fantaisie pour violon, op. 131 avec Joachim en soliste est le dernier concert qu’il dirige à Düsseldorf. À la proposition de ne diriger que ses propres œuvres et de laisser le reste à Tausch, Schumann répond par un « ultimatum » qui correspond de facto à une démission, laquelle ne deviendra effective qu’en octobre 1854.

Une tournée Schumann/Schumann en Hollande est un succès. En janvier 1854 les Schumann retrouvent Joachim et Brahms à Hanovre. De retour à Düsseldorf, son acouphène le reprend et le 17 février tourne en hallucinations acoustiques. Dans ses hallucinations il entend un thème qu’il note et sur lequel il compose les Variations des esprits (Geistervariationen) les jours suivants. Le 27, il sort de chez lui, en pantoufles, et, après avoir traversé Düsseldorf sous la pluie, se jette dans le Rhin. Clara se réfugie avec ses enfants chez une amie et le 4 mars Robert est conduit à l’asile du Dr Richarz à Endenich, près de Bonn, dont il ne sortira plus.

Pendant l’été 1854 il se repose, lit, effectue de nombreuses promenades à pied dans les environs en compagnie d’un gardien. Il attend en vain des nouvelles de Clara qui ne lui communique même pas la naissance de son fils Felix le 11 juin. Elle lui écrit une première lettre en septembre.

Durant la période suivante son état s’améliore. Il reçoit des visites, de Brahms, de Joachim, de Bettina von Arnim. Jusqu’en juillet 1855 il entretient une correspondance abondante et s’occupe de l’édition de ses œuvres, compose des accompagnements de piano pour les Caprices de Niccolò Paganini, un prélude de choral et d’autres œuvres qui seront détruites par la suite. Après sa visite à Robert en mai 1855, Bettina écrit à Clara que selon elle le compositeur a été atteint seulement d’une « crise nerveuse » et qu’on doit le sortir au plus tôt de l’asile.

Clara rencontre alors le Dr Richarz et lui expose qu’il n’est pas question de faire rentrer un Robert « à demi-guéri » à la maison. Le déclin de celui-ci s’accentue lorsqu’il se rend compte qu’il n’a plus d’espoir de sortir. Il écrit sa dernière lettre à Clara le 5 mai. À partir du printemps 1856 il refuse la nourriture. Les 16 et 17 avril 1856 il brûle les lettres de Clara et d’autres papiers personnels. Le 23 juillet 1856, Robert est mourant. Clara se décide finalement à le revoir. « Il me sourit, écrira-t-elle, et d’un grand effort m’enserra dans ses bras. Et je ne donnerais pas cette étreinte pour tous les trésors du monde ». Le 29 juillet, dans l’après-midi, Robert Schumann meurt des suites d’une cachexie.

Voir aussi cette vidéo :

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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