Le Maître chat ou le Chat botté, conte.

Le Maître chat ou le Chat botté (italien : Il Gatto Maestro o il Gatto con gli Stivali, allemand : Der Meisterkater oder der Kater in Stiefeln, ou Der gestiefelte Kater, anglais : The Master Cat, or the Booted Cat, ou Puss in Boots) est un conte franco-italien en prose racontant l’histoire d’un chat qui utilise la ruse et la tricherie pour offrir le pouvoir, la fortune et la main d’une princesse à son maître mal-né et sans-le-sou. L’auteur italien Giovanni Francesco Straparola semble avoir transcrit la plus ancienne version connue de cette histoire dans son livre Les Nuits facétieuses. La version classique de ce conte est écrite à la fin du xviie siècle par Charles Perrault (1628-1703). Elle provient d’un manuscrit illustré, intitulé « Les Contes de ma mère l’Oye » et daté de 1695, soit deux ans avant la publication du recueil de huit contes de Perrault « Histoires ou contes du temps passé Avec des moralités » par Barbin en 1697. Le Chat botté connaît instantanément le succès et reste populaire de nos jours, malgré une morale ambiguë.

Il existe de très nombreuses analyses et études, fondées sur ses personnages et ses thèmes, concernant la symbolique et la morale de ce conte. Le Maître chat ou le Chat botté peut être vu comme un récit initiatique au travers du combat contre l’ogre par exemple, ou un reflet des mœurs de l’époque de Perrault (investiture royale, rôle de la bourgeoisie, droit d’aînesse…) tout comme une histoire immorale faisant l’apologie de la ruse et de la tricherie sur le travail honnête. On y retrouve aussi de très vieux thèmes populaires liés à des motifs indo-européens et au culte des animaux attesté un peu partout dans le monde, sous le vernis de l’influence culturelle française à la fin du Grand Siècle.

Chat botté, carte maximum, France, 1997.

Le Chat botté connaît une diffusion fulgurante et mondiale, au point d’inspirer des dessinateurs, compositeurs, chorégraphes, et de nombreux autres artistes. Ce Chat apparaît notamment dans le troisième acte « pas de caractère » du ballet La Belle au bois dormant de Tchaikovsky et jusqu’à l’époque moderne, ses adaptations sont multiples, depuis le théâtre jusqu’aux films et aux romans ou à la bande dessinée, en passant par les parodies, comme l’atteste le personnage du Chat potté.


À son décès, un vieux meunier laisse à ses trois fils l’intégralité de ses biens. L’aîné hérite du moulin, le cadet de l’âne, et le benjamin du chat. Sans un sou en poche et ne sachant que faire d’un tel cadeau, ce dernier songe à le manger mais le Chat s’avère doué de parole. Contre un sac et une paire de bottes, et avec beaucoup de ruse, l’animal est désormais déterminé à faire la fortune de son maître. Dans ce but, le Chat capture un lapin dans la forêt et l’offre au roi comme un cadeau de son maître, le « marquis de Carabas ». Il apporte ainsi régulièrement du gibier au roi, pendant plusieurs mois.

Un jour, sachant que le roi et sa fille voyagent le long de la rivière, le Chat persuade son maître de retirer ses vêtements et d’entrer dans la rivière. Il cache les habits de son maître derrière un rocher, puis appelle à l’aide. Lorsque le roi arrive, le Chat explique que son maître, le « marquis de Carabas » s’est fait dépouiller de ses habits alors qu’il se baignait dans la rivière. Le roi offre de riches vêtements au jeune homme et l’invite à s’asseoir dans son carrosse aux côtés de sa fille qui tombe instantanément amoureuse de lui.

Le Chat court en précédant le carrosse et ordonne aux gens qu’il rencontre tout au long de la route de dire au roi que cette terre appartient au marquis de Carabas. Il entre ensuite dans un château habité par un ogre qui est capable de se transformer en un grand nombre de créatures. L’ogre le reçoit aussi civilement qu’il le peut, et se transforme en lion pour prouver ses capacités, effrayant ainsi le Chat botté. Ce dernier lui demande alors s’il est capable de se changer en souris. Lorsque l’ogre s’exécute, le Chat botté lui saute dessus et le dévore. Le roi arrive au château qui appartenait à l’ogre, et, impressionné par les biens du « marquis de Carabas », offre la main de sa fille au petit meunier. Peu après, le Chat devient grand seigneur, et ne court plus après les souris que pour se divertir.

Charles Perrault n’est pas l’inventeur de la figure du chat farceur et malicieux (appelé en anglais trickster), puisque plusieurs siècles avant la publication des contes de Perrault, le brahmane cachemire Somadeva a collecté un vaste recueil de contes de fée indiens, le Kathâsaritsâgara (littéralement L’Océan des rivières des contes) qui contient de nombreux personnages et objets de contes de fée comme des épées invincibles, des navires qui régénèrent leur cargaison et des animaux serviables. Dans le Pañchatantra, un recueil de contes sanskrits du Ve siècle, une histoire décrit un chat qui tente de faire fortune au palais royal.

En 1553, La Chatte de Constantin le fortuné (Costantino Fortunato), un conte similaire au Chat botté, est publié à Venise dans Les Nuits facétieuses (Le Piacevole notti) de Giovanni Francesco Straparola. Toutefois, dans le conte de Straparola, le pauvre fils du meunier est fils d’une veuve de Bohême, le chat est une fée déguisée en chatte, la princesse s’appelle Elisetta et le château n’appartient pas à un ogre mais à un seigneur récemment décédé. Le garçon pauvre devient finalement le roi de Bohême. Une édition française du recueil est publiée en 1560. Il se pourrait que ce conte soit d’origine orale, car de nombreuses versions orales ont été retranscrites.

En 1634, un autre conte avec un chat trickster comme héros est publié dans le Pentamerone de Giambattista Basile : Gagliuso. Ni le recueil, ni le conte n’ont été publiés en France du vivant de Charles Perrault. Dans la version de Basile, le garçon pauvre est un mendiant du nom de Gagliuso (ou Cagliuso) dont la richesse est assurée d’une manière similaire à l’histoire du Chat botté. Cependant, le conte se termine différemment : pour montrer sa gratitude, Gagliuso promet au chat qu’il l’enterrera dans un cercueil d’or. Trois jours après, le chat teste son maître en prétendant être décédé et il est horrifié lorsqu’il entend Gagliuso demander à sa femme d’attraper le cadavre par les pattes pour le jeter par la fenêtre. Le chat bondit, s’exclame que c’est là sa récompense pour avoir aidé un mendiant à devenir riche, puis s’enfuit en laissant son maître se débrouiller tout seul.

Les ressemblances avec le Chat botté sont frappantes et une théorie a voulu que Perrault se soit étroitement inspiré de Gagliuso dont il aurait supprimé la morale initiale concernant l’ingratitude du jeune mendiant, parce qu’elle est triste. Pierre Saintyves met en avant ces ressemblances et cite les auteurs qui pensent que Charles Perrault s’en est inspiré pour le Chat botté, mais ne prend pas position sur une quelconque influence. Iona et Peter Opie pensent que Perrault ne connaissait pas La Chatte de Constantin le fortuné et Gagliuso, qui ont été publiés avant le Chat botté. Thierry Delcourt, au contraire, affirme que Perrault connaissait bien les versions littéraires de ces deux contes et Armand Langlois cite La Chatte de Constantin le fortuné comme source d’inspiration de Perrault.

D’autres contes similaires au Maître Chat sont remarqués par Charles Deulin : le conte danois le Palais aux piliers d’or, le conte norvégien Seigneur Pierre ou encore le conte breton Le Chat et sa mère mettent tous en scène des chats ou chattes aidant leur maître à obtenir la fortune. Certaines versions montrent l’ingratitude du maître envers son animal, le maître n’hésitant pas à laisser mourir l’animal ou à le laisser sans sépulture, comme dans la version de Basile.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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