La région “Picardie”.

La Picardie est une ancienne région administrative française, créée par décret du 2 juin 1960, regroupant les départements de l’Aisne, de l’Oise et de la Somme, dont le chef-lieu était Amiens. Dans le cadre de la réforme territoriale de 2015, la région Picardie a fusionné avec la région Nord-Pas-de-Calais, le 1er janvier 2016. Le nom de la nouvelle région ainsi formée est Hauts-de-France, après avoir été provisoirement Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Le nom et une partie du territoire (le département de la Somme) de cette ancienne région administrative sont issus d’une région culturelle au nord de Paris, ancienne province, constituée à la fin du XVe siècle. La Picardie recouvre au Bas Moyen Âge les territoires au nord de l’Île-de-France, depuis Amiens jusqu’à Calais et Tournai, parlant une langue romane distincte du français, le picard, dont le dialecte le plus vivace est aujourd’hui appelé ch’ti. Elle ne désigne plus au sortir de la guerre de Cent Ans que le gouvernement militaire de sa partie méridionale disputée par les Pays-Bas bourguignons mais restée française. Elle est érigée sous l’Ancien Régime en une généralité, et, à la veille de la Révolution, forme le cœur de la généralité d’Amiens, qui s’étend de la Manche orientale à la Champagne et de l’Île-de-France à l’Artois et au Hainaut.

Les délimitations de la Picardie du XVIIIe siècle ne correspondent pas à celles des trois départements composant l’ex Picardie administrative (voir Anciennes provinces de France). Seuls la totalité de la Somme, le nord de l’Oise, le nord de l’Aisne (Thiérache) et la partie côtière du Pas-de-Calais, le Boulonnais, constituaient l’ancienne province de Picardie. À cet ensemble s’ajoutaient quelques communes du département du Nord, certaines étant en bordure du département de la Somme, d’autres frontalières du département de l’Aisne.

La Picardie, carte maximum, Noyon, 15/11/1975.

En effet, la majorité de l’Oise faisait partie du domaine royal du roi de France, c’est-à-dire l’Île-de-France. On y trouvait alors le Vexin français au sud-ouest (en opposition au Vexin normand), le Valois (au sud-est) et le comté de Clermont (au centre). Dans l’Aisne, le Soissonnais et le Laonnois appartenaient aussi à la couronne (province d’Ile-de-France) tandis que le sud dépendait du comté de Champagne, le nord-est de l’Oise et une fraction de l’Aisne relevant de l’évêché de Noyon.

Le territoire de la future Picardie (la Picardie est constituée à la fin du XVe siècle) vit au IIIe siècle av. J.-C. s’imposer par les armes la domination des cités belges (cf. sanctuaire de Ribemont) sur les armoricains refoulés dans ce qui deviendra la Lyonnaise III puis la Normandie. Sur ce territoire, vivaient des peuples belges de premier plan pendant la guerre des Gaules (Beauvais et Soissons). Le territoire de la Picardie et de la Flandre constituait ce qui est désigné par certains auteurs sous le nom de Belgium3, cœur de la future province de la Gaule belgique (ou Belgique Seconde), étendue jusqu’à la Meuse, et noyau de l’alliance anti monarchiste avec les Eduens6 plus ou moins en rivalité pour la suprématie (cf. Diviciac) avec l’état des Suessions associés aux Rèmes, lesquels étaient peut être, compte tenu de l’ancienneté de leur implantation, non des Belges mais des Celtes. La seule cité des Bellovaques, le Beauvaisis, composait en effet au temps de César, si on se réfère à l’effectif militaire, un tiers de la population totale de la future province de Belgique.

À la fin de l’Empire ou au début du haut Moyen Âge, la future Picardie fait plus ou moins partie (les sources sont ténues) du duché de Dentelin dont le centre se trouvait dans l’actuelle région Nord-Pas-de-Calais.

Au traité de Verdun de 843, la Picardie est placée dans le royaume de Francie occidentale. À partir du XVe siècle, sa partie nord est occupée par la Bourgogne (entrevue de Péronne) puis, avec le Comté de Flandre, par l’Espagne.

Le premier témoignage du XIIIe siècle sur les Picards nous vient de Mathieu Paris. Celui-ci semble avoir toujours vécu au monastère de Saint-Albans, en Angleterre, où il termina sa chronique en 1235. À propos de l’année 1229, il rappelle les actes de violence impliquant des étudiants, qui ont conduit à la première grève de l’université [de Paris]. Il en désigne les responsables comme étant : « de partibus conterminis Flandriae, quos vulgariter Picardos appellamus ». Nous devons à Barthélemy l’Anglais (franciscain anglais qui étudia à Paris vers 1220-1230), la première description un peu précise de la Picardie dans son De proprietatibus rerum qu’il termina vers 1240. Le livre XV (consacré à la géographie) décrit une grande diversité de régions selon l’ordre alphabétique des toponymes. La Picardie y est présentée comme une province de la Gaule belge comprenant les villes de Beauvais, Amiens, Arras, Thérouanne et Tournai, et elle s’étend depuis le Rhin jusqu’à la mer. Elle se subdivise en deux : la haute Picardie qui jouxte la France, et la basse qui touche la Flandre et le Brabant. Il note comme dernière caractéristique que ses habitants parlent un « idiomatis grossi magis aliarum Galliae nationum », une langue plus rude que celle des autres nations de France. Il dit que d’après la description des pays par Erodoc (parfois orthographié Erodocus ou Erodoccs) la picardie est « une province de la Gaule belgique, qui tire son nom d’un certain bourg ou château, jadis appelé Ponticon ou a aussi pu désigner le fruit d’un arbre, « assez semblable à une fève », dont se nourrissait les Argippéens évoqués par Hérodote, et qui se nomme aujourd’hui Pichen. on assure qu’il commandait autrefois tout le pays jusqu’à la mer Britannique, et que c’est de lui que le peuple de cette contrée a tiré son nom. Le territoire de la Picardie est très-fertile en grains et en fruits ; il est arrosé par un grand nombre de fontaines et de rivières : il est très-peuplé, et couvert de grandes villes, de châteaux et de bourgs remarquables et très forts ; tels que Belgis ou Beauvais, Amiens, Arras, Morite (Terouenne) et Tournai ».

L’ex région Picardie administrative de 1960 ne correspondait pas à la région “historique” constituée à la fin du 15e siècle (voir Anciennes provinces de France), ce qui a pendant longtemps alimenté le débat sur les « frontières » de la région. La Picardie incluait à la fin du XVIe siècle le Boulonnais et le Ternois, détachés du diocèse de Thérouanne, et ne comprenait ni le Laonnois, ni le Soissonnais, ni le Valois (Compiègne et Senlis), qui sont le cœur du domaine mérovingien à l’origine de l’Île-de-France capétienne. Les premiers témoignages écrits, au XIIIe siècle, concernant cette zone sud-est du département de l’Aisne montrent un français proche, certes par destination, des habitudes de Paris, mais en tout état de cause sans les caractéristiques les plus nettes du picard. Cependant, Amiens (Somme) et Saint-Quentin (Vermandois/Aisne), sont toujours les plus grandes villes de la région actuelle, comme naguère de la région historique et ont une riche culture picarde.

À la suite de la Révolution française, les Provinces furent démantelées, et le territoire de la France fut partagé en départements de tailles plus ou moins équivalentes.

L’ex région Picardie avait été créée avec le décret20 du 2 juin 1960 (voir Région française) qui a délimité les circonscriptions régionales. La Picardie regrouperait désormais les départements de l’Aisne, l’Oise ainsi que la Somme.

Collector de 10 timbres “Picardie”.

En 2009, le débat est ravivé, à la suite de la publication des travaux du Comité pour la réforme des collectivités locales, qui proposait de réduire le nombre de régions françaises, notamment en favorisant leurs regroupements. L’idée de faire disparaître la région Picardie en tant que telle a alors été soulevée ; le département de l’Oise aurait rejoint l’Île-de-France, et la Somme aurait intégré la région Nord-Pas-de-Calais. L’Aisne quant à elle, aurait été rattachée soit à la région Champagne-Ardenne, soit au Nord-Pas-de-Calais. À la suite de cette annonce, une partie des élus locaux et de la population s’est mobilisée contre ce projet. D’autres voix de leur côté, prônaient la fusion de l’ensemble de la région Picardie avec le Nord-Pas-de-Calais, évitant ainsi son démantèlement. D’autres encore, se déplaçant à Paris quotidiennement pour aller y travailler, encourageaient ce projet.

Finalement en 2014 (dans le cadre de la réforme territoriale), le parlement décide que les régions Picardie et Nord-Pas-de-Calais doivent fusionner dans un nouvel ensemble à cinq départements (sans démantèlement).

Au moment du massacre de la Saint-Barthélemy (août-octobre 1572), le gouverneur Longueville y empêche le massacre des protestants. Au début de la guerre de la Ligue, l’exemple de Montmorency-Thoré qui prend Senlis (1589), pousse les nobles picards à s’engager dans l’armée royale, alors que le roi Henri III n’a pratiquement plus de soutiens.

La fidélité des Picards à la famille régnante sera notamment récompensée dans le cadre des défilés militaires où le régiment Royal Picardie est en première place.

Jusque sous Louis XIV, la Picardie constitue les limites nord du Royaume de France. Le Roi Soleil étendra jusqu’à Flandre royale les nouvelles frontières avec la prise de Lille en 1667.

La Picardie, de par sa situation géographique, fut souvent une terre de champs de bataille et le chemin des invasions.

Les deux guerres mondiales de 1914-1918 et de 1939-1945 y laissèrent de nombreuses traces qui constituent désormais un patrimoine historique parcouru par les touristes du monde entier (notamment : australiens et anglais pour la Grande Guerre de 1914-1918).

Voir aussi cette vidéo : (Musée Picarvie)

Sources : Wikipédia, YouTube.