La cathédrale Saint-Etienne de Bourges (Cher).

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges est une cathédrale catholique construite entre la fin du XIIe et la fin du XIIIe siècle. Dédiée à saint Étienne, premier martyr, elle est le siège de l’archidiocèse de Bourges (départements du Cher et de l’Indre).

Sur le plan architectural, l’édifice est remarquable aussi bien par ses proportions harmonieuses, liées à l’unité de sa conception, que par la qualité de ses tympans, de ses sculptures et de ses vitraux. Elle se distingue notamment des autres grandes cathédrales de l’époque par une recherche toute nouvelle d’un espace intérieur unifié.

La cathédrale Saint-Étienne de Bourges a été consacrée le 13 mai 1324. Comme toutes les cathédrales construites avant la séparation des Églises et de l’État, elle appartient maintenant à l’État français. Elle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862 et elle a été inscrite en 1992 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Elle se situe dans le centre historique de Bourges, secteur sauvegardé depuis 1965.

En 1195, Henri de Sully, archevêque de Bourges, frère de Eudes de Sully, évêque de Paris fait une donation au chapitre de la cathédrale de Bourges. Cette donation sera le point de départ de la construction d’une nouvelle cathédrale à Bourges, destinée à remplacer la cathédrale romane datant des XIe et XIIe siècles, jugée trop petite, dont peu de données sont disponibles. Historiquement, il y a eu sur le site un centre de culte chrétien depuis le IIIe siècle, à l’époque où la ville romaine d’Avaricum abritait la première communauté chrétienne de Gaule. Quatre édifices se succédèrent sur le lieu de l’actuelle cathédrale : des cryptes monumentales furent érigées par saint Ursin au IIIe siècle, saint Palais, archevêque au IVe siècle, et Raoul de Turenne, archevêque au IXe siècle. Gauzlin, archevêque de sang royal — le frère de Robert II le Pieux —, fut le constructeur de la première cathédrale romane, au début du XIe siècle.

Cathédrale de Bourges, carte maximum, 5/06/1965.

Bourges, ville royale depuis 1100, était située à l’époque à la limite sud du domaine royal, à quelques lieues de l’Aquitaine, possession anglaise. L’archevêque de Bourges avait d’ailleurs le titre de « Primat d’Aquitaine » et son autorité, souvent contestée, s’étendait jusqu’à Bordeaux.

Cette nouvelle cathédrale est le premier édifice gothique construit au sud de la Loire, et elle apparaissait d’une grande importance aussi bien pour le prestige du roi de France, que pour celui de l’archevêque. Figure de proue du domaine capétien face au midi de la France, la cathédrale Saint-Étienne de Bourges se devait d’être unique dans sa conception. Il fut donc décidé de réaliser un édifice de grande envergure, comparable à Notre-Dame de Paris, et d’innover.

Pour ce faire, il fallait construire au-delà du vieux mur d’enceinte gallo-romain sur lequel s’était appuyé le chœur roman et déborder dans les fossés. La différence de niveau nécessitait la construction d’un soubassement qui anticipe exactement le plan du chevet. C’est l’église basse, appelée à tort la crypte.

La construction fut entreprise dès 1195, et en 1214 près de la moitié du bâtiment — à un peu plus du chœur actuel — était achevée.

Le plan de la nouvelle cathédrale est simple, mais harmonieux. Il s’agit d’une forme de basilique avec des chapelles qui entourent la nef. Ce qui rendra le nouvel édifice remarquable, ce sont la perspective des murs latéraux et l’unité de l’espace intérieur. Au départ, l’archevêque Henri de Sully semble s’être inspiré du plan de Notre-Dame de Paris. Mais, il meurt en 1199. Son successeur l’archevêque Guillaume de Dangeon, ancien abbé cistercien, prend une part importante dans le développement du chantier et dans la définition du programme iconographique. Le décès de Guillaume en 1209, bientôt suivi de sa canonisation, entraîne un afflux de dons de la part des fidèles et des pèlerins.

La construction recourt à une uniformisation des éléments de base, ce qui a dû en faciliter la réalisation. Toutes les moulures ont la même hauteur, il en est de même des chapiteaux et il y a deux diamètres seulement de colonnettes, quelle que soit leur position dans l’édifice.

Après une interruption d’une dizaine d’années, la deuxième campagne de construction — gros œuvre de la nef et de la façade occidentale — commence en 1225 et se poursuivra jusqu’en 1230. À cette date, le gros œuvre est terminé.

La cathédrale, empreinte d’une machines à affranchir, 15/01/1997.

Ensuite, les travaux de la façade ont été effectués au ralenti. En 1313, il fallut étayer la tour sud, dans laquelle étaient apparues des fissures, en implantant un énorme « pilier butant ». Il n’a jamais été possible, en raison de cette fragilité, d’y implanter des cloches, d’où son nom de « tour sourde ». D’autres travaux de consolidation de la façade furent entrepris, et la tour nord était encore inachevée lors de la consécration de la cathédrale le 13 mai 1324 par l’archevêque Guillaume de Brosse.

Les architectes qui ont succédé au premier Maître de Bourges — d’identité inconnue — ont su préserver la cohérence et la simplicité apparente du programme, l’absence de transept contribuant à l’effet d’unité de l’espace.

En 1424, la cathédrale reçoit son horloge astronomique, construite par André Cassart et conçue par Jean Fusoris.

Achevée durant les années 1480, la tour Nord montre des signes de fragilité dès 1503. Elle s’écroule le 31 décembre 1506, puis est reconstruite entre 1508 et 1542, en harmonie avec la façade gothique malgré la présence de certains éléments décoratifs de style Renaissance. Financée notamment par des dons, des emprunts et diverses recettes, elle a été appelée la Tour de beurre, probablement pour la même raison que la Tour de beurre de la cathédrale Notre-Dame de Rouen, tour qui a été financée au moyen des sommes versées par les fidèles riches pour obtenir l’autorisation de manger du beurre pendant le carême.

Lors des guerres de religion, en 1562, Bourges ayant été prise par les protestants, les sculptures de la cathédrale furent gravement endommagées.

Après la Révolution Française, la cathédrale fut vidée de son mobilier. Dès la cessation du culte public, elle fut vouée au Culte de la Raison, c’est ainsi que sera inauguré le Temple de l’Unité le 10 décembre 1793.

L’architecte Antoine-Nicolas Bailly entreprend la restauration complète de la cathédrale. Il charge le ferronnier Pierre Boulanger de réaliser les grilles du chœur en fer forgé. Une de ces grilles a été démontée et se trouve actuellement au Foyer Saint-François au 11 rue Joyeuse.

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Sources : Wikipédia, YouTube.