La Bataille du Col de Dukla (1944).

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Alors que l’Allemagne nazie approchait de l’agonie, les forces soviétiques envahissaient à la fin de l’année 1944 les territoires des alliés d’Hitler et obtenaient leur reddition les uns après les autres. Dans la foulée du rouleau compresseur de l’Armée rouge, la Finlande devait capituler et signer une paix séparée le 19 septembre 1944. La Roumanie envahit n’avait pas tardé non plus à capituler dès la fin du mois d’août 1944, suivie de la Bulgarie le 5 septembre, de la Hongrie le 17 octobre. Dans une opération militaire, l’Armée rouge tenta de donner la main à un soulèvement national slovaque, ce pays ayant été un autre allié d’Hitler mais divisé à l’approche de la catastrophe finale. C’est dans ces conditions qu’une offensive fut préparée et planifiée par le maréchal Koniev avec le 1er Front ukrainien.

Pour réussir, les forces soviétiques devaient s’emparer du col de Dukla dans les Basses-Carpates. Les Allemands avaient toutefois fortifié la région (Karpatnfestung, la Forteresse des Carpates) et opposèrent une sérieuse résistance qui transforma ce combat en une hécatombe pour les assaillants. Débutée le 8 septembre 1944, les Soviétiques s’emparèrent en trois jours de Krosno mais butèrent sur la colline 534 non loin de la ville de Dukla. Le 1er Front ukrainien lança de nombreuses attaques pour s’emparer de la position entre le 10 et le 20 septembre mais ils échouèrent à forcer les défenses. La jonction avec les insurgés tchécoslovaques ne put être faite. Un mois de combats furent nécessaires pour que l’Armée rouge puisse mettre les pieds en Slovaquie. Les nazis eurent alors tout le temps de réprimer l’insurrection comme ce fut aussi le cas dans l’été 1944 de l’insurrection polonaise. Des suspicions persistent quant à la volonté de Staline de casser les reins des résistances nationales la plupart du temps pro-occidentales pour ensuite mettre plus facilement la main sur ces territoires comme cela fut bientôt décidé en février 1945 à Yalta.

La bataille se prolongea jusqu’au 10 octobre 1944, après la défaite finale des armées allemandes et le passage du col de Dukla par l’Armée soviétique seulement le 6 octobre. L’attaque frontale selon les hypothèses que nous avons citées était vouée à l’échec et laissa le temps à l’Armée slovaque (et surtout allemande) de Monseigneur Jozef Tiso, le chef du gouvernement collaborateur d’Hitler de tailler en pièce la résistance. Ce prêtre était un ancien membre du Parti du peuple Slovaque du temps de l’Empire Austro-hongrois. Il en atteignit la présidence en 1938, fut député du parlement tchèque de 1925 à 1939 et Ministre de la Santé et des Sports entre 1927 et 1929. Il se plia au désir d’Hitler de fonder en mars 1939, un état fantoche et satellite de l’Allemagne dont il prit la tête. La Slovaquie s’engagea alors en 1941 dans la guerre contre l’URSS et organisa la déportation des Juifs dès le printemps 1942. La bataille de Dukla ne fit que retarder l’échéance, il dut s’enfuir en avril 1945 à l’approche de l’Armée rouge. Il préféra passer à l’Ouest, en Autriche puis en Bavière où il fut finalement arrêté par les Américains. Il fut pendu pour haute-trahison le 18 avril 1947 après un procès organisé en Tchécoslovaquie. La résistance engagée dans la lutte dès l’été 1944 forma la 1ère Armée tchécoslovaque équipée sur les stocks slovaques d’ailleurs issus de l’ancienne armée tchécoslovaque, la meilleure d’Europe centrale dans les années 30. Cette armée fut officiellement reconnue par les alliées et participa à l’offensive avortée de libération de la Tchécoslovaquie. Les Allemands eurent le temps de lancer contre eux dans la deuxième moitié de septembre environ 50 000 soldats répartis en huit divisions dont la moitié de Waffen SS. L’ordre de Staline de détourner le 2e front ukrainien qui aurait sans doute permis de forcer le verrou allemand de Dukla, laissa tout le temps aux nazis d’étriller les forces insurgées.

Les résistants perdirent l’essentiel du terrain initialement gagné et furent mêmes acculés dans plusieurs poches. De nombreux insurgés furent tués ou faits prisonniers. Le 28 octobre le général Viest ordonna la dispersion totale et la constitution autant que possible de maquis de guérilla avec les débris de la 1ère Armée tchécoslovaque, dont le gouvernement officiel se trouvait alors à Londres. Ces combats furent accompagnés d’une répression féroce, destructions de villages, exode de population civile, massacres et exécutions sommaires dans un contexte cauchemardesque, les partisans de Tiso n’ayant d’ailleurs plus rien à perdre. Une centaine de villages furent détruits de fond en comble et beaucoup d’autres ravagés. De nombreuses personnalités et membres de l’élite slovaque furent exécutés, ainsi que les Juifs et Tziganes qui purent être atteint, notamment lors du massacre de Kremnicka et Nemecka (743 et 900 victimes). Un total de 211 charniers fut retrouvé après la guerre pour un chiffre officiel de 5 304 civils massacrés. Les forces nazies pourchassèrent sans relâche les résistants et débusquèrent la plupart des chefs qui étaient affiliés à Londres notamment Rudolf Viest.

Source : ostfront.forum

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