John Bauer, illustrateur et peintre.

John Bauer, né le 4 juin 1882 et décédé le 20 novembre 1918, est un illustrateur et un peintre suédois surtout connu pour une série de contes pour enfants inspirés du folklore suédois Parmi les gnomes et les trolls (Bland Tomtar och Troll), éditée en Suède à partir de 1907.


John Bauer naît à Jönköping (ville située au Sud-ouest de Stockholm) de l’union de Joseph Bauer, originaire de Bavière, et d’Emma Charlotta Wadell, fille d’une famille paysanne de Rogberga, village situé près de Jönköping. Joseph Bauer arrive en 1863 en Suède sans le sou, et ouvre une charcuterie à Jönköping. La famille habite un appartement au-dessus du magasin jusqu’en 1881, puis elle construit une maison à Sjövik, près de Göteborg. C’est là, au bord du lac Rocksjön, que naît John en 1882 et qu’il grandit avec ses deux frères, dont il est le cadet. Il a également une sœur morte en bas âge. Il fréquente l’école publique d’éducation supérieure de Jönköping, puis l’école technique de Jönköping, entre 1892 et 1898. À l’époque, il dessine déjà beaucoup.

À l’âge de 16 ans, il décide, avec le soutien de ses parents, d’aller faire des études d’art à Stockholm. En 1898, il est l’un des 40 candidats à l’Académie royale des arts de Suède mais, bien que très doué, il ne peut y entrer car il n’a pas l’âge requis. Il passe deux ans à l’école du peintre Kaleb Ahltins. En 1900, il entre enfin à l’Académie : l’un des trois étudiants acceptés cette année-là. Il y apprend l’illustration traditionnelle, l’étude de plantes, les costumes médiévaux et le croquis. Toutes ces matières lui seront utiles dans ses travaux ultérieurs sur les sagas d’inspiration folklorique suédoise.

Durant ces années à l’Académie, il reçoit ses premières commandes pour l’illustration de magazines, tels que Söndags-Nisse et Snöflingan ; de livres comme De gyllene böckerna, Ljungars saga et Länge, länge sedan. En 1904, il voyage en Laponie, et réalise des peintures pour un nouveau livre sur la culture de la région, ses paysages sauvages et exotiques. Il quitte l’Académie fin 1905 et inscrit « Artiste » sur sa carte de visite.

Avec la découverte, au début du XXe siècle, d’importants gisements de minerai de fer dans le nord de la Suède, la Laponie s’industrialise: les paysages se transforment et la culture sami est menacée. C´est dans ce contexte que Carl Adam Victor Lundholm décide de publier un livre illustré sur cette contrée, intitulé La Laponie, grand territoire suédois du futur (Lappland, det stora svenska framtidslandet). Il engage des illustrateurs suédois célèbres, tels Karl Tirén ou Alfred Thörne pour l’illustrer. Lundholm veut tester les capacités du jeune Bauer en lui proposant de réaliser quelques illustrations sur le peuple Sami de Skansen.

Bien qu´un peu réticent pour ce test, Bauer part le 15 juillet 1904 pour la Laponie, il y séjourne un mois. Habitué aux forêts sombres et denses du Småland, il est fasciné par les larges panoramas et les paysages colorés de Laponie. Ses rencontres avec des Samis et la découverte de leur culture sont une source d´inspiration importante pour ses travaux ultérieurs. Pendant son séjour, il réalise photographies et croquis annotés des costumes, outils et objets qu´il y voit, mais il a des difficultés à approcher les Samis à cause de leur timidité11. Il prend des notes sur dans un journal et les relate à sa famille et à ses amis.

Le livre sur la Laponie est publié en 1908, il contient onze aquarelles réalisées à Stockholm presque 18 mois après sa visite dans le nord, en utilisant les photos et croquis rapportés de son séjour. Ceux-ci lui inspirent aussi des dessins et des peintures: des interprétations romantiques, mais Bauer parvient à restituer les ambiances des goahtis (huttes sami) ainsi que la richesse des costumes et de l´artisanat des Samis. Leurs couteaux recourbés, leurs chaussures, leurs lances, leurs récipients et leurs ceintures deviennent plus tard des éléments importants de l´accoutrement des trolls de Bauer12. Sa documentation détaillée, méticuleusement accumulée pendant de son séjour en Laponie, est aujourd’hui encore un matériel ethnographique important pour la région.

En 1918, Bauer et sa femme séjournent en Italie. Ils passent par l´Allemagne, où il souhaite revoir les villages médiévaux allemands qui l’ont émerveillé lors d’un séjour avec son père en 1902. En Italie, le couple visite Vérone, Florence, Sienne puis passe deux mois à Volterra. Ils se rendent ensuite à Naples et à Capri puis passent l´hiver à Rome.

Durant leur voyage, ils étudient l´art italien et visitent des églises et divers monuments. Le soir, ils vont dans de petites tavernes pour s´imprégner de l’ambiance du pays. Des croquis, des études d´objets d´art de la Renaissance seront réutilisées dans ses illustrations. Un portrait signé de Botticelli aurait servi de modèle pour La jeune Fille aux Cygnes (Svanhamnen). Bauer s´intéresse aux fresques italiennes : les œuvres de Piero della Francesca lui inspireront sa fresque Saint Martin (Den helige Martin). Il déborde d´enthousiasme face aux œuvres qu´il étudie. Mais d’un autre côté le mal du pays le gagne, la sérénité des forêts suédoises lui manque. Cette nostalgie lui inspire ses plus belles images hivernales : il peint la neige blanche, les bois sombres et le ciel illuminé de minuscules étoiles.

Un meurtre est commis dans l´immeuble où ils se trouvent à Rome, John est interrogé par la police. Ils décident de rentrer en Suède.

Le couple et leur fils Bengt âgé de deux ans se rendent vers leur nouvelle maison à Stockholm, où Bauer espère trouver un renouveau spirituel et une nouvelle vie pour sa famille. Il décide de prendre un bateau à vapeur.

Dans la nuit du 19 novembre 1918, le Per Brahe quitte Gränna chargé de socs de charrue, de machines à coudre, de barriques et de réchauds en fonte, les deux tiers de ses marchandises sont posés sur le pont faute de place dans la cale. Le bateau est pris dans une tempête, une partie de la marchandise tombe à l’eau tandis que le reste déstabilise le navire et le fait chavirer. Les 24 passagers, dont la famille Bauer, trouvent la mort dans ce naufrage.

L’épave est retrouvée le 22 novembre 1918, elle est renflouée puis remorquée en 1922. L’affaire fait grand bruit. 20 000 personnes environ viennent assister au tractage. Des reportages montrant l’épave sont diffusés dans les cinémas.

Afin de financer l’opération de remorquage, on organise un tour macabre de l’épave dans le pays, elle est présentée de ville en ville.

Les journaux, exploitant les superstitions de la population, lancent l’idée que ce sont les créatures mythiques de la forêt représentées par Bauer dans ses contes, qui ont fait couler le bateau pour s’emparer de son corps. On se réfère au conte Agneta et le roi de la mer (Agneta och sjökungen), dans lequel le roi de la mer attire une jeune fille dans les abysses. Le 18 août 1922, la famille Bauer est enterrée au cimetière Östra à Jönköping (carré 04 emplacement 06).

Bauer ne cesse de douter de lui. Il reçoit les louanges pour ses illustrations de trolls et de princesses comme « un tapotement amical sur la tête pour avoir réalisé des images amusantes pour les enfants ».

Il souhaite s’adonner à « l’Art véritable » en réalisant de grands tableaux à l’huile, mais il a besoin des revenus que lui assurent ses illustrations. Cet artiste, en proie au doute, est aux antipodes de l’image publique (forgée grâce à ses autoportraits) où il apparaît sûr de lui, plein d´autodérision vis-à-vis de sa relation avec les trolls et les gnomes.

Source : Wikipédia.

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