Joachim Lelewel, historien, homme politique et patriote.

Joachim Lelewel, né le 22 mars 1786 à Varsovie et mort le 29 mai 1861 à Paris, est un historien, homme politique et patriote polonais, ministre de l’Instruction publique durant l’insurrection polonaise de 1830-1831, grande figure du courant républicain en Pologne, puis en exil au sein de la Grande Émigration.


Joachim Lelewel est issu d’une famille noble d’origine allemande, installée en Prusse (orientale) au XVIIe siècle après être partie d’Autriche.

Le grand-père paternel de Joachim, Heinrich Lölhöffel von Löwensprung (1705-1763), était médecin à la cour du roi de Pologne et électeur de Saxe Auguste III.

Son père, Maurice Lölhöffel von Lowensprung (1748-1830), avocat de formation, a été naturalisé polonais en 1768 sous le règne de Stanislas Auguste Poniatowski, adoptant le nom de Lelewel, et a été député à la Diète polonaise, échanson de Lituanie et trésorier de la Commission de l’éducation nationale de 1778 à 1792.

Il a deux frères : Jean Paul (1796-1847), ingénieur, et Prot Adam, officier dans la Grande Armée, ainsi que plusieurs sœurs.

Il est encore enfant lorsque la République des Deux Nations disparaît après le troisième partage de la Pologne en 1795 et il atteint l’âge adulte quand Napoléon rétablit un État polonais en 1807, le duché de Varsovie.

Joachim Lelewel fait des études supérieures d’histoire à l’Université de Wilno (aujourd’hui Vilnius), la plus grande université dans l’Empire russe, créée en 1803, dont le curateur est cependant le prince polonais Adam Czartoryski, ami du tsar Alexandre ler et son ministre des Affaires étrangères de 1804 à 1806.

Malgré l’annexion de l’ancien Grand-duché de Lituanie par la Russie, l’université de Wilno reste une université principalement polonaise, de langue et d’esprit. Le rétablissement de l’indépendance de la Pologne est une idée forte présente chez nombre de patriotes polonais, dont Joachim Lelewel fait partie. Pour le prince Czartoryski, en revanche, l’avenir de la Pologne est lié à celui de la Russie, dont il espère une évolution vers le libéralisme.

Il se consacre à l’enseignement de l’histoire. De 1809 à 1811, Lelewel donne des cours au Lycée de Krzemieniec en Volhynie, un établissement important et renommé.

Nommé professeur suppléant d’histoire, il revient à l’université de Wilno en 1815. Il crée la même année une revue littéraire, Tygodnik Wileński (« L’hebdomadaire de Wilno »), dans laquelle Adam Mickiewicz va faire ses débuts. Ce dernier est un disciple enthousiaste de Lelewel, au point qu’il croit d’abord avoir une vocation d’historien.

En 1819, Lelewel devient professeur suppléant et bibliothécaire à  l’université de Varsovie, créée en 1816 dans le cadre du nouveau royaume de Pologne. En 1820, il reçoit le titre de docteur honoris causa de l’université de Cracovie, où il est nommé professeur d’histoire européenne en 1821.

Il est chassé de son poste à la suite de l’affaire de la société patriotique des Philomathes, qui donne lieu à un très grand procès politique en juin 1824 (120 accusés, dont 20 seront condamnés).

Lelewel revient donc à Varsovie, qui est alors la capitale du royaume de Pologne, créé par le congrès de Vienne en 1815 à partir du duché de Varsovie (1807-1815) et attribué au tsar Alexandre et à ses successeurs.

Lelewel s’engage dans la vie politique assez tendue du royaume, en  particulier sous le tsar Nicolas à partir de la fin de 1824 : en 1825, il rejoint la Société Patriotique. Il est élu député à la diète en 1829.

Lelewel est partisan d’une Pologne indépendante, qui, selon lui, ne peut être que républicaine et démocratique, ce qui exige une grande réforme agraire et l’abolition des formes de servage qui existent encore. Son programme national est de revenir aux frontières d’avant les partages.

Après l’échec de l’insurrection en septembre 1831, il est condamné par contumace à la pendaison et à la confiscation de ses biens. Comme des milliers de ses compatriotes, il est obligé de s’exiler. Il se rend en France où il fonde le Comité national polonais (Komitet Narodowy Polski) dont il assure la présidence. Il est également à la tête de l’organisation La Vengeance du peuple (Zemsta Ludu) qu’il crée avec le colonel Józef Zaliwski en décembre 1831. Son objectif principal est de reprendre la lutte armée dans le pays.

En 1833, à la suite de l’appel lancé par son Comité au peuple russe en décembre 1832 à l’occasion de l’anniversaire de l’insurrection décabriste de 1825, Lelewel est arrêté au domicile du général La Fayette et conduit à Tours où il est placé sur la surveillance. Cinq mois plus tard, à la demande de l’ambassadeur russe Charles André Pozzo di Borgo, Louis-Philippe le fait expulser de France. Lelewel se réfugie alors en Belgique où il vivra fort modestement de sa plume. Il s’installe alors à Bruxelles où il résidera pendant 28 ans.

Le 26 octobre 1834, il y est nommé professeur à l’Université libre de Bruxelles; il ne donnera jamais de cours, mais s’investira dans la vie culturelle de ce pays qui vient de naître. Il y écrit ses grands ouvrages historiques, géographiques et cartographiques.

Avec ses amis de la Société patriotique, Lelewel place ses espoirs dans le renversement prochain des autocraties par les carbonari. En 1834, il devient le président de la Jeune Pologne, une organisation démocratique et républicaine, liée à Jeune Europe de Giuseppe Mazzini.

La même année, il met sur pied avec Walenty Zwierkowski et Wincenty Tyszkiewicz l’Union des enfants du peuple polonais (Związek Dzieci Ludu Polskiego) dont l’objectif est d’organiser l’agitation révolutionnaire en Pologne.

En 1837, il crée et dirige l’Union de l’émigration polonaise (Zjednoczenie Emigracji Polskiej ou ZEP) qui se donne pour objectif de réunir  politiquement tous les émigrés polonais (qu’il ne faut pas confondre avec l’Union de l’émigration polonaise, fondée plus tard à Paris en 1866).

En 1846, il rejoint la Société démocratique polonaise et devient l’année suivante le vice-président de la Société démocratique internationale des émigrés auquel appartient également Karl Marx.

Le slogan «pour notre liberté et la vôtre» apparait de nouveau dans les troupes polonaises en Hongrie lors du Printemps des Nations en 1848 et depuis il accompagne constamment les soldats polonais, contraints de se battre pour leur pays à l’étranger.

En 1849, après l’échec du Printemps des peuples, il se retire de la vie  politique.

Il meurt en 1861 au cours d’un voyage à Paris.

Source : Wikipédia.

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