Guiseppe Mazzini, père de l’unité italienne.

Giuseppe Mazzini, né le 22 juin 1805 à Gênes et mort le 10 mars 1872 à Pise, est un révolutionnaire et patriote italien, fervent républicain et combattant pour la réalisation de l’unité italienne. Il est considéré avec Giuseppe Garibaldi, Victor-Emmanuel II et Camillo Cavour, comme l’un des « pères de la patrie ».

Mazzini a participé et soutenu tous les mouvements insurrectionnels en Italie qui se sont avérés pour leur grande majorité des échecs mais son action a eu pour effet d’ébranler les petits États de la péninsule et d’inquiéter les plus grands comme le Royaume de Sardaigne, puis le Royaume d’Italie à partir de 1861, la France et l’Empire d’Autriche dont Metternich, Premier ministre autrichien, dit de lui : « J’ai dû lutter avec le plus grand des soldats, Napoléon. Je suis arrivé à mettre d’accord entre eux les empereurs, les rois et les papes. Personne ne m’a donné plus de tracas qu’un brigand italien : maigre, pâle, en haillons, mais éloquent comme la tempête, brûlant comme un apôtre, rusé comme un voleur, désinvolte comme un comédien, infatigable comme un amant, qui a pour nom : Giuseppe Mazzini. ».

Ses idées et son action politique ont largement contribué à la naissance de l’État unitaire italien alors que les condamnations des différents tribunaux de l’Italie l’ont forcé à l’exil et la clandestinité jusqu’à sa mort. Les théories mazziniennes sont d’une grande importance dans la définition du mouvement moderne européen par l’affirmation de la démocratie à travers la forme républicaine de l’État. En politique italienne, il constitue une référence permanente, ce qui lui a valu d’être récupéré par toutes les tendances politiques : le fascisme, la résistance et sa famille républicaine.

Mazzini, carte maximum, Paris, 27/04/1963.

En 1827, Mazzini est membre des carbonari dont il devient, en 1830, un véritable dirigeant. Il est poursuivi par la police piémontaise pour ses idées et ses activités, ce qui lui vaut d’être emprisonné à Savone, la même année. N’étant pas en mesure de prouver sa culpabilité, la police de Savoie le contraint à choisir entre la résidence surveillée dans une petite ville du Piémont ou l’exil. Mazzini préfère affronter l’exil et en février 1831, il part en Suisse, puis à Lyon et enfin à Marseille où il entre en contact avec les groupes de Philippe Buonarroti et avec le mouvement saint-simonien alors diffus en France.

Il commence une analyse de l’échec des émeutes dans les duchés et les légations pontificales de 1831 et pense que les groupes carbonari ont échoué surtout en raison de la contradiction de leurs programmes et l’hétérogénéité de la classe qui en fait partie et qu’il n’avait pas été possible de réaliser une amplification du mouvement insurrectionnel en raison de l’étroitesse des projets politiques des différentes provinces, il en avait été ainsi lors des émeutes de Turin de 1821 quand les tentatives de fraternisation avec les Lombards avaient échoué. Enfin il fallait renoncer, comme en 1821, à rechercher l’appui des princes et, comme dans les émeutes de 1830-1831, l’aide des Français.

Mazzini organise en 1831 un mouvement politique appelé Giovine Italia15 inspiré par le socialisme et qui s’appuie sur la jeunesse. Il prend une orientation prophético-religieuse, la devise de l’association est « Dieu et peuple ». Son but est l’union des États italiens en une seule république avec un gouvernement central comme la seule condition possible pour la libération du peuple italien des envahisseurs étrangers. Le projet fédéraliste, selon Mazzini, parce que sans unité, manque de vigueur, aurait fait de l’Italie une nation faible, naturellement destinée à être soumise aux puissants États unitaires voisins : le fédéralisme de plus aurait rendu inefficace le projet du Risorgimento, faisant renaitre les rivalités municipales, encore vives, qui ont aux yeux des idéologies radicales et démocrates du XIXe siècle caractérisé « la pire histoire » de l’Italie médiévale. L’objectif républicain et unitaire devait être atteint par un soulèvement populaire dirigé par une guerre en bande.

Avec la création de Giovane Italia en 1831 le mouvement insurrectionnel est organisé sur des objectifs politiques précis : l’indépendance, l’unité et la liberté. Il faut alors une grande mobilisation populaire car la libération italienne ne peut pas être atteinte par l’action de quelques-uns, mais avec la participation des masses. Renoncer, enfin, à toute aide extérieure pour la révolution « La Giovine Italia est déterminée à tirer parti des événements de l’étranger, mais à ne pas en faire dépendre l’heure et la nature de l’insurrection ».

Les moyens pour atteindre ces objectifs sont l’éducation et l’insurrection. Par conséquent il est nécessaire que la Giovane Italia perdent autant que possible son caractère secret, mais suffisamment pour se défendre de la police, et acquérir celle de société de propagande du message politique de l’indépendance, de l’unité et de la république, notamment au travers du journal La Giovine Italia fondé en 1832 et une « association tendant avant tout à un objectif d’insurrection, mais essentiellement éducatrice jusqu’à ce jour et après ce jour ».

À l’issue des années 1833 et 1834, l’association disparaît pendant quatre ans, pour ne reparaître qu’en 1838 en Angleterre. Dix ans plus tard, le 5 mai 1848, l’association sera définitivement dissoute par Mazzini, qui fonde, à sa place, l’Associazione Nazionale Italiana (Association nationale italienne).

Le 27 avril 1831, Charles-Albert de Sardaigne accède au trône du Royaume de Sardaigne déclenchant de grands espoirs en raison de sa participation aux événements insurrectionnels de 1821 à Turin. Mazzini, bien que républicain, lui envoie une lettre publiée à Marseille l’invitant à devenir roi d’Italie et à se mettre à la tête du mouvement national italien et de renoncer aux choix. Charles-Albert ne répond pas à l’appel et s’engage dans une sévère répression contre les mouvements libéraux.

La même année, Mazzini rencontre une femme de la noblesse aux idées mazziniennes et républicaines Giuditta Bellerio Sidoli, veuve du patriote Giovanni Sidoli et exilée aussi à Marseille. En 1832, elle donne naissance à Joseph Adolphe Démosthène Aristide Bellerio Sidoli dit Adolphe, qui meurt à l’âge de trois ans, en 1835.

Les adhésions enthousiastes au programme de la Giovane Italia se produisent surtout parmi les jeunes de Ligurie, du Piémont, de l’Émilie et de Toscane, qui se mettent immédiatement à l’épreuve en organisant au cours des années 1833-1834 une série d’insurrections qui se concluent par des arrestations, des emprisonnements et des condamnations à mort. Giuditta est l’administratrice et la comptable du journal politique la Giovine Italia. Apprenant l’arrestation imminente par les autorités françaises de Mazzini qui à cette époque est gravement malade, elle le suit dans son exil à Genève pour prendre soin de lui.

Mazzini, carte maximum, Italie.

Le 25 février 1866 Messine est appelée à voter pour élire ses députés au nouveau parlement de Florence. Mazzini est candidat dans le deuxième collège, mais il est incapable de faire campagne, car il est en exil à Londres. Il a, sur sa tête, deux condamnations à mort : celle infligée par un tribunal de Gênes pour les émeutes de 1857 (le 19 novembre 1857, en première instance et le 20 mars 1858 en appel) ; une condamnation à mort lui a été infligée par le tribunal de Paris pour complicité dans un attentat contre Napoléon III. De façon inattendue, Mazzini gagne l’élection avec une large avance, 446 voix. Le 24 mars, après deux jours de débat, la Chambre annule l’élection en raison des condamnations.

Deux mois après, les électeurs du deuxième collège de Messine retournent aux urnes : Mazzini remporte de nouveau les élections. La Chambre, après un examen plus approfondi, annule de nouveau l’élection le 18 juin. Ce même jour le Suprême Conseil du Rite écossais ancien et accepté résidant à Palerme lui confère le 33ème et dernier degré du rite. Le 18 novembre, Mazzini est réélu une troisième fois, la Chambre, cette fois, valide l’élection.
Mazzini, même amnistié ou gracié, refuse la charge pour éviter d’avoir à prêter serment au Statut albertin, la constitution de la monarchie de Savoie. En fait, il n’acceptera jamais la monarchie et continuera à se battre pour ses idéaux républicains.

En 1868, il quitte Londres et s’installe en Suisse, à Lugano et tente de fonder une alliance républicaine universelle. En 1870, les deux condamnations à mort prononcées à l’époque du Royaume de Sardaigne sont amnistiées. Mazzini rentre en Italie et se consacre immédiatement à l’organisation des mouvements populaires en faveur de la conquête des États de l’Église. Le 11 août il part en bateau pour la Sicile dans le but de créer la république italienne alors que le roi Victor-Emmanuel II vient de terminer l’unification de l’Italie, mais le 14, à l’arrivée dans le port de Palerme, il est arrêté et emprisonné dans la prison militaire de Gaète. Il est contraint de nouveau à l’exil.

De mars à juillet 1871, Mazzini lance dans son journal, La Roma del Popolo, de vigoureuses attaques contre le socialisme, contre la Commune de Paris et contre l’Internationale, qu’il dénonce aux ouvriers italiens comme une institution dangereuse alors qu’il influence le mouvement socialiste naissant et que de nombreuses associations ouvrières sont organisées par les mazziniens. L’appel de la Commune à faire de la France une fédération de villes libres est particulièrement intolérable à ce nationaliste qui est l’artisan infatigable de l’unité italienne. Bakounine, qui connait bien l’Italie pour y avoir vécu, répond par un article paru dans le Gazzettino Rosa du 16 août : la Risposta d’un Internazionale a Giuseppe Mazzini. Il y prend le contre-pied complet des opinions de Mazzini, sur la religion notamment, et affirme hautement les valeurs de l’Internationale. Au cours de la polémique qui se développe ensuite entre Mazzini et Bakounine, ce dernier se lance dans la rédaction d’une longue brochure, La Théologie politique de Mazzini et l’Internationale, qui est publiée (en français) à Neuchâtel chez Guillaume.

Mazzini suggère, dans ce même numéro de La Roma del Popolo qui a provoqué la Risposta de Bakounine, la tenue d’un congrès des associations ouvrières. Il espère ainsi reprendre le contrôle de ces organisations sur les bases idéalistes et nationales qui sont les siennes. Le congrès se tient à Rome du 1er au 3 novembre 1871. Bakounine, à partir du milieu du mois d’octobre, rédige en toute hâte un texte qui est publié en brochure et distribué aux délégués du congrès : Il socialismo e Mazzini. Lettera agli amici d’Italia.

Si la stratégie suivie par Mazzini est dictée par la peur de voir le mouvement ouvrier échapper à son influence, il est clair que le débat n’a pas les résultats qu’il escompte. La brutale répression de la Commune de Paris a attiré en Italie la sympathie sur l’Internationale et les attaques de Mazzini ont accéléré le processus en faisant se détourner de lui nombre de travailleurs. Bakounine dit de Mazzini : « Le célèbre révolutionnaire Giuseppe Mazzini, mieux connu en Russie comme un patriote italien, conspirateur et agitateur que métaphysiste déiste et fondateur de la nouvelle église en Italie, oui, Mazzini jugea utile et nécessaire en 1871, au lendemain de la défaite de la Commune de Paris, lorsque les féroces exécuteurs de Versailles fusillèrent par milliers les Communards désarmés, de soutenir l’anathème de l’Église catholique et les persécutions policières de l’État avec son propre anathème prétendument patriotique et révolutionnaire mais dans sa substance absolument bourgeoise et théologique ». L’influence de Bakounine en Italie s’en trouve grandie et lorsque le conflit avec le Conseil général entre dans sa phase aigüe, les réseaux militants et les groupes de l’Internationale qui se sont constitués en Italie se placent majoritairement de son côté.

Le 7 février 1872, Mazzini réussit à venir sous le faux nom de Giorgio Brown à Pise. Malade depuis quelque temps, il vit caché dans la maison de Pellegrino Rosselli jusqu’au jour de sa mort, le 10 mars alors que police du Royaume d’Italie est sur le point de l’arrêter à nouveau.

La nouvelle de sa mort se répand rapidement, bouleversant l’Italie. Le lendemain de sa mort, le Parlement approuve à l’unanimité un ordre du jour de condoléances mais aucun parlementaire ne prend la parole dans la crainte de mettre Victor-Emmanuel II et le gouvernement dans l’embarras.

Son corps est embaumé par le scientifique Paolo Gorini, accouru spécialement de Lodi. Une foule immense assiste aux funérailles qui se tiennent l’après-midi du 14 mars dans la ville toscane, et accompagne le cercueil vers le train à destination de Gênes, où il est enterré au cimetière de Staglieno.

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Sources : Wikipédia, YouTube.