Elias Canetti, écrivain.

Elias Canetti est un écrivain d’expression allemande, né le 25 juillet 1905 à Roussé (principauté de Bulgarie sous contrôle de l’Empire ottoman) et mort le 14 août 1994 à Zurich. Il est devenu citoyen britannique en 1952 et a longtemps résidé en Suisse. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1981. Canetti est souvent associé à la littérature autrichienne mais il couvre une perspective plus large. Son œuvre a défendu une idée pluraliste de la culture européenne dans sa richesse et sa diversité, liée à un parcours de vie singulier. Il est l’auteur d’analyses de grande envergure sur le xxe siècle et de réflexions détaillées sur les mécanismes humains et les modes de fonctionnement psycho-sociaux.

Son œuvre est composée de pièces de théâtre, d’un unique roman, d’essais, de recueils d’aphorismes et d’une autobiographie en quatre volumes.


Entre 1924 et 1929, il vit à Vienne où il étudie la chimie et est bientôt reçu docteur.

Pendant cette période, il entreprend de nombreux voyages à travers  l’Europe, notamment à Paris, en Bulgarie et à Berlin. C’est également pendant cette époque charnière de l’histoire, où l’on peut entendre les premiers bruits de bottes en Allemagne, qu’il développe de façon  autodidacte ses connaissances puis ses théories artistiques en participant à des rencontres d’intellectuels — des salons — et aussi en travaillant sur ses premières idées littéraires. Canetti fera la connaissance de Karl Kraus, un intellectuel polémiste, fondateur de la revue Die Fackel (Le Flambeau), qui aura une influence majeure sur lui. Il rencontre peu après sa future femme : Venetiana (dite Veza) Taubner-Calderon. Pour subvenir à ses besoins et pour écrire, il traduit en allemand plusieurs livres de l’anglais. Toutes ses activités le happent et le poussent à délaisser la chimie et son  enseignement.

En effet, il va entre autres fréquenter les réunions qui s’organisent autour d’Alma Mahler, la veuve du compositeur Gustav, et entamer la rédaction de son roman Die Blendung (Auto-da-fé) ainsi que d’œuvres théâtrales. Il rencontrera des personnalités du monde de la culture comme Bertolt BrechtGeorge Grosz, Alban Berg, Robert Musil

Le 15 juillet 1927, un évènement marque à jamais sa vie et son œuvre : une manifestation populaire qui tourne à l’incendie du palais de justice de Vienne. Cela provoque en lui le désir d’analyser et de comprendre le rapport entre les comportements de masse et le pouvoir. Il étudie alors cette  problématique centrale de l’histoire du XXe siècle jusqu’en 1960, date de la publication de l’œuvre majeure de sa vie, Masse und Macht (Masse et puissance), presque exclusivement consacrée à cette phénoménologie des masses ainsi qu’à l’illustration de toutes les manifestations du pouvoir politique : « Il se peut que toute la substance du 15 juillet soit entièrement passée dans Masse et puissance. ». Canetti s’y débarrasse de toutes les théories préexistantes à l’époque et cherche à « arracher le masque » de la figure centrale du pouvoir qu’il nomme le « survivant », pour « prendre le siècle à la gorge ».

Ainsi, l’imposant travail de recherche pour Masse et puissance, qui brasse plusieurs périodes d’Histoire et de multiples références transdisciplinaires, occupe la plus grande partie de son temps. Toute son œuvre à suivre reprend d’ailleurs la majeure partie des thèmes qu’il y développe ainsi que son aspect d’analyse anthropologique. Le début des années 1930 voit la publication de ses premiers écrits. En 1932, sous l’influence de l’opéra Wozzeck, Canetti rédige la pièce Die Hochzeit (Noce) suivie en 1933 de Komödie der Eitelkeit (La Comédie des vanités) qui évoque l’autodafé des livres dans l’Allemagne nazie. Par le biais d’une technique proche du théâtre populaire viennois et qui doit également beaucoup à Karl Kraus, l’auteur dépeint une société totalitaire qui interdit toute forme d’autoréflexion.

En 1934, Canetti se marie avec Veza.

Die Blendung (Auto-da-fé) paraît en 1935 dans l’indifférence générale. D’abord intitulé Kant verbrennt (Kant brûle), l’unique roman de l’auteur se veut primitivement une « Comédie humaine à l’image de fous ». Proche de l’univers de Franz Kafka et Samuel Beckett, l’œuvre décrit avec une  précision sèche la dérive du sinologue Peter Kien vers la folie. Prisonnier de ses livres et victime d’un entourage abject, le protagoniste se suicide en brûlant sa bibliothèque de vingt-cinq mille ouvrages. Parabole sur le combat entre l’esprit et l’existence, l’intellect et la barbarie, la liberté et la manipulation puis l’individu et la masse, Auto-da-fé est achevé dès 1931. Seuls quelques amis et un petit cercle d’initiés dont Musil, Berg et Hermann Broch prennent conscience de l’ampleur de l’œuvre et de son exceptionnelle nouveauté pour l’époque.

La mort de sa mère en 1937 lui cause une grande crise psychologique.

À la suite de l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne d’Adolf Hitler en 1938, le couple Canetti quitte l’Autriche et se rend à Londres en passant quelque temps à Paris. Dès 1942, l’auteur prend chaque jour des notes (Aufzeichnungen), développant toutes sortes de réflexions et ce, jusqu’à sa mort. En 1946 paraît Au-to-dafé en anglais et en 1949 en français où il fut d’abord traduit sous le titre La Tour de Babel. L’écrivain reçoit la nationalité britannique en 1952. Un voyage au Maroc en 1954 amène à l’élaboration du livre Die Stimmen aus Marrakech (Les Voix de Marrakech) composé à partir de notes quotidiennes prises au cours de ce séjour. En 1956, sa troisième pièce de théâtre, Die Befristeten (Les Sursitaires) est mise en scène à Oxford.

Masse et puissance paraît enfin en 1960 et obtient un écho mondial par son thème et par ses nombreuses traductions. Cette étude s’oppose largement à la vision de Sigmund Freud et de Gustave Le Bon sur le sujet. Le succès lui permet de publier l’ensemble de ses pièces en 1964. Les premières de Die Hochzeit et Komödie der Eitelkeit provoquent d’ailleurs un scandale retentissant un an plus tard.

Veza meurt en 1963. Canetti se rapproche alors d’une de ses amies de longue date, Hera Buschor, restauratrice au Kunsthaus de Zurich, qui l’aide à traverser une grave dépression faisant suite à la disparition de son épouse. Pendant plusieurs années, Canetti alterne les séjours à Londres et à Zurich où habite sa nouvelle compagne, ce qui conduit à leur mariage en 1971. Leur fille Johanna naît l’année suivante, évènement qui convainc le couple de s’établir définitivement à Zurich, à la Klosbachstrasse 88 dans le Züriberg (colline de l’est de la ville). En 1969, il édite Der Andere Prozess. Briefe an Felice (L’Autre Procès) qui revient sur la correspondance entre Kafka et Felice Bauer.

Dans les années 1970, il parcourt l’Europe à plusieurs reprises pour donner des conférences. En 1977 paraît le premier tome de son autobiographie, laquelle rencontre un grand succès critique et public. Il est suivi de son vivant par deux volumes, puis par un quatrième et dernier en 2003 à titre posthume, finalisé par sa fille sur la base des notes retrouvées ou laissées. Largement marqué par ses lectures de Michel Eyquem de Montaigne et Blaise Pascal, Canetti s’avère soucieux d’écrire dans une langue précise, éloignée des conventions et des poncifs. En ce sens, il publie un essai aphoristique en 1978 : Die Provinz des Menschen (Le Territoire de  l’homme), expérience qu’il renouvelle plus tard, en 1992 avec Die Fliegenpein (Le Collier des mouches). Il a aussi écrit une galerie de « caractères » en 1974, dans la lignée de Théophraste et de Jean de La Bruyère, avec Der Ohrenzeuge (Le Témoin auriculaire).

Toutes ses recherches d’écriture et la rigueur de ses analyses historiques, psychologiques et sociales lui valent le prix Büchner en 1972.

En 1981, il reçoit le prix Nobel de littérature « pour ses écrits marqués par l’ampleur de sa vision, la richesse de ses idées et sa puissance artistique ».

Il vit ensuite relativement coupé du monde, n’entretenant plus de contact avec la presse. Sa femme Hera décède en 1988. Peu après, il abandonne son appartement londonien.

Elias Canetti meurt le 14 août 1994 à Zurich. La ville de Zurich a offert à sa famille – qui a accepté – la possibilité de l’enterrer à côté de James Joyce dans le cimetière de Fluntern, voisin du zoo de Zurich dans le Züriberg.

Source : Wikipédia.

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