Le barrage de Vouglans (Jura).

Le barrage de Vouglans est un barrage hydroélectrique de type voûte, situé sur la rivière de l’Ain, dans le département du Jura, en France. Sa mise en service en 1968 est à l’origine du lac de Vouglans, troisième plus grande retenue artificielle d’eau de France de par sa capacité (605 Mm3). L’édification du barrage a employé plus de 500 personnes pendant 5 ans, tandis que sa mise en eau a duré plus de 18 mois.

Depuis sa construction, il est ausculté et surveillé journellement notamment grâce à 5 km de galeries.

Un reportage diffusé le 13 septembre 20189 met en cause la sûreté du barrage de Vouglans et pointe le risque d’un accident menant à sa rupture. Un tel événement produirait une vague de submersion qui s’étendrait dans toute la vallée de l’Ain en aval, ainsi que le long du Rhône jusqu’en Provence. La vague de submersion pourrait toucher quatre centrales nucléaires, notamment celle du Bugey, et risquerait de causer un accident semblable à celui de Fukushima.

Comme tous les 296 barrages de France de plus de vingt mètres et avec un réservoir d’une capacité égale ou supérieure à quinze millions de mètres cubes, le barrage de Vouglans fait aussi l’objet d’un plan particulier d’intervention (PPI).

Depuis la mise en place du plan Vigipirate à la suite des attentats du 11 septembre 2001, le barrage de Vouglans ne peut plus être visité, à l’instar de beaucoup d’autres installations hydroélectriques.

Dans une France où le besoin d’énergie électrique se fait pressant et où le nucléaire civil n’est encore qu’une perspective lointaine, l’équipement de la rivière de l’Ain offre une belle opportunité ainsi que la possibilité de réguler un cours d’eau capricieux dont le débit au niveau de Pont-de-Poitte (en amont de la retenue actuelle) pouvait monter à 1 800 m3/s alors que sa moyenne annuelle n’était que de 38 m3/s. Cette irrégularité de débit aggravait sensiblement les crues du Rhône.

Dès 1956, le site actuel est retenu à cause de la configuration des lieux, et parce que la population de 150 personnes vivant dans le futur territoire inondé était considérée comme relativement faible. Il s’agit d’une gorge encaissée constituée de roches solides, censées permettre un bon ancrage et une étanchéité convenable. La décision fut toutefois prise à l’insu des habitants, pour n’être rendue publique qu’au printemps 1957.

Barrage de Vouglans, carte maximum, 15/02/1969.

Le 26 septembre 1960, le dossier de la construction du barrage relatif à la déclaration d’utilité publique est mis à la disposition des habitants dans les mairies des communes concernées pour une période de dix jours. La conjonction d’une période où la contestation de ce genre de projet n’était pas encore de mise, de la faible population directement impactée, et du court délai alloué aux éventuels opposants fit que la déclaration d’utilité publique fut signée dès octobre 1960.

Bien que peu peuplée, la vallée submergée comportait quelques hameaux et villages (Brillat, Bourget et Généria) dont les quelque 150 habitants ont dû quitter leurs maisons avant qu’elles ne soient détruites. Les destructions ont commencé en 1963 et les derniers réfractaires ont été chassés par 240 gendarmes en septembre 1967.

Les travaux commencèrent par le forage en rive droite d’un tunnel de 230 mètres de long, contournant le futur barrage. D’une section de 60 m2 il pouvait évacuer 600 m3/s. Deux batardeaux permirent alors de détourner la rivière dans le tunnel et d’assécher l’emplacement du barrage. Dans le même temps des fouilles sont réalisées sur chaque rive pour assurer l’ancrage du barrage dans la roche et éliminer les risques de fuites par des failles présentes dans la roche. La maçonnerie s’encastre dans le roc de 5 à 15 mètres.

L’emplacement de l’usine de turbinage est également creusé dans la roche ainsi que les galeries d’arrivée d’eau et le canal de fuite.

En 1962-1963, une cité nouvelle est édifiée à Vouglans pour loger les ouvriers et cadres du barrage. Elle est composée de 190 maisons préfabriquées pour les familles, de dortoirs pouvant accueillir 240 célibataires, d’une cantine pour 300 personnes, d’une école, d’une salle de spectacle d’un centre médico-social et d’une maison des cultes.

Le coulage du béton du barrage, proprement dit, commence en 1963. Il dure 5 ans et consomme 560 000 m3 de béton et 1 600 t de ferraillage. Le béton est coulé en 29 plots verticaux de 13,5 mètres de large adossés à 2 massifs d’extrémité.

Une route donnant accès à la partie amont du barrage traversait le bas de l’ouvrage. Elle ne fut fermée qu’en 1967 juste avant la mise en eau.

La mise en eau commença le 12 avril 1968 et atteignit la cote 415 fin 1968. Après une année de surveillance du barrage, à cette cote, le remplissage final à la cote 429 fut obtenu juste avant Noël en 1969.

L”usine hydroélectrique est logée dans une salle creusée dans le calcaire de 70 mètres de long, 15 mètres de large et 35 mètres de haut, dont la voûte est bétonnée par sécurité. Deux ponts roulants de 105 tonnes permettent la manutention. Elle contient quatre turbines Francis entraînant des alternateurs de 70 000 kW. Le groupe 4 est réversible et peut servir en heures creuses à remonter de l’eau déjà turbinée dans la retenue, selon le système du pompage-turbinage.

La pleine puissance de 285 MW de l’usine peut être atteinte en 5 minutes, c’est une réserve de puissance rapidement disponible pour participer au soutien du réseau en cas brusques fluctuations de la demande en électricité.

La production annuelle d’électricité de la centrale de Vouglans est d’environ 300 GWh, ce qui correspond à un peu plus d’un mois et demi à pleine puissance.

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Sources : Wikipédia, YouTube.