Alexandre VI, Pape.

Rodrigo de Borja, né Roderic Llançol i de Borja le 1er janvier 1431 à Xàtiva (royaume de Valence, couronne d’Aragon), mort le 18 août 1503, devenu Rodrigo Borgia après son arrivée en Italie, fut le 214e pape de l’Église catholique sous le nom d’Alexandre VI de 1492 à 1503.

Il est connu pour ses mœurs dissolues, à l’image des habitudes pontificales de l’époque. Son pontificat est marqué en 1493 par la bulle Inter cætera, qui partageait le Nouveau Monde entre l’Espagne et le Portugal.


Issu d’une famille noble installée dans le royaume de Valence après avoir participé à sa Reconquista, Rodrigo de Borja est le neveu et fils adoptif du pape Calixte III (Alphonse de Borja).

Alphonse de Borgia donne un premier poste ecclésiastique à Rodrigo en 1445, alors que ce dernier n’a que quatorze ans. Il le fait ensuite venir à Rome1, où il lui offre la meilleure éducation, dispensée par l’humaniste Gaspard de Vérone. Rodrigo obtient son doctorat en droit civil et canonique à Bologne.

En 1455, trois semaines après qu’Alphonse de Borgia soit devenu pape sous le nom de Calixte III, ce dernier donne une série de bénéfices ecclésiastiques à Rodrigo et le nomme notaire apostolique1. Une année plus tard, Rodrigo, âgé de vingt-cinq ans, est nommé archevêque titulaire de Valence et créé cardinal par son oncle au grand scandale du Sacré Collège puis, l’année suivante, fait camerlingue et vice-chancelier de l’Église romaine (le poste le plus élevé du Saint-Siège après le pape, puisqu’il n’y a pas de chancelier) ; il le reste jusqu’à son élévation au souverain pontificat1. Au moment de ces nominations en 1456, le poste de vice-chancelier de l’Église romaine et celui d’archevêque de Valence rapportent chacun 20’000 ducats par année1. À la mort de son oncle Calixte III en 1458, il sait qu’il est encore trop tôt pour ambitionner la succession de celui-ci. En dépit de la colère de la rue et du pillage de sa maison, il maintient sa position et pèse dans l’élection de plusieurs pontifes.

Il représente le pape Sixte IV en qualité de légat en Castille et en Aragon pour arbitrer les différends familiaux au couronnement de Ferdinand II d’Aragon. En 1462 il est chargé de rapporter la relique de saint André depuis Patras jusqu’au Saint-Siège. En 1471, il est à nouveau envoyé en Castille et en Aragon pour mettre en garde contre la progression de l’Empire ottoman.

En 1468, douze ans après sa nomination au rang de cardinal, il est ordonné prêtre.

Le 11 août 1492, il est élu pape à la majorité canonique des deux tiers des cardinaux réunis en conclave. Il est possible qu’il ait acheté certains votes, la simonie demeurant une pratique commune jusqu’à la Contre-Réforme tridentine. Il est couronné le 26 août de la même année. En tant que pape, il prend le nom d’Alexandre VI, alors qu’Alexandre V, pape de Pise, est aujourd’hui considéré comme un antipape, ce qui crée un hiatus dans la liste officielle des souverains pontifes.

Homme d’Église sans vocation, Rodrigo Borgia n’observe pas les exigences du célibat sacerdotal. Il ne cache d’ailleurs pas son attirance pour les femmes. Il fut le père de six enfants reconnus (il en aurait eu sept ou huit de trois ou quatre maîtresses différentes).

Un des témoins les plus crédibles de son inconduite est Johann Burchard (ou Jean Burckhardt) de Strasbourg. Ce prélat, maître des cérémonies de la cour pontificale, a tenu de 1483 à 1508 un journal très précis, jour par jour, parfois même heure par heure, de tous les événements qui se sont déroulés au Vatican.

En 1470, alors qu’il est déjà ordonné prêtre, Rodrigo Borgia fait la connaissance de Vannozza Cattanei, jeune patricienne romaine de dix ans sa cadette5, qui va lui donner quatre enfants (Jean ou Juan, César, Lucrèce, et Geoffroi ou Joffre), tout en continuant de mener une vie conjugale avec ses époux successifs qui sont des obligés de Borgia. Geoffroi est promis à Sancia, une fille naturelle d’Alphonse II, roi de Naples5. Il a déjà eu un fils, Pedro Luis de Borja, légitimé par Sixte IV. Durant son pontificat, il engendre d’autres fils dont la ou les mères restent inconnues : Jean, né en 1498, futur duc de Camerino et de Nepi, et Rodrigue Borgia, né en 1502 ou 1503. Il entretient également une relation avec la jeune Giulia Farnèse (sœur du cardinal Alexandre Farnèse, le futur pape Paul III), mais sans qu’aucun enfant naisse manifestement de leur union.

Selon l’historien Ferdinand Gregorovius, il aurait eu également deux autres filles, nées de mères inconnues, Girolama de Borja et Isabelle.

En 1494, un parti de prélats à la tête duquel se trouve Giuliano Della Rovere, le futur pape Jules II, tente de faire déposer ce pontife qu’ils accusent, non sans raison, de simonie et de corruption de toutes sortes. Sa vie privée fait aussi scandale : François Guichardin rapporte un épisode au cours duquel un Borgia aurait attiré au château Saint-Ange le jeune et beau Astorre Manfredi, seigneur de Faenza, qu’il viole et fait jeter dans le Tibre. Mais il pourrait plutôt s’agir de César Borgia, qui a tenu prisonniers les deux frères Manfredi.

Le népotisme et les scandales suscitent de bruyantes remontrances de la part du moine dominicain Jérôme Savonarole. Sans scrupules, Alexandre VI fait arrêter Savonarole, qui est torturé et exécuté le 23 mai 1498.

Alexandre VI va encore plus loin dans la débauche et se rend célèbre par les fêtes somptueuses organisées à l’occasion du mariage de sa fille Lucrèce avec Alphonse Ier d’Este, le 31 octobre 1501, pendant lesquelles ses convives, au cours d’une orgie organisée dans le Palais apostolique, ont été invités à faire preuve de la plus grande virilité auprès d’une cinquantaine de danseuses dévêtues. La compétition a été arbitrée par les propres enfants d’Alexandre VI, César et Lucrèce, ce qui déclenche l’un des plus grands scandales de la chrétienté. Selon le prélat Johann Burchard, témoin muet, mais indigné, la débauche du pape Alexandre et de sa progéniture atteint son paroxysme en cette nuit orgiaque du 31 octobre 1501. Les dépêches envoyées aux cours d’Europe par leurs ambassadeurs, et figurant dans de nombreuses archives diplomatiques, confirment l’incroyable témoignage de Burchard. On comprend dès lors pourquoi tant de récits faisant référence à un pacte avec le Diable ont pu circuler à la mort d’Alexandre VI.

Plusieurs hypothèses entourent la mort du pape Alexandre VI. En effet, le 6 août 1503, il aurait dîné avec son fils César chez le cardinal Adriano di Castello. Tous deux furent pris par la fièvre. La première hypothèse attribue ce malaise à la malaria, très présente à Rome à cette époque. L’autre hypothèse est que le pape aurait voulu se débarrasser de certains de ses ennemis. Il aurait lui-même empoisonné le vin et serait donc tombé dans son propre piège. Cependant, on peut se référer au témoignage de Johann Burchard, qui a organisé un certain nombre de cérémonies de 1483 à sa mort en 1503. Les responsabilités de Burchard étaient de surveiller l’application du protocole et des procédures lors des cérémonies officielles. Il a tenu un journal détaillé de ses expériences et nous donne, en même temps, un aperçu du règne des Borgia. Présent lors de la mort d’Alexandre VI, il témoigne :

« Le samedi matin, le 12 août, le pape se sentit mal, et à 3 heures de l’après-midi il devint fiévreux. […] Tôt le 17 août, on lui donna des médicaments mais son état empira et à 6 heures le lendemain matin, il fit ses dernières confessions à Don Pietro Gamboa, l’évêque de Carinola, qui a ensuite célébré la messe en présence de Sa Sainteté. Après s’être communié, il donna au pape l’hostie et continua la messe. Le service était suivi par cinq autres évêques : Serra, Francesco Borgia, Giovanni Castelar, Casanova et Loris de Constantinople, à qui Sa Sainteté déclara qu’il était tombé malade. À la dernière heure, l’évêque de Carinola lui donna l’extrême-onction et il mourut en présence de l’évêque, des cardinaux et serviteurs qui étaient là. Son corps avait tellement enflé qu’on ne put le mettre dans le cercueil qu’on lui destinait. On le roula ainsi provisoirement dans un tapis, pendant que ses appartements furent livrés au pillage. »

Source : Wikipédia.

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