Ville d’Hasankeyf (Turquie).

Hasankeyf (kurde : Heskîf, arabe : حصن كيفا, arménien : Հարսնքվ, grec ancien : Κιφας, Cepha, syriaque : ܚܣܢܐ ܕܟܐܦܐ) est une ville située dans le Sud-est de la Turquie.

La ville actuelle a été fondée à la suite de la construction et de la mise en service du Barrage d’Ilısu. La ville historique et ses monuments (non déplacés dans le parc archéologique) sont engloutis depuis le printemps 2020, alors que la ville était une zone naturelle protégée depuis 1981.

La population actuelle de Hasankeyf est à majorité kurde. Cependant, il y a longtemps eu une présence assyrienne/syriaque et arabe dans la ville. La population chrétienne syriaque a été presque entièrement anéantie pendant le génocide assyrien de 1915 lors de la Première Guerre mondiale. Jusque dans les années 1990, des populations chrétiennes assyriennes/syriaques étaient présentes autour de leur village et église situés sur les hauteurs de la ville. L’État turc les a contraint à quitter leur village.

Un premier projet de barrage a échoué, après que les investisseurs européens (allemands, suisses et autrichiens) se soient retirés, critiquant le non-respect des normes environnementales.

Le projet de barrage est vivement contesté en raison des dégâts environnementaux et humains liés au déplacement des populations: en effet le remplissage du réservoir et la mise en marche du barrage engloutira plusieurs villes dont celle de Dicle et engendrera une catastrophe écologique sans précédent.

Par ailleurs, la perte irrémédiable du patrimoine culturel et historique liés à cette région ainsi que les vestiges archéologiques ont fait réagir plusieurs ONG et chercheurs en archéologie. En 2019, une centaine d’ONG réunie dans Pour Hasankeyf a lancé un appel intitulé il n’est pas trop tard pour sauver Hasankeyf et le fleuve du Tigre. Hasankeyf regroupe de nombreux critères pour être classé au patrimoine mondial, mais l’UNESCO et les autres organisations internationales restent muettes à ce sujet. En février 2019, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) (dans laquelle siège la Turquie en tant qu’état membre) a pris la décision de rejeter la plainte déposée pour protéger le patrimoine culturel d’Hasankeyf.

L’instabilité du projet pendant plusieurs décennies a engendré une perte économique pour la population de Hasankeyf. La ville a été classée en zone spéciale de conservation en 1981 ce qui s’est accompagné d’une interdiction de construire qui a tenu les investisseurs à l’écart et poussé de nombreux habitants à quitter leur terre natale. Une ville nouvelle avec des infrastructures modernes, dont l’attribution des maisons seront tirées au sort, a été construite à 2 km mais est en 2016 toujours inhabitée.

Enfin, les menaces qui pèsent sur le sort des populations kurdes de la région ont mobilisé de nombreuses ONG, des militants, artistes et des partis politiques. Ce barrage constituerait un saccage de l’histoire et des civilisations autres que islamiques ou turques. En effet en juin 2017, le gouvernement turc a notamment fait démolir la statue de Ehmedê Xanî ou Ahmed Khani (1650-1707) écrivain, astronome et poète clerc sunnite et philosophe, érigée sur la place de la ville Doğubeyazıt dont la municipalité a été dissoute par le gouvernement.

Construit par le seigneur artukide Fakreddine Karaaslan (1144-1167), c’était le pont ayant l’arche la plus large (quarante mètres) construite au Moyen Âge. De ce pont du XIIe siècle qui enjambait le Tigre, il ne restait que des piliers en pierre. La partie centrale de ce pont était en bois afin de pouvoir l’enlever en cas d’attaque. Un nouveau pont reliait désormais la ville à l’ancienne citadelle d’Hasankeyf, mais tous deux ponts ont été détruits lors de la mise en œuvre du projet d’aménagement hydraulique d’Anatolie du Sud-Est.

Source : Wikipédia.

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