Ville de Rostov-sur-le-Don (Russie).

Rostov-sur-le-Don (en russe : Ростов-на-Дону, Rostov-na-Donou,) est une ville de l’Ouest de la Russie, sur les rives du fleuve Don, à une quarantaine de kilomètres de son embouchure sur la mer d’Azov et à 959 kilomètres au sud de Moscou (1 073 km par la route). Avec une population qui s’élevait à 1 119 875 habitants en 2016, il s’agit de la dixième ville de Russie. Rostov-sur-le-Don est un grand centre économique, industriel et scientifique et est la capitale officieuse du sud de la Russie. Sur le plan administratif, c’est la capitale de l’oblast (région) de Rostov (4 millions d’habitants pour 101 000 kilomètres carrés) et du District fédéral du Sud.

La ville est devenue dans le cadre de l’invasion de l’Ukraine par la Russie depuis 2022 un centre logistique stratégique. Dans la nuit du 23 au 24 juin 2023, elle est investie par le Groupe Wagner, lors de la rébellion armée du groupe.


Les guerres continuelles entre la Russie au nord et les Tatars de Crimée avaient fini par dépeupler les régions situées au nord de la mer Noire, un territoire constitué de steppes grand comme la France.

Au XVIe siècle des paysans armés, les Cosaques, entreprennent de s’y installer. La capitale des Cosaques du Don était Tcherkassk (en 1805, Novotcherkassk). Les Cosaques bénéficiaient de la sûreté personnelle, étaient affranchis de la corvée et des impôts. L’Empire ottoman disposait de son côté d’une place forte dans la ville d’Azov avec une garnison  considérable et les Tatars occupaient la Crimée formant le khanat de Crimée. Cet objectif stratégique fut attaqué par les Russes à plusieurs reprises tout au long du XVIIe siècle (entre autres en 1696 sous le règne de Pierre le Grand) ; Azov et la Crimée définitivement aux mains de l’Empire russe au XVIIIe siècle, donnant aux tsars un débouché permanent sur la Mer d’Azov.

Au XVIIIe siècle, la région est officiellement annexée par la Russie. Une nouvelle entité administrative regroupant les territoires conquis au nord de la mer Noire qui prend l’appellation de Nouvelle Russie

L’impératrice Catherine II entreprend une politique active de peuplement et de colonisation de la région. Rostov-sur-le-Don est d’abord un poste de douanes et un port en 1749 considérée comme la date de création de l’agglomération puis la forteresse Saint-Dimitri-de-Rostov y est édifiée en 1761. Cette place devient par la suite un important centre économique et militaire de la vallée du Don, ce qui en faisait « la porte du Caucase ». Les Cosaques, recrutés comme auxiliaires, finirent par former une part importante de l’Armée impériale russe. La voyageuse française Adèle Hommaire de Hell en fait une description lors de son voyage en 1840 et s’étonne du mélange pittoresque de population : Russes, Grecs pontiques, Cosaques, etc.

En 1778, après la conquête du khanat de Crimée par Alexandre Souvorov, Catherine II fait déporter 12 600 Arméniens de Crimée qui sont réinstallés dans la région du Don en leur accordant des privilèges fiscaux. L’objectif est de stimuler l’économie de la région. Les familles de marchands arméniens créent Nakhitchevan-sur-le-Don, qui devient la plus grande colonie arménienne de Russie.

Cette agglomération sera absorbée en 1928 par Rostov-sur-le-Don et formera le quartier de Proletarsk. Rostov-sur-le-Don acquiert le statut de ville en 1797.

La colonisation de la vallée du Don stimula l’agriculture, avec  l’implantation de la vigne et du tabac ; le tabac du Don, en particulier, s’avère d’une excellente qualité et s’impose comme l’un des principaux produits d’exportation. Une manufacture de tabac est construite dans la ville en 1853 puis une fonderie de fer en 1857 qui profite des riches mines de la région.

En 1870 le chemin de fer arrive jusqu’à Rostov et une papeterie y est construite. La ville à l’époque a une réputation de ville de truands liée à la proximité d’Odessa et des pays caucasiens.

En 1897, 11 838 Juifs vivent à Rostov-sur-le-Don, représentant 9,95 % de la population totale. À la fin du XIXe siècle, des Juifs locaux jouent un rôle dans la transformation de Rostov-sur-le-Don en un centre économique florissant de l’empire russe. Outre des institutions juives, la ville abrite une branche du mouvement Poalei Zion.

Comme les Juifs du sud de la Russie, les Juifs de Rostov sont victimes de trois vagues de pogroms antijuifs :

1881-1884 : après l’assassinat d’Alexandre II, cette première vague gagne les villes et les bourgs du sud et de l’est de l’Ukraine, puis Varsovie et Balta. Elle est perpétrée par des paysans, des ouvriers et la populace urbaine, qui se livrent au pillage des maisons et boutiques juives. Elle amène le  gouvernement d’Alexandre III à adopter en mai 1882 une politique systématique de discrimination à l’égard des Juifs, visant à les priver des positions économiques et sociales qu’ils avaient acquises. Une des conséquences du pogrom au Grand bazar de Rostof (octobre 1905).

  • 1905-1906 : pendant la crise révolutionnaire, les pogroms du 18 au 20 octobre 1905, planifiés, préparés et organisés par les autorités, les Centuries noires, la police secrète et certaine presse, font le plus de victimes. Si en ce qui concerne le nombre de tués (176 personnes) et de blessés (environ 500 battus, torturés et mutilés) , ce pogrom cède la « première place » au pogrom d’Odessa, selon la part des victimes parmi la population juive, qui s’élevait à plus de 1 % (à Odessa pas plus de 0,5 %), il s’avère être le plus grand pogrom anti-juif de Russie au début du XXe siècle. 514 magasins juifs, 2 moulins à vapeur, 5 entrepôts de charbon, 8 appartements privés ont été pillés ; à la suite de 25 incendies, 311 bâtiments sont incendiés. La même semaine, est paradoxalement promulgué le manifeste tsariste du 17 octobre 1905, qui proclamait les libertés civiles sur la base de l’inviolabilité personnelle, la liberté de conscience, etc.
  • 1918-1920 : pendant la révolution et la guerre civile, cette troisième vague de pogroms (qui aboutit au massacre d’environ 60 000 Juifs sur le pays), est essentiellement dirigée par des soldats des armées qui traversent l’Ukraine : armée ukrainienne après la déclaration d’indépendance (1918), armée de Denikine (fin 1919), Armée rouge lors de la retraite de Pologne (1920), des bandes armées antibolcheviks (1920-1921). Ces massacres ne cessent qu’avec la consolidation du pouvoir soviétique.

    Pendant la guerre civile russe, Rostov, une des villes principales de la Grande armée du Don, est un centre de ralliement des armées blanches. Le régiment des volontaires de Rostov, composé d’étudiants, participe à la formation de l’armée des volontaires des  généraux Kornilov et Alekseïev début 1918.

En janvier 1920, la cavalerie rouge de Semion Boudienny prend définitivement la ville.

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, la ville occupe une position incontournable pour les troupes d’Adolf Hitler qui veut s’emparer du Caucase lors de l’invasion de l’URSS. Rostov est prise par les Allemands à la fin 1941, mais ils l’abandonnent peu après face à la contre-offensive soviétique hivernale.

Les Allemands reprennent l’initiative à l’été 1942 et s’en emparent de nouveau, toujours dans l’optique d’envahir le Caucase.

En septembre-novembre 1941, les autorités soviétiques organisent une évacuation à grande échelle de Rostov-sur-le-Don. Environ 10 000 Juifs réussissent à quitter la ville au cours de cette période. Les Allemands occupent Rostov-sur-le-Don pour la première fois le 21 novembre 1941. Cette occupation ne dure qu’une semaine environ. Le 29 novembre, l’Armée rouge contre-attaque et libère la ville.

Au cours de la courte période de leur règne à Rostov-sur-le-Don, les Allemands ordonnent la création d’un conseil juif, l’enregistrement de tous les Juifs et l’obligation pour les Juifs de porter des étoiles de David jaunes. Environ 1 000 Juifs sont assassinés à Rostov-sur-le-Don et dans la région au cours de cette courte période.

Après la libération de Rostov-sur-le-Don, de nombreux Juifs qui avaient quitté la ville à l’automne 1941 y retournèrent.

À l’été 1942, lorsque les Allemands s’approchent de Rostov-sur-le-Don pour la deuxième fois, une autre évacuation commence mais sa mauvaise organisation fait que peu de Juifs réussissent à s’enfuir avant que la ville ne soit réoccupée le 24 juillet 1942. Débute alors le massacre de masse de Zmievskaïa Balka.

Peu de temps après le début de cette deuxième occupation allemande, un certain nombre de victimes définies comme des « partisans et membres du Parti communiste » juifs, ainsi que des prisonniers juifs du camp de prisonniers de guerre local sont abattus à l’extérieur de la ville.

Le 4 août 1942, le Sonderkommando 10a de l’Einsatzgruppe D, qui suit de près les troupes allemandes à Rostov-sur-le-Don, ordonne au conseil juif l’enregistrement de l’ensemble de la population juive de la ville, y compris les enfants baptisés de plus de 14 ans et les Juifs qui ont une autre  nationalité indiquée sur leurs papiers d’identité. Cinq jours plus tard, la réinstallation des Juifs dans un quartier séparé est ordonnée. Le 11 août 1942, tous les Juifs de Rostov-sur-le-Don qui se sont présentés, soi-disant pour être réinstallés dans le ghetto, sont transportés et poussés jusqu’au lieu du massacre. Là, les adultes sont tués par fusillade, (une partie des victimes dont des enfants est assassinée dans des camions à gaz (Gaswagen)). Outre les Juifs, un certain nombre de non-Juifs sont également tués avec leurs familles lors de ce massacre de masse.

Par la suite, les Allemands tuent encore à cet endroit des clandestins, des malades mentaux, des prisonniers de guerre, des personnes découvertes et d’autres citoyens soviétiques. Et durant toute la période d’occupation qui dure environ 6 mois jusqu’en février 1943, les Allemands continuent d’exécuter les Juifs qui ne se sont pas présentés au  rassemblement du 11 août.

La Commission extraordinaire de l’État a rendu compte après la guerre des procédures et du nombre estimé de Juifs tués lors de ce massacre, soit 15 000 à 18 000 Juifs sur un total de 28 000. Mais, en tout, durant la période d’occupation le chiffre de 22 000 est cité pour le territoire de l’Oblast de Rostov par la commission. C’est le massacre le plus grave commis sur le territoire de la République socialiste fédérative soviétique de Russie durant la Shoah.

Rostov-sur-le-Don est libéré par l’Armée rouge le 14 février 1943 et les Allemands quittent définitivement la ville et la région au début 1943 après leur défaite à Stalingrad.

La ville est investie par les troupes du Groupe Wagner dans la nuit du 23 au 24 juin 2023, dans le cadre de la rébellion du groupe Wagner lancée par son chef Evgueni Prigojine. En particulier, le siège du district militaire sud est pris par le groupe, ainsi que d’autres lieux militaires dont l’aérodrome militaire.

Source : Wikipédia.

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