Ville du Touquet-Paris-plage (Pas-de-Calais).

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Le Touquet-Paris-Plage, appelée Paris-Plage jusqu’au milieu du XXe siècle puis Le Touquet depuis dans le langage courant, est une commune française située dans le département du Pas-de-Calais en région Hauts-de-France.

Située sur la Côte d’Opale, au sud de Boulogne-sur-Mer, au bord de la Manche et à l’embouchure de la Canche, cette station balnéaire de 4 223 habitants accueille jusqu’à 250 000 personnes l’été. Surnommée « Arcachon du Nord », « Jardin de la Manche », « Perle de la Côte d’Opale », « Paradis des sports » ou « Station des quatre saisons », elle bénéficie d’une très vaste forêt, d’un important patrimoine architectural de style anglo-normand et de vingt-et-un bâtiments protégés au titre des monuments historiques qui en font la station balnéaire française la plus titrée.

La station doit son nom de Paris-Plage en 1882 à Hippolyte de Villemessant, directeur-refondateur du quotidien Le Figaro, puis sa fondation et son développement à deux hommes : le Français Alphonse Daloz et le Britannique John Whitley. Elle est érigée en commune le 28 mars 1912.

Les traces les plus anciennes de la présence de l’homme remontent au Paléolithique. Un outillage de petites pointes et de lames, datées du Mésolithique, montre que les populations de cette époque vivaient de chasse, de pêche et de récolte de végétaux sauvages. De 9 000 ans BP jusqu’à 3 000 ans BP, une remontée des eaux connue sous le nom de transgressions flandriennes est provoquée par le réchauffement post-glaciaire. On trouve la trace d’importants échanges interrégionaux, y compris avec la Grande-Bretagne, que l’on date de l’âge du bronze (1500 av. J.-C).

En ces temps reculés, l’endroit où se trouve aujourd’hui le Touquet-Paris-Plage n’existait pas, il est le résultat de « l’engraissement » des deux côtés de la baie de la Canche par un apport massif de sable. Certains ont pensé que le port de Quentovic, se situait à l’endroit actuel du Touquet-Paris-Plage, alors qu’aujourd’hui les travaux des historiens sur sa localisation, permettent de le situer probablement à l’emplacement du village de la Calotterie. L’existence du port carolingien de Quentovic est avérée dès le VIIe siècle. La remontée des eaux au IVe siècle, estimée à cinq mètres, aurait provoqué l’ennoiement des parties basses du port de Boulogne-sur-Mer et l’aurait rendu en partie inutilisable. Quentovic, à proximité de la grande voie qui conduit vers Lyon, aurait ainsi peu à peu remplacé Boulogne. Jusqu’au Xe siècle, le port de Quentovic fut le principal port d’échange avec l’Angleterre. Le nom de Quentovic a été donné à une villa située le long du boulevard du Docteur-Jules-Pouget (anciennement boulevard de la Mer) construite en 1895, par l’architecte Louis Marie Cordonnier, et détruite au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, puis au quartier situé au nord-ouest du Touquet-Paris-Plage, compris entre l’avenue de Quentovic et le boulevard d’Artois, les dunes ont été arasées et le terrain nivelé vers 1923.

Le nom Touquet apparaît pour la première fois en 1758, avec l’appellation « pointe du Touquet », sur la carte générale de la France, établie sous la direction du cartographe César-François Cassini, cette carte signale : « Pointe de Lornet, Embouchure de la Canche, Pointe du Touquet, Gué d’Étaples, Trépied, Corps de Garde de l’Anse à l’avoine » puis, il apparaît une seconde fois quelques années plus tard, en 1764, avec l’appellation « banc du Touquet » sur les cartes du cartographe et hydrographe français Jacques-Nicolas Bellin, cette « carte des entrées de la rivière Canche et de ses environs jusqu’à Montreuil » signale : « Cucq, Trépied, grosses dunes ou Pourier, pointe du Nez, banc du Touquet ». Le domaine n’est alors constitué que de lais de mer et représente la partie extrême des garennes de Trépied, partie formant le tournant du littoral et l’estuaire de la Canche.

Le Touqet-Paris-plage, carte maximum, 1/09/1962.

Tout le domaine du Touquet, autrefois constitué uniquement par des dunes sauvages et arides, dépendait avant la Révolution française, de l’abbaye de Saint-Jossed.

Afin de fixer les dunes, compte tenu de l’ensablement grandissant, les lettres patentes royales proposent la plantation intensive d’oyats.

En 1819, l’État décide de dresser un plan précis de l’ancien domaine des moines de l’abbaye de Saint-Josse confisqué lors de la révolution. Les 1 600 hectares des garennes de Trépied, hameau de Cucq, sont estimés en 1827 et vendus le 31 janvier 1835 à M. Doms, un belge qui ne pourra payer la somme due. La vente est donc annulée.

Le 25 avril 1837, Alphonse Daloz, notaire parisien, achète ces terrains pour 150 000 francsk de l’époque et plante, de 1855 à 1882, sur plus de 800 hectares de garennes dunaires dans les bas-champs picards, des pins maritimes, des peupliers et des aulnes. La forêt du Touquet va stabiliser les dunes et donner à la commune une magnifique parure. Ces 800 hectares sont toujours couverts en 2011 par cette véritable forêt.

Le premier sémaphore est installé dès 1839 et le 20 novembre 1847, Étaples est desservie par la ligne ferroviaire Paris – Amiens – Boulogne. Les familles des premiers gardiens des deux phares s’installent en 1852 et donnent sa devise à la future commune : Fiat lux, fiat urbs.

Le 9 avril 1882, Alphonse Daloz crée le premier lotissement, dessiné par Raymond Lens, géomètre à Étaples, et l’appelle « Paris-Plage », reprenant la proposition d’Hippolyte de Villemessant. Alphonse Daloz meurt en 1885, mais les constructions vont se développer.

Le Touquet-Paris-plage, variété : plage normale tenant à plage bleue.

En 1892, Paris-Plage est reconnue comme nom officiel, par les différents ministères dont le ministère de l’intérieur et par le président du conseil des ministres Émile Loubet, grâce a la volonté de M. Ernest Legendre qui dira que le parrain de la station est M. Loubet.

En 1894, établissement des armoiries du Touquet, avec la devise Fiat Lux, fiat Urbs, par le Comte Robert de Guyencourt, héraldiste distingué, ancien président de la société des antiquaires de Picardie, membre de la société des antiquaires de France.

Toujours en 1894, le Britannique John Whitley annonce, avec grand fracas, son intention de créer une « plaisance » franco-britannique qu’il nomme « Mayville » en remplacement de Paris-Plage. Le plan qu’il propose a été dessiné par l’architecte Charles Garniera. En 1902, John Whitley et Allen Stoneham, propriétaires de la société britannique « Le Touquet Syndicate Ltd » rachètent pour la somme de 8 705 000 F, aux descendants d’Alphonse Daloz, les terrains encore invendus, soit près de 1 100 hectares. Puis, John Whitley crée le second lotissement (partie du Touquet aujourd’hui à l’est du Bd Daloz) dessiné par Joseph-Louis Sanguet. La prospérité du Touquet devient indissociable de la présence britannique et l’évolution de la station se retrouve dans la diversité de son architecture.

Pour satisfaire les désirs des Britanniques, plusieurs hôtels très luxueux vont être construits en très peu de temps : Atlantic Hôtel, Hôtel des Anglais, Hermitage-Hôtel, Golf-Hôtel, Hôtel Régina. De même, Le Touquet va s’équiper de deux casinos et d’un grand nombre d’installations sportives, John Whitley désire faire du Touquet un « paradis des sports ». Pierre de Coubertin inaugure le « champ des sports » le 14 juillet 1904.

En 1906, Louis Blériot s’installe au Touquet-Paris-Plage et réalise ses premiers essais de vol au-dessus des dunes. Ce sont les débuts de l’aviation et après les essais en vol plané de Louis Blériot, Gabriel Voisin (le 27 mai 1907) et Henri Farman juin 1907), René Caudron effectue le premier vol mécanique à Paris-Plage et fut le premier pilote à survoler la ville le 10 juillet 1910.

De 1940 à 1944, plus de 40 000 soldats allemands occupent la ville, hôtels et villas sont pillés. En 1943, ils démolissent le prestigieux Atlantic Hôtel au profit de l’organisation Todt afin d’en récupérer les matériaux qui sont envoyés en Allemagne par train. Sur chaque wagon, était inscrit « dons des français à leurs amis allemands ». Le mur de l’Atlantique est construit en 1943 et la première bombe alliée tombe le 2 octobre 1943. En juin 1944, les bombardements alliés sont très importants et font d’immenses dégâts et de nombreux morts, dont le maire Jules Pentiera.

Le jeune Secrétaire Général de Mairie de 37 ans, Fernand Holuigue, réussit, à partir de 1942, à éviter aux jeunes du Touquet-Paris-Plage, de 18 ans et plus, de partir au STO. La procédure, à mettre en place et qui est demandée par la Préfecture, consiste à convoquer les jeunes, de leur faire remplir des fiches et des questionnaires, après passage d’une visite médicale. Les dossiers complets doivent être transmis à la préfecture d’Arras, où le Préfet délivre un récépissé sous forme de carte remise à chacun des jeunes, et sur présentation de laquelle leur seront remis les tickets de ravitaillement. Toute cette procédure devant déboucher sur une convocation afin de partir en Allemagne travailler dans le cadre du STO. Sauf que les documents n’arriveront jamais à la préfecture. Après plusieurs rappels, Fernand Holuigue reçoit la liste d’un inspecteur de la préfecture et, pour une deuxième fois, la procédure est relancée… mais, de nouveau, les dossiers n’arrivent pas à la préfecture… Cette fois, en 1943, c’est Paris qui dépêche un inspecteur au Touquet-Paris-Plage, les échanges sont vifs et menaçants des deux côtés, mais nous sommes en 1943, l’espoir a changé de camp, la guerre sera bientôt finie, et « l’on se retrouvera » dit-il à son interlocuteur lors du départ de celui-ci. Enfin, un commissaire de police est dépêché en mairie du Touquet-Paris-Plage, afin d’assister à la distribution des tickets de ravitaillement, et de nouveau, des échanges vifs et menaçants des deux côtés. Finalement, aucun jeune ne partit travailler en Allemagne. Fernand Holuigue, évitera de justesse, après dénonciation, l’arrestation et la déportation.

La commune est libérée le 4 septembre 1944 par l’armée canadienne. On recense 106 745 mines (38 620 en ville, 54 125 dans les dunes, le champ de course et l’aérodrome, 13 800 sous les maisons et 200 dans la piscine), ce qui fit du Touquet la commune la plus minée de France.

Le Touquet, prêt-à-poster.

Les destructions sont très importantes, l’activité reprend très lentement. Les reconstructions commencent, par exemple, le 17 mai 1956, Bernard Chochoy, secrétaire d’État à la reconstruction et au logement, inaugure les motels de la « résidence du Golf » réalisés sur les plans de l’architecte Maurice Gridaine, et construits à l’emplacement de l’hôtel du golf détruit par les bombardements. En mars 1969, la ville loue pour vingt ans, la partie du casino de la forêt, hors salles de jeux, afin de réaliser la création d’un palais des congrès et permettre l’adhésion à « France Congrès » et, à partir de 1970, le 6 février, le Touquet-Paris-Plage est admis comme treizième ville congrès de France avec effet au 1er janvier 1971, suite à cette admission, du 11 au 14 juin 1970 l’assemblée nationale de la Table Ronde célèbre, avec 700 participants, au Touquet-Paris-Plage son XXe anniversaire, le tourisme se développe à nouveau avec la construction du lycée hôtelier en 1972 à la place de l’hôtel Royal Picardy, la création en 1974 par Louison Bobet du centre de thalassothérapie, la première édition en 1975 de l’Enduro du Touquet créé par Thierry Sabine, la transformation en 1976 du Normandy en Casino des 4 saisons. Les animations tout au long de l’année font du Touquet la « Station des 4 saisons ».

Le 4 février 2003, Le Touquet-Paris-Plage fait la une des médias à l’occasion du sommet franco-britannique qui réunit Jacques Chirac et Tony Blair. Puis en juillet 2003, le déclassement de la petite piste de l’aéroport permet le lancement du projet de l’espace « Nouveau siècle ». C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre dans l’histoire du Touquet. En 2009, la politique événementielle de la ville est recentrée autour du sport, de la culture, de la famille et de la gastronomie ; de nouvelles manifestations sont organisées.

Pour fêter le centième anniversaire de la station le 28 mars 2012, la municipalité a cherché à en faire « la station de l’élégance », à l’image de ce qu’elle fut dans les années 1930, et a défini cent projets pour les cent ans de la commune.

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Sources : Wikipédia, YouTube.