Ville de Tachkent (Ouzbékistan).

Tachkent (en ouzbek : Toshkent) est une métropole d’Asie centrale, capitale de l’Ouzbékistan. Située dans l’est du pays, à quelques dizaines de  kilomètres de la frontière kazakhstanaise, elle compte 2,7 millions d’habitants (2021). Administrativement, elle est à la fois une ville (Toshkent Shahri) et la capitale de la province de Tachkent (Toshkent Viloyati). La ville de Tachkent fut témoin de la bataille de la rivière Chirciq.

Son nom signifie « citadelle de pierre » (taš : pierre et kand, kent : ville ou bourg, en ouzbek). Elle a aussi porté, dans le passé, les noms de Tchatch, Chach (Shash) et Binkent. Les deux premiers sont apparentés au mot taš qui signifie « pierre », le deuxième est aussi à l’origine des mots chéchia et chèche.

Les sources ne concordent pas à propos de l’âge de la ville car les preuves historiques sont rares. Selon les autorités ouzbèkes, Tachkent aurait 2 200 ans d’histoire en 2009, tandis qu’en 1983, les autorités soviétiques avaient célébré les 2 000 ans de la ville.


Le berceau — et donc l’âge exact — de l’actuelle Tachkent suscitent les controverses. En effet, Tachkent (dans sa limite actuelle) ne dispose pas d’un seul et unique noyau historique, mais de plusieurs sites archéologiques disparates.

Le plus ancien des sites antiques connus dans cette région est Kanka qui se trouve à l’extérieur de la ville actuelle dans le district d’Akkourgan de la province de Tachkent. Kanka fut fondé vers le IIIe siècle av. J.-C.

Avant d’entreprendre sa campagne en Inde en 326 av. J.-C., Alexandre le Grand quitte son quartier général à Maracanda (Samarcande) pour  conquérir la citadelle à la place de l’actuelle Tachkent, au sud de laquelle, sur Jaxartes (Syr-Daria), il ordonne la construction d’une ville-comptoir et forteresse qu’il nommera Alexandrie Eskhatè (extrême), l’actuelle Khodjent au Tadjikistan.

Les chroniques chinoises du IIe siècle av. J.-C. citent un autre site situé dans la limite de la ville actuelle, Yuni, faisant partie du pays de Kangju.

Longtemps considérée comme le véritable berceau de Tachkent, la ville-État de Tchatch (aussi appelée Chach-tépa), composée de plusieurs sites fut établie au Ier siècle. Elle devient rapidement une grande oasis prospère dont le roi sassanide perse Shapur Ier fait mention dans ses écrits en 262.

Pendant longtemps, cette ville, située sur les bords de la rivière Tchirtchik, affluent du Syr-Daria, près de la chaîne montagnarde de Tian Shan, fut une étape importante sur la Route de la soie, pour les voyageurs faisant du commerce entre la Chine et l’Europe, le point de départ des caravanes allant vers la vallée de Ferghana, Kashgar et ensuite vers l’Empire du Milieu avant d’être anéanti au début du VIIIe siècle par les invasions arabes. Les vestiges de Madina Tchatcha (capitale de Tchatch) subsistent encore sous la colline Ming o’rik (Mingouriouk dans sa forme russifiée), dont le nom signifie « mille abricotiers ».

Les conquérants, les périodes de prospérité et de déclin se succédèrent ici : Tchatch joua le rôle d’une petite ville provinciale, comme celui d’une forte capitale. Plusieurs siècles durant, cette ville attise les convoitises et subit la dominance de divers conquérants : des chahs perses, en passant par les hordes des Huns et des Yuezhi.

Point d’attache important du commerce et de l’artisanat sur les itinéraires de caravanes, l’actuelle Tachkent fut aussi le pôle principal du zoroastrisme jusqu’à ce que la conquête arabe, à la suite de la bataille de Talas au début du viiie siècle, y importât l’islam.

Le célèbre pèlerin chinois Xuanzang passa vers 631 par Tachkent et Samarcande lors de son voyage en Inde à la recherche de manuscrits sacrés bouddhiques.

À partir de cette époque, la destruction de Tchatch par les troupes du général arabe Qutayba ibn Muslim vers 715 force Tachkent à se rebâtir plus au nord, à l’actuel emplacement des quartiers Khadra, Eski-Djuva et Tchorsu, sous le nom de Binkent. Elle se retrouva à son tour dans les possessions de divers khalifats musulmans avant de tomber aux mains des Mongols au début du XIIIe siècle qui l’ont complètement détruite en 1219. Plus tard, elle renaît sous le règne des Timourides (XVe siècle) et des Chaybanides qui leur ont succédé à partir de 1507, pour mener ensuite assez longtemps une existence indépendante, entre autres sous le règne de Bâbur, avant d’être annexée, à son tour, par le khanat de Kokand en 1809.

En 1867, après une conquête fulgurante des troupes russes menées par le général Mikhaïl Tcherniaïev (1865), Tachkent devint le siège du gouvernement général de ce qui fut formé en tant que Turkestan russe et le chef-lieu administratif de l’oblast du Syr-Daria. La ville voit ensuite  l’arrivée massive d’immigrants russes et d’autres nationalités de l’Empire, attirés par le climat clément de cette contrée orientale nouvellement conquise. Tachkent est alors divisée entre ville nouvelle (russe), verte et européenne, et vieille ville (autochtone), traditionnelle et poussiéreuse. À la limite de la nouvelle et de la vieille ville, de part et d’autre du vieux canal Ankhor, s’est constitué le centre moderne de Tachkent, bordé par des bâtiments administratifs et des édifices publics, notamment autour de la place de la cathédrale (aujourd’hui place de l’Indépendance). En 1901, le tramway de Tachkent effectue son premier parcours au centre-ville.

Avec la chute de l’Empire russe, le gouvernement provisoire lève toutes les restrictions qui étaient basées sur la religion et l’origine, une vague  d’enthousiasme se leva. Un défilé d’ouvriers et de soldats a lieu le 10 mars 1917 au son de la Marseillaise. En avril 1918, la ville devint la capitale de la République soviétique autonome du Turkestan.

En 1924, la ville de Samarcande devint la capitale de la République socialiste soviétique d’Ouzbékistan, et le resta jusqu’en 1930, date à laquelle Tachkent fut à nouveau désignée capitale d’Ouzbékistan.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Tachkent accueille plusieurs  centaines de milliers de familles soviétiques fuyant l’invasion hitlérienne à l’ouest, dont de multiples orphelins de guerre, ce qui accélère la russification de la ville. Une partie des industries lourdes de la partie européenne de l’URSS est également évacuée à Tachkent. Ces usines resteront en Ouzbékistan après la guerre, contribuant ainsi à  l’industrialisation de la République. La célèbre poétesse russe Anna Akhmatova, fuyant tant les Allemands que Staline, se réfugie aussi dans la capitale ouzbèke de 1941 à 1945.

L’immigration de tous les coins de l’URSS crée un élan pour le science et la culture. En 1943, ouvre l’Académie des sciences de la RSS d’Ouzbékistan, puis suivent 23 instituts de recherche. Plusieurs studios de cinéma  soviétiques y sont également évacués pendant la guerre. Après la guerre, la ville connaît également un grand essor architectural (théâtre Navoï, théâtre Moukimi, etc.).

Le 4 janvier 1966 est organisée à Tachkent la Conférence indo-pakistanaise, qui aboutit au rétablissement des relations diplomatiques entre ces deux pays. Le premier ministre indien Lâl Bahâdur Shâstrî meurt à Tachkent d’une crise cardiaque le lendemain de la signature de l’accord historique avec le président pakistanais Muhammad Ayub Khan le 10 janvier 1966.

Tachkent et sa région sont sévèrement frappées par un tremblement de terre le 26 avril 1966, après lequel un vaste programme de reconstruction est lancé, grâce à la participation de toutes les républiques soviétiques. Reconstruite, la ville acquiert un aspect architectural moderne et original, avec des parcs, grandes places et larges avenues boisées. La ville ne connaissant presque pas de précipitations entre les mois de juin et septembre, un réseau de mini-fontaines et de mini-canaux d’irrigation (oryqs ou aryks) est installé à travers tout Tachkent pour arroser les gazons et les arbres, massivement plantés dans les nouveaux quartiers comme Tchilanzar. Après le tremblement de terre de 1966, Tachkent prend l’aspect d’une ville moderne à l’urbanisme typiquement soviétique (larges avenues boisées, quartiers constitués en blocs d’habitations, etc.). La place Lénine (ancienne place Rouge et ancienne place de la cathédrale) est agrandie plus de trois fois et demie avec une nouvelle statue de Lénine.

Après 1966, la capitale ouzbèke connaît une expansion considérable. Sa superficie double par rapport à 1946. Tachkent devient ainsi la ville la plus peuplée d’Asie centrale, dépassant de loin sa rivale, la ville d’Almaty, ancienne capitale du Kazakhstan. Tachkent est désormais une métropole industrielle moderne (machinerie agricole, aéronautique, textile, etc.) et culturelle ouzbèke. Elle abrite des universités, plusieurs dizaines de facultés et de nombreux théâtres et musées. Dans les années 1960-1980, Tachkent a accueilli le prestigieux Festival international de films d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.

Tachkent (la plus grande ville d’Asie centrale), vue de l’espace (zone grise en haut à droite) dans la vallée de la rivière Chirchiq. Dans les zones non-désertiques, on voit les champs de coton qui dominent (devant le blé, le riz, le jute, les melons et divers légumes). Au centre, la masse d’eau vert foncé est le réservoir de Shardara (lac artificiel issu du du barrage de Chardara, consacré à l’irrigation ; la couleur claire montre l’accumulation de sédiments apportés par le fleuve Syr Darya. On distingue aussi les 4 000 km2 du lac Aydar, également artificiel (le plus grand réservoir d’Ouzbékistan).

Le 16 février 1999, Tachkent subit six explosions, dont une devant le Parlement, peu avant l’arrivée du président Islom Karimov. Les bombes font seize morts et cent trente blessés, et ravagent certains immeubles gouvernementaux ainsi que le siège social de la Banque nationale. Les autorités croient à un attentat contre le président et accusent la mouvance islamique. En 2004, deux autres attentats attribués au mouvement  islamiste Hizb ut-Tahrir ont lieu à Tachkent : fin mars une explosion visant les forces de l’ordre se produit sur le bazar de Tchorsu, et fin juillet, des attentats suicides sont perpétrés simultanément contre les ambassades des États-Unis et d’Israël. Depuis, la police (militsia) est omniprésente : les contrôles ont été renforcés dans les endroits populaires et à la sortie de l’agglomération. Néanmoins, le climat politique est revenu à la normale et les élections législatives (26 décembre 2004 et 9 janvier 2005) se sont déroulées dans le calme et sans incident.

Depuis 2000, un réseau de voies rapides et d’échangeurs routiers a été créé dans Tachkent pour désengorger le trafic automobile en constante augmentation, et accélérer l’accès aux quartiers périphériques. Plusieurs endroits de la ville ont connu d’importantes transformations (construction de routes, de parcs ou de nouveaux immeubles), souvent accompagnées par une destruction de quartiers entiers ou d’immeubles historiques.

En 2018, la décision des autorités de créer « Tachkent City », un grand centre d’affaires, conduit à l’expulsion des milliers d’habitants du centre historique de la ville et déclenche une vague de protestations.

Source : Wikipédia.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.