Alexandre le Grand, roi de Macédoine.

Alexandre le Grand (en grec ancien : Ἀλέξανδρος ὁ Μέγας / Aléxandros ho Mégas ou Μέγας Ἀλέξανδρος / Mégas Aléxandros) ou Alexandre III (Ἀλέξανδρος Γ’ / Aléxandros III), né le 21 juillet 356 av. J.-C. à Pella et mort le 11 juin 323 av. J.-C. à Babylone, est un roi de Macédoine et l’un des  personnages les plus célèbres de l’Antiquité. Fils de Philippe II, élève d’Aristote et roi de Macédoine à partir de 336, il devient l’un des plus grands conquérants de l’histoire en prenant possession de l’immense Empire perse et en s’avançant jusqu’aux rives de l’Indus.

Après l’assassinat de Philippe, Alexandre hérite d’un royaume puissant et d’une armée expérimentée. Reprenant le projet panhellénique de son père, il réunit la Macédoine et des cités grecques dans une coalition afin d’envahir l’empire perse. En 334, il débarque en Asie, démarrant une campagne qui dure dix ans. Il remporte une première victoire contre les satrapes perses au Granique qui lui offre l’Anatolie. Puis en 333, il défait le roi Darius III à Issos. Il entreprend la conquête de la Phénicie et marche jusqu’en Égypte où il est proclamé pharaon. La victoire à Gaugamèles en 331 lui offre la totalité de l’empire perse. Il mène ensuite une campagne contre les généraux perses insoumis et s’avance jusqu’au pays des Scythes. Il dirige enfin une dernière campagne au Pendjab et dans la vallée de l’Indus (Pakistan actuel) durant laquelle il remporte la bataille de l’Hydaspe ; mais en 326 ses soldats refusent d’avancer plus loin. Il meurt en 323 à Babylone probablement de maladie, à l’âge de trente-deux ans, avant d’avoir pu mener à bien ses projets de conquête de l’Arabie.

Roi-bâtisseur, Alexandre a fondé une vingtaine de cités, la plus importante étant Alexandrie d’Égypte, et a implanté des colonies jusqu’aux confins de l’Asie, étendant notablement l’influence de l’hellénisme. Il se place dans la continuité des souverains achéménides et cherche à assimiler les élites asiatiques avec pour objectif d’assurer la pérennité de l’empire qu’il a créé, comme en témoigne notamment son mariage avec une princesse de Bactriane, Roxane. Son empire est partagé à sa mort entre ses principaux généraux, les Diadoques, qui forment à la fin du ive siècle av. J.-C. les différents royaumes de la période hellénistique.

L’immense postérité d’Alexandre à travers l’histoire, les cultures et les religions s’explique par l’ampleur de ses victoires militaires, par sa volonté de conquête de l’ensemble du monde connu et par sa personnalité  empreinte de philosophie mais aussi de démesure. Son épopée suscite dès l’Antiquité de nombreuses publications littéraires. Néanmoins les écrits des historiens contemporains des événements ont tous disparu ; seuls subsistent de nos jours leurs abréviateurs, dont certains sont à l’origine des légendes le concernant. Parmi ses récits légendaires, le Roman d’Alexandre occupe une place à part ; issu des écrits du Pseudo-Callisthène, il mêle l’histoire et le fantastique pour devenir l’un des ouvrages non religieux les plus lus au Moyen Âge, en Occident comme en Orient.

Dès le règne d’Alexandre se construit un mythe qui le présente comme un héros divinisé. Cette renommée, malgré des critiques eu égard à ses excès ou à sa cruauté, dépasse ensuite les frontières du monde grec pour prendre place parmi les écrits des religions monothéistes. Dans la Rome antique, il est considéré comme un modèle pour nombre de généraux et d’empereurs. Dans l’Empire byzantin, il bénéficie d’une grande popularité dans tous les milieux sociaux et représente l’idéal du souverain, tout en connaissant une forme de christianisation. Dans l’Europe médiévale, il est vu comme un exemple de vertus chevaleresques au travers du Roman d’Alexandre. À l’époque moderne, il est un temps un modèle pour Louis XIV. Au siècle des Lumières, il apparaît comme celui qui a étendu la civilisation européenne et ouvert le commerce entre l’Europe et l’Asie. À l’époque contemporaine, il inspire la volonté d’indépendance des Grecs et devient le modèle du « conquérant-civilisateur » pour les promoteurs de la  colonisation européenne. En Asie, il bénéficie d’une grande postérité sous le nom d’Iskandar (ou Iskander). Enfin, il est représenté dans de nombreuses œuvres d’art de l’Antiquité jusqu’à nos jours.


Alexandre est né à Pella, la capitale du royaume de Macédoine, le 20 ou le 21 juillet 356 av. J.-C. Il est le fils aîné du roi de Macédoine Philippe II, de la dynastie des Argéades, et d’Olympias, sa troisième épouse, princesse éacide d’Épire de la tribu des Molosses. Il a pour sœur Cléopâtre née en 355. Par son père, il prétend descendre de Téménos d’Argos, lui-même supposément descendant d’Héraclès, fils de Zeus. Par sa mère, il affirme descendre de Néoptolème, fils d’Achille.

Une légende, connue dès l’Antiquité, dit qu’Olympias n’aurait pas conçu Alexandre avec Philippe, qui a peur d’elle et de son habitude de dormir en compagnie de serpents, mais avec Zeus. Alexandre se sert de ces contes populaires à des fins politiques, faisant parfois référence au dieu plutôt qu’à Philippe quand il évoque son père. Une autre légende datant du IIIe siècle apr. J.-C., d’origine alexandrine et attribuée au Pseudo-Callisthène, veut qu’Alexandre soit le fils du dernier pharaon d’Égypte de la XXXe dynastie, Nectanébo II, chassé du pouvoir par Artaxerxès III et réfugié à la cour de Philippe.

Selon une affirmation rapportée entre autres par Plutarque, Alexandre serait né la nuit même où Érostrate a incendié le temple d’Artémis à Éphèse, l’une des sept merveilles du monde antique. Alexandre utilisera plus tard cette coïncidence pour renforcer son aura politique en proposant de financer la restauration du temple, qui est cependant refusée par les Éphésiens. Plutarque indique également que Philippe et Olympias ont rêvé de la future naissance de leur fils. Après avoir consulté Aristandre de Telmessos, celui-ci détermine qu’Olympias est enceinte et que l’enfant aura le caractère d’un lion.

À l’âge de 10 ans, si l’on en croit Eschine, Alexandre aurait joué de la lyre et récité des tirades tragiques devant des ambassadeurs athéniens conduits par Démosthène, qui l’aurait raillé.

La question de l’appartenance culturelle des Macédoniens, et donc  d’Alexandre en particulier, reste l’objet d’un débat historiographique. Aux yeux des Grecs de l’époque classique, dont Aristote et Démosthène, les Macédoniens sont, pour des raisons politiques, considérés comme des barbares. Platon les considère lui comme des « demi-barbares » (mixobarbaroi). Quoi qu’il en soit, la plupart des historiens modernes, qui s’appuient sur de récentes découvertes archéologiques, contestent une vision trop « athénocentrique » de la civilisation hellénique qui  considèrerait comme « barbares » tous les peuples vivant au nord et à l’ouest de Delphes. Aujourd’hui, il est attesté que les Macédoniens parlent un dialecte grec, l’ancien macédonien, dont la forme écrite s’avère proche de celle des dialectes de Thessalie et d’Épire. Ils vénèrent par ailleurs les divinités olympiennes.

Alexandre apparait donc profondément influencé par la culture hellénique. Dès l’époque d’Archélaos Ier (fin du Ve siècle av. J.-C.), la langue officielle de la cour et de la chancellerie macédonienne devient l’attique. Philippe II, qui a séjourné comme otage à Thèbes entre 368 et 365, parle couramment l’attique. Selon Plutarque, Alexandre ne parle l’ancien macédonien que sous le coup d’une forte émotion. Il connaît par cœur des citations de l’Iliade d’Homère, dont il emporte un exemplaire en Asie annoté de la main d’Aristote, son précepteur80. Ayant pour modèle héroïque Achille, il considère cette œuvre comme la « meilleure provision pour l’art militaire ». Il y puise la « doctrine homérique de la guerre » : le chef doit exalter le courage des combattants, chercher les moyens de vaincre en préservant la vie de ses hommes et profiter des points faibles de l’ennemi. Il a aussi lu les Histoires d’Hérodote ainsi que l’Anabase et la Cyropédie de Xénophon, auteurs qu’il saura exploiter durant ses conquêtes. Ces auteurs lui ont en effet appris que le principe de la bataille rangée l’emporte sur la « multitude des barbares » et que la victoire est offerte, non par le nombre, mais par la bravoure et l’obéissance au chef. Il se montre aussi familier des tragédies d’Eschyle, Sophocle et Euripide dont il se fait amener les œuvres alors qu’il conquiert l’Asie. Il possède également des notions de médecine, théoriques et pratiques. Enfin, la chasse parait être un élément prépondérant de son éducation conformément aux idées de Xénophon et d’Isocrate.

Sous le règne de Philippe II, le royaume de Macédoine a triplé sa surface et étendu son hégémonie sur la Grèce. Après avoir soumis les peuples voisins (Illyriens, Péoniens et Thraces), Philippe défait les Phocidiens en 352 av. J.-C. durant la troisième guerre sacrée puis soumet la Ligue chalcidienne. Surtout, il triomphe d’une coalition réunissant Athènes et Thèbes à la bataille de Chéronée en 338. Alexandre y fait ses preuves en commandant la cavalerie de l’aile gauche et en taillant en pièces le bataillon sacré des Thébains contre lequel il se jette en premier selon une tradition historique. Il est chargé, en compagnie d’Antipater, de ramener à Athènes les cendres des soldats tués à la bataille. Après cette retentissante victoire, Philippe fonde la ligue de Corinthe qui rassemble sous son commandement toutes les cités grecques, à l’exception de Sparte. La ligue a un double objectif : assurer l’hégémonie de la Macédoine en Grèce et porter la guerre contre l’Empire perse.

En 340, Alexandre, âgé de seize ans et élève d’Aristote, est appelé par Philippe à la cour de Pella afin d’apprendre le fonctionnement de l’État105. C’est à cette époque qu’il aurait dompté Bucéphale. Puis, son père étant parti assiéger Périnthe et Byzance, il se voit confier la régence de Macédoine, même s’il est entouré de conseillers expérimentés tel Antipater. En 339, il reçoit son premier commandement militaire lors d’une campagne contre des tribus thraces dans la région du Strymon, avec pour objectif d’assurer le contrôle des frontières de la Macédoine. Cette campagne victorieuse, qui s’apparente davantage à un raid, aboutit à l’installation d’une garnison dans une ville appelée Alexandropolis dans le massif de la Rila, en actuelle Bulgarie. Il profite de cette expédition pour entrer en contact avec une tribu péonienne qui lui fournit des peltastes d’élite, les Agrianes.

En 339, intervient une intrigue concernant Pixodaros, satrape de Carie. Celui-ci tente en effet de marier sa fille à Arrhidée, le deuxième fils de Philippe ; mais son projet est contrecarré par Alexandre et quelques-uns de ses amis proches, Ptolémée, Néarque, Harpale, Laomédon et Érigyios. En représailles, ces derniers sont condamnés à l’exil et n’en reviendront qu’après la mort de Philippe.

En 336, une violente dispute oppose le père et le fils quand ce dernier prend le parti de sa mère Olympias, alors que Philippe souhaite imposer comme seconde épouse légitime Cléopâtre, nièce du puissant général Attale, et dont il a bientôt un enfant. Alexandre doit se réfugier dans la famille de sa mère en Épire. La brouille ne dure pas, Alexandre sauvant la vie de son père lors d’une confrontation avec les Triballes.

Au cours de l’été 336 av. J.-C., Philippe II est assassiné pendant la cérémonie de mariage de sa fille Cléopâtre avec le roi d’Épire, Alexandre le Molosse, frère d’Olympias. L’assassin est un jeune noble et garde du corps (sômatophylaque), Pausanias d’Orestide, qui garde une rancune envers le roi après avoir subi un viol. Certains auteurs antiques ont cru que le meurtre de Philippe est une machination impliquant Olympias, et peut-être Alexandre ; mais d’autres auteurs penchent pour un mobile personnel. Peu d’historiens contemporains considèrent qu’Alexandre est impliqué dans le meurtre de son père alors que toute la conduite de Philippe montre qu’il entend en faire son successeur. Une autre hypothèse met en cause Darius III, roi de Perse depuis 336. Arrien mentionne ainsi une lettre virulente d’Alexandre adressée à Darius, après la bataille d’Issos (333), qui le blâme pour le meurtre de son père. Alexandre aurait également demandé à l’oracle d’Amon à Siwa s’il a bien puni tous les assassins de son père.

Après l’assassinat de Philippe à l’été 336, l’Assemblée des Macédoniens proclame, avec le concours d’Antipater, Alexandre, alors âgé de vingt ans, nouveau roi des Macédoniens. Les cités grecques, en premier lieu Athènes et Thèbes, qui ont prêté allégeance à Philippe, ne souhaitent pas renouveler leur alliance avec le nouveau roi. Alexandre ordonne immédiatement l’exécution de tous ses rivaux potentiels. Ainsi, il fait tuer son cousin Amyntas IV, roi vers 360-359 que Philippe II a renversé alors qu’il n’était qu’un enfant. Olympias, profitant d’une absence de son fils parti guerroyer au nord, fait tuer Cléopâtre en contraignant cette dernière à se pendre après avoir vu sa fille, Europa, égorgée dans ses bras. L’oncle de Cléopâtre, Attale, alors en campagne en Asie Mineure avec Parménion, est assassiné, sans que l’on sache si la reine-mère a agi avec l’assentiment d’Alexandre. Alexandre, sous les conseils de sa mère, fait également exécuter Caranos, un fils de Philippe et de Phila, ainsi que deux princes de Lyncestide. À cette date le nouveau roi de Macédoine n’a plus de rival capable de lui contester le trône.

Alexandre n’est pas seulement roi des Macédoniens, mais aussi, comme son père Philippe II, archonte à vie des Thessaliens, hégémôn (« commandant ») et stratège de la ligue de Corinthe. De ce fait, il entreprend une rapide tournée diplomatique en Grèce afin que le réseau constitué patiemment par son père ne se délite pas. L’allégeance thessalienne est renouvelée tandis que les Athéniens prêtent serment au nouvel hègémôn.

Cependant, avant de porter la guerre contre les Perses en Asie, Alexandre doit assurer la sécurité du royaume par deux expéditions contre les barbares du nord, l’une jusqu’au Danube, l’autre en Illyrie révoltée. En effet, escomptant profiter de la mort de Philippe, des tribus thraces et gètes menacent la Macédoine. Au printemps 335 av. J.-C., alors qu’Antipater exerce la régence, Alexandre vainc les Gètes, puis traverse le pays des Odryses. Il défait les Triballes du roi Syrmos sur les bords du fleuve Hémos, près du delta du Danube. Syrmos a perdu près de 3 000 guerriers, poussant les autres tribus à la paix. Alexandre désigne Zopyrion gouverneur de la Thrace. Des émissaires celtes, probablement des Scordiques, rencontrent à cette occasion Alexandre sur le Danube. La frontière septentrionale du royaume est dès lors fixée le long du Danube.

Mais dans le même temps, des peuplades illyriennes font une incursion en Macédoine, avec à leur tête Clitos, roi des Dardaniens, qui parvient à rallier les Taulantiens du roi Glaucias et les Autariates du roi Pleuras. En juillet 335, Alexandre marche avec ses troupes vers le territoire des Agrianes en Péonie, dont le roi Langaros lui vient en aide. Victorieux au siège de Pélion en décembre 335, Alexandre contraint les Illyriens au repli. Clitos retrouve néanmoins son trône, devenant vassal du royaume de Macédoine.

Tandis qu’Alexandre est occupé au nord contre les Triballes, des cités grecques décident se révolter contre les Macédoniens. C’est le résultat de la politique de Darius III qui, grâce à Memnon de Rhodes, a reconquis les territoires pris par Parménion à la fin du règne de Philippe II, et tente de susciter une révolte en Grèce en envoyant des fonds aux cités. La rumeur de la mort d’Alexandre sur le Danube déclenche la rébellion de Thèbes, qui abrite une garnison macédonienne depuis sa défaite à Chéronée en 338 av. J.-C., alors qu’Athènes et Sparte promettent de l’aider.

La riposte d’Alexandre est foudroyante. Il aurait d’ailleurs déclaré selon Plutarque : « Démosthène me traitait d’enfant quand j’étais en Illyrie et chez les Triballes, puis d’adolescent quand je suis entré en Thessalie ; je veux lui faire voir devant les murs d’Athènes, que je suis un homme ». Alexandre traverse la Grèce à marche forcée avec son armée au complet et franchit les Thermopyles surprenant les Thébains alors occupés à assiéger la garnison macédonienne installée dans l’acropole de la Cadmée. À l’issue de la bataille de Thèbes et malgré une vive résistance, la cité tombe aux mains des Macédoniens en décembre 335, d’autant que les Athéniens et les Spartiates ne lui sont pas venus en aide. Conformément aux directives de la ligue de Corinthe où les Thébains comptent de nombreux ennemis, la cité est entièrement rasée ; seuls sont épargnés la citadelle de la Cadmée, la maison natale de Pindare par égard pour ses relations avec les Argéades, ainsi que les temples. Sa population, soit 30 000 personnes, est réduite en esclavage et les terres partagées entre les vainqueurs. Manifestant un repentir après la destruction de Thèbes, Alexandre cherchera tout au long de son règne à se prémunir contre le courroux de Dionysos, dont la mère Sémélé est la fille de Cadmos, fondateur de la cité, en l’honorant par de nombreux sacrifices.

Alexandre épargne néanmoins Athènes. Cette générosité peut s’expliquer par le fait que le roi ne peut se permettre de détruire le principal centre intellectuel de la Grèce à la veille d’une expédition panhellénique, alors que cette cité est faite selon lui « pour donner la loi au reste de la Grèce » quand il sera en Asie ; son ancien précepteur Aristote s’installe d’ailleurs cette même année à Athènes pour y fonder le Lycée. Il est aussi envisageable que les talents de négociateurs de Phocion et surtout de Démade aient convaincu le roi de ne pas détruire la cité. Alexandre réclame en vain que lui soient livrés Démosthène, Lycurgue et Hypéride.

Alexandre décide ensuite de visiter la Grèce en vainqueur. C’est à Corinthe qu’il rencontre, à l’hiver 335, Diogène de Sinope le philosophe cynique, qui clame : « Ôte-toi de mon soleil », Alexandre répliquant alors à ses officiers : « Si je n’étais Alexandre, je voudrais être Diogène ». À la même période, Alexandre se rend également à Delphes. Comme la Pythie ne peut émettre de prophétie, Apollon passant pour être absent pendant les mois d’hiver, Alexandre, selon la légende, l’aurait prise par le bras pour la mener malgré elle au trépied sacrificiel. Elle s’écrie alors : « Ô mon fils, tu es irrésistible ! », Alexandre considérant cette exclamation comme un oracle.

Alexandre reprend à son compte le projet panhellénique de son père Philippe II, fidèle à la pensée d’Isocratequi appelle à l’union des Grecs autour du royaume de Macédoine contre l’ennemi héréditaire que représentent les Perses. La guerre contre l’Empire achéménide semble inévitable depuis qu’Artaxerxès III est venu en aide à Byzance et à Périnthe en 340 av. J.-C. avec pour objectif de réduire cette expansion macédonienne qui remet en cause la « Paix du Roi ». Philippe n’a pas envisagé la conquête de l’ensemble de l’Empire perse, mais plutôt d’en détacher les provinces égéennes où l’influence grecque est forte, au contraire du plateau anatolien fortement iranisé. Il cherche aussi à fédérer les Grecs contre les Perses, avant que ceux-ci ne s’allient contre lui ; d’ailleurs certains Grecs espèrent que cette expédition affaiblira la Macédoine et correspondent secrètement avec les Perses.

À l’automne 335, l’assemblée de la ligue de Corinthe fixe les modalités de l’expédition en Asie, où une tête de pont strictement macédonienne, commandée par Parménion et Attale, est déjà installée depuis 336 en Troade. Alexandre accélère l’expédition car cette tête de pont reste fragile. Il entend aussi s’affranchir de la tutelle d’Antipater, qu’il a désigné régent de Macédoine, et acquérir un prestige militaire qui lui permettrait de supplanter Parménion et son encombrante famille. Les deux généraux estiment par ailleurs qu’Alexandre doit se marier avant de lancer cette expédition afin d’éviter une crise dynastique s’il mourrait sans héritier. À cette date, malgré sa jeunesse, Alexandre a déjà montré sa force de décision, son sens politique et son talent militaire. La campagne contre les peuples septentrionaux a dépassé ce que son père a accompli, tandis que la destruction de Thèbes a calmé les velléités de révolte des Grecs. Pour autant, il reprend à son compte la politique de son père et l’instrument militaire qu’il a forgé, tout en s’appuyant sur des officiers fidèles à sa mémoire.

Dans le prolongement de Philippe II qui a forgé l’outil de la conquête, Alexandre bénéficie de nombreux atouts militaires, qui vont au-delà de son charisme personnel ou de son courage dans la bataille. Il dispose d’abord, au départ de l’expédition, d’une armée aguerrie par les guerres de Philippe. Cette armée est formée d’une phalange, à la fois puissante et mobile, d’une cavalerie lourde, véritable force d’assaut, d’une cavalerie légère, rapide à la manœuvre, de tirailleurs, utiles pour le harcèlement, et d’engins de siège, efficaces pour la prise des places fortes. Il s’appuie aussi sur la loyauté de ses Compagnons (hétaires), dont un escadron de 300 cavaliers forme sa garde (ou agéma), et peut compter sur les épigones (« héritiers ») perses recrutés à partir de 330 av. J.-C. Enfin, il tire avantage d’une bonne connaissance du terrain grâce à l’emploi systématique d’éclaireurs avant les grandes batailles.

L’armée d’Alexandre dispose d’une grande supériorité tactique et technique sur ses adversaires. La cuirasse de 15 kg et le bouclier de 1 mètre de diamètre, qui alourdissent les hoplites grecs, ont été abandonnés à l’initiative de Philippe II. Les phalangites macédoniens (Compagnons à pieds ou pézétaires) portent un équipement défensif allégé et sont principalement armés d’une longue pique de 5,5 mètres, la sarisse. Durant les phases défensives, les phalangites forment une muraille de boucliers dont jaillissent une forêt de piques permettant de soutenir la puissance des charges adverses. Dans les phases offensives, les masses et les énergies cinétiques des phalangites se cumulent, rendant le choc tel qu’il peut renverser plusieurs rangs d’infanterie adverse. Cet allègement permet également d’équiper un plus grand nombre d’hommes. La cavalerie lourde des Compagnons compense le manque de maniabilité des phalanges en protégeant leurs flancs vulnérables et en attaquant dans une formation « en coin » ceux de l’adversaire. Alexandre utilise donc la tactique dite du « marteau » (la cavalerie) et de « l’enclume » (l’infanterie) pour remporter les batailles rangées.

Les effectifs au départ de l’expédition d’Asie sont d’environ 40 000 fantassins et 1 800 cavaliers macédoniens, auxquels s’ajoutent un chiffre équivalent de cavaliers thessaliens et 600 autres recrutés dans les États grecs de la ligue de Corinthe. Ces effectifs, relativement faibles, sont à comparer aux 50 000 mercenaires grecs combattant dans l’armée perse. Les barbares du Nord (Thraces, Péoniens, Triballes, Agrianes), motivés par l’appât du gain, fournissent de nombreuses troupes. Les fantassins de la phalange, au nombre de 32 000, sont recrutés parmi la classe des propriétaires terriens. À ces troupes, il convient probablement d’ajouter les survivants du corps expéditionnaire envoyé par Philippe en Asie Mineure sous le commandement de Parménion et d’Attale, soit au départ environ 10 000 hommes. Alexandre ne laisse pas la Macédoine totalement dégarnie. Il laisse à Antipater, désigné régent en l’absence du roi, la moitié de la cavalerie, soit environ 1 500 hommes et 12 000 fantassins. Au fil des conquêtes des renforts parviennent d’Europe, tandis que des troupes indigènes sont intégrées comme les 30 000 Perses intégrés à la phalange. De manière plus anecdotique, Plutarque écrit qu’Alexandre commande à ses généraux de raser leur barbe et celles des soldats pour qu’elle ne puisse pas servir de prise aux mains des ennemis.

Les sources anciennes sont lacunaires, voire contradictoires, concernant les grandes batailles. Les montants des effectifs de l’armée perse, souvent surévalués de manière invraisemblable, sont généralement à prendre avec précaution.

Après le siège de Tyr achevé en août 332 av. J.-C., Alexandre prend le chemin de l’Égypte alors sous domination des Achéménides. À cette époque, il repousse, malgré l’avis favorable de Parménion, une proposition de paix avantageuse émise par Darius III. Celui-ci propose en effet qu’Alexandre épouse sa fille Stateira et reçoive toute la région située entre l’Europe et le fleuve Halys en Anatolie. Par ailleurs, après qu’Alexandre a franchi l’Euphrate à l’été 331, Darius lui propose les territoires jusqu’à l’Euphrate. Pour autant il se pourrait que ces propositions de paix soit une invention de la propagande macédonienne, car Darius, bien qu’il cherche à récupérer sa famille capturée après Issos, semble bien décidé à se battre jusqu’au bout.

Il est indéniable qu’Alexandre cherche avec la prise de l’Égypte à enlever aux Perses leur dernière façade maritime et la possibilité de rallier les mercenaires grecs. Il aurait par ailleurs choisi de laisser le temps à Darius de mobiliser une nouvelle armée dans les provinces orientales afin d’anéantir les forces perses en une seule bataille. Sur la route de l’Égypte, Alexandre rencontre pendant deux mois une forte résistance à Gaza sous la conduite de l’eunuque Batis. Fin 332, après avoir été blessé à deux reprises, il prend la ville dont la garnison est massacrée et la population vendue en esclavage. Il s’empare alors d’un énorme butin surtout en aromates. En sept jours depuis Gaza il atteint alors Péluse. Quand Alexandre entre en Égypte en décembre 332, il semble être accueilli en libérateur, sachant que les Égyptiens se sont révoltés de nombreuses fois contre la domination achéménide. Le satrape perse Mazaces remet à Alexandre la souveraineté d’Égypte sans combattre en lui laissant un trésor de 800 talents. Alexandre est proclamé pharaon à Memphis en 331. Il sacrifie au taureau Apis, gage de respect des traditions égyptiennes, et honore les autres dieux. Il se dirige ensuite vers la côte méditerranéenne où il choisit en janvier 331 l’emplacement de la future Alexandrie, dont la construction n’est complètement achevée que sous Ptolémée II, avec notamment l’édification du phare, du musée et de la bibliothèque.

Alexandre quitte l’Égypte au printemps 331 av. J.-C. afin de commencer la campagne asiatique, rassuré par la défaite de Pharnabaze et confiant dans la capacité d’Antipater à vaincre les Spartiates d’Agis III. Lors d’un nouveau passage à Tyr, Alexandre reçoit une délégation athénienne qui obtient du roi la libération des mercenaires qui ont combattu à la bataille du Granique dans les rangs de l’armée perse. Il en profite pour réorganiser les finances des territoires conquis qu’ils confient à Harpale sous le nom de « caisse militaire ».

À la fin du printemps, l’armée macédonienne se met en marche vers l’Euphrate, qui est traversé fin juillet à Thapsaque sur un pont de bateaux. Le satrape Mazaios s’est replié à l’arrivée de son adversaire. Les prodromoi (éclaireurs) macédoniens repèrent l’armée de Darius III plus au nord. Aussi, le roi de Macédoine, au lieu de marcher sur Babylone selon son plan initial, remonte au nord, vers Nisibe, et franchit le Tigre vers le 20 septembre 331 (aux environs de Djésireh en Irak actuelle) contournant son adversaire. Alexandre reprend alors la direction du sud avec le Tigre sur sa droite. Au bout de quatre jours de marche, il apprend que l’armée perse, bien supérieure en nombre, l’attend dans une immense plaine près d’Arbèles en Adiabène (Kurdistan irakien). Alexandre remporte la bataille de Gaugamèles (1er octobre 331) après une charge de cavalerie sur le centre perse ; mais les pertes dans l’infanterie macédonienne sont importantes. Darius s’enfuit à Ecbatane en Médie.

Début octobre 331, à l’issue d’une cérémonie fastueuse à Arbèles, Alexandre se fait proclamer roi d’Asie (Kyrios tes Asias), répondant à la citation attribuée à Alexandre par Plutarque : « La Terre ne peut tolérer deux soleils, ni l’Asie deux rois ».

La victoire d’Alexandre à Gaugamèles ouvre la route vers Babylone qui se rend sans combattre grâce à Mazaios, ancien satrape de Cilicie et commandant de la cavalerie perse à Gaugamèles. Les prêtres babyloniens de Marduk sont par ailleurs traditionnellement hostiles aux Perses. Alexandre s’évite de la sorte un long siège qui aurait laissé la possibilité à son adversaire de se ressaisir. Les trois semaines entre la bataille de Gaugamèles et l’entrée d’Alexandre dans la ville (fin octobre 331 av. J.-C.) sont désormais mieux connues grâce à la découverte d’une tablette cunéiforme  babylonienne qui, bien que détériorée, fait une nette allusion à la chronologie de la bataille de Gaugamèles et à ses suites. Cette tablette évoque en effet la fuite de Darius III « vers le pays de Guti » (la Médie) et indique que les autorités de Babylone ont négocié avec le vainqueur, qui garantit le maintien des traditions religieuses. Alexandre donne ainsi l’ordre de rebâtir le sanctuaire de Marduk, qui tombe en ruine. Mazaios est alors désigné de satrape de Babylonie. Alexandre inaugure ainsi sa politique de ralliement de l’aristocratie perse. Il maintient néanmoins une forte garnison à Babylone, montrant davantage de prudence qu’envers les Égyptiens.

Tandis que Darius, en fuite, tente de réunir une nouvelle armée royale dans les Hautes satrapies, Alexandre prend la direction de la Susiane, laquelle se rallie à son tour. Il a auparavant dépêché à Suse Philoxène, auparavant administrateur des finances en Asie Mineure, afin de s’assurer du contrôle de l’immense trésor qui s’y trouve, soit près de 50 000 talents d’argent. Il laisse à son poste le satrape Aboulitès en récompense de son ralliement, qui plus est dans une région difficile à administrer pour un Grec étant donné la barrière linguistique166. Une partie de ce trésor, soit 3 000 talents, est envoyée à Antipater afin qu’il l’utilise dans sa lutte contre Sparte.

Depuis la poursuite lancée contre Bessos en 330 av. J.-C., Alexandre a perdu le contrôle direct des provinces de son empire. La fausse nouvelle de sa mort en Inde a suscité la défection des mercenaires grecs de Bactriane, où Athénodôros se fait proclamer roi, certains de ces mercenaires regagnant la Grèce depuis l’Asie Mineure probablement grâce à des navires athéniens. Des rébellions ont aussi éclaté en Arachosie et en Médie ; les satrapes asiatiques de Carmanie et de Suse montrent également des velléités d’indépendance. En Égypte, Cléomène dirige à sa guise en établissant des ateliers monétaires à Alexandrie. La défection la plus notable est celle d’Harpale, compagnon de jeunesse d’Alexandre et trésorier royal, qui s’enfuit à l’automne 325 à Tarse en Cilicie, avant de rejoindre Athènes. C’est donc pour affaiblir la position d’Harpale qu’Alexandre fait licencier l’ensemble des mercenaires, dont le recrutement dépend alors du trésorier.

Parvenu en Carmanie en décembre 325 après le difficile retour d’Inde, Alexandre doit rétablir son autorité. Il est par ailleurs confronté à des récriminations de toutes sortes contre les officiers qui ont gouverné en son absence. Deux stratèges de Médie, Sitalcès et Cléandre, sont exécutés pour avoir commis des exactions et des sacrilèges ; il est aussi possible que Cléandre ait entretenu des relations diplomatiques avec Harpale. Quant aux satrapes de Carmanie et de Gédrosie, qui ont failli à leur obligation de ravitaillement sur la route du retour d’Inde, ils sont exécutés208. Il se débarrasse aussi de Baryaxès qui s’est proclamé « Grand Roi des Perses et des Mèdes », et de satrapes à la fidélité douteuse, tel Orxinès en Perside. Finalement, cette crise amène un remaniement à la tête des satrapies. Alexandre désigne par prudence des personnalités de second rang, à l’exception d’Antigone le Borgne, qui conserve la Phrygie, et de Peucestas, promu en Perside.

Alexandre consacre le printemps 323 av. J.-C. à parcourir les canaux de l’Euphrate en faisant exécuter des travaux destinés à réguler les inondations. C’est à la veille du départ pour l’expédition d’Arabie, le 11 juin 323, qu’il meurt à Babylone, pris de fortes fièvres. Une tablette  astronomique babylonienne datant de l’époque hellénistique porte la mention « le roi est mort » et permet de dater précisément la mort d’Alexandre dans la nuit du 10 au 11 juin. Une autre date a longtemps été proposée d’après les sources antiques, à savoir le 13 juin, soit le 28e jour du mois de scirophorion ou daisios chez les Macédoniens.

Plutarque et Arrien ont écrit, d’après les Éphémérides royales rédigées par le chancelier Eumène de Cardia, le détail des derniers jours du roi entre le 27 mai et le 10 juin (du 15 au 28 du mois de daisios). Selon Plutarque, Alexandre est troublé par la multiplication de signes funestes. Ainsi, lors d’une navigation sur l’Euphrate, un coup de vent emporte le diadème royal tandis qu’à Babylone, un inconnu ose s’asseoir sur le trône d’Alexandre, geste qu’il paye de sa vie. Puis, les fêtes dionysiaques (komos) et les soirées de beuveries, dont le roi est coutumier, reprennent. Ainsi, les 28 et 29 mai, Alexandre passe de banquet en banquet, d’abord chez Néarque puis chez un hétaire thessalien, Médios de Larissa qui reçoit le 30 mai vingt-deux convives parmi les plus proches Compagnons du roi. Durant le banquet, pris d’un accès de fièvre et ayant très soif selon le témoignage d’Aristobule repris par Plutarque, il boit d’une seule traite la coupe d’Héraclès remplie de vin pur228. Il ressent immédiatement une vive douleur le forçant à quitter la tableet se met à délirer. Le lendemain, Alexandre est victime d’une forte fièvre qui va durer jusqu’à sa mort. Les premiers jours, jusqu’au 4 juin, il continue à donner des ordres et à surveiller les préparatifs de son expédition en Arabie ; mais, à partir du 5 juin, l’aggravation de son état l’en rend désormais incapable. Le 7 juin, il perd l’usage de la parole mais parvient à reconnaître ses officiers. Une terrible fièvre s’empare de lui dans la nuit du 7 au 8 juin. Le 8 juin, les Macédoniens, le croyant mort, exigent de le voir et défilent devant le roi, sans armes, lequel salue silencieusement chaque homme. Alexandre meurt le 10 juin au soir à l’âge de 32 ans.

Le seul héritier légitime d’Alexandre est son demi-frère jugé déficient mental, Arrhidée, le futur Philippe III, tandis que Roxane est enceinte de six mois du futur Alexandre IV. Selon Diodore, lorsque Alexandre, agonisant, reçoit la question de Perdiccas : « À qui entends-tu léguer l’Empire ? », il lui aurait fait cette réponse : « Au plus fort (tôi kratistôi) ». La scène, réelle ou non, laisse en tout cas augurer les déchirements qui vont opposer ses principaux généraux, les Diadoques, à propos de la succession d’Alexandre. Perdiccas, Ptolémée, Antigone, Lysimaque Séleucos et Cassandre notamment se livreront de nombreuses guerres pour le partage de l’empire. D’après les auteurs de la Vulgate, Perdiccas, deuxième personnage de l’État depuis la mort d’Héphaistion et futur chiliarque de l’empire, aurait reçu des mains d’Alexandre l’anneau portant le sceau royal.

La plupart des historiens modernes, à la suite du récit des Éphémérides sur les derniers jours du roi, estiment qu’Alexandre serait mort d’une crise aiguë de paludisme (ou malaria tropica) et que cette fièvre, contractée en explorant les marécages bordant l’Euphrate, l’aurait miné plusieurs semaines comme en témoignent une soif persistante et une forme de torpeur. Ainsi comme nombre de Méditerranéens de son temps, il aurait souffert de paludisme à plasmodium falciparum, dont les symptômes ont été abondamment décrits par Hippocrate. Ce diagnostic est admis par Émile Littré en 1865 dans La vérité sur la mort d’Alexandre le Grand et par de nombreux chercheurs contemporains. Une autre hypothèse met en cause la fièvre typhoïde qui est aussi courante que le paludisme dans l’antique Babylonie.

Une étude, menée en 2003 par deux docteurs en médecine, avance l’hypothèse qu’Alexandre serait mort de la fièvre du Nil occidental. Des historiens estiment que cette hypothèse est recevable. D’autres avancent qu’Alexandre aurait été victime d’une lésion interne grave causée par la perforation d’un ulcère gastrique ou une pancréatite aiguë. Enfin, une dernière hypothèse évoque la possibilité d’une surconsommation d’hellébore, une plante médicinale. Selon le médecin Philippe Charlier, l’anatomo-pathologiste contemporain indiquerait : « Homme jeune, 32 ans, déplacé sur le plan géographique, mauvaise hygiène de vie sous-jacente, alcoolisme chronique, polyparasitose ». En 2018, la professeure de médecine néo-zélandaise Katherine Hall de l’université d’Otago, propose comme cause directe du décès une maladie neurologique auto-immune, le syndrome de Guillain-Barré. Les symptômes concorderaient avec une variante du mal (AMAN), peut-être liés à une attaque bactérienne du système digestif : fièvre, douleurs, paralysie, suivi d’une mort apparente (et ainsi d’une erreur de diagnostic), ce qui expliquerait la conservation de son corps durant plusieurs jours.

Une rumeur diffusée par Olympias à partir de 317 av. J.-C. accuse d’empoisonnement les fils d’Antipater, Cassandre et Iolas, l’échanson du roi qui parait à ce titre être le suspect idéal. Cette rumeur, probablement relayée par Clitarque, est évoquée par les auteurs de la Vulgate, même s’ils ne la cautionnent pas ; elle est vivement contestée par Arrien et Plutarque. Une autre rumeur accuse Aristote, désespéré par l’exécution de son neveu Callisthène, d’avoir procuré à Antipater le poison, puisé à la source du Styx. Selon la reine-mère, Antipater aurait souhaité la mort d’Alexandre car il entend conserver la régence de Macédoine qui doit échoir au fidèle Cratère. Antipater aurait donc confié le poison à Cassandre, qui lui-même l’aurait donné à son jeune frère, Iolas, pour la mêler à la coupe de vin d’Alexandre, avec la complicité de Médios qui a organisé le dernier banquet du roi. On peut déjà objecter que Médios est dans le premier cercle des flatteurs du roi à la fin de son règne. Enfin cette rumeur a été propagée au moment où Olympias cherche à discréditer les Antipatrides dans le contexte des rivalités entre Diadoques ; elle fait d’ailleurs profaner la tombe de Iolas, récemment mort. Selon le Pseudo-Plutarque, l’orateur athénien Hypéride aurait proposé le vote d’une récompense à Iolas en tant que meurtrier d’Alexandre. Mais cette mention, qui est en contradiction directe avec le récit de Plutarque dans la Vie d’Alexandre, est incontestablement une invention postérieure. Finalement, cette hypothèse de l’empoisonnement rencontre peu d’écho chez les historiens contemporains.

Source : Wikipédia.

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