Ville de Pont-Saint-Esprit (Gard).

La ville s’appelait au milieu du Moyen Âge Saint-Saturnin-du-Port (en latin Portum Sancti Saturnini) Le nom actuel de la ville lui vient de la construction du pont sur le Rhône par le frère de saint Louis, le comte de Poitiers et de Toulouse Alphonse de Poitiers ; elle commença en 1265 pour s’achever en 1309. D’après Viollet-le-Duc, elle fut confiée à la branche pontife des Hospitaliers (la branche des constructeurs de ponts, formée par ces moines-soldats pour faciliter les pèlerinages) et consacrée au Saint Esprit. Elle était dirigée par Jean de Tensanges5 ou de Thianges. Ce pont, le plus vieux de tous les ponts sur le Rhône, sept cents ans, reliant la Provence au Languedoc, en aval du Rhône, a longtemps constitué un point de passage privilégié sur le Rhône. Il est constitué de vingt arches, mesure un kilomètre de long, et a fait la fortune de cette petite ville par le paiement de l’octroi y afférent. Il a été construit en respectant le cours impétueux du fleuve, et fut protégé à ce titre fort longtemps, par exemple, les chariots de marchandises voulant l’emprunter étaient déchargés, on transférait ces marchandises sur des barges traversant le fleuve et les chariots traversaient en roulant sur de la paille disposée sur la chaussée du pont pour ne pas ébranler celui-ci. On raconte, de même que le roi Louis XI, se présentant là avec ses troupes, dut mettre pied à terre, avant de l’emprunter.

Arrivés près de la vallée du Rhône, au début de 1382, les Tuchins campèrent dans les gorges de la Cèze où ils furent rejoints par des nobles dont Régis de Saint-Michel-d’Euzet, Étienne Augier, dit Ferragut du Pin, Vachon de Pont-Saint-Esprit et Verchère de Vénéjan qui prirent leur tête. Ils s’emparèrent alors de Cavillargues, Chusclan et Tresques, avant de piller les châteaux de Sabran, La Roque-sur-Cèze, Saint-Laurent-des-Arbres et Cornillon. Dans ce dernier château se trouvait le trésor de Clément VI. Son neveu, Guillaume III Roger de Beaufort, alors Lieutenant des armes du Sénéchal de Beaucaire, organisa la répression. En septembre 1382, il recruta des mercenaires et fit venir une compagnie d’arbalétriers d’Avignon. Ses troupes cantonnées à Bagnols-sur-Cèze attaquèrent alors Cornillon. Dirigées par Gantonnet d’Abzac, Commandant du Saint-Père pour le Païs de Saint-Esprit, elles semèrent la terreur. Guillaume III fit ensuite intervenir son capitaine des gardes de Bagnols, Jean Coq. Ce dernier réussit à pacifier le pays en expulsant les chefs du Tuchinat. Ce qui permit de signer la paix en février 1383.

Pont-Saint-Esprit, carte maximum, 23/04/1966.

Au XVe siècle, Isabeau de Bavière, reine de France, prétendant avoir seule, à l’exclusion du dauphin Charles son fils, le gouvernement et l’administration du royaume, au nom du roi Charles VI tombé en démence, se lie pour accomplir son pernicieux dessein, avec le duc de Bourgogne, ennemi du roi et du dauphin. Isabeau, pour amener le peuple à son parti, fait passer des émissaires dans toutes les provinces, particulièrement en Languedoc où on avait tant à se plaindre du gouvernement du duc de Berri ; et pour y mieux réussir, elle fit publier partout, qu’on ne paierait plus de subsides. La ville de Pont-Saint-Esprit, influencée par Gui de Brosse ou de Broce, moine bénédictin du prieuré de Saint-Pierre et cousin de Jean 1er de Brosse, maréchal de France vivant à la même époque, fut la première de la province qui ouvrit ses portes au parti bourguignon, et reçut dans ses murs, en 1418, les délégués de la reine et du duc de Bourgogne pour gouverner, au nom du roi dans tout le Languedoc.

Gui de Brosse, appelé par Charles VI à Troyes en Champagne, où il résidait avec la cour, fut admis auprès de son souverain qui, à l’instigation de la reine, l’avait choisi pour remplir une mission importante dans le Midi, et après qu’il lui eut donné audience, le roi le chargea d’aller trouver de sa part le comte de Foix, son lieutenant en Languedoc, et de lui déclarer ainsi qu’aux gens d’Église, aux nobles et aux communes de sa province, sa résolution de défendre qu’on rendît aucune sorte d’obéissance à celui qui se dit le régent du royaume. Cinq jours après, (18 novembre 1419), le roi donna les instructions par écrit à Gui de Brosse qui prit congé, et se rendit diligemment à Béziers où le comte de Foix, gouverneur du Languedoc tenait l’assemblée générale des trois ordres de la province. On dit à ce sujet que le gouverneur avait secrètement l’intention de faire déclarer tout le pays en faveur du dauphin en sa qualité de régent du Royaume ; mais Gui de Brosse présentant au comte de Foix, l’ordre formel du roi le fit changer de résolution et l’amena au parti de la reine et du duc de Bourgogne. Gui eut le même succès auprès des Grands et du peuple, si bien que l’archevêque de Toulouse, le clergé en général et le plus grand nombre des communes, enfin tout le Languedoc, à l’exception de la ville de Beaucaire et de son sénéchal, des villes de Roquemaure, Fourques, Saint-André-lès-Avignon ; tout le pays, à cette exception près, embrassa le parti d’Isabeau de Bavière, gouvernant au nom de Charles VI, malade et en démence. Cependant, l’année suivante, le dauphin reconquit le Languedoc et Gui de Brosse fut emprisonné à Avignon puis remis à son supérieur hiérarchique, le cardinal de Cambray grâce à qui il se retrouva sain et sauf dans son cloître.

En juillet 1462, le roi Louis XI (1423-1461-1483) expédia ses lettres patentes à l’Hôpital du Pont-Saint-Esprit pour sa protection royale. Puis, il confirma les privilèges du prieuré de Saint-Saturnin-du-Port, en mai 1469.

En 1562, la ville est prise et pillée par le baron des Adrets alors qu’Antoine de Broche alias de Brosse (docteur en droit, 1er Consul et député pour la ville du Saint Esprit et appartenant à la famille de Gui de Brosse précédemment cité) levait une compagnie d’hommes d’armes qu’il commandait dans la ville du Saint Esprit. Ceci se reproduisit une seconde fois en 1567, mais l’année suivante (1568), Antoine de Broche contribua puissamment à le faire rentrer sous l’obéissance du Roi. En 1576, Antoine de Broche seconda, avec le même succès, l’entreprise du capitaine de Luynes qui, sur la révélation à lui faite des menées secrètes du Maréchal de Damville-Montmorency, Gouverneur commandant de la province du Languedoc, tendant à remettre les protestants en possession du Pont-Saint-Esprit, fit arrêter le frère du Maréchal furtivement introduit dans la place pendant la nuit pour y fomenter la révolte. En récompense, Henri III nomma Luynes, Gouverneur du Pont-Saint-Esprit et adressa une lettre autographe à Antoine de Broche, datée de Blois, le 10 mars 1577.

Pendant la période révolutionnaires,elle fut chef-lieu de district de1790 à 1795. Le général Jean-François Carteaux, envoyé par la Convention, y défait les insurgés du Midi le 13 juillet 1793. Au cours de la Révolution française, la commune porte provisoirement le nom de Pont-sur-Rhône.

Le 17 août 1951, une épidémie d’empoisonnement, marquée par des épisodes psychotiques aigus et divers symptômes, survient à Pont-Saint-Esprit. Quelques personnes se plaignent de douleurs à l’estomac, mais plus tard au moins 100 personnes ont les mêmes symptômes, dont des insomnies. Une personne révéla qu’elle avait fait une insomnie de plus de 21 jours. Les victimes vont commencer à avoir des hallucinations comme la sensation de brûler de l’intérieur ou encore elles penseront être capables de voler. Certaines vont se jeter par leur fenêtre. Au total plus de 300 personnes ont fait des hallucinations dont 7 morts et 50 hospitalisés. La première piste fut trouvée par un professeur de médecine qui fit un rapprochement entre les faits et une ancienne maladie du Moyen-Âge – l’ergotisme, l’empoisonnement au mercure, une contamination par une mycotoxine produite par Aspergillus fumigatus. On supposa que l’empoisonnement venait du pain fabriqué par une certaine boulangerie. Le commissaire Sigot, chargé de l’affaire, interrogea donc M. Maillet le minotier qui avait fait la farine utilisée pour la fabrication du pain, mais aucune trace d’ergot de seigle ou de poison connu n’a été retrouvée dans les analyses diligentées par les autorités françaises. Certains ont émis l’hypothèse d’un empoisonnement au trichlorure d’azote et un essai d’armes biologiques, comme le LSD, dans le cadre du Projet MK-Ultra de la CIA. Un américain nommé Hank P.Albarelli lie cette affaire à l’enquête sur la mort d’un biochimiste de la CIA Franck Olson expert en drogues dures. L’hypothèse suggère l’implication de la CIA qui aurait mis du LSD dans le pain pour en étudier les effets à grande échelle.

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Sources : Wikipédia, YouTube.