Ville de Moustiers-Sainte-Marie (Alpes de haute Provence).

Moustiers-Sainte-Marie (Mostiers Santa Maria en provençal selon la norme classique et Moustié-Santo-Mario selon la norme mistralienne) est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence en région Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Blottie contre un escarpement rocheux, Moustiers est souvent comparée à une crèche avec son étoile suspendue dans le vide. La commune a obtenu le label officiel Villages et cités de caractère, elle fait partie du parc naturel régional du Verdon et cotise à l’association Les Plus Beaux Villages de France.

Les périodes préhistorique et antique ont laissé plusieurs sites importants, dont la tombe du Grand Segriès fouillée par André Muller à la fin des années 1980. Un habitat se trouvait sur le dôme de la plaine de Quinson au deuxième Âge du Fer.

De la période de présence romaine datent de nombreux vestiges. Plusieurs sites indiquent une occupation humaine de cette époque.

Moustiers_Sainte-Marie, carte maximum, 19/06/1965.

La petite ville de Moustiers est fondée au Ve siècle par une colonie de moines. Un chapitre de chanoines y est fondé en 1052, et perdure jusqu’au don de toutes les églises de Moustiers et de la vallée à l’abbaye de Lérins, en 1097. Le monastère se partageait les droits seigneuriaux avec l’abbaye de Lérins aux XIe et XIIe siècles, avant que le bourg rejoigne le domaine des comtes de Provence.

Le lieu-dit Ourbès était déjà occupé à la période carolingienne : c’est la villa Orbesio, fondée au VIIIe siècle. Située sur un plateau à 1 000 m d’altitude, elle pouvait être à la tête d’un vaste domaine.

Le prieuré Saint-Jean, peut être cité en 909 parmi les biens de l’abbaye de Cluny, appartient ensuite à l’abbaye Saint-Victor de Marseille, qui le cède à l’abbaye de Lérins au début du XIIe siècle, qui le lui retourne ensuite. Les autres églises, Saint-Saturnin, Saint-Michel, relèvent de Lérins.

Le comte de Provence accorde un consulat aux habitants au XIIIe siècle, et installe le siège d’une baillie à Moustiers en 1300. En 1305, une petite communauté juive comptant neuf feux était établie à Moustiers (soit une cinquantaine d’habitants environ). La présence de cette communauté, d’un marché important, sont des indices montrant qu’à cette époque, Moustiers était une petite capitale régionale.

Guillaume de Moustiers-Gaubert fut seigneur de Ventavon. Il donna une procuration à son fils, le damoiseau Bertrand, en 1312, pour vendre sa part de Moustiers au roi Robert. La famille des Moustiers-Gaubert était une des familles nobles les plus vieilles de Provence. J.-P. Poly signale qu’au XIe siècle, elle figure parmi les plus anciennes familles de propriétaires laïcs dont les possessions étaient situées dans la région du Verdon.

La mort de la reine Jeanne Ire ouvre une crise de succession à la tête du comté de Provence, les villes de l’Union d’Aix (1382-1387) soutenant Charles de Duras contre le duc Louis Ier d’Anjou. La communauté de Moustiers se rallie au parti angevin en avril 1386, après la mort du duc et des négociations avec la régente Marie de Blois. Celle-ci accorde à la communauté le rattachement au domaine royal, ce qui signifiait relever d’un autre régime légal et fiscal.

Après la guerre de Cent Ans et une fois la sécurité revenue, de 1442 à 1471, plusieurs familles venues de Sausses s’installent à Moustiers afin de repeupler la communauté.

La baillie est érigée en viguerie en 1540 en même temps que toutes celles de Provence ; elle est aussi d’une foire jusqu’à la Révolution.

La communauté est plusieurs fois en procès avec le prieur de la chapelle Saint-Jean qui n’assume pas ses fonctions : prieur commendataire, il résidait à Marseille et affermait les possessions de son prieuré. Le prieur est condamné une première fois en 1541, puis un second procès au XVIIe siècle n’aboutit pas. Enfin, il est à nouveau condamné au XVIIIe siècle.

Le bourg connaît une grande renommée aux XVIIe et XVIIIe siècles grâce à la « faïence de Moustiers ».

Selon la tradition, un religieux, venu de Faênza (Italie), aurait appris à un potier de la ville le secret du bel émail blanc laiteux qui devait assurer avec le bleu dit « de Moustiers » la réputation des faïences locales. À la fin du XVIIIe siècle douze ateliers fonctionnaient. Puis les fours s’éteignirent un à un, le dernier en 1873. Marcel Provence entreprit, en 1925, de faire renaître à Moustiers l’art de la faïence. Il construisit un four et, avec le concours d’artistes décorateurs et d’artisans qualifiés, en fit sortir une production originale, inspirée de la flore et des insectes du pays.

Moustiers est un des rares bourgs de Haute-Provence à accueillir une loge maçonnique avant la Révolution, nommée Les Indissolubles et affiliée à la Grande loge provinciale en 1788.

La nouvelle de la prise de la Bastille est accueillie favorablement, cet événement annonçant la fin de l’arbitraire royal et, peut-être, des changements plus profonds dans l’organisation de la France. Immédiatement après l’arrivée de la nouvelle, un grand phénomène de peur collective s’empare de la France. Des rumeurs de troupes de plusieurs milliers d’hommes en armes, soldés par les aristocrates et dévastant tout sur leur passage, se propagent à grande vitesse et provoquent la panique. On sonne le tocsin, on s’arme, on envoie des messages aux villages voisins pour se renseigner, ce qui propage la peur. Les solidarités se créent ainsi ; les milices formées à cette occasion constituent la base des bataillons de la garde nationale. Cette Grande Peur, venant de Digne et appartenant au courant de la « peur du Mâconnais », atteint Moustiers et sa région le 31 juillet 1789 avant de s’éteindre.

Le prieuré Saint-Jean, qui appartenait à l’abbaye Saint-Victor, est vendu comme bien national.

Une société patriotique y est rapidement créée : elle fait partie des 21 premières créées dans les Basses-Alpes, avant juin 1792. Le 5 frimaire an III (25 novembre 1794), le représentant en mission Gauthier épure la société.

Moustiers-Sainte-Marie, essais de couleurs.

La Révolution et le Premier Empire apportent nombre d’améliorations, dont une imposition foncière égale pour tous, et proportionnelle à la valeur des biens de chacun. Afin de la mettre en place sur des bases précises, la levée d’un cadastre est décidée. La loi de finances du 15 septembre 1807 précise ses modalités, mais sa réalisation est longue à mettre en œuvre, les fonctionnaires du cadastre traitant les communes par groupes géographiques successifs. Ce n’est qu’en 1836 que le cadastre napoléonien de Moustiers est achevé.

Le coup d’État du 2 décembre 1851 commis par Louis-Napoléon Bonaparte contre la Deuxième République provoque un soulèvement armé dans les Basses-Alpes, en défense de la Constitution. Après l’échec de l’insurrection, une sévère répression poursuit ceux qui se sont levés pour défendre la République : 14 habitants de Moustiers-Sainte-Marie sont traduits devant la commission mixte, la majorité étant condamnés à la déportation en Algérie.

Comme de nombreuses communes du département, Moustiers-Sainte-Marie se dote d’une école bien avant les lois Jules Ferry : en 1863, elle en possède déjà une qui dispense une instruction primaire aux garçons et aux filles, au chef-lieu : la loi Falloux (1851) impose l’ouverture d’une école de filles aux communes de plus de 800 habitants.

Jusqu’au milieu du XXe siècle, la vigne était cultivée à Moustiers-Sainte-Marie. Plusieurs dizaines d’hectares produisaient un vin destiné à l’autoconsommation et à la vente sur les marchés locaux. Cette culture a été ensuite abandonnée.

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Sources : Wikipédia, YouTube.