Ville de Lviv (Ukraine).

Lviv (anciennement en français : Léopola, Lwów, Lvov ; en ukrainien : Львів, L’viv ; en polonais : Lwówb ( ; en russe : Львов, Lvov ; en allemand : Lemberg ; en yiddish : לעמבערג, Lemberg ; en hongrois : Illyvó (au Moyen Âge)) est le centre historique de la Galicie et la plus grande ville de la partie occidentale de l’Ukraine.

En 2020, sa population s’élevait à 724 314 habitants. appelés « Lviviens » (ou Léopolitains).

Ville fondée au XIIIe siècle, l’ensemble architectural de son centre historique est inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Longtemps polonaise, puis autrichienne de 1772 à 1918 sous le nom de Lemberg après le premier partage de la Pologne, redevenue polonaise sous le nom de Lwów au sein de la deuxième république de Pologne (1919-1939), annexée par l’URSS, puis par l’Allemagne durant la Seconde Guerre mondiale, elle est ensuite à nouveau intégrée à l’URSS, pour devenir lors de l’indépendance de l’Ukraine, la capitale de l’oblast de Lviv.


La ville fut fondée au XIIIe siècle par Daniel Ier, roi de Galicie-Volhynie de la dynastie des Romanovitch, qui lui donna un nom dérivé de celui de son fils, Lev (Léon). Elle remplaça Halytch comme capitale de la Galicie.

Bien que la première mention de Lviv dans les chroniques remonte à 1256, des fouilles archéologiques en 1993 ont montré qu’il y avait des campements dès le VIe siècle. Au IXe siècle, la Galicie fut annexée à l’empire de Grande-Moravie puis, fut convoitée par deux États émergents : la Pologne pendant le règne de Mieszko Ier, chef des Polanes, et la Rus’ de Kiev. On pense que Mieszko régna sur la Galicie entre 960 et 980. Selon la Chronique de Nestor, elle fut conquise par Vladimir le Grand, prince de Kiev, en 981. Dès 1084 émergea une Principauté de Galicie indépendante dont la ville de Halytch (Galič) devint capitale.

En 1323, la dynastie locale des Romanovitch s’éteignit. La ville fut léguée à l’héritier de la dynastie des Romanovitch (par sa mère) – Boleslas de Mazovie (appartenant également à la dynastie polonaise des Piast par son père). Il prit le nom de « Iouryi » (Georges) et adopta la religion grecque orthodoxe, mais n’obtint pas l’adhésion des nobles locaux qui l’empoisonnèrent. À sa mort en 1340, les droits de Lviv furent réclamés par son cousin Casimir le Grand, roi de Pologne, qui envahit avec succès la Galicie et occupa la ville en 1349. En 1356, le roi Casimir octroie à la ville les droits de Magdebourg et le droit de se gouverner elle-même : les problèmes de la cité devaient alors être administrés par un conseil élu par les citoyens aisés. En 1386, la zone de Lviv fut incluse dans les possessions de la couronne polonaise par Jadwiga (Hedwige) de Pologne. Plus tard, la ville fut le siège du couronnement de plusieurs rois de Pologne.

Partie de la Pologne (et plus tard de la république des Deux Nations lituano-polonaise), Lwów (selon son orthographe polonaise), ville royale, devint la capitale de la voïvodie ruthène, qui incluait cinq régions : Lwów, Chełm (en ukrainien Kholm), Sanok, Halicz (en ukrainien Halytch) et Przemyśl. Durant les siècles suivants, Lwów devient une ville multiethnique et multiconfessionnelle à majorité polonaise, et un centre de culture, de science et de commerce. Trois archevêchés y étaient installés : l’archevêché catholique latin, l’archevêché gréco-catholique (dit uniate) et l’archevêché arménien. Au XVIe siècle, la population juive atteint le millier de personnes. Il y avait aussi des Allemands, puis, à partir du XVIe siècle, des protestants.

Dans la première moitié du XVIIe siècle, la ville comptait entre 25 et 30 000 habitants, parmi eux de nombreux artisans.

La première université fut fondée par le roi Jean Casimir de Pologne en 1661 en tant qu’académie jésuite à la suite de l’établissement du collège de cet ordre ouvert en 1608. Le roi Auguste III confirme ces privilèges, la transformant en académie de Lwów en 1758, puis le pape Clément XIII l’année suivante en l’élevant au statut d’université.

À deux reprises, en 1649 et en 1655, le chef des cosaques ukrainiens Bogdan Khmelnitski, allié d’abord aux Tatars de Crimée puis au tsar, assiégea la ville. Khmelnitski échoua ; Lwów et la Galicie échappèrent ainsi à la domination russe.

En 1772, à la suite de la partition de la Pologne, Lwów devint, sous le nom allemand de Lemberg, la capitale de la province autrichienne nommée royaume de Galicie et de Lodomérie. Ce régime laissa une grande empreinte sur l’architecture de la ville. En 1776 paraît la Gazette de Léopol, un périodique en langue française, premier journal d’Ukraine1. En 1784, l’université laïque fut ouverte par l’empereur Joseph II. Les cours étaient donnés en latin, allemand et polonais puis, à partir de 1786, en ukrainien. Au début du XIXe siècle, la cité devint le siège du primat de l’Église gréco-catholique ukrainienne.

En 1867, la Galicie, toujours rattachée à l’Autriche-Hongrie et faisant partie de la Cisleithanie, obtint une large autonomie et les Polonais bénéficièrent de certaines libertés culturelles, dans l’administration locale et l’éducation. Un mouvement patriotique ukrainien subsistait cependant.

Lors de la Première Guerre mondiale la région passe d’abord sous contrôle russe et Lvov devient en septembre 1914 la capitale du gouvernement général de Galicie et du gouvernement de Lvov. Un an plus tard l’offensive de Gorlice-Tarnów voit le retour des armées austro-hongroises et allemandes.

Après la Première Guerre mondiale, lors de l’effondrement de l’empire des Habsbourg, la population ukrainienne locale proclama Lviv comme capitale de la république populaire d’Ukraine occidentale le 1er novembre 1918 avec l’appui de l’armée autrichienne pour contrecarrer le pouvoir civil entre les mains des Polonais qui manifestaient le désir d’indépendance. Quelques jours plus tard, la population polonaise majoritaire prit le contrôle de la plus grande partie du centre-ville, mais les forces ukrainiennes équipées par les Autrichiens assiégèrent la ville.

La ville, à majorité polonaise, retourne dans le giron polonais, après une absence d’État polonais de plus d’un siècle, et ce jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, elle est alors connue à l’étranger sous son nom polonais de Lwów. Il ne faut pas oublier que Lwów avait une importance symbolique de premier plan auprès des Polonais. En 1922, le premier vol aérien régulier relia Dantzig à Varsovie puis à Lwów (compagnie Aerolloyd, prédécesseur de la LOT Polish Airlines).

Le 16 mars 1932, Maurice Ravel dirige son Concerto en sol avec Marguerite Long au piano, ainsi que Bolero, La Valse et l’orchestration du Tombeau de Couperin.

Lwów avait une forte communauté juive d’expression yiddish ou allemande : en 1939, près d’un tiers de la population, soit plus de 100 000 habitants, était juive et la ville comptait cinquante synagogues. Certaines furent détruites lors de la Seconde Guerre mondiale (Synagogue de la Rose d’Or de Lviv, la Grande synagogue de Lviv, la Grande synagogue de la banlieue de Lviv).

L’entre-deux-guerres est également l’âge d’or de la culture batiare.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, en septembre 1939, la région fut d’abord envahie par les Allemands. Le 12 septembre, les premiers assauts allemands sur la ville commencent, mais sont repoussés après des combats acharnés face aux forces polonaises retranchées dans le centre-ville, constituées de volontaires locaux et de réfugiés. L’état-major allemand décide de se replier et d’encercler Lwów en attendant l’arrivée de renforts. La ville fut totalement encerclée par la Wehrmacht le 14 septembre 1939.

En application du pacte germano-soviétique, l’Armée rouge envahit à son tour la région le 17 septembre 1939. Au terme de ce qui sera appelé la bataille de Lwów, la garnison polonaise capitula face aux Soviétiques le 22 septembre 1939. La région fut alors annexée par l’Union soviétique et incorporée à la république socialiste soviétique d’Ukraine selon une des clauses secrètes du pacte Molotov-Ribbentrop. Au cours de la période d’occupation soviétique de septembre 1939 à juillet 1941, la population, particulièrement les Polonais, subit une politique de soviétisation (collectivisation des entreprises) et de représailles (exécutions et déportations dans les régions Est de l’URSS).

Lors de l’opération Barbarossa, la ville est occupée en juillet 1941 par les troupes allemandes, les nazis et leurs auxiliaires ukrainiens commencèrent une politique de « purification ethnique et intellectuelle » avec notamment la destruction de l’intelligentsia polonaise (et de leur famille) lors du massacre des professeurs de Lwów. Ces opérations préparées par l’établissement de listes de Polonais à éliminer dès l’invasion de la Pologne (Sonderfahndungsbuch Polen comptant 61 000 noms), et menées à leur terme par les nazis lors de l’avancée allemande vers l’est.

Dès le 25 juin 1941, les nationalistes ukrainiens de Stepan Bandera entament des pogroms contre les Polonais, les Juifs à Lviv en représailles contre les meurtres de prisonniers commis par le NKVD selon des témoignages récoltés par les Allemands, la majorité des prisonniers étaient des membres de l’OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens), mais il y avait également parmi eux des Polonais et des Juifs6. Les Ukrainiens accusèrent la population juive locale d’avoir soutenu le régime d’occupation soviétique et surtout d’avoir aidé le NKVD dans son offensive meurtrière contre les nationalistes ukrainiens.

En représailles aux exécutions des prisonniers par le NKVD, deux pogroms sont déclenchés à Lviv, les 30 juin et 25 juillet 1941, sans discontinuer durant quatre semaines, durant lesquels 4 000 Juifs sont tués. Le 30 juin, ce sont les hommes du bataillon Nachtigall, qui rassemblent un demi-millier de Juifs, qu’ils ont arrêtés dans la rue à des barrages de contrôle9 ou à leur domicile. Ils sont aidés par des civils portant un brassard, qui seront organisés, le 1er août, en un corps de police auxiliaire, l’UP. Les personnes arrêtées sont réquisitionnées pour porter les cadavres hors des cellules. Une fois le travail accompli, elles subissent le supplice de la course des piques, à savoir, battues à mort entre deux rangs de baïonnettes ukrainiennes sur ordre d’un officier.

Le même jour, un millier de Juifs est livré aux insultes et aux coups de la foule qui, parallèlement, couvre de fleurs les soldats allemands en acclamant Hitler et Bandera. La collaboration de la population Ukrainienne et l’enthousiasme des participants sont contrôlés, ce qui traduit une politique calculée de terreur. L’autorité abolit les ultimes freins de la conscience individuelle que sont les règles morales en manipulant et confondant victimes et bourreaux. La foule est invitée impérieusement à une manifestation festive qui culmine par un massacre.

Sept mille arrestations sont conduites systématiquement dans les semaines suivantes à partir de listes préparées de longue date par le Sicherheitsdienst (SD) (en français : service de sécurité). Jusqu’à son départ vers l’est pour Ternopil le 7 juillet au matin, le bataillon Nachtigall, jusque-là principalement affecté à la garde de marchandises, participe à ces arrestations. Environ trois mille des personnes interpellées sont exécutées dans le stade municipal de Lviv.

Au début de novembre 1941, les Allemands créent un ghetto au nord de la ville qu’ils rebaptisent Lemberg, comme à l’époque de l’Autriche-Hongrie. Les Einsatzgruppen assassinent des milliers de Juifs âgés ou malades pendant qu’ils traversent le pont de la rue Peltewna pour rejoindre le ghetto. En mars 1942, les Allemands débutent la déportation des Juifs vers le camp d’extermination de Bełżec. En août 1942, plus de 65 000 Juifs sont déportés du ghetto de Lemberg et exterminés. Des milliers d’autres sont envoyés dans le camp de travail forcé voisin de Janowska. Au début du mois de juin 1943, le ghetto est détruit et des milliers de Juifs sont à nouveau massacrés à cette occasion. Les survivants du ghetto sont envoyés au camp de travail forcé de Janowska.

Le 27 juillet 1944, la Wehrmacht est définitivement chassée de la ville par l’Armée rouge.

En 1945, après des siècles de présence polonaise, la région est annexée par l’Union soviétique et les Polonais survivants sont expulsés vers l’ouest, notamment vers Wrocław (en allemand Breslau), en Basse-Silésie, région jusque-là allemande, alors rétrocédée à la Pologne.

Sans Polonais, ni Juifs, cette ville, jusque-là creuset intellectuel et pluriculturel, est vidée de sa substance et des principaux habitants qui en avaient fait la réputation.

Le centre historique de Lviv a beaucoup souffert de cette période. Dans la ville et même dans son centre historique, il reste quelques bâtiments laissés par les Soviétiques. Les façades des bâtiments anciens, usées par le temps et le manque d’entretien, subissent depuis la fin de cette période une lente rénovation bien que la ville ait des difficultés à redonner à ce vieux quartier sa splendeur d’antan : cette situation est comparable à celles de Saint-Pétersbourg et de La Havane. Ceci n’empêche pas la ville d’être la seule du pays à être inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’aérodrome de Lviv a été la scène d’une tragédie le 27 juillet 2002, lorsqu’un avion de chasse SU27 s’est écrasé sur la foule au cours d’une démonstration, faisant 83 morts et 115 blessés.

La ville a été submergée en décembre 2004 par la révolution orange à partir du moment où l’élection présidentielle très contestée a failli tourner à l’avantage du pouvoir en place. Elle a été une des premières à refuser la victoire de Viktor Ianoukovytch.

En 2012, elle a accueilli des rencontres du Championnat d’Europe de football, l’occasion d’augmenter sa capacité hôtelière.

Lors de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, des milliers de réfugiés ukrainiens fuyant les combats entrent dans la ville. L’ambassade de France est déplacée de Kiev à Lviv.

A l’exception d’une poignée de bombardements mi-avril 2022, Lviv a été relativement épargnée par la guerre et a subi bien moins de dégâts que Kiev par exemple.

Source : Wikipédia.

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