Slobodan Jovanović, juriste, historien et homme politique.

Slobodan Jovanović (en cyrillique : Слободан Јовановић), né le 3 décembre 1869 à Novi Sad et mort le 12 décembre 1958 en exil à Londres, est un juriste, historien et homme politique serbe et yougoslave. De 1942 à 1943, il fut Premier ministre du gouvernement yougoslave en exil.


Slobodan Jovanović fut l’un des plus éminents historiens et juristes serbes du Royaume de Serbie et de Yougoslavie. Fils du chef des premiers libéraux en Serbie, Vladimir Jovanović, il était le premier Serbe surnommé Slobodan (Liberté). Sa famille s’est installée à Belgrade en 1872. Éduqué en Serbie, en Allemagne et en Suisse (Faculté de droit à Genève, diplômé en 1890, puis  une année scolaire de spécialisation à la Faculté de droit à Paris), après quelques années dans le service diplomatique du royaume de Serbie, en 1897 il devient le professeur associé et en 1900 professeur de droit constitutionnel à la Faculté de Droit de la Grande École à Belgrade (l’Université de Belgrade à partir de 1905). Slobodan Jovanović est l’auteur d’une vingtaine de monographies importantes sur l’histoire politique et constitutionnelle de la Serbie au XIXe siècle, ainsi qu’une dizaine d’ouvrages et d’essais sur la théorie du droit, sur la sociologie politique et même sur l’histoire littéraire.

Spécialiste de la mentalité politique en Serbie de son époque, selon D. T. Bataković, Slobodan Jovanović s’est distingué non seulement par son analyse précise et complète des conditions sociales, du cadre juridique et des circonstances politiques, mais aussi par les portraits vivants des personnages, souvent flamboyants et controversés, des premiers voïvodes de la Révolution serbe de Karageorges depuis 1804 jusqu’à les derniers souverains de la maison des Obrenović (Obrenovitch). Les images  approfondies, avec une caractérisation psychologique et sociale remarquable, des hommes politiques tels que Stojan Novaković, Nikola Pašić ou Milovan Milovanović, ainsi que celle du colonel Dragutin Dimitrijevic Apis, chef de l’organisation secrète « La main noire », constituent le sommet de l’historiographie serbe.

Le style littéraire de Slobodan Jovanović demeure célèbre comme le meilleur exemple du « style belgradois », très proche du style français, tandis que son engagement dans le domaine d’organisation de la vie scientifique et la promotion des valeurs démocratiques, des libertés politiques et du droit d’autonomie de l’Université le range parmi les plus grands défenseurs des libertés acquises par la Serbie dans sa vie politique en tant qu’État  indépendant.

Patriote et cosmopolite à la fois, Jovanović défendait les valeurs libérales de son père Vladimir Jovanović (ministre à plusieurs reprises) et ses propres convictions démocratiques à travers sa vie en les accentuant clairement dans son dernier ouvrage sur le caractère national serbe : « Dès que l’homme s’élève un peu au-dessus de l’égoïsme national, il lui apparaît clairement que la nation, par elle-même, ne représente pas ce qu’on appelle en philosophie une ‘valeur’. Ce sont les idéaux culturels au service desquels elle s’est mise, qui peuvent seuls lui en conférer. »

Célèbre et reconnu déjà après ses premiers ouvrages, Jovanović fut élu membre de l’Académie royale serbe (Srpska kraljevska akademija) en 1905 (membre correspondant) et enfin l’académicien en 1908 (promu  définitivement en 1911) ; il était aussi élu membre de l’Académie yougoslave des sciences et des arts de Zagreb (Jugoslavenska akademija znanosti i umjetnosti) en 1927. Pendant les guerres balkaniques (1912-1913) ainsi que pendant la Grande Guerre Slobodan Jovanović servait comme le chef de bureau de presse de l’état-major de l’armée serbe. En tant qu’expert il participait dans la délégation serbe, puis yougoslave, dans les travaux de la Conférence de la paix à Paris en 1919.

Recteur de l’Université de Belgrade à deux reprises (1913-1914, 1920-1921), Jovanović exerçait les fonctions du président de l’Académie royale serbe de 1928 à 1931). Le roi Alexandre Ier Karadjordjević la consultait  occasionnellement en cherchant la solution viable pour le système constitutionnel après l’introduction du régime personnel en 1929. Néanmoins, Slobodan Jovanović n’était pas en faveur d’une démocratie limitée professée par le roi Alexandre Ier jusqu’à sa mort en 1934.

Source : Wikipédia.

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