Marguerite d’Angoulême, reine de Navarre.

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Marguerite de Navarre, née Marguerite d’Angoulême (appelée aussi Marguerite de Valois-Angoulême) le 11 avril 1492 à Angoulême et morte le 21 décembre 1549 à Odos-en-Bigorre, est la sœur de François Ier. Duchesse d’Alençon par son premier mariage (1509), elle est faite duchesse de Berry (1517) par François Ier, et devient reine consort de Navarre par son second mariage (1527). En 1528, elle donne naissance à Jeanne d’Albret (reine de Navarre en 1555 et mère d’Henri de Bourbon, futur Henri IV, roi de France et de Navarre).

Elle joue un rôle capital au cours de la première partie du XVIe siècle : elle exerce une influence profonde en diplomatie et manifeste un certain intérêt pour les idées nouvelles, encourageant les artistes tant à la Cour de France (elle protège notamment les écrivains Rabelais et Bonaventure des Périers) qu’à Nérac. Elle est aussi connue pour être une femme de lettres importante, surnommée la « dixième des muses », notamment pour son recueil de nouvelles connu aujourd’hui sous le titre L’Heptaméron. Les poètes de son temps l’appelaient « la perle des Valois ». Rabelais, qui éprouvait à son égard un mélange de fascination et d’effroi, la surnomme la Dame à la Licorne.

Depuis l’âge de huit ans les prétendants se sont succédés : le marquis de Montferrat, Arthur, prince de Galles, le duc d’York, frère du précédent, le duc de Calabre, fils du roi de Naples et le roi Christian II de Danemark.

Marguerite d’Angoulême, carte maximum, 11/04/1992.

Alors qu’un procès oppose les Maisons d’Angoulême et d’Alençon, en 1509, à 17 ans, Marguerite épouse en premières noces le duc d’Alençon Charles IV. Ce mariage permet d’éteindre ce vieux différend. La vie au château d’Alençon ne fut certainement pas joyeuse « enfermée dans un sombre château médiéval, entre une belle-mère très pieuse, Marguerite de Lorraine-Vaudémont (qui sera béatifiée en 1921) et un mari illettré, d’esprit militaire. »

Entre 1515 et 1518, la situation matérielle de Marguerite s’améliore nettement : cadeaux du roi, bals, fêtes… car son frère cadet, François de Valois-Angoulême, est monté sur le trône de France en 1515 (sous le nom de François Ier) à la mort de Louis XII. Marguerite remplace même dans les cérémonies officielles sa belle-sœur, la reine Claude, première épouse du roi, pendant la grossesse de celle-ci. Clément Marot, son valet de chambre, la décrit ainsi : « corps féminin, cœur d’homme, tête d’ange ».

De 1521 à 1524, la correspondance de Marguerite avec l’évêque de Meaux, Briçonnet, permet de mieux cerner l’évolution de sa spiritualité. Marguerite s’apprête à accepter la devotio moderna sans se laisser déraciner. « Comme le Cénacle de Meaux – Briçonnet, Arande et Roussel -, elle appartiendra bientôt à ces girondins de la Réforme, condamnés par les extrémistes des deux camps, les traditionalistes et les révolutionnaires. Elle restera prise entre l’arbre de l’obéissance et l’écorce de l’intolérance. »

En 1521, Lefèvre d’Étaples est secouru par le roi après la condamnation par la Sorbonne de son livre les Trois Maries. L’année suivante, Marguerite est suspectée d’hérésie après les Commentaires sur les quatre Évangiles du même auteur. En 1523, la Sorbonne profite des difficultés diplomatiques du roi pour s’attaquer au Cénacle. Les réformistes échappèrent aux poursuites grâce au Conseil du roi. L’année suivante, la paix entre la France et le Saint-Siège oblige Briçonnet à faire marche arrière et à dissoudre le Cénacle. Marguerite reçoit une aide morale chaleureuse de Briçonnet lors des deuils successifs qui la touchent. Elle montre aussi son acceptation du réformisme : certaines de leurs thèses se retrouvent dans sa première œuvre, Dialogue en forme de vision nocturne. L’influence de Meaux se fait sentir tout au long des années qui suivent.

Marguerite d’Angoulême, épreuve de luxe.

En 1525, Marguerite, qui est à Lyon, apprend la défaite de Pavie. Son frère François Ier y est fait prisonnier. Quant à Charles IV d’Alençon, son époux, il a réussi à prendre la fuite après la bataille et à rejoindre Lyon, mais il meurt en avril 1525. Marguerite est désignée pour négocier avec l’empereur Charles Quint la libération du roi de France. Mais l’empereur et son chancelier, Mercurin de Gattinara, ne veulent pas entendre parler de rançon : ce qu’ils exigent, c’est la rétrocession de la Bourgogne, dont Charles Quint est théoriquement héritier par sa grand-mère. La mission de Marguerite échoue donc, mais elle a permis d’apporter au roi François Ier un précieux réconfort.

À la mort de son mari Charles IV d’Alençon, mariage sans postérité, elle hérite de ses titres de comte d’Armagnac et de Rodez et de duc d’Alençon. Le 24 janvier 1527, elle se remarie à Henri II d’Albret, roi de Navarre, au château de Saint-Germain-en-Laye. Elle est donc reine, mais d’un royaume de Navarre amputé de sa partie sud, située au-delà des Pyrénées, que son puissant voisin espagnol Ferdinand II d’Aragon a annexée en 1512. Elle accouche en 1528 d’une fille, Jeanne d’Albret, qui sera l’avant-dernière reine de Navarre et la mère du futur Henri IV.

Marguerite entre dans une période de deuils : en 1530, son fils Jean a six mois lorsqu’il décède; en 1531 elle perd sa mère, Louise de Savoie.

Les antagonismes religieux s’accroissent : la Sorbonne réagit au prêche de Gérard Roussel, un protégé de Marguerite, en condamnant Le Miroir de l’âme pécheresse. En 1534, l’affaire des Placards amène le roi, son propre frère, à sévir contre les réformateurs que Marguerite protège. Par prudence, elle regagne alors ses États du sud-ouest puis parcourt le midi de la France.

Marguerite tente la voie de la conciliation avec l’empereur Charles Quint pour récupérer ses territoires au sud des Pyrénées : les conférences se succèdent à Nice et à Aigues-Mortes, les gestes de bonne volonté, les projets d’union de la petite Jeanne avec le petit infant Philippe. C’est un échec, tout comme son opposition au puissant connétable de France, Anne de Montmorency.

Marguerite, au fur et à mesure que son influence politique décline, voit son rôle de protectrice des lettres augmenter. On peut en juger par le nombre croissant d’œuvres qui lui sont dédicacées : Nicolas Bourbon, Jean Salmon, Paul Paradis, Étienne Dolet, Vauzelles, Hugues Salel, Niccolò Martelli, Mathieu Bandello, l’Arétin, Rabelais (le Tiers-Livre), Luigi Alamanni.

Dès la fin 1542, elle retourne sur ses terres : elle fait de Mont-de-Marsan son « ermitage », lieu de retraite et de recueillement. Elle y partage son temps entre la composition de l’Heptaméron et les responsabilités du pouvoir en l’absence de son mari. Un retour au Louvre à partir de janvier 1545 : elle a à assumer les décès du deuxième fils du roi puis celui de son frère, François Ier, qui meurt en 1547. Le fils de François Ier, Henri II monte sur le trône. Marguerite se retire du monde pendant quatre mois au prieuré de Tusson.

En 1548 sa fille Jeanne, après bien des péripéties, se marie avec Antoine de Bourbon-Vendôme. Marguerite a tout tenté pour éviter cette union. Elle retrouve le Béarn pour quelques mois et s’essaie aux bienfaits du thermalisme à Cauterets. Elle décède à 57 ans le 21 décembre 1549 d’une inflammation des poumons due au froid de la nuit dans son parc d’Odos. La reine meurt seule, son mari arrive trop tard. Les obsèques sont célébrées le 10 février 1550 en la cathédrale de Lescar, nécropole des rois de Navarre.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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