Cyrus le Grand, fondateur de l’empire Perse.

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Cyrus le Grand (en vieux perse Kuraš), dit Cyrus II, est le fondateur de l’Empire perse de la dynastie des Achéménides, régnant d’environ 559 à 530 av. J.-C. Son règne a été marqué par des conquêtes d’une ampleur sans précédent : après avoir soumis les Mèdes, il a placé sous sa domination le royaume de Lydie et les cités grecques d’Ionie, puis l’Empire néo-babylonien (comprenant alors la Mésopotamie, la Syrie, les cités phéniciennes et la Judée). Il trouva la mort au cours d’une campagne militaire contre les Massagètes. Son règne marque un tournant dans l’histoire du monde antique, puisqu’il marque la fin de l’ère des grands royaumes mésopotamiens, et une nouvelle étape dans la construction d’empires multinationaux, son empire lui survivant deux siècles.

Cyrus est rapidement devenu une figure majeure dans le monde antique. Les Grecs le connaissent comme un grand conquérant, et un modèle de roi sage, magnanime envers les vaincus. La Bible hébraïque l’a également érigé en modèle, lui attribuant la décision de laisser les Juifs retourner en Judée pour reconstruire le temple de Jérusalem. De ce fait son souvenir s’est préservé par ces deux canaux dans la tradition européenne. En Iran, il est considéré comme une figure fondatrice de premier ordre dans l’histoire nationale.


Le contexte politique et culturel dans lequel naît Cyrus reste mal connu. Le sud-ouest iranien est en plein bouleversement à la fin du VIIe siècle av. J.-C. et au début du VIe siècle av. J.-C. Selon ce que rapporte le cylindre de Cyrus, il descend de la lignée des rois d’Anshan (ou Anzan), mot qui désigne un pays et une ville situés dans le Fars (l’actuel site de Tell e-Malyan) à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest de Persépolis. Selon Hérodote, Cyrus est né dans une famille du clan Achéménide, lui-même partie de la tribu perse des Pasargades, dont il serait la lignée la plus éminente. L’archéologie indique que les élites du Fars de cette période sont dans un milieu culturel mixte, mêlant des éléments Iraniens, arrivés dans la région quelques siècles plus tôt, aux populations locales ayant un ancrage très ancien dans la région, les Élamites, et c’est de ce mélange que seraient nés les Perses amenés à constituer l’empire achéménide. La place de l’élément élamite dans les origines de l’empire a donc été réévaluée par la recherche récente. Anshan est d’ailleurs une ancienne capitale élamite, prospère au IIe millénaire av. J.‑C. Les trouvailles archéologiques et artistiques, ainsi que des tablettes datées approximativement de cette période provenant de Suse, située plus loin vers l’ouest, confirment que le paysage culturel de la région à cette période est « élamo-perse », tout en étant marqué par l’influence de la Mésopotamie voisine, les Assyriens ayant conduit plusieurs expéditions à Suse et en pays élamite, et les Babyloniens ayant été à plusieurs reprises alliés de rois élamites contre ces mêmes Assyriens. La puissance de l’Élam ayant périclité sous les coups assyriens, le sud-ouest iranien s’est divisé en plusieurs royaumes, dirigés par des sortes de « seigneurs de la guerre » selon D. Potts, aux noms élamites ou iraniens, mentionnés par des sources éparses qui rendent difficile leur datation exacte. Des tombes au riche matériel funéraire indiquent que l’élite locale est prospère et dispose d’objets témoignant de relations avec des régions extérieures. Concernant les ancêtres de Cyrus qui s’inscrivent manifestement dans ce contexte, les sources sont maigres. Dans son Cylindre, Cyrus mentionne ses aïeux Teispès (ou Seispès), Cyrus Ier et Cambyse Ier. Cyrus Ier est connu par un sceau encore employé durant l’époque de Darius Ier, dont l’inscription l’identifie comme « roi d’Anzan » et « fils de Seispès », et dont le style artistique est « élamo-perse » selon les mots de P. Amiet. En revanche aucune trace de construction de cette période n’a été identifiée sur le site d’Anshan. De ce fait certains se sont montrés sceptiques sur la question des liens entre Cyrus et Anshan et l’Élam : le titre de « roi d’Anzan » serait repris au regard de son prestige antique, plutôt qu’en raison de liens entre la dynastie perse et cette ville et la tradition élamite.

Selon Hérodote, la principale puissance au nord de la Perse sont les Mèdes, autre peuple d’origine iranienne, établis dans la région de l’actuelle Hamadan. C’est effectivement là que les sources mésopotamiennes et archéologiques situent diverses entités politiques, unifiées quand les Mèdes sont avec les Babyloniens les tombeurs de l’empire assyrien. Mais en revanche elles ne confirment pas l’image d’un empire puissant et structuré tel qu’évoqué par Hérodote.

Concernant la naissance de Cyrus, les auteurs grecs lui donnent bien pour père Cambyse, et sa mère serait Mandane, fille du roi mède Astyage. Les récits sur sa naissance et son enfance, tels que rapportés principalement par Hérodote (voir plus bas), relèvent de la légende et ne sont donc pas jugés fiables pour reconstituer l’histoire des origines de Cyrus : selon P. Briant « les différentes versions (de l’histoire) se sont construites sur une trame moyen-orientale très ancienne, bricolée au gré de l’inspiration des conteurs populaires et des objectifs de la propagande politique. » De plus ces récits n’accordent pas d’importance à la situation des Perses avant la naissance de ce roi, le présentant comme un fondateur.

De ce fait il reste difficile de déterminer dans quelles conditions Cyrus serait parvenu à l’hégémonie dans l’ouest iranien. Selon R. Boucharlat, « la dynastie de Cyrus n’était probablement pas plus importante que les autres petits royaumes (du sud-ouest iranien), mais l’unité culturelle élamite a pu faciliter la domination de la famille de Teispès sur d’autres royaumes du Fars. Cambyse, le père de Cyrus, était considéré par le Mède Astyage comme un bon parti pour sa fille. La domination d’Anshan ou sa capacité à unir les forces d’autres royaumes aurait pu permettre à Cyrus de lever une armée puissante dans sa confrontation avec les Mèdes vers 550 avant J.-C.. »

Le premier fait militaire connu du règne de Cyrus est sa victoire contre les Mèdes dirigés par le roi Astyage, documentée par des sources babyloniennes, le Songe de Nabonide et la Chronique de Nabonide, et Hérodote. Elle se déroule autour de 550 av. J.-C.. Les sources babyloniennes et grecques ne s’accordent pas sur la responsabilité du conflit. Si Hérodote présente la marche contre Ecbatane du fait de Cyrus, la Chronique de Nabonide indique qu’Astyage « mobilise son armée et il marche contre Cyrus, roi d’Anshan, en vue de la conquête ».

Selon le récit de Hérodote, Astyage aurait placé Harpage à la tête de l’armée mède de manière très inconséquente : ce dernier n’aspirant qu’à se venger de ce souverain qui lui avait fait manger son propre fils exhorte l’armée à se retourner contre Astyage lors de la première bataille, qui voit une victoire des armées perses. Cependant, contrairement à ce que prétend Hérodote (I, 130), cette bataille ne suffit pas à emporter la décision. Selon Ctésias (utilisé par Diodore, IX, 23), Astyage renvoie alors ses officiers, en nomme de nouveaux et prend lui-même en main la conduite de la guerre. Selon Nicolas de Damas et Polyen (VII, 6-9), les combats sont violents en Perse, particulièrement près de Pasargades. Cependant, Cyrus finit par retourner la situation et remporte la victoire. Il se lance alors dans la conquête de la Médie, et Ecbatane finit par tomber. Il reçoit ensuite les hommages des peuples soumis aux Mèdes, notamment les Bactriens.

Selon les sources babyloniennes, Cyrus est un instrument de la volonté des dieux de Babylone, Marduk et Sîn : le roi babylonien Nabonide se voit ordonner par le premier de reconstruire le temple du second à Harran, mais il ne peut pas tant que les Mèdes occupent la région. Marduk suscite alors contre le roi mède son vassal Cyrus. Selon le Songe de Nabonide, une inscription figurant sur un cylindre de ce roi mis au jour à Sippar : « Cyrus, le roi d’Anshan, son second en rang, dispersa les nombreuses hordes mèdes avec sa petite armée. Il captura Astyage, le roi des Mèdes, et l’emporta captif dans son pays. (Tels furent) les mots du grand seigneur Marduk, et de Sîn, la lumière du Ciel et du Monde souterrain, dont les commandements ne peuvent être changés. » Cela pourrait indiquer que Nabonide a soutenu Cyrus contre Astyage. Selon la Chronique de Nabonide, rédigée après la conquête de Babylone par Cyrus, Astyage est capturé par ses propres troupes et livré au Perse.

Hérodote indique que Cyrus épargne Astyage, qui conserve un train de vie princier, et se pose même comme son successeur : selon Ctésias et Xénophon, il épouse sa fille Amytis.

Après son départ de Sardes, Cyrus se dirige vers la partie orientale de son empire. On ne connaît pas la chronologie des nouvelles conquêtes que Cyrus accomplit vers l’Asie centrale car Hérodote ne développe pas ce point pour passer directement au cas de Babylone, et qu’aucune source fiable ne vient compenser cette lacune. Quoi qu’il en soit lorsqu’il marche sur Babylone en 540 se sont ajoutés à l’empire de Cyrus la Parthie, la Drangiane, l’Arie, le Khwarezm, la Bactriane, la Sogdiane, le Gandhara, la Scythie, la Sattagydie, l’Arachosie et le Makran.

L’empire néo-babylonien de Nabonide, après avoir manifestement vu d’un bon œil la victoire de Cyrus contre les Mèdes, devient alors la cible du roi perse. Le roi babylonien est alors contesté dans son pays : il a passé plusieurs années en Arabie à Tayma, laissant la régence de Babylone à son fils Balthasar, pour des raisons indéterminées. Cette situation a en partie à voir avec les vues religieuses de Nabonide, qui est un fervent dévot du dieu-lune Sîn, auquel il accorde une plus grande importance qu’au grand dieu babylonien, Marduk, ce qui froisse sans doute son clergé. En tout cas il existe une opposition politique au roi babylonien dans sa propre capitale. Il revient en Babylonie en 543, puis la situation politique des années suivantes échappe à la documentation, jusqu’à l’été de l’année 539, quand les Babyloniens se préparent à l’invasion perse.

Les hostilités avec Babylone ont sans doute commencé au cours des années 540, mais alors les sources n’évoquent que l’étape finale de la guerre, à la fin de l’été 539. Les Perses bénéficient alors de la trahison d’Ugbaru, gouverneur babylonien du pays de Gutium. Il s’agit probablement du Gobryas mentionné par Xénophon dans la Cyropédie : le personnage est présenté comme un Assyrien souhaitant venger le meurtre de son fils par Nabonide, jaloux des exploits du jeune homme à la chasse (IV, 6, 1–11). L’armée de Cyrus remporte une première victoire à Opis (26 septembre 539), puis à Sippar, mettant Nabonide en fuite, et enfin assiège Babylone qui tombe rapidement. Hérodote et Xénophon évoquent les difficultés des assaillants devant cette ville puissamment fortifiée, qui dispose de suffisamment de réserves pour soutenir un long siège. Les Perses détournent alors le cours de l’Euphrate pour permettre à une petite troupe sous la conduite d’Ugbaru de s’emparer des citadelles, alors que les Babyloniens célèbrent une grande fête religieuse. Quatre jours plus tard, le 12 octobre 539 l’armée perse rentre dans Babylone.

Là encore, Nabonide est épargné et exilé, en Carmanie (Kerman en Iran) selon Bérose. Cyrus est à Babylone le 29 octobre. Il est alors reconnu comme le souverain de Babylone, et se met en place un discours politique visant à discréditer Nabonide (qui fait sans doute le lit de l’impopularité de celui-ci chez une partie des élites babyloniennes), présenté comme un impie, qui négligé le culte des dieux, et en particulier celui de Marduk. Ce dernier aurait donc cherché un nouveau roi digne de diriger Babylone, Cyrus. Cela ressort en particulier du célèbre cylindre de Cyrus, mais aussi de la Chronique de Nabonide. La main de prêtres de Marduk doit sans doute être à l’origine de ces purs produits de l’idéologie babylonienne, mis au service d’un conquérant étranger. De fait le cylindre de Cyrus glorifie celui-ci en tant que roi de Babylone, choisi par Marduk, commémore la reconstruction des murailles de la ville comme le fait tout bon roi babylonien, et proclame que tous les gens de Babylonie se sont soumis à lui dans la joie et l’allégresse. L’interprétation de ce texte comme une sorte de « déclaration des droits de l’homme antique » qui a pu être proclamée pour des motifs politiques et culturels divers résulte d’anachronismes et de la méconnaissance des discours politiques babyloniens traditionnels.

En fin de compte la transition entre le pouvoir babylonien et le pouvoir perse semble se dérouler dans le calme après la conquête. Cyrus reprend à son compte la titulature royale babylonienne dans son cylindre4. Vers 535 les territoires issus de l’empire néo-babylonien sont réorganisés pour former une grande « province de Babylone et de Transeuphratène », incluant la Mésopotamie et le Levant, confiée à Gobryas. Il n’y a pas de remaniement à la tête des grands temples babyloniens documentés pour cette période (Uruk, Sippar, Borsippa). Cyrus a laissé deux autres inscriptions à Uruk et Ur, mais elles ne font pas référence à des travaux. Ni lui ni ses successeurs ne vont plus loin que les discours et ils ne reprennent le rôle de pourvoyeur des temples qu’avaient traditionnellement les souverains babyloniens, y compris ceux d’origine étrangère : ils se considère étranger aux traditions de ce pays, ne sont pas assimilés par la culture de ce pays, ce qui constitue un grand changement puisque c’est la première fois qu’un conquérant de Babylone se comporte de cette manière.

À la suite de ses conquêtes, Cyrus avait mis la main sur les résidences royales des vaincus, ce qui lui permettait de disposer de palais à Ecbatane, Bactres, Sardes, Suse et Babylone. Pour ce qui concerne le pays perse, comme vu précédemment rien n’indique que les premiers rois perses aient fait des constructions à Anshan et donc qu’ils y aient résidé. Donc, après avoir résidé on ne sait où au début de son règne lorsqu’il était en Perse, Cyrus fait construire une résidence royale à Pasargades (vieux perse Batrakataš), dans l’actuel Fars, une quarantaine de kilomètres au nord-est de Persépolis. Selon ce que rapporte bien plus tard Strabon, ce choix est dû au fait que c’est là qu’il a vaincu les Mèdes et donc posé les premiers jalons de son empire. La date de la décision de construction du site est débattue : Herzfeld a pu proposer une datation haute dès les années 559-550 (donc avant même la victoire sur les Mèdes), mais l’aspect ionien de certains édifices plaide plutôt pour un début des travaux après la conquête de la Lydie et de l’Asie mineure, donc après 546. Pour D. Stronach le gros des constructions se déroule entre cette date et la mort de Cyrus en 530. Il est probable que les travaux aient continué par la suite, jusqu’au début du règne de Darius Ier, qui est sans doute à l’origine des inscriptions en vieux perse cunéiforme au nom de Cyrus qui se retrouvent sur plusieurs monuments du site, car c’est sous son règne à lui qu’est mise au point cette écriture.

Ce vaste site comprend plusieurs monuments. Le groupe central comprend plusieurs portes monumentales et palais (Palais P et S) organisés autour de jardins, qui en font les archétypes des constructions palatiales achéménides, dont les exemples les plus illustres sont construits par la suite à Persépolis et Suse ; une tour (Zendan-i Sulaiman) pourrait servir de lieu de cérémonies de couronnement. Le tombeau de Cyrus est isolé, environ 700 mètres au sud-ouest. Des constructions manifestement postérieures au règne de Cyrus se trouvent au nord-est (Tall-i Takht) et un kilomètre au nord-ouest (« enceinte sacrée »). Les 300 hectares que couvrait le site n’ont pas tous été bâtis dans l’Antiquité, mais certaines constructions monumentales restent à dégager. Il ne faut pas envisager une ville très peuplée, même si elle ne peut être réduite à une capitale-campement comme cela a pu être proposé. Après la mort de Cyrus le site reste occupé et utilisé par le pouvoir malgré la construction des nouvelles deux capitales, puisqu’on sait par des tablettes de Suse qu’on y trouve un trésor, et que le tombeau de Cyrus et la tour servent sans doute lors de cérémonies officielles.

Cyrus est une figure bénéficiant d’une image très positive dans les textes bibliques. De la même manière que les textes babyloniens en font l’élu choisi par Marduk pour libérer Babylone de l’impie Nabonide, le Deutéro-Isaïe (41:3 ; 45:2) en fait l’« oint » (donc le messie) de Yahweh, tout mécréant qu’il soit, venu pour permettre le retour de l’Exil et la reconstruction du Temple de Jérusalem après la destruction et la déportation du temps de Nabuchodonosor II.

Dans le Livre d’Esdras (1:1-4, décret en hébreu ; 3:6), Yahweh inspire à Cyrus un décret proclamant l’autorisation de reconstruire le Temple de Jérusalem, avec pour le financer la restitution des trésors dérobés par Nabuchodonosor II lors de la destruction du sanctuaire. Un autre décret du même Cyrus (cette fois-ci en araméen, la langue officielle de la chancellerie perse), redécouvert au temps de son successeur Darius Ier est de la même teneur (6:2-12). Des doutes ont été soulevés quant à l’authenticité de ces décrets. Si certains les prennent pour véridiques, la majorité des spécialistes sont sceptiques. Ainsi L. Grabbe a relevé plusieurs points problématiques : les proclamations sont en accord avec la théologie judéenne, il évoque « Israël » alors que les documents authentiques émis par le pouvoir perse parlent de « Juïfs » et de « Juda », la langue araméenne employée dans plusieurs des textes et leur formulaire présentent des traits qui plaident en faveur d’une rédaction postérieure à la période perse ; du reste il n’est pas dans les habitudes du pouvoir perse de soutenir les cultes locaux, a fortiori pour des sommes aussi importantes que celles évoquées dans la Bible, et il juge peu probable que Cyrus se soit occupé personnellement de cette affaire concernant en fin de compte une petite communauté. De ce fait selon lui il faut envisager la possibilité que certains de ces document soient des faux (notamment le décret de Cyrus en hébreu qui présente le plus d’incohérences), même s’il préfère envisager qu’il s’agisse de réécritures postérieures à partir d’originaux effectivement émis par l’administration perse, dont le sens originel a pu être modifié. Et du reste s’il y a bien eu des retours d’exilés en Judée par la suite, il est généralement estimé que cela n’a concerné qu’un nombre limité de personnes, contrairement à l’image d’un retour massif qui se trouve dans la Bible.

En tout cas il n’y a pas lieu de surinterpréter le choix de permettre le retour à Juda des Judéens exilés en Babylonie en le considérant comme une faveur exceptionnelle, au contraire il est courant à cette période qu’un conquérant autorise le retour de personnes et de divinités déportées par un de ses prédécesseurs, a fortiori si celui-ci est un roi d’un pays qu’il a vaincu34. Ainsi la Chronique de Nabonide comme le cylindre de Cyrus indiquent que ce roi permet après sa conquête de Babylone à divers temples mésopotamiens de reprendre leur culte, ce qui se fait notamment grâce à la restitution de leurs statues divines qui avaient été capturées auparavant par les Babyloniens. C’est par exemple le cas d’Assur, ancienne capitale et ville sainte assyrienne, où le culte du grand dieu local (également appelé Assur) semble restauré vers la même période.

La dernière décennie de la vie de Cyrus est mal connue. Peut-être envisageait-il de poursuivre ses conquêtes occidentales en s’attaquant à l’Égypte, le dernier grand royaume qu’il restait pour lui faire face. Mais il a été rattrapé par la situation instable de l’Asie centrale, où il conduite en personne une expédition en 530. Hérodote rapporte qu’il est tué lors d’une bataille contre Tomyris, reine des Massagètes, qui a lieu sur l’Oxus, l’actuel Amou Daria (Hérodote, Histoire, livre I, 214). Cette campagne et de la mort de Cyrus fait l’objet de récits romancés dès cette période (voir plus bas), ce qui indique que son impact sur les contemporains a été très fort, mais cela empêche de bien connaître le déroulement des faits. Quoi qu’il en soit Cambyse II succède à son père en 528 à Suse (Hérodote, I, 208) et fait ramener son corps à Pasargades (dans l’actuel Fars).

Selon ce qui est rapporté par Ctésias, le cadavre de Cyrus est rapatrié en Perse sur ordre de son fils Cambyse, pour y être inhumé. L’ensevelissement est apparemment le mode normal de traitement des morts dans la Perse achéménide, la pratique zoroastrienne de l’exposition et du décharnement des cadavres n’y semblant pas normalement pratiquée, pas plus que l’incinération. Selon ce que relate Arrien quand il évoque la visite du tombeau de Cyrus par Alexandre deux siècles après la mort du roi perse, des sacrifices à l’intention de ce dernier ont été institués dès le règne de Cambyse. Ils sont conduits par des « mages » qui se succèdent à cette charge de père en fils, sont rétribués en rations quotidiennes (un moutun, de la farine et du vin) et reçoivent chaque mois un cheval à sacrifier en l’honneur du roi défunt. Cette pratique semble conforme avec celle attestée dans les tablettes administratives provenant de Persépolis qui documentent de telles distributions de rations et offrandes sacrificielles. En revanche le sacrifice d’un cheval semble un privilège exceptionnel lié au culte royal.

Arrien décrit le tombeau de Cyrus comme un édifice construit disposant d’une chambre funéraire où se trouve le sarcophage du roi, à côté d’un lit et d’une table luxueux, et de ses armes. L’édifice identifié à Persépolis comme correspondant au tombe du roi est une construction érigée sur un podium à six degrés, comprenant une seule chambre sépulcrale, surmonté d’un toit à pente. Si on suit la description des auteurs grecs, elle se trouvait dans un jardin irrigué (un « paradis »), comprenant un bois sacré. C’est un cas unique dans la dynastie achéménide, puisque les autres tombeaux royaux sont taillés dans la roche, à Naqsh-e Rostam près de Persépolis.

Lire aussi ce document “La Perse éternelle”. 

 

Source : Wikipédia.

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