L’Ornithorynque.

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L’ornithorynque (Ornithorhynchus anatinus) est un animal semi-aquatique endémique de l’est de l’Australie et de la Tasmanie. C’est l’une des cinq espèces de l’ordre des monotrèmes, seul ordre de mammifères qui pond des œufs au lieu de donner naissance à des petits complètement formés (les quatre autres espèces sont des échidnés). C’est la seule espèce actuelle de la famille des Ornithorhynchidae et du genre Ornithorhynchus bien qu’un grand nombre de fragments d’espèces fossiles de cette famille et de ce genre aient été découverts.

L’apparence fantasmagorique de ce mammifère pondant des œufs, à la mâchoire cornée ressemblant au bec d’un canard, à queue évoquant un castor, qui lui sert à la fois de gouvernail dans l’eau et de réserve de graisse, et à pattes de loutre a fortement surpris les explorateurs qui l’ont découvert ; bon nombre de naturalistes européens ont cru à une plaisanterie. C’est l’un des rares mammifères venimeux : le mâle porte sur les pattes postérieures un aiguillon qui peut libérer du venin capable de paralyser une jambe humaine ou même de tuer un chien. Les traits originaux de l’ornithorynque en font un sujet d’études important pour mieux comprendre l’évolution des espèces animales et en ont fait un des symboles de l’Australie : il a été utilisé comme mascotte pour de nombreux événements nationaux et il figure au verso de la pièce de monnaie de 20 cents australiens.

Ornithorynque, carte maximum, Liechtenstein.

Jusqu’au début du XXe siècle, il a été chassé pour sa fourrure mais il est protégé à l’heure actuelle. Bien que les programmes de reproduction en captivité aient eu un succès très limité et qu’il soit sensible aux effets de la pollution, l’espèce n’était pas considérée comme en danger jusque récemment ; depuis 2019, elle est décrite comme « quasi-menacée », et un rapport de l’Australian Conservation Foundation (ACF) (en) de novembre 2020 a recommandé de la classer parmi les espèces menacées en vertu du code EPBC.


C’est un animal nocturne et farouche. Il est longtemps passé pour une chimère, mais se révèle un animal très adapté aux conditions de vie du continent australien.

L’ornithorynque a un poids très variable allant de 0,7 à 2,4 kilogrammes, les mâles étant habituellement d’un tiers plus gros que les femelles. La taille totale, entre 40 et 50 centimètres en moyenne, varie considérablement d’une région à l’autre, sans qu’elle soit liée au climat. La queue mesure 12 cm et la mâchoire 6 cm.

Il ressemble à un castor par son pelage : le corps et la queue, larges et plats, sont couverts d’une fourrure marron qui emprisonne entre ses poils de l’air afin d’isoler l’animal du froid6,11, sa queue stocke des réserves de graisse comme chez le diable de Tasmanie et certains moutons. Comme les canards, il est pourvu de pieds palmés surtout au niveau des pattes antérieures, avec une palmure dépassant les doigts, qu’il utilise pour nager ou pour se  déplacer sur des sols vaseux. Il peut partiellement replier sa palmure lorsqu’il se déplace sur sol sec ou qu’il doit utiliser ses griffes puissantes pour grimper sur les berges ou creuser sa tanière. Il est également pourvu d’une grande mâchoire cornée lui ayant donné son surnom anglais « duck-billed platypus » (« pied plat à bec de canard »). Cette mâchoire, gris-bleu, est surtout un organe sensoriel remontant sur le front, l’ouverture de la bouche se trouvant sur sa face inférieure ; les narines s’ouvrent à l’avant de la face supérieure, tandis que les yeux et les oreilles sont situés dans une rainure placée juste en arrière du bec. Cette rainure se referme lorsque l’animal nage, ce qui le rend sourd et aveugle dans l’eau11. La cavité buccale est prolongée latéralement par des abajoues qui lui servent à stocker sa nourriture lorsqu’il chasse sous l’eau. La langue, charnue, a un renflement à sa partie postérieure qui peut obstruer complètement le fond de la bouche18. Les premiers Européens à s’être procuré un ornithorynque mort ont d’abord cru à une blague ; ils ont cherché d’éventuelles traces de coutures, en vain.

L’animal émettrait un petit grognement lorsqu’il est dérangé et l’on a rapporté l’émission de toute une série d’autres petits sons chez les spécimens en captivité ; mais selon d’autres témoignages, le seul bruit que ferait l’animal serait, lorsqu’il est gêné par de l’eau dans les narines, de souffler fortement pour l’en chasser.

L’ornithorynque est un animal homéotherme dont la température corporelle moyenne est de 31–32 °C contre 37 °C en moyenne chez les mammifères placentaires. Les recherches laissent à penser qu’il s’agit plus d’une adaptation progressive aux conditions environnementales du petit nombre de monotrèmes survivants plutôt que d’une caractéristique historique des monotrèmes.

Les jeunes ornithorynques ont des molaires à 3 cuspides qu’ils perdent au moment de quitter le nid et les adultes disposent de blocs de kératine pour les remplacer ; la mâchoire de l’ornithorynque est faite de façon différente de celle des autres mammifères et le muscle chargé de son ouverture est dissemblable. Comme chez les autres mammifères, les os de l’oreille moyenne sont incorporés au crâne plutôt que d’être situés à la base de la mâchoire comme chez les cynodontes et les autres synapsides ; cependant le conduit auditif externe s’ouvre à la base de la mâchoire.

L’ornithorynque, comme les reptiles, a des os surnuméraires dans la ceinture scapulaire comprenant notamment une interclavicule qu’on ne retrouve pas chez les autres mammifères. Il a la démarche d’un reptile avec les pattes situées sur les côtés du corps au lieu d’être en dessous comme chez les autres mammifères.

Les jeunes et les ornithorynques mâles portent des aiguillons venimeux de 15 millimètres de long aux chevilles reliés à une glande située dans la cuisse, appelée glande crurale. L’aiguillon s’atrophie chez la femelle et la glande n’est fonctionnelle que chez le mâle adulte pendant la période de  reproduction. Son venin, formé de plusieurs enzymes, n’est pas mortel pour les humains, mais provoque d’importantes douleurs et des œdèmes qui peuvent durer plusieurs mois. Ils peuvent provoquer une paralysie des membres inférieurs pendant quelques jours. On ne connaît pas d’antidote. On se contente de traiter par des analgésiques et un vaccin antitétanique si besoin. Le venin peut être mortel pour un chien ou pour de petits animaux domestiques par dépression respiratoire.

Dans l’eau, il garde les yeux et les oreilles hermétiquement fermés et se sert de ses autres sens pour se diriger. Il détecte le plus souvent ses proies grâce à des détecteurs de champ électrique situés sur sa mâchoire (voir plus loin). Les quatre pattes de l’ornithorynque sont palmées. Quand il nage, il se propulse par des battements alternatifs de ses pattes avant, sa queue et ses pattes postérieures l’aidant à se diriger, mais non à se propulser.

Doublée de tissus adipeux, la fourrure de l’ornithorynque lui permet d’affronter les rivières les plus froides d’Australie. La durée moyenne de plongée de l’animal est de 31 à 35 secondes, la plus longue plongée observée a été de 138 secondes soit plus de deux minutes. L’animal plonge en moyenne à 1,3 mètre et un record à 8 mètres a été établi.

Sous lumière ultraviolette, son pelage apparaît vert-bleu fluorescent, propriété qui « pourrait l’aider à se camoufler des autres prédateurs nocturnes sensibles aux UV en absorbant la lumière UV au lieu de la réfléchir ».

Il supporte moins bien la chaleur. Après son bain, il aime regagner son terrier après avoir essuyé son pelage, qui fut jadis très prisé des pelletiers pour ses qualités isolantes et sa grande finesse.

Alors que les ornithorynques mâles et femelles naissent avec des éperons aux chevilles, seuls les éperons du mâle délivrent du venin, composée en grande partie de défensines, comme les protéines (DLPS), dont trois sont particulières à l’ornithorynque. Les DLP sont produites par le système immunitaire de l’ornithorynque. Les défensines ont pour fonction de provoquer la lyse des bactéries et virus pathogènes, mais chez les ornithorynques, elles sont également transformées en venin destiné à la défense. Bien que suffisamment puissant pour tuer des animaux plus petits tels que les chiens, le venin n’est pas mortel pour l’Homme, mais la douleur est si atroce que la victime peut être frappée d’incapacité. Un œdème se développe rapidement autour de la plaie et se propage progressivement dans tout le membre affecté. Les informations obtenues à partir des études de cas et d’anecdotes indiquent que la douleur se développe en une hyperalgésie de longue durée (une sensibilité accrue à la douleur) qui persiste pendant des jours, voire des mois. Le venin est produit dans les glandes crurales du mâle, qui sont des glandes alvéolaires en forme de rein reliées par un conduit à paroi mince à un éperon calcanéum sur chaque membre postérieur. L’ornithorynque femelle, en commun avec les échidnés, a des bourgeons d’éperon rudimentaires qui ne se développent pas (tombant avant la fin de leur première année) et n’a pas de glandes crurales fonctionnelles.

Le venin semble avoir une fonction différente de ceux produits par les espèces non mammifères, ses effets ne mettent pas la vie de l’Homme en danger, mais sont en revanche suffisamment puissants pour porter gravement atteinte à la victime. Les mâles étant seuls à produire du venin et la production augmentant pendant la saison de reproduction, il peut être utilisé comme une arme offensive pour affirmer la domination pendant cette période.

Des éperons similaires se trouvent sur de nombreux groupes de mammifères archaïques, ce qui indique qu’il s’agit d’une caractéristique ancienne pour les mammifères dans leur ensemble, et non exclusive à l’ornithorynque ou à d’autres monotrèmes.

L’ornithorynque est un animal semi-aquatique qui vit dans les petits cours d’eau sur un territoire s’étendant des régions froides des hautes terres de Tasmanie et des Alpes australiennes jusqu’aux forêts pluviales tropicales du Queensland côtier dans le bas de la péninsule du Cap York. À l’intérieur du pays, sa répartition n’est pas bien connue : il s’est éteint en Australie du sud (à l’exception d’une population introduite sur l’île  Kangourou) ainsi que dans la plus grande partie du Bassin Murray-Darling, probablement à cause d’une dégradation de la qualité de l’eau provoquée par le défrichement et l’irrigation intensifs. Sa distribution est aléatoire le long des divers fleuves côtiers : il semble absent de certains cours d’eau relativement salubres alors qu’il se maintient dans d’autres passablement dégradés (le bas Maribyrnong par exemple).

En captivité, l’ornithorynque peut vivre jusqu’à vingt-et-un ans et dans la nature, son espérance de vie est comprise entre 10 et 15 ans. Le taux de mortalité naturelle est faible. Ses prédateurs naturels sont les serpents, les rakalis, les goannas et les rapaces. Il se peut que les ornithorynques soient rares dans le nord de l’Australie à cause des crocodiles. L’introduction des renards comme prédateurs des lapins semble avoir joué sur la baisse de la population sur le continent australien. C’est un animal essentiellement nocturne mais que l’on peut voir quelquefois en activité dans la journée surtout lorsque le ciel est couvert. Il vit sur les berges des cours d’eau et les zones ripariennes où il peut trouver à la fois sa nourriture dans et au bord de l’eau et son habitat en creusant des terriers pour se reposer et se reproduire. Un mâle peut ainsi posséder jusqu’à 7 kilomètres (4,4 miles) de berges qu’il partage avec 3 à 4 femelles.

L’ornithorynque est un excellent nageur et il passe beaucoup de temps dans l’eau à la recherche de nourriture. C’est le seul mammifère qui se déplace dans l’eau en utilisant uniquement ses pattes antérieures dans un mouvement alterné pour avancer ; bien que les pattes postérieures soient également palmées, il ne les utilise pas pour avancer mais uniquement en les plaçant le long du corps pour se diriger comme il le fait aussi avec sa queue. Bien qu’il passe des heures entières à fourrager dans une eau à moins de 5 °C, c’est un animal homéotherme qui maintient la température de son corps à 31 °C. En plongée son cœur ralentit pour économiser sa consommation d’oxygène. Il plonge pendant 30 secondes environ et ne peut pas dépasser 40 secondes sous l’eau lorsqu’il recherche de la nourriture mais il pourrait y rester jusqu’à 11 minutes (3 minutes en moyenne) au repos. Il a besoin de 10 à 20 secondes de récupération en surface avant de replonger mais il n’y a pas de relation entre le temps de plongée et le temps de récupération.

Source : Wikipédia.

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