L’île anglo-normande d’Aurigny.

Aurigny (en anglais : Alderney, est une des îles Anglo-Normandes. Elle fait partie du bailliage de Guernesey. Elle mesure 5 kilomètres de long et 3 kilomètres de large, ce qui en fait, par son étendue, la troisième île de l’archipel.

Elle est l’île anglo-normande la plus proche à la fois des côtes françaises (à 15 kilomètres de La Hague sur la péninsule du Cotentin) et de la Grande-Bretagne (100 kilomètres).


En 2013, la population de l’île s’élève à 1 903 habitants (les Aurignais ou Riduniens). La seule paroisse d’Aurigny est la paroisse de Sainte-Anne. Traditionnellement, les habitants sont surnommés « les Lapins » à cause des nombreuses garennes.

Les États d’Aurigny, parlement autonome de l’île, sont composés d’un président des États d’Aurigny et dix membres élus. Aurigny envoie deux délégués aux États de Guernesey lors des débats.

La langue aurignaise, langue normande, a disparu à l’époque victorienne (deuxième moitié du XIXe siècle) avec l’arrivée de nombreux Britanniques venus construire les fortifications puis au XXe siècle avec l’évacuation de la population vers le Royaume-Uni lors de la Seconde Guerre mondiale. On en retrouve des traces dans la toponymie : le nom des rues et des lieux sont français, certains noms de famille aussi. Un petit groupe tente de faire revivre le patois d’Aurigny.

En tant qu’île calme et reculée, Aurigny a attiré quelques résidents connus, parmi eux les auteurs T. H. White et Elizabeth Beresford, le commentateur de cricket John Arlott, le joueur de cricket Ian Botham et l’actrice Julie  Andrews (Mary Poppins).

Depuis quelques années, Aurigny tire des profits substantiels en accueillant des sites internet de jeu en ligne (Casino virtuel, etc.), activité qui est encore rarement autorisée dans la majorité des pays.

Aurigny possède un aéroport (code AITA : ACI), qui dessert régulièrement Guernesey et Southampton. Elle est accessible par la mer avec le port de Braye, situé sur la côte occidentale de l’île.

L’île est jumelée avec la commune déléguée française de Beaumont-Hague, sur la pointe de la Hague. C’est le seul cas mondial de jumelage entre deux communes qui sont en vue directe l’une de l’autre.

Notre connaissance de l’histoire d’Aurigny jusqu’au XIe siècle est très lacunaire. Elle suivit probablement les grands mouvements qui ont affecté le nord-ouest européen de l’Antiquité tardive et du haut Moyen Âge. À savoir : à la fin du Ve siècle conquête par les peuples germaniques ; à partir du IXe siècle raids scandinaves ; en 867 rattachement temporaire au royaume de Bretagne à la suite du traité de Compiègne.

En 933, l’île d’Aurigny, avec les autres îles Anglo-Normandes, le Cotentin et l’Avranchin, est incorporée au duché de Normandie, à la suite de la  concession faite à Guillaume Longue-Épée, fils de Rollon, par le roi Raoul de Bourgogne au détriment du Duché de Bretagne.

Entre 1035 et 1038, dans une charte, le duc Guillaume de Normandie concède Aurigny avec l’ile de Sercq à l’abbaye du Mont-Saint-Michel, en échange de la moitié de Guernesey. Une seconde charte rédigée entre 1055 et 1066, dispose que l’église de l’île que l’on nomme Aurigny, avec sa dîme est remise au diocèse de Coutances, comme Jersey, Guernesey et Serk. En 1057, l’évêque de Coutances reprend le contrôle de l’île qu’il avait abandonné au moment des raids vikings.

À la suite de l’installation, entre 1063 et 1066, par le duc de Normandie Guillaume le Bâtard de trois chanoines à Cherbourg pour le service religieux de la chapelle du château ducal, et leur avoir constitué des prébendes, un Guillaume de Vauville offre à l’un des chanoines de prélever sur son domaine, l’église d’Aurigny avec toutes ces dîmes et y ajoute trois bouvéesnote 1 de terre du même lieu.

Jusqu’en 1204, et le rattachement de la Normandie au domaine royal français par Philippe Auguste, Aurigny suit la destinée du duché de  Normandie. Après cette date, certains seigneurs refusent la domination capétienne et conservent leur allégeance au roi d’Angleterre Jean sans Terre obtenant en contrepartie le maintien de leurs traditions propres. Aurigny, comme les autres îles de la Manche, restera possession des rois  d’Angleterre, dont la souveraineté sur l’île s’exercera en tant que duc de Normandie. Le 10 juillet 1341, Édouard III, octroie une charte à « ses aimés et loyaux sujets des îles de Jersey, Guernesey, Sercq et Aurigny », et leur reconnaît « tous les privilèges immunités, exemptions et coutumes […] pour leurs personnes, propriétés, monnaies et toutes autres choses, en vertu des concessions de nos prédécesseur, rois d’Angleterre ».

Aurigny, convoité par les Français, sera attaqué de nombreuses fois, comme au début de la guerre de Cent Ans, en 1338, par l’amiral Nicolas Béhuchet.

Sainte Marie jusqu’alors patronne de la paroisse est remplacé, à la suite de la rupture du roi Henri VIII d’Angleterre à partir de 1541, avec la papauté, par sainte Anne. Le roi entreprend des travaux de fortification, mais ceux-ci cessent en 1554. En juin 1558, le corsaire Malesart attaque l’île au départ d’Omonville-la-Rogue. Dans son journal, Gilles Picot, sire de Gouberville raconte qu’à Cherbourg « on vendit au plus-offrant, au Galé, portion des bestes prinses en l’isle d’Origny ». C’est au xvie siècle qu’est fondé Fort Essex, anciennement « Les Murs de Haut » juste au-dessus de l’antique fort romain The Nunnery.

En 1591, le comte d’Essex achète le poste de gouverneur d’Aurigny, mais avant son exécution pour trahison, le comte louait l’île d’Aurigny à  Guillaume Chamberlain, et Aurigny reste dans les mains de la famille Chamberlain jusqu’en 1643. Cependant, dès 1612, un juge est nommé pour aider l’administration du gouverneur d’Aurigny, aidé par des Jurés-Justiciers. La fonction du juge est alors semblable à celle des baillis de Guernesey et des baillis de Jersey, et perdure jusqu’en 1949.

La puissante famille Carteret de Jersey obtient la charge de gouverneur d’Aurigny ; plus tard, le titre de gouverneur passe à la famille Le Mesurier qui en hérite, établissant ainsi une ligne héréditaire de gouverneurs qui dure jusqu’en 1825. Henry Le Mesurier fait aménager le port de Longis à Braye, avec l’édification d’une jetée en 1736 et la construction d’entrepôts et de logements au Braye. L’exportation de bovins génère de la richesse pour l’économie locale. Le palais de justice est construit en 1770 et la première école en 1790.

Le 7 janvier 1700, le météore Ignès tombe, 1 heure après le lever du jour, faisant un grand bruit, faisant trembler les maisons de Saint-Germain-des-Vaux, d’Auderville et de la Hague. Le météore serait tombé dans la mer près de l’île d’Aurigny. Le phénomène est aperçu à Cherbourg et Valognes.

Jean Le Mesurier (1781-1843) est le dernier gouverneur héréditaire de l’île d’Aurigny et cousin de Thomas Le Mesurier (1756-14 juillet 1822) avocat et prêtre de l’église anglicane et fils d’un autre Jean Le Mesurier.

Au milieu du xixe siècle, les Anglais couvrent la côte nord de l’île d’une importante quantité de casernements en réaction à l’aménagement du port militaire de Cherbourg par les Français.

À partir de juin 1940, toute la population d’Aurigny (environ 1 500 habitants) est évacuée de l’île. Des bateaux d’évacuation officiels sont envoyés par le gouvernement de Grande-Bretagne, même si certains habitants décident cependant de s’échapper par leurs propres moyens, par exemple via Guernesey. Mais les Allemands arrivent rapidement dans le secteur et occupent les îles ; beaucoup d’Aurignais sont alors incapables de partir et doivent rester sur Guernesey jusqu’à la Libération. Pendant la  Seconde Guerre mondiale, les îles Anglo-Normandes que Churchill a démilitarisées sont les seuls territoires dépendant de la couronne britannique occupés par le Troisième Reich.

Lorsque les Allemands arrivent sur l’île, celle-ci est déserte. Dès les premiers jours, ils commencent à fortifier le littoral comme sur le Mur de l’Atlantique. Les Allemands construisent aussi quatre camps de  concentration nazis dépendant du camp de concentration de Neuengamme et placés sous le contrôle du SS-hauptsturmführer Maximilian List (Camps de Sylt, Norderney, Helgoland et Borkum). Ce dernier arrive sur l’île (appelée « l’île Adolf », nom de code choisi par Hitler en personne) le 23 février 1943 pour diriger le premier camp surnommé le Lager Sylt, situé au sud de l’île, surplombant la baie des télégraphes. Ce camp interne des travailleurs étrangers de l’Organisation Todt qui œuvrent sur les fortifications des îles. Juste en face, List fait construire son chalet personnel dans le goût du Nid d’Aigle d‘Adolf Hitler.

Plus tard, List dirigera aussi un autre des quatre camps de concentration sur Aurigny, le Lager Norderney situé au nord de l’île. List quitte Aurigny en mars 1944, remplacé par l’Obersturmführer Georg Braun.

La majorité des détenus sont des déportés juifs, majoritairement  « conjoints d’aryennes » désignés comme les « demi-juifs de Drancy ». Plus de 700 des 6 000 prisonniers perdent la vie avant que les camps ne soient fermés et les résidents restant transférés en Allemagne en 1944. De retour sur leur île, les Aurignais n’ont aucune connaissance réelle des camps. Ils n’apprendront leur existence qu’en décembre 1945.

D’autres détenus sont des « Espagnols Rouges » (Rote Spanier), réfugiés politiques de la Guerre d’Espagne, internés dans des camps du littoral languedocien et livrés par les autorités de Vichy aux nazis après  l’occupation de la zone sud de la France, ainsi que des officiers soviétiques “politiques” capturés et voués à la mort en raison de l’ordre d’Hitler concernant les commissaires politiques et les troupes de commandos.

Les Allemands d’Aurigny se rendent le 16 mai 1945, huit jours après la capitulation de l’Allemagne nazie et le suicide d’Adolf Hitler, soit sept jours après la libération de Guernesey et de Jersey. 2 332 prisonniers de guerre allemands sont capturés à Aurigny le 20 mai 1945, les autres, au nombre de 500, serviront les Américains pour les seconder dans les opérations militaires.

Après la guerre, une enquête est menée contre List, citant les atrocités commises lors de son passage sur Aurigny, avec un jugement en tribunal. Toutefois, List ne se rend pas à ce procès et ne sera jamais officiellement retrouvé. Des renseignements indiquent qu’il aurait vécu près de Hambourg où il serait mort dans les années 1980.

Source : Wikipédia.

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