Léon XIII, pape.

Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci, né le 2 mars 1810 à Carpineto Romano et mort le 20 juillet 1903 à Rome, est le 256e évêque de Rome et donc « successeur de Pierre » et pape de l’Église catholique, qu’il gouverna sous le nom de Léon XIII (nom latin : Leo XIII ; nom italien : Leone XIII) de 1878 à 1903. Il est enterré dans la basilique Saint-Jean-de-Latran, cathédrale de Rome.

Son pontificat aura été l’un des plus longs de l’histoire, avec ceux de Pie IX et de Jean-Paul II. Ce pontificat est marqué par diverses initiatives, notamment 86 encycliques, la relance des études thomistes et surtout l’encyclique Rerum novarum (1891), consacrée à la doctrine sociale de l’Église catholique.


Vincenzo Gioacchino Raffaele Luigi Pecci est né au Palazzo Pecci à Carpineto Romano près de Rome. À la suite des victoires militaires de Napoléon Ier, cette partie de l’Italie centrale dépendait alors des 130 départements du Premier Empire français. Il est le fils du comte Dominique-Ludovico Pecci (1767–1833), ancien colonel de Napoléon Ier, et de la comtesse née Anna Prosperi-Buzi (1773–1824), qui eurent six autres enfants3, dont le futur cardinal Giuseppe Pecci (1807–1890).

Les origines patriciennes de sa famille remontent avec certitude en 1531 lorsqu’Antoine Pecci (ancêtre à la onzième génération agnatique du souverain pontife) acquit dans les monts Lépins une petite terre dépendant de Carpineto. Il y fait souche : ses descendants demeurèrent dans la région durant plus de quatre siècles. Dès le XVIIIe siècle, la famille Pecci compta plusieurs membres occupant des fonctions ecclésiastiques (un curial de la Rote, un protonotaire apostolique, un commissaire de la Révérende Chambre).

En octobre 1818, Vincenzo Gioacchino Pecci devient élève au collège des jésuites de Viterbe, avant d’entrer en 1824 au Collegium romanum6 des Jésuites de Rome, avec son frère qui devint ensuite jésuite, ainsi qu’à l’université alors papale de la Sapience. Il poursuit ses études à l’Académie des nobles ecclésiastiques qui prépare les futurs diplomates du Saint-Siège. Réputé studieux et travailleur, il est reçu docteur en théologie en 1831. Il est ordonné prêtre le 31 décembre 1837 par le cardinal Odescalchi.

Ses qualités universitaires le font remarquer par le cardinal Lambruschini qui le présente au pape Grégoire XVI. Il est bientôt nommé « prélat de Sa Sainteté ».

Nommé légat pontifical à Bénévent, une enclave pontificale dans le royaume de Naples, les mesures énergiques du jeune prélat de 27 ans mettent fin au banditisme. Le pape Grégoire XVI le transfère ensuite à la légation pontificale de Pérouse. Il y organise la visite de Grégoire XVI dans ce diocèse de 20 000 habitants. Il y participe à la création d’une caisse d’épargne.

En 1843, il est nommé archevêque titulaire (ou in partibus) de Damiette et reçoit l’ordination épiscopale, qui lui est conférée des mains du cardinal Lambruschini. Il est alors âgé de 32 ans.

Il est aussitôt envoyé le 28 janvier 1843 en tant que nonce apostolique en Belgique. Le jeune diplomate y met fin à une opposition entre les universités de Namur tenue par les jésuites et de Louvain. Il entre en contact avec la famille royale belge et bénit le prince héritier Léopold, duc de Brabant et futur roi Léopold II, fils aîné du roi Léopold Ier et de la reine Louise-Marie d’Orléans, âgé de 8 ans.

Il soutient l’opposition des députés catholiques contre le gouvernement de Jean-Baptiste Nothomb sur la question des jurys d’examen, opposition qui contraint le ministre à démissionner en juin 1845. Le roi Léopold Ier, soucieux de ne pas froisser la majorité catholique, soutint cette opposition et proposera le nonce au cardinalat dans une lettre au pape Grégoire XVI7. Durant ce séjour belge, le comte Ferdinand de Meeûs, gouverneur de la Société générale de Belgique, lui expliquera la nécessité pour l’Église de s’intéresser à la nouvelle industrie et au monde ouvrier. N’avait-il pas lui-même créé en famille la Société du Crédit de la Charité ?

Devenu ensuite archevêque de Pérouse en 1846 (où il resta jusqu’en 1877), il est créé par Grégoire XVI cardinal in pectore, c’est-à-dire en secret. À la mort de Grégoire XVI au cours de la même année 1846, l’ouverture des archives secrètes du Vatican dévoilera son titre de cardinal. Le successeur de Grégoire XVI, Pie IX répondit à la sollicitation de Léopold Ier en indiquant qu’il y pourvoirait « en temps convenable », et lui décerna le « chapeau » au consistoire du 19 décembre 1853. Il lui maintient son titre d’archevêque bien que Pérouse ne soit qu’un évêché. Le cardinal Pecci est alors âgé de 43 ans.

Entre 1859 et 1866, le royaume de Sardaigne, avec l’aide de la France de Napoléon III puis des Chemises rouges de Garibaldi, chasse les Autrichiens et leurs alliés de la péninsule, annexe leurs États ainsi que la moitié orientale des États pontificaux. Le roi Victor-Emmanuel II de Sardaigne se fait proclamer roi d’Italie, transfère sa capitale de Turin à Florence. Pérouse passe de la suzeraineté du pape à celle du roi d’Italie. L’indépendance de ce qui reste des États pontificaux ainsi que la ville de Rome sont protégées par l’armée française. En 1870, la défaite française face à la Prusse et la chute du Second Empire libère le roi d’Italie de la présence française et lui permet d’envahir puis d’annexer les États pontificaux et d’établir sa capitale à Rome. Les États pontificaux sont rayés de la carte. Le pape Pie IX se réfugie dans son Palais du Vatican où il se considère comme un otage ou un captif.

Devenu citoyen italien, le cardinal Pecci est un pasteur que l’on qualifierait aujourd’hui d’intransigeant. Il s’oppose avec hardiesse aux exigences des représentants du gouvernement anticlérical de Victor-Emmanuel II d’Italie et condamne dans ses mandements les erreurs modernes dans la ligne du Syllabus de Pie IX dont il avait d’ailleurs demandé la rédaction. En septembre 1877, il est nommé cardinal camerlingue de la Sainte Église romaine.

Après la mort de Pie IX, le cardinal Pecci est très rapidement élu pape le 20 février 1878, à l’âge de 67 ans, au troisième tour de l’élection qui se tint dans l’enceinte du Vatican. Ce conclave de 1878, réunissant 62 cardinaux, le choisit peut-être en raison de sa santé fragile et de son âge, la majorité des cardinaux souhaitant un pape de transition après le long règne de son prédécesseur. Il avait aussi la réputation d’avoir « [graduellement] mis au point une pensée personnelle » et d’avoir « un sens des réalités contemporaines ».

Il prend le nom de Léon XIII en reconnaissance pour ses prédécesseurs Léon XII et saint Léon Ier.

Après le long pontificat de Pie IX (1846-1878), d’abord assez libéral puis très conservateur après le virage des révolutions de 1848, et par ailleurs à l’origine du Concile de Vatican I (1870) ayant proclamé l’infaillibilité pontificale, l’Eglise catholique découvre la figure de Léon XIII. Déjouant tout pronostic, il règnera pendant vingt-cinq ans, atteignant l’âge de 93 ans, inégalé depuis des siècles, et enterrant la plupart de ses électeurs.

Sur les pas des catholiques sociaux, tel que Frédéric Ozanam, il se saisit de la question ouvrière, tout d’abord par son appui à la Conférence internationale de Berlin en mars 1890, puis dans l’encyclique Rerum Novarum du 15 mai 1891, il fustige « la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce devenus le partage d’un petit nombre d’hommes opulents et de ploutocrates, qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires », mais, tandis que Friedrich Engels publie les parties 2 et 3 de l’œuvre, Le Capital, de Karl Marx, mort en 1883, Léon XIII condamne le marxisme comme une « peste mortelle » pour la société. Dans ce document, Léon XIII critique également le libéralisme et son régime de concurrence effrénée qui réduit les ouvriers à la misère, mais rejette le socialisme qui veut abolir la propriété privée, droit naturel, et instaurer la lutte des classes. Il recommande l’association fraternelle des travailleurs et l’intervention de l’État pour régler les rapports entre patrons et ouvriers.

En 1891, l’encyclique Rerum novarum est fondatrice du catholicisme social, évoquant les conditions de travail inhumaines de la classe ouvrière et les moyens pour les catholiques d’y remédier.

Au travers de plusieurs initiatives et documents13, Léon XIII promeut l’étude de la philosophie thomiste au sein de l’Église, appuyant ce modèle sur l’enseignement de saint Thomas d’Aquin.

Ce renouveau est initié dès 1879 par la promulgation le 4 août de l’encyclique Aeterni Patris sur la philosophie chrétienne et par la fondation le 15 octobre de l’Académie pontificale saint Thomas à Rome14. Un travail de fond est démarré de publication des œuvres de Thomas d’Aquin, de recherche d’ouvrages inédits, de vérification et de confrontation des sources et manuscrits existants.

Confiée aux dominicains à travers la Commission léonine, cette œuvre poursuit ses travaux jusqu’à nos jours.

L’encyclique Providentissimus Deus, publiée en 1893, donna une impulsion aux études bibliques, demandant aux catholiques de pratiquer l’exégèse pour réfuter les accusations d’erreur dans la Bible. Cette encyclique réaffirme clairement le principe de l’inerrance biblique énoncé lors du concile Vatican I, et récuse la notion d’auteur pour les écrivains bibliques : la Bible, ayant Dieu pour auteur direct, ne peut contenir aucune erreur même concernant les faits scientifiques ou historiques. Cette position sera remise en cause lors du concile Vatican II avec la constitution Dei Verbum.

Christoph Theobald pense que le cardinal Camillo Mazzella parlant des textes de la Bible comme « des choses et des assertions que Dieu a voulu faire écrire. », a fortement influencé cette encyclique, de même que le cardinal Johann Baptist Franzelin. Dans la mesure où celle-ci, estime Theobald, considère que Dieu est « l’auteur littéraire » des Écritures et que « leur inspiration s’étend à toutes leurs parties », il conclut que cette école dite « romaine », dont font partie Mazzella ou encore Louis Billot, dont l’influence marque le texte, « prend des allures franchement fondamentalistes. » C’est à ces conceptions que se heurtèrent, quelques années plus tard, Marie-Joseph Lagrange et surtout Alfred Loisy acteurs emblématiques de la crise moderniste.

Émile Poulat note cependant que Léon XIII, en 1903, peu avant de mourir, décida de dessaisir le Saint-Office et l’Index de la dénonciation portée contre Loisy par le Cardinal français Richard, instituant une « Commission internationale pour les questions bibliques » dont Loisy considéra les membres comme « à peu près tous honnêtes. » L’abbé Loisy sera néanmoins destitué de sa chaire d’exégèse biblique à l’École française de Rome dès 1893.

Alors que la fin du siècle est marquée par un climat anticlérical et globalement hostile au catholicisme, Léon XIII lance dès le début de son pontificat un ambitieux programme d’approfondissement de la recherche historique concernant la papauté et l’Église. Les Archives privées apostoliques du Vatican, devenues en 2019 Archives apostoliques du Vatican sont les archives centrales du Saint-Siège, regroupant tous les actes et documents concernant le gouvernement et l’activité pastorale du pape et des organismes du Saint-Siège, dont la Curie romaine. Elles sont parfois qualifiées à tort de « secrètes » dans la mesure où cet adjectif est à comprendre dans le sens qu’on lui donnait autrefois, c’est-à-dire « privé » ou « réservé au souverain ». En 1881, Léon XIII décide de commencer à les ouvrir à la libre consultation des chercheurs et universitaires. Le cardinal bavarois Joseph Hergenröther en est nommé premier préfet.

Le 30 juin 1903, le pape, alors nonagénaire, rapporte de légers sentiments de dyspepsie. Léon XIII contracte initialement un rhume lors d’une sortie le 3 juillet, mais celui-ci dégénère en une pneumonie. Cette nuit-là, il perd connaissance. Lorsqu’un médecin est appelé au chevet du pape, il détermine que l’huile de ricin avec laquelle Léon XIII avait tenté de se soigner avait dérangé son estomac et aggravé son état. Les neveux du pape sont immédiatement informés de la maladie de leur oncle, tout comme les cardinaux Mariano Rampolla del Tindaro et Luigi Oreglia di Santo Stefano, en leur qualité respectives de secrétaire d’État et de camerlingue de la Sainte Église romaine. Le 4 juillet, le pape fait sa dernière confession au cardinal Serafino Vannutelli. Le jour-même, il perd l’appétit et souffre d’essoufflements. Le lendemain, le médecin déclare qu’une hépatisation affecte les lobes supérieur et moyen du poumon droit, tandis que Léon XIII souffre d’une faiblesse cardiaque considérable et de difficultés respiratoires malgré l’absence de fièvre ou de quintes de toux. Ce même jour, après avoir reçu les sacrements, le pape déclare : « Je suis maintenant près de ma propre fin. Je ne sais pas si tout ce que j’ai fait a été bon, mais j’ai certainement obéi à ma conscience et à notre foi ».

Le 6 juillet, on administre au pape une injection pour le soulager de la douleur qu’il ressent, alors qu’on rapporte que la pneumonie qu’il a contractée commence à se propager au poumon gauche. Le pape, qui avait un pouls imperceptible, a eu une nuit agitée et a dû recevoir de l’oxygène. Ce matin-là, il laisse entendre à ceux qui l’entourent qu’il préférerait que le cardinal Girolamo Maria Gotti lui succède lors du prochain conclave. Lorsque les médecins demandent au pape de se reposer, afin de ne pas aggraver davantage sa santé déclinante, Léon XIII a déclaré : « Si cela ne pouvait être utile, mais je ne crois pas que cela le serait. Le bref reste de ma vie doit être dévoué à Dieu et à l’Église, pas à mon pauvre confort ». Le pape perd connaissance mais se réveille pour recevoir les sacrements à 21 h, avant de vivre une nouvelle nuit agitée. Léon XIII ne dort que trois heures, mais une douleur intense le contraint à se réveiller immédiatement, le souverain pontife se plaignant de douleurs des deux côtés du thorax qui obligent les médecins à le déplacer afin de lui offrir un meilleur confort. Sa situation devient réellement critique dans l’après-midi, où il reçut les derniers sacrements, alors que ses médecins constataient une soudaine détérioration. Le 7 juillet, le pape, affaibli, demande qu’on ouvre les volets de sa fenêtre, déclarant : « Je souhaite revoir une fois de plus, peut-être pour la dernière fois, les rayons du soleil ». Dans les nuits suivantes, le pape souffre de plusieurs crises de toux, transpirant abondamment en raison de sa fièvre montante. La santé de Léon XIII s’améliore légèrement le 10 juillet, lorsqu’il reçoit des pèlerins hongrois. Cependant, épuisé, il s’effondre peu après cette ultime réunion.

Après plus de 25 ans de règne, le pape Léon XIII meurt le 20 juillet 1903 à 15 h 50, dans sa chambre du Palais du Vatican après s’être confessé une dernière fois, à l’âge de 93 ans. Les membres du Saint-Siège ont annoncé l’heure de sa mort à 16 h 04 lorsqu’elle fut formellement confirmée. Officiellement, le pape est mort d’une pneumonie, suivie d’une pleurésie hémorragique.

Lors de ses funérailles, le 25 juillet 1903, le corps du pape est exposé dans la Basilique Saint-Pierre de Rome, avant qu’il n’y soit inhumé. En 1924, vingt-et-un ans après sa disparition, son cercueil est finalement transféré dans la Basilique Saint-Jean-de-Latran.

Source : Wikipédia.

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