Le traité des Pyrénées (1659).

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Après un séjour de quatre ans à Rome, Charles Le Brun arrive à Paris en mars 1646. Avec l’appui du chancelier Séguier, il obtient plusieurs commandes importantes et devient dès l’année suivante « Peintre et Valet de chambre du Roy ». Après avoir travaillé à Vaux-le-Vicomte pour Fouquet, il se voit confier, en 1660, la direction de la manufacture des Gobelins nouvellement créée.

Le Brun exécute de grandes compositions mythologiques et historiques célébrant les hauts faits du règne. Il reçoit donc la commande du tableau qui commémorera la rencontre du roi avec Philippe IV d’Espagne et la présentation de sa future épouse, l’infante Marie-Thérèse. Ensuite, les artisans de la manufacture des Gobelins en feront une tapisserie réalisée de 1665 à 1672.

Charles Le Brun a réuni dans sa toile des épisodes qui, en fait, n’ont pas été simultanés. Au centre, les deux rois se saluent chapeau bas, à égalité. Derrière Philippe IV se tient sa fille Marie-Thérèse. Les deux futurs époux sont tout à fait contemporains : Louis XIV est né le 5 septembre 1638, et Marie-Thérèse le 10 septembre de la même année.

Ceux qui assistent à cette rencontre, tous découverts, sont les personnes les plus éminentes des deux royaumes. À gauche, derrière Louis XIV, se tient sa mère, Anne d’Autriche, sœur du roi d’Espagne, à côté d’elle, le cardinal Mazarin, l’architecte de la paix des Pyrénées. À côté de sa mère et derrière Louis XIV, se tient le frère du roi, Philippe, duc d’Orléans, de deux ans son cadet. La succession de France est ainsi bien assurée. Derrière ce premier rang, on reconnaît la duchesse de Noailles, dame d’honneur de la reine mère, Turenne, qui tourne la tête vers sa droite, le maréchal de Grammont, ambassadeur extraordinaire, qui avait fait à Madrid la demande en mariage, et le prince de Conti.

Traité des Pyrénées, carte maximum, Andorre, 28/04/1984.

Du côté espagnol, la succession de Philippe IV est plus difficile à entrevoir. Son second fils, qui régnera sous le nom de Charles II (son aîné étant mort trop tôt), naîtra, lui, en 1661 seulement. Ici, la princesse se trouve derrière son père, encore en habit espagnol. Entre Philippe IV et l’infante, on aperçoit don Luis de Haro, devenu le valido du roi d’Espagne après son

oncle, le comte d’Olivarès. Juste derrière Marie-Thérèse, le peintre Velázquez, alors âgé de soixante et un ans, qui a été l’ordonnateur de toute la décoration de la partie espagnole du pavillon. Derrière l’artiste se tiennent Pasro de Aragon, capitaine de la garde bourguignonne, le marquis d’Aytonne, le marquis de Malepique, grand maître des cérémonies, le marquis de Lèche et le comte de Monserci (les deux fils de don Luis de Haro), don Fernando Voves de Canto-Carrero, ministre secrétaire d’État, Pimentel.

Plusieurs jours furent nécessaires pour ordonner la rencontre des deux parties. Le mariage eut d’abord lieu par procuration le 3 juin à Fontarrabie. Le lendemain, dans le pavillon de la Conférence, situé dans l’île des Faisans, au milieu de la Bidassoa, qui forme la frontière entre les deux royaumes de France et d’Espagne, Anne d’Autriche rencontra son frère le roi Philippe IV et sa nièce l’infante Marie-Thérèse. Louis XIV aperçut sa promise derrière une tenture. Le 6 juin eut lieu la rencontre entre les deux souverains qui se jurèrent amitié. Le lendemain, l’infante quitta la partie espagnole de l’île et fut accueillie en France. Le 9 juin 1660, le mariage religieux fut célébré en l’église de Saint-Jean-de-Luz. Louis XIV refusa les témoins qui, selon la coutume, devaient assister à la nuit de noces.

Perpignan, le Castillet, carte maximum, Perpignan, 14/11/1959.

La conclusion du mariage de Louis XIV avec sa cousine est l’une des plus importantes clauses du traité des Pyrénées, signé dans l’île des Faisans le 7 novembre 1659. Cinquante-quatre ans plus tard, elle permettra à Louis XIV de faire monter sur le trône d’Espagne son deuxième petit-fils, Philippe de France, duc d’Anjou. Il succède alors à son grand-oncle Charles II, dernier Habsbourg à régner sur l’Espagne. Il devient ainsi le premier roi d’Espagne de la dynastie des Bourbon et prend le nom de Philippe V. Cette alliance entre la France et l’Espagne « effacera les Pyrénées » en 1713.

Traité des pyrénées, carte maximum, Behobie, 24/10/1959.

Le traité des Pyrénées marque le recul de l’Espagne malgré une guerre poursuivie encore pendant onze ans après les traités de Westphalie, signés avec l’empereur Habsbourg en 1648, qui donnait à la France les trois évêchés de Metz, Toul et Verdun et les droits de l’empereur sur l’Alsace. En 1659, l’Espagne cède à la France l’Artois, le Roussillon et quatorze villes de Flandre et du Hainaut.

Source : Histoire-image.org