Léopold II, roi des Belges.

Léopold II, de son nom Léopold Louis-Philippe Marie Victor de Saxe-Cobourg-Gotha, né le 9 avril 1835 au palais royal de Bruxelles (en Belgique) et mort le 17 décembre 1909 au château de Laeken (dans le même pays) est le deuxième roi des Belges (du 17 décembre 1865 au 17 décembre 1909), prince de Belgique, duc de Saxe, prince de Saxe-Cobourg et Gotha, duc de Brabant (1840-1865), fondateur de l’État indépendant du Congo (1885-1908). Il succède à son père, Léopold Ier, au trône de Belgique en 1865. Par sa mère Louise d’Orléans, il est le petit-fils de Louis-Philippe Ier, roi des Français. Il est le frère de Charlotte, impératrice consort du Mexique.

Grâce aux expéditions de Henry Morton Stanley, il a délimité un immense territoire au centre de l’Afrique et a réussi à le faire reconnaître comme l’État libre du Congo à la Conférence de Berlin de 1884-85, tout en le considérant et en l’administrant comme sa propriété personnelle. Les atrocités commises sur les populations locales en vue d’extraire un rendement maximal des ressources — principalement l’ivoire et le caoutchouc — ont suscité l’indignation et la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale en 1904. En 1908, il a dû remettre sa propriété à l’État belge.

Léopold II, carte maximum, Belgique, 1980.

Léopold II est également passé à la postérité comme le « roi bâtisseur ». Soucieux du développement urbain, il a radicalement transformé des villes comme Bruxelles ou Ostende, tout en apportant une touche urbanistique moderne à Anvers et dans les serres de son domaine de Laeken. Souverain d’un État constitué neutre, mais entouré de puissants voisins, il a également prôné le développement militaire défensif du pays, que ce soit en fortifiant Anvers, Liège ou Namur ou en imposant, la veille de sa mort, une réforme du service militaire en vue de le rendre plus égalitaire.


Le 10 décembre 1865, Léopold Ier, premier roi des Belges, meurt. Son fils, désormais Léopold II, prête le serment constitutionnel le 17 décembre 1865. Le nouveau roi a trente ans. Son règne durera quarante-quatre ans. Lors des cérémonies de l’avènement, sa popularité est remarquée par les observateurs étrangers. C’est ainsi que Lord George Clarendon, secrétaire britannique des Affaires étrangères, n’hésite pas à dire : « Je considère l’admirable démonstration de ces deux grandes journées non seulement comme une nouvelle consécration de l’œuvre de 1830, mais comme la plus forte garantie du maintien de la paix. C’est, sous ce rapport, un événement européen ». En 1865, Léopold et Marie-Henriette, mariés depuis douze ans, sont parents de trois enfants, dont un fils Léopold, alors âgé de six ans.

Selon la Constitution, le roi aurait pu former un nouveau gouvernement lors de son accession au trône. Il décide cependant de maintenir en place le cabinet libéral dirigé depuis 1857 par Charles Rogier. Lorsqu’il réunit le cabinet pour la première fois le 20 décembre 1865, il affecte la modestie en ne le présidant pas : « Je me suis tenu à l’écart et je ne connais rien. Je veux être un Roi très constitutionnel, car j’ai la conviction que la Belgique doit sa prospérité et sa sécurité au régime constitutionnel qu’elle pratique si bien. »

Le 22 janvier 1869, le prince héritier Léopold, âgé de neuf ans, meurt des suites d’une pneumonie. Ce décès, au-delà des conséquences privées, a un retentissement majeur sur la succession royale. Sur le plan personnel, les relations entre le roi et la reine sont mauvaises, mais après la mort de leur fils, Léopold se rapproche de la reine espérant un nouvel héritier. Le 30 juillet 1872, le couple royal donne naissance à une troisième fille Clémentine, à la déception du roi qui voit s’éteindre l’espoir qu’il avait nourri. Désormais, l’intérêt du roi se portera sur la formation de son neveu le prince Baudouin, fils de son frère le comte de Flandre, né en 1869, quatre mois après la mort de son propre fils ; mais le jeune homme meurt prématurément en 1891.

Sur le plan international, les débuts du règne sont confrontés à la guerre austro-prussienne. Le royaume de Prusse ayant une frontière commune avec la Belgique, l’enjeu est d’importance. La victoire de la Prusse met fin à la Confédération germanique, écarte l’Autriche des affaires allemandes et assure la prééminence prussienne sur les états allemands. De plus, le grand-duché de Luxembourg devient un état neutre et les troupes prussiennes doivent abandonner la forteresse qui était considérée comme la plus importante du côté allemand faisant face à Metz du côté français. Aussi le mariage, conclu à Berlin en 1867, de Philippe comte de Flandre, frère de Léopold II, fortifie la position de la Belgique en Europe. La mariée, Marie de Hohenzollern-Sigmaringen, est en effet une princesse prussienne (catholique) dont le père, le prince Charles-Antoine, est très influent en Allemagne12. Vers la fin de l’année 1868, les bonnes relations entre la France et la Belgique sont un instant menacées par les difficultés de la convention relative aux chemins de fer entre les deux pays. À Charles Rogier, succède en 1868 comme chef du gouvernement Walthère Frère-Orban, un libéral également. Déjouant les plans expansionnistes de Napoléon III par la Compagnie des chemins de fer de l’Est français, Frère-Orban fait voter en 1869 une loi interdisant la vente de lignes de chemin de fer sans l’autorisation du gouvernement. Vaincu aux élections de 1870, Frère-Orban démissionne et retrouve son siège à la Chambre. Pendant huit ans, il dirige l’opposition libérale.

Durant la guerre franco-allemande de 1870, Léopold II réussit à sauvegarder la neutralité de la Belgique. En 1871, la guerre se termine et l’Allemagne devient un empire, tandis que la France écrasée est en proie aux soubresauts sanglants de la Commune. La Belgique demeure tranquille, sa situation de pays neutre ayant permis aux affaires de se développer. Bon nombre de proscrits français, illustres exilés de l’empire, puis de fuyards de la guerre et de la Commune ont apporté dans la vie bruxelloise des éléments nouveaux favorisant le développement de l’activité intellectuelle. Le lourd souci que causait à Léopold II l’ambitieuse inconstance de Napoléon III a disparu, laissant place à des perspectives prometteuses.

Au point de vue de la politique intérieure, après les gouvernements catholiques dirigés successivement par Jules d’Anethan (1870-1871), puis par Jules Malou (1871-1878), le règne de Léopold II est, entre 1879 et 1884, marqué par la première guerre scolaire. Il s’agit d’une crise politique majeure que traverse la Belgique sur fond de lutte entre les libéraux revenus au gouvernement sous l’égide de Frère-Orban, tenants de la laïcisation de la société, et les catholiques qui leur opposent une forte résistance. La question scolaire voit son issue lors du retour au pouvoir des catholiques formant un gouvernement homogène en 1884 sous la direction d’Auguste Beernaert, qui restera au pouvoir jusqu’en 1894. Les catholiques dirigeront les six gouvernements suivants jusqu’à la fin du règne de Léopold II. En 1885 apparaît un troisième parti politique, le Parti ouvrier belge, qui envoie des élus au parlement pour la première fois en 1894.

Dans une lettre adressée en 1888 à son frère Philippe, comte de Flandre, Léopold II entend que, sous son règne, « la patrie doit être forte, prospère, par conséquent posséder des débouchés à elle, belle et calme. » Barbara Emerson juge que le règne du roi Léopold II « a été pour l’économie belge, une période de grande prospérité […], mais aussi une période de graves conflits sociaux ; la classe ouvrière ne se laissait pas éblouir par les prestigieuses foires internationales étalant les merveilles de l’industrie et du commerce belges. »

Sur le plan de la politique pénale, Léopold II est totalement opposé à la peine de mort et utilise systématiquement son droit de grâce pour commuer les condamnations à mort en emprisonnement. Aucun condamné ne fut exécuté sous son règne et la tradition ainsi créée fut perpétuée par ses successeurs — sauf lors des épisodes de guerre —, jusqu’à l’abolition légale de la peine de mort en 1996.

C’est aussi sous son règne que sont votées d’importantes lois sociales : caractère facultatif du livret d’ouvrier (1883), paiement des salaires en argent et à date fixe (1887), droit de former des syndicats, âge d’admission des enfants dans les usines fixé à douze ans, interdiction du travail de nuit aux enfants de moins de seize ans et du travail souterrain pour les femmes de moins de vingt-et-un ans (1889), réparations pour les accidents de travail (1903), repos dominical (1905), etc.

Le 15 novembre 1902, un anarchiste italien, Gennaro Rubino, tente d’assassiner le roi alors qu’il revenait d’un service funèbre en hommage à la défunte reine Marie-Henriette. Rubino ne réussit cependant qu’à blesser légèrement John d’Oultremont, grand-maréchal de la cour.

Léopold II s’efforce de rendre la Belgique moins vulnérable aux éventuelles invasions de ses voisins (l’Allemagne et la France) lesquels érigent d’importants ouvrages défensifs depuis plusieurs années déjà (de 1875 à 1885). En 1887, à la faveur de la Crise bulgare et des tensions diplomatiques dans les Balkans, Léopold II obtient du gouvernement la construction des fortifications de la Meuse qui seront achevées en 1891 : à Liège (douze forts face à l’Allemagne) et à Namur (neuf forts face à la France). Par ailleurs, se poursuit le renforcement de la ligne de défense d’Anvers. Bien plus tard, le roi réussit à imposer la réforme du service militaire, qu’il signe quelques jours avant sa mort en 1909. Auparavant, le recrutement de l’armée belge était basé sur le volontariat et le tirage au sort avec la possibilité de se faire remplacer moyennant un dédommagement financier. Ce système est aboli en 1909 et remplacé par le service obligatoire d’un fils par famille.

C’est également sous son règne, en 1893, qu’a lieu la première révision de la Constitution depuis 1831. L’article 47, aujourd’hui 61 est modifié pour instaurer le suffrage universel masculin tempéré par le vote plural, les conditions d’éligibilité au Sénat sont réduites et les élections reposent désormais sur un système proportionnel, tandis que l’Article 46, aujourd’hui 62, rend le vote obligatoire. Néanmoins, en dépit de ses demandes répétées, l’idée d’un référendum royal — qui aurait permis au Roi de consulter directement le corps électoral — n’est pas retenue étant donnés les risques de dérive césariste.

Aux premiers jours de décembre 1909, Léopold tombe soudainement malade en France. Il est immédiatement ramené en Belgique et installé au pavillon des Palmiers à Laeken. Il souffre de violentes douleurs abdominales et son médecin, le docteur Jules Thiriar, estime nécessaire une intervention chirurgicale. Le 12 décembre, son état s’aggrave. Le roi Léopold II meurt d’une embolie foudroyante au château de Laeken le 17 décembre 1909 à 2 h 37 du matin.

Le 22 décembre, il est inhumé dans la crypte royale de l’église Notre-Dame de Laeken à Bruxelles lors de funérailles qui, contrairement à sa volonté formelle, revêtent un caractère national.

En raison du décès de son fils unique en 1869, et conformément à l’article 85 de la Constitution qui interdit à ses filles de monter sur le trône, c’est son neveu Albert, fils du défunt comte de Flandre, qui lui succède le 23 décembre.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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