Simon Carmiggelt, écrivain.

Simon Johannes Carmiggelt (La Haye, 7 octobre 1913 – Amsterdam, 30 novembre 1987), écrivain néerlandais, auteur, sous une multitude de pseudonymes différents, de poésies, de sketches, de nombreux récits, et d’un unique roman de grande ampleur (que du reste il renia ensuite). Mais c’est au premier chef à ses billets et à ses chroniques, qu’il écrivit en nombre considérable, qu’il doit sa popularité, en particulier à ceux publiés quotidiennement dans le journal néerlandais Het Parool sous le pseudonyme de Kronkel.


Carmiggelt passa toute son enfance dans sa ville natale de La Haye. Sa mère Jeanne exploitait une chapellerie; son père était voyageur de commerce en charcuterie. Il était issu d’un milieu socialiste, résolument anti-fasciste.

Carmiggelt débuta comme journaliste, d’abord chez Het Vaderland, et à partir de 1932 au journal Vooruit, l’édition pour La Haye du quotidien socialiste néerlandais Het Volk, en tant que chroniqueur de théâtre et de cinéma. C’est là qu’il commença à rédiger une série de brefs billets, en rapport avec La Haye, sous le titre de Kleinigheden (‘bricoles’). Dans ces mêmes années, il publia des vers contre le chômage dans la revue De socialistische Gids. Carmiggelt était un jeune homme énergique, pourvu de convictions politiques bien arrêtées, et son inquiétude devant la montée du nazisme en Allemagne le conduisit en 1938 à prendre des leçons de boxe. ‘Je voulais être à même de me défendre,’ dira-t-il à ce sujet, ‘mais je boxais mal.’ Dans son bistrot attitré, il fit la rencontre de la rédactrice de mode Tiny de Goey, qu’il épousa en septembre 1939. En février de l’année suivante naquit sa fille Marianne, et en novembre 1942 son fils Frank.

Lorsque les Allemands envahirent les Pays-Bas, ils mirent en réquisition les presses d’imprimerie et rationnèrent le papier. En protestation, Carmiggelt démissionna de son poste au journal et se fit pigiste ; c’est à ce titre que, notamment, il rédigea des textes de promotion pour le compte de la ville balnéaire de Scheveningen, près de La Haye, et qu’il se chargea de rédiger des rapports psychologiques pour la Stichting Psychotechniek. Il entreprit par ailleurs d’écrire un roman policier complexe, «Johan Justus Jacob», qui parut en feuilletons quotidiens; au demeurant, le récit ne fut publié que cette seule fois, et, sur demande expresse de Carmiggelt lui-même, jamais plus ensuite. ‘Une erreur de jeunesse,’ déclarera-t-il, ‘quand il m’arrive d’y repenser, ce n’est jamais sans quelque gêne. J’écrivais le récit au jour le jour, et j’en différais constamment la conclusion. Car chaque épisode signifiait pour moi du pain pendant un jour de plus, et à cette fin, je m’évertuais à imaginer toujours de nouvelles intrigues et ramifications. Avec ma femme, j’ai dû finalement passer des soirées entières à gamberger sur la façon dont je pourrais parvenir à un dénouement.’

Par l’entremise d’amis, il vint à s’engager, à Amsterdam, dans le journal clandestin Het Parool, dont il assurait la production et la diffusion — toutes activités à haut risque, qui valurent à Carmiggelt d’être appréhendé par l’occupant lors d’une rafle et de se retrouver en prison. Des épreuves qu’il portait sur lui, il réussit à escamoter la majeure partie en les jetant précipitamment dans un immeuble abandonné. Cependant, son frère, arrêté par les SS pour assistance à des juifs et pour distribution illégale de cartes de rationnement de nourriture à des clandestins, avait péri au camp de concentration de Vught où il était détenu.

Carmiggelt, carte maximum, Pays-Bas, 2013.

Remis en liberté au bout d’une semaine par manque de preuves, il reprit aussitôt ses activités illégales, et durant la dernière année de la guerre, il était rédacteur de Het Parool. Ses biographes croiront trouver dans ses expériences de guerre l’explication du pessimisme ultérieur de Carmiggelt et surtout de ses vives prises de position anti-totalitaires (et, partant, aussi anti-communistes) — positions qu’il défendait d’ailleurs avec véhémence, à telle enseigne qu’en 1956, à la suite du soulèvement hongrois, il alla se joindre à une foule furieuse occupée à assaillir les salles de rédaction du journal De Waarheid, organe du PC hollandais.

Après la libération, Het Parool se mua en un authentique quotidien, et Carmiggelt se vit confier la direction de la rubrique des arts. Il écrivit ainsi des critiques de théâtre et de cinéma, mais se mit également à rédiger ses célèbres billets, d’abord trois par semaine, ensuite un chaque jour: le premier Kronkel (litt. ‘sinuosité’, ‘serpentement’), nom sous lequel il fit paraître ses billets, fut publié le 25 octobre 1946, amorce d’une série qui, se prolongeant jusqu’à la mort de l’auteur en novembre 1987, en comprendra plus de 10 000. Tous les ans, une sélection de 50 billets parmi ceux publiés durant l’année calendaire précédente était publiée sous forme de livre par la maison d’édition De Arbeiderspers. Parfois, ces recueils étaient illustrés par des amis dessinateurs tels que Peter Vos, Charles Boost, Otto Dicke et Peter van Straaten.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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