Le moulin des Aigremonts à Bléré (Indre-et-Loire).

Sur le plateau sud de la ville de Bléré, au lieu dit « Les Aigremonts », en bordure de la route de Loches à l’entrée de la ville, sur une éminence, subsistaient les vestiges d’un des rares moulins caviers qui ont été construits à l’Est de leur terre d’élection ! Ce monument édifié en 1848, fut longtemps considéré comme un moulin cavier sans masse, de par son aspect de tour sans aucun contrefort, comme les rares caviers ayant été construits ainsi, dont existent en Indre et Loire, ceux de Montlouis sur Loire, Saint Martin le Beau, Villiers au Bouin et le moulin des Renardières à Ligré, les seuls que nous connaissions, dont subsistent encore leurs structures, visibles sur le terrain.

Ce qui en restait permettait d’imaginer le beau moulin qu’il devait être en activité. Celle-ci fut relativement courte puisqu’il s’arrêta en 1877. La masse, la hucherolle et les ailes existaient encore en 1900 ; elles auraient disparues dans les années 1920.

Méconnu et ignoré du plus grand nombre depuis longtemps, sauf des « ethnologues molinologues » du monde entier, (il est cité en effet dans des ouvrages d’architectures de ces chercheurs), il s’acheminait doucement vers la ruine complète, jusqu’à ces dernières années. Il méritait pourtant d’être protégé au titre d’un patrimoine pittoresque, en voie de disparition en Touraine.

Moulins des Aigremonts, carte maximum, Paris, 15/06/2010.

Heureusement, en 2000, un homme soucieux de la sauvegarde du patrimoine Blérois, très motivé et passionné de la faisabilité du sauvetage de ce monument, Régis Chauvel, a réussi a entraîner avec lui la Municipalité, pour dans un premier temps, acheter le monument et ensuite engager un plan de restauration, allant jusqu’à la remise aux vents du moulin ! Des travaux ont été entrepris dans ce sens, par tranches successives qui se sont étalés sur 4 ans (entre 2004 et 2007) A terme l’édifice retrouve son aspect originel et ses 18 mètres de hauteur, dominant la vallée.

Le moulin à vent de type cavier était construit, à l’origine, sur une structure de cave d’où son nom, adapté à la double activité de son constructeur : vigneron et meunier, comme la plupart des autres caviers de la vallée de la Loire et en particulier de l’Anjou. Le moulin de Bléré, comme ses frères à l’Est du département est conçu avec sa masse de pierres voûtées recouvertes d’argile, permettant d’entretenir à l’intérieur une certaine température constante en toutes saisons, favorable à la mouture des céréales,  à l’élaboration  et à la conservation du vin.

La cage de bois (hucherolle) s’articule au sommet de la tour pour orienter les ailes face aux vents, autour du pivot creux (la Huse, 6,50 m) pour laissait passer l’arbre vertical communiquant le mouvement fourni par les ailes, aux meules situées en bas dans la salle principale du milieu, « la cave », lieu de travail du meunier.

On distingue quatre phases principales au cours de ces travaux qui ont été suivis par un architecte,, motivé lui aussi par cette restauration complète, unique à notre région.

En 2004, les mauvaises herbes  et ronces qui envahissaient le moulin ont été enlevées et le chemin pour y accéder a été refait. Puis le massereau a été démonté pierre par pierre, numérotées, pour être replacées à l’identique, après nettoyage et retaille pour la reconstruction, qui a ainsi sécurisé l’édifice. Les raçineaux, longues pièces de bois placées de façon oblique, pour soutenir le pivot, support de la hucherolle, ont été changés.

La masse architecturale à la base du moulin qui recouvrait les caves, était de forme circulaire a été reconstruite en respectant son aspect d’origine.

La tour (massereau) s’élève du sol sur 7,50 m environ, supporte la hucherolle, dont les 4 cotés assemblés en croix de Saint André, sont recouverts d’un bardage en planches, ont 2,90 m de base sur 2,40 m de hauteur, avec une toiture en pente élevant la cage de 2,40 m environ, au faîtage.

L’ensemble s’élevant à plus de 18 m du sol. Les ailes ont une envergure de 14 mètres et sont munis du mécanisme Berton qui peut ouvrir la voilure à planches sur 2,20 m de large avec une surface utile de 40 m2 de voilage aux vents.

Le 27 juillet 2004, le nouveau pivot (appelé Huse, quatre tonnes, 6,50 mètres de haut), est mis en place par l’entreprise Croix et fils, en présence des élus de la ville et de l’équipe motivée, à la base de cette résurrection du vieux moulin.

Suivra la pose de la hucherolle en mars 2005, avec son arbre moteur, muni de son grand rouet. La construction des caves, commencée en 2004, s’est continuée en 2006, par des maçons, tailleurs de pierres de la région, motivés eux aussi, par ce travail particulier qu’ils accomplissaient pour la première fois!

Moulins des Aigremonts, carte maximum, Paris, 15/06/2010.

Le travail de reconstruction de la masse pour ceinturer le tout, a été réalisé en partie, par des bénévoles d’un chantier école en maçonnerie et taille de pierres, qui organise des chantiers de jeunes volontaires se déroulant pendant l’été.

Enfin, le 6 décembre 2006, l’entreprise Croix posait les ailes de 14 mètres d’envergure (2×7 mètres), de type Berton, (ailes mécanisées munies de leurs planches blanches), comme à l’origine, devant des élus de la ville, des responsables de cette restauration, dont Monsieur Régis Chauvel, le principal « artisan » de celle-ci, et des représentants d’associations voisines, dont celle de l’Association des Amis des moulins de Touraine. Les caméras de télévision et des journalistes étaient également présentes, pour garder une image marquante de ce jour unique, du renouveau d’un monument, oublié depuis une centaine d’année, en Indre et Loire, venant de retrouver la vie et son âme.

En 2007, dernière phase des travaux ; finition des structures architecturales, installation de l’équipement de meunerie et aménagement de l’environnement du moulin, qui ont complété cette restauration complète, exemplaire, et unique en Touraine !

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Sources : Moulins de Touraine, YouTube.

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