Le manioc.

Le manioc (Manihot esculenta) est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Euphorbiaceae, originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, plus particulièrement du sud-ouest du bassin amazonien. C’est un arbuste vivace qui est largement cultivé comme plante annuelle dans les régions tropicales et subtropicales pour sa racine tubérisée riche en amidon. Le terme « manioc » désigne d’ailleurs aussi bien la plante elle-même que, par métonymie, sa racine ou la fécule qui en est extraite.

On consomme généralement ses racines très riches en glucide et sans gluten, mais aussi ses feuilles en Afrique, en Asie et dans le nord du Brésil (pour la confection du maniçoba). Au nord et au nord-est du Brésil, le mot « farine » (en portugais farinha) désigne avant tout la farine de manioc, et non de blé. Cette farine n’a d’ailleurs pas l’aspect de la farine de blé : elle ressemble plutôt à une semoule sèche plus ou moins grossière de couleur allant du jaune vif au gris en passant par le blanc. Il s’agit en fait d’une fécule, mot plus adapté pour parler de la « farine » issue d’une racine.


Le manioc est originaire d’Amérique du Sud ; il aurait été cultivé dans le Nord de l’actuelle Bolivie (Llanos de Moxos) il y a environ 10 000 ans. Il fut découvert par les Européens en 1500 quand le navigateur portugais Cabral accosta au Brésil avec ses hommes. Sa consommation par les Amérindiens a cependant été surestimée pendant la majeure partie de son histoire16. C’est principalement après l’arrivée des Européens que celui-ci est largement cultivé en Amazonie, jusque-là sa toxicité le rendait inconsommable par les nomades fuyant les colons.

En France, les premières mentions du manioc sont faites par André Thevet suite à son voyage entre 1555 et 1556, décrit dans son livre Les Singularitez de la France antarctique (publié en 1557). Jean de Léry précise cette description du manioc lorsqu’il aborde les côtes du Brésil en 1557, et à court de provisions troque des objets manufacturés contre des vivres, dont de la farine de manioc. De retour en France, Léry publie à La Rochelle le récit de son voyage, L’Histoire d’un voyage fait en la terre du Brésil, autrement dit Amérique (publié en 1578), dans lequel il fait mention de la racine de manioc. Plus tard une description scientifique en est faite par Willem Piso dans son ouvrage Historia Naturalis Brasiliæ publié en 1648 à Amsterdam.

Les Européens amènent le manioc en Afrique au XVIe siècle.

La fabrication du tapioca est attestée pour la première fois dans un livre de Jan Nieuhof qui séjourne au Brésil entre 1640 et 1649, il parle de la fabrication d’une sorte de gâteau fait de farine de manioc nommé tipiacica.

Manihot esculenta est un arbuste ou petit arbre pouvant atteindre 5 m de haut, à ramification généralement trichotomique. Les rameaux, fragiles, à l’écorce lisse, de couleur variant du blanc crème au brun foncé, ont une moelle très épaisse. Toutes les parties de la plante contiennent un latex blanc. Le système racinaire est constitué de racine traçantes pouvant atteindre 1 m de long. Certaines racines subissent un phénomène de tubérisation, par accroissement secondaire dû au cambium, qui démarre un à deux mois après la plantation. Les racines tubérisées sont farineuses et peuvent atteindre 50 cm de long. Leur nombre varie selon les cultivars et des facteurs environnementaux comme la photopériode, en général on en compte de 4 à 8 par plant.

Les feuilles, alternes, ont un limbe, de 6 à 25 cm de large, profondément palmatipartite, de couleur vert foncé à la face supérieure, glauque à la face inférieure. Le nombre de lobes, toujours impair est variable, souvent de 3 à 7 lobes. Le limbe est parfois très légèrement pelté avec 1 à 2 mm de largeur du limbe située sous l’insertion du pétiole. Les lobes sont généralement oblancéolés (le lobe médian, entier, mesurant de 6,5 à 15 cm de long sur 2 à 6 cm de large), progressivement aigus-acuminés à leur extrémité, rétrécis à la base, moyennement pubescents près de la nervure médiane ou presque glabres. Le pétiole, souvent rougeâtre, long de 4 à 25 cm, porte à sa base deux stipules, triangulaires-lancéolées, de 4 à 5 mm de long sur 2 mm de large, rapidement caduques.

L’inflorescence est une panicule terminale de 2 à 11 cm de long, sous-tendue par des bractées ressemblant aux stipules. Les fleurs mâles et femelles sont séparées (plante monoïque), les premières se situant au sommet et les secondes, peu nombreuses, à la base de l’inflorescence.

Les fleurs mâles sont portées par des pédicelles minces, de 5 mm de long. Le calice est formé de lobes triangulaires, subaigus, glabres de 6 mm de long sur 4 mm de large. Les étamines, au nombre de 10 réparties en deux verticilles, ont un filet libre, mince, glabre, blanc, long de 7 mm pour la plus longue, de 2,5 mm pour les plus courtes. Les anthères, petites (1,5 mm de long), jaune pâle, présentent une touffe apicale. Le disque réceptacle présente 10 lobes concaves, aigus. Les fleurs femelles, portées par des pédicelles de 7 mm de long, incurvées, font jusqu’à 2,5 cm de diamètre. Les sépales triangulaires-ovales, subaigus font 1 cm de long sur 0,5 cm de large. L’ovaire, rose, de forme botryoïdale, mesure 2 x 2 mm. C’est un ovaire triloculaire supporté par un disque réceptacle glandulaire à 5 lobes faiblement marqués. Il présente 6 ailes étroites et un style terminé par un stigmate à 3 lobes. Chacune des loges renferme un ovule simple.

Le fruit est une capsule de forme ellipsoïde à subglobuleuse, de 1,3 à 1,7 cm de diamètre. Il présente 6 ailes longitudinales, verdâtres, crénelées ou onduleuses. L’endocarpe ligneux compte trois loges renfermant chacune une graine. Le fruit se sépare en trois coques lors de la déhiscence.

Les graines, ellipsoïdes à pentagonales déprimées, de 1,1 cm de long sur 5,5 mm de large et 3,5 mm d’épaisseur, ont une testa un peu brillante, gris pâle, parfois tachetée de noir. Elles présentent une grande caroncule de 3 mm de large à l’extrémité du micropyle.

Le manioc est utilisé comme semoule ou comme fécule (tapioca).

Les feuilles au-dessus de la plante peuvent être broyées pour fabriquer du pondu, un légume traditionnel.

Les plats les plus connus sont le foufou, l’attiéké un couscous de manioc, le Mpondu à base de manioc et de poisson, le Mpondu-Mades, à base de manioc et de haricots.

Le manioc est aussi utilisé pour fabriquer une tortilla, le cassave, un pain le chikwangue et des bières traditionnelles telle la cachiri, le munkoyo ou la mbégé.

Le manioc a été importé du Brésil au XVIe siècle vers l’Afrique, où il est maintenant cultivé. Au Brésil et en Amérique centrale, on l’utilise beaucoup frit pour accompagner les grillades. En hiver, le bouillon de manioc est très populaire. Il est également utilisé en farine légèrement rôtie pour accompagner les haricots. Cette même farine est l’ingrédient principal de la farofa.

On peut préparer les tubercules en les faisant cuire, puis en les lavant longuement à l’eau pour évacuer les traces de cyanure, et en les séchant au soleil.

Une fois pilé, à la main ou au moulin, on obtient une farine blanche appelée « foufou » dans les deux Congo. Cette farine est mélangée à de l’eau bouillante à égale proportion et constitue un aliment qui accompagne les plats en sauce. Elle peut aussi être donnée à de jeunes enfants. Le foufou a une valeur calorique sèche de 250 à 300 cal, soit près de la moitié lorsqu’elle est en pâte.

Une autre façon de le consommer est en pains de manioc (appelés « chikwangue » en République Démocratique du Congo, « bibôlô » au Cameroun, et « mangbèré » en Centrafrique). Ils sont riches en cellulose, consistants, mais très peu nourrissants. Leur prix très abordable favorise leur consommation à grande échelle. Il est recommandé de bien les mâcher afin de ne pas avoir de problème de digestion.

À l’île Maurice le manioc est produit et consommé sous forme de biscuits, le plus souvent aromatisés, à la cannelle, à la crème anglaise, à la noix de coco ou encore au sésame. Le manioc est consommé sous forme d’une soupe avec de la viande de bœuf, poulet (appelés katkat manioc).

Les feuilles de manioc sont également consommées avec du riz (« riz-feuilles »), en République du Congo et en République démocratique du Congo sous le nom de mpondu, saka-saka ou « ngunza » ou « ngoundja » en République centrafricaine. Le matapa, plat typique du Mozambique, (vatapá au Brésil), est préparé avec les jeunes feuilles de manioc pilées avec de l’ail et la farine tirée des tubercules, cuites avec du crabe ou des crevettes. Aux Comores sous le nom de mataba, les feuilles sont accommodées avec un émincé de poisson.

En Côte d’Ivoire, le manioc est consommé sous forme de semoule cuite à la vapeur, ce qu’on appelle l’attiéké. L’attiéké est un plat national, principalement consommé dans les régions sud du pays. Il est souvent accompagné de sauce locale (claire, graine, etc.). Le manioc peut se consommer aussi sous forme de pain de manioc appelé foutou de manioc ou de plakali, essentiellement constitué de substance amidonnée. L’attiéké est consommé frais de préférence. Il se conserve et s’exporte ou se commercialise sous forme séchée. La production de manioc commence à se faire sous la forme industrielle par des petites unités de production d’attiéké. Cette forme n’est pas encore répandue en Côte d’Ivoire.

À la Réunion, les jeunes feuilles sont également consommées en brèdes.

À Madagascar, on consomme les feuilles de manioc pilées dans un plat national au nom de ravitoto qui peut s’accompagner de viandes, crevettes, poissons et est parfois parfumé au coco.

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Sources : [wpicons-icon icon=”wpicons-wikipedia1″ size=”28px”] [wpicons-icon icon=”wpicons-youtube2″ color=”#dd3333″ size=”28px”]

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