Le blé.

« Blé » est un terme générique qui désigne plusieurs céréales appartenant au genre Triticum. Ce sont des plantes annuelles de la famille des graminées ou Poacées, cultivées dans de très nombreux pays. Le mot « blé » désigne également le « grain » (caryopse) produit par ces plantes.

Le blé fait partie des trois grandes céréales avec le maïs et le riz. C’est, avec environ 700 millions de tonnes annuelles, la troisième par l’importance de la récolte mondiale et, avec le riz, la plus consommée par l’homme. Le blé est, dans la civilisation occidentale, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient, dans le Nord de la Chine un composant central de l’alimentation humaine. Sa consommation remonte à la plus haute Antiquité. Il a longtemps permis l’apport en énergie indispensable à la survie des populations et un apport en protéines non négligeable et a de ce fait tenu une place déterminante dans le développement des civilisations de ces régions

Blé, carte maximum, France, 2017.

Deux espèces de blé, l’engrain et l’amidonnier ont été domestiquées au Proche-Orient à partir de deux blés sauvages et cultivées à partir de – 8500 dans la vallée du Jourdain, le Nord de la Syrie, le Sud de l’Anatolie et le Zagros dans la région du Croissant fertile.

Du point de vue diététique, contrairement à ses proches parents que sont le grand épeautre et l’engrain (petit épeautre), il fait partie des espèces végétales ne comportant pas des « protéines complètes », n’assurant donc pas l’apport de tous les acides aminés essentiels, du fait de certaines déficiences en acides aminés.

Les variétés de blés tendres ou durs proposées aujourd’hui sont bien adaptées à la production en céréaliculture industrielle caractérisée par l’apport intensif d’intrants chimiques et une forte mécanisation, et à la consommation de masse, du fait de rendements élevés, mais n’ont pas les qualités nutritives et organoleptiques à nouveau demandées aujourd’hui dans le cadre d’une agriculture plus résiliente et d’une alimentation « naturelle », que l’on peut encore retrouver chez les « blés rustiques » tels que l’engrain ou l’épeautre.


Le blé étant strictement autogame, l’obtention de variétés hybrides nécessite la culture côte à côte de lignées en rangs mâles et femelles et la stérilisation du parent mâle par application d’un gamétocide.

L’utilisation de blé hybride est faible et en progression : 4 % du blé tendre et 7 % du blé est hybride en France, les gains de rendement sont d’environ 6 quintaux en théorie, mais seulement de 3 quintaux en pratique. L’adoption du blé hybride nécessite une modification des techniques de culture, la densité de semis est fortement réduite (jusqu’à 75 grains au mètre carré contre plus de 200 en variété classique) et le prix des semences est élevé. Cette prise de risque est difficile pour les agriculteurs par ailleurs satisfaits par les rendements élevés et stables du blé classique. Ce risque est toutefois éliminé avec l’utilisation de semoirs monograines récemment adaptés aux céréales à paille.

Les progrès de la génétique et des marqueurs génétiques « microsatellites »  permettent d’évaluer et de suivre l’évolution de la biodiversité variétale et intrinsèque à chaque variété cultivée (variété considérée comme gage de l’adaptation des plantes aux maladies et changements environnementaux). Cette diversité a lentement augmenté de la préhistoire au XIXe siècle, mais a régressé à la suite du passage d’une sélection réalisée par les paysans à une sélection généalogique réalisée par des semenciers. Cette évolution a accompagné l’industrialisation de l’agriculture puis la « révolution verte » en modifiant significativement les caractéristiques et la diversité génétique des blés les plus semés dans les pays industrialisés, dont les États-Unis et l’Europe. Par exemple, pour le blé tendre, une étude (2011) lancée sur la diversité génétique des variétés de blés tendres utilisées en France au XXe siècle a confirmé une tendance à l’homogénéisation  génétique des variétés cultivées dans ce pays. Un indicateur composite a permis de traduire par année, la surface cultivée pour chaque variété, en croisant cette information avec la proximité génétique de ces variétés entre elles et avec les données existantes sur la biodiversité intravariétale. Pour la FRB qui a piloté l’étude, « ces résultats scientifiquement validés soulèvent des questions sur les modes d’évaluation de la diversité génétique des plantes cultivées, et alertent sur la résilience de ces cultures dans le contexte d’une hausse de la fréquence d’événements climatiques critiques pour la production agricole »

Les premières cultures furent à l’origine de bouleversements majeurs pour les sociétés humaines avec la néolithisation. En effet, l’homme sachant produire sa propre nourriture, sa survie devenait moins dépendante de son environnement. L’agriculture marque aussi le début du commerce et de la sédentarisation.

Dans un premier temps, le blé semble avoir été consommé cru puis grillé ou cuit sous forme de bouillie puis de galettes sèches (pains peu ou pas levés) élaborées à partir des grains simplement broyés entre deux pierres (voir carpologie). Le blé s’impose par la suite comme l’aliment essentiel de la civilisation occidentale sous forme d’aliments variés : pain, semoule, pâtes, biscuits…

La culture du blé est beaucoup moins difficile que celle du riz : elle ne demande ni aménagement spécifique du champ ni un lourd travail d’entretien. Entre la période des labours-semis et celle de la moisson, les travaux sont plutôt réduits. Après la récolte, le blé, à la différence du riz, ne demande pas d’opération particulière comme le décorticage. Les régions agricoles reposant fortement sur la culture du blé comptent moins de travailleurs que les régions du maïs et du riz.

La culture du blé s’est imposée en raison de cette facilité de culture, mais aussi parce que l’essentiel des progrès agricoles a été expérimenté sur lui. Les instruments aratoires simples ont été remplacés par du matériel de plus en plus perfectionné :

  • le bâton à fouir néolithique : pieu qu’on enfonce dans le sol pour l’ameublir ;
  • la houe, d’abord en tête de pierre puis de métal ;
  • l’araire, tiré tout d’abord par l’homme ou la femme puis par les animaux de trait, ameublissait la terre avant le semis fait à la main ;
  • la charrue retourne la terre et nécessite une traction animale ;
  • la faucille utilisée il y a quelque 12 000 ans dans le Croissant fertile permettait de couper le blé mûr à la main ;
  • des machines à récolter sont apparues chez les Celtes en Gaule. L’Empire romain en perd l’usage, elles sont redécouvertes puis encore perdues au haut Moyen Âge ;
  • la faux est ensuite utilisée à la fin du Moyen Âge ;
  • le battage, effectué tout d’abord au fléau ou à la planche à dépiquer ;

le van, ustensile qui permet de séparer la balle du grain en secouant la récolte au vent, devint plus tard le tarare en utilisant un courant d’air forcé.
Au Moyen Âge, les fermiers des campagnes à blé européennes utilisaient la charrue à roue et le cheval. Les pays à seigle en restaient à l’araire et aux bovins. Le semoir mécanique et la moissonneuse-batteuse ont été mis au point dans les régions à blé d’Europe et d’Amérique du Nord. Le blé est également le premier à bénéficier de l’usage des amendements (comme dans l’Est de la France) et des engrais chimiques. La sélection des semences permet de meilleurs rendements. Pendant plusieurs millénaires, le blé n’est cultivé qu’en faibles quantités et avec de très bas rendements. Au Moyen Âge et jusque vers 1700, il fallait en moyenne plus de trois heures de travail pour obtenir un kilogramme de blé; les autres céréales constituaient alors la nourriture de base, le blé étant trop cher. C’était le méteil qui servait d’aliment aux Français les plus pauvres (90 % de la population) car il fallait en moyenne deux heures de travail

seulement pour un kilogramme de méteil. Dès que les conditions climatiques étaient mauvaises, c’était la famine ; les dernières famines en France datent de la fin du XVIIe siècle, jusqu’en 1709. Alors le prix du blé atteignait le salaire de six à huit heures de travail le kilogramme. On voit le prix du blé diminuer progressivement au cours des XVIIIe et XIXe siècles. Au cours du XXe siècle, les progrès de la technologie permettent d’augmenter formidablement la production céréalière. Le blé est introduit au Nouveau Monde par Juan Garrido, compagnon d’Hernan Cortes originaire du Kongo, qui en ayant trouvé trois graines dans un sac de riz, les plante en 1523 dans sa propriété de Coyoacán à proximité de Mexicó.

À partir de la seconde moitié du xixe siècle, l’agriculture s’est mécanisée et rationalisée. Les machines agricoles, mises en œuvre et tirées au départ par des chevaux puis parfois par des locomobiles et enfin, par des moteurs et des tracteurs, se sont multipliées en particulier dans les pays développés. Depuis 1950, les récoltes de blé s’effectuent avec des moissonneuses-batteuses qui moissonnent et battent les céréales en une seule opération. De même, des engins agricoles spécialisés existent pour la fumure, le labour, la préparation du sol, les semis,et les traitements.

La culture moderne du blé est longtemps restée confinée au bassin méditerranéen et à l’Europe. En Europe, à la fin du XIXe siècle, la culture du blé commence à reculer au bénéfice d’autres cultures. Les travaux de Jean Fourastié montrent que les progrès des techniques de production permettent un rendement meilleur et que les céréales et le blé peuvent être remplacées dans la production et donc la consommation, par une alimentation plus variée. La production à peu près exclusivement rurale et à base de céréales a pu être diversifiée, avec des productions de légumes et de viande, puis une production qui n’est plus presque uniquement à visée alimentaire, un développement de l’industrie et des services. En conséquence, ont pu se généraliser l’économie urbaine, le développement des moyens de transport et les moindres coûts de production en outre-mer. La baisse du prix du blé par rapport aux salaires est, selon Jean Fourastié le fait majeur de l’évolution économique depuis le XVIIe siècle ; le progrès du niveau de vie des Français et de la plupart des occidentaux a son origine dans cette évolution.

La production de blé reprend son essor au cours du XXe siècle grâce aux progrès de la mécanisation, à la sélection de nouvelles variétés productrices et au développement de l’usage de fertilisants. Le blé est, au début du xxie siècle, une des céréales les plus rentables à l’intérieur du système des prix européens. L’Europe importait plus d’une dizaine de millions de tonnes de blé au moment de la guerre. Depuis, elle est devenue exportatrice. L’excédent final européen atteignait près de 17 millions de tonnes en 1990.

L’AGPB (Association Générale des Producteurs de Blé) est une association spécialisée de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) qui regroupe l’ensemble des céréaliers. Elle a créé avec l’AGPM (Association générale des producteurs de maïs) et la FOP (Fédération française des producteurs d’oléagineux et de protéagineux) une union syndicale pour les grandes cultures ORAMA.

Le réchauffement de la planète entraîne une accumulation de périodes sèches et chaudes et donc une augmentation des fluctuations des rendements de la production de blé. Sur la base d’essais au champ, on peut estimer que la quantité de blé produite dans le monde va diminuer de 6% par degré Celsius d’augmentation de la température. Même si la limite de réchauffement planétaire de deux degrés Celsius convenue dans l’Accord de Paris est respectée, cela aura une incidence négative sur les rendements mondiaux des cultures par superficie cultivée. Cela entraîne la nécessité de passer à des variétés de blé plus résistantes à la sécheresse, par exemple en sélectionnant de nouvelles variétés de blé, qui peuvent atténuer partiellement mais pas complètement la baisse des rendements afin de s’adapter au changement climatique.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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