La magie.

La magie est une pratique fondée sur la croyance en l’existence d’êtres, de pouvoirs et de forces occultes et surnaturels, permettant d’agir sur le monde matériel par le biais de rituels spécifiques.

Les évolutions des connaissances scientifiques dans le monde occidental chrétien depuis la période médiévale, en donnant des explications aux phénomènes naturels se sont progressivement opposées à la croyance en la magie1. Cependant, selon des anthropologues comme Evans-Pritchard, qui décrit la magie chez les Azandé comme une philosophie naturelle associée à une réponse socialement appropriée et culturellement significative au problème de l’inconnu négatif, la croyance en la magie ou sorcellerie n’est pas incompatible avec une appréciation rationnelle de la nature. On peut aussi la décrire comme un ensemble d’activités et de technologies destinées à manipuler des agents et des énergies invisibles ou immatériels, non reconnus par la science.

La distinction entre les pratiques magiques non orthodoxes et les pratiques religieuses légitimes est problématique dans le cas des traditions religieuses comme le Bouddhisme, l’Islam qui ne sont pas fondées sur des doctrines et des liturgies hautement codifiées, et n’encouragent donc pas les distinctions entre la prière, l’incantation ou les sortilèges dans la même mesure que le christianisme.

Le domaine de la magie en est venu à incorporer des éléments qui, ailleurs, relèveraient de la catégorie de la religion, comme la Kabbale (une tradition de la mystique juive considérée comme ésotérique et secrète), le Yoga (un ensemble de doctrines spirituelles issu des religions indiennes dharmiques) ou encore le Yi-Jing (ouvrage de divination issu de la cosmologie taoïste) ; de ce fait, les approches ethnologiques contemporaines tendent à utiliser le terme de pensée magico-religieuse.


Le mot « magie » désigne tantôt une technique (les arts magiques), tantôt des procédés, des opérations, tantôt une action, un effet, mais cela n’est pas si gênant. Par exemple, la magie de Merlin concerne soit l’art magique (art occulte : Merlin connaît et pratique des procédés occultes pour produire des effets merveilleux), soit des procédés magiques (techniques occultes : Merlin utilise des formules secrètes), soit des effets magiques (puissances mystérieuses : Merlin rend invisible).

Apulée : « La magie est la science de la piété et du divin […]. Mes  adversaires, toutefois, peuvent adopter le sens du vulgaire, selon lequel le mage, étant en communauté avec les dieux immortels, a le pouvoir de tout faire par la vertu mystérieuse des incantations ».

Helena Blavatsky : « La magie, considérée comme science, est la connaissance des principes et de la voie par laquelle l’omniscience et l’omnipotence de l’Esprit et son contrôle sur les forces de la nature peuvent être acquis par l’individu tandis qu’il est encore dans le corps. Considérée comme art, la magie est l’application de ces connaissances à la pratique ». « La magie est la science de la communication avec les Puissances supra-mondaines éternelles et de leur direction, ainsi que du commandement de celles de ces puissances appartenant aux sphères inférieures ; connaissance pratique des mystères cachés de la nature connus seulement du petit nombre parce qu’il est très difficile de les acquérir sans tomber dans les péchés contre nature ».

Aleister Crowley : « La Magie est la Science et l’Art d’occasionner des Changements en accord avec la Volonté ».

Papus : « La Magie est l’étude et la pratique du maniement des forces secrètes de la nature ».

Pierre A. Riffard : « La magie est l’action efficace sur un objet réel ou mental, par la parole, le geste, l’image ou la pensée, indépendamment des catégories de l’être (espace, temps, causalité), mais conformément à des correspondances soit analogiques [par exemple, rouge = le fer, le mardi] soit mécaniques [rouge → excitation, mûrissement] ».

 

Définition du dictionnaire Hachette : « Science occulte qui permet d’obtenir des effets merveilleux à l’aide de moyens surnaturels. » L’idée de magie requiert d’admettre l’existence de forces surnaturelles et secrètes, contraindre les puissances du ciel ou de la nature, recourir à des moyens d’action qui ne sont ni religieux ni techniques mais occultes.

Mage, magicien, magiste y sont distingués.

Le mage est un sage, qui connaît les secrets de la nature (les rois mages).
Le magicien est un praticien, il réalise des merveilles ; dans les années 1760, on disait le comte de Saint-Germain magicien, car, soi-disant, il vivait depuis l’époque de Jésus, ne mangeait pas, créait des pierres précieuses, faisait disparaître les taches des diamants, transmutait les métaux en or…
Le magiste est un sage praticien, il est à la fois savant comme le mage et habile comme le magicien ; au XIXe siècle, on considérait Helena Blavatsky et Papus comme des magistes.

Le sorcier (en anglais sorcerer) cherche à faire du mal, par diverses techniques magiques. « La puissance du magicien est merveilleuse, celle du sorcier diabolique et infernale ».

Le mage noir (en anglais witch) nuirait par lui-même, du fait de sa présence ou de ses pouvoirs supposés maléfiques.

D’autres personnes font des « miracles », mais autrement. Le prestidigitateur et le fakir utilisent l’illusion ; le médium et le prodige ont un don ; le saint et le mystique comptent sur Dieu.

La magie orientale — mésopotamienne, égyptienne, iranienne — explique ses effets par l’archétype, le modèle divin ou cosmogonique. À ses yeux, pour agir magiquement il faut faire comme font les dieux ou faire comme ce fut à l’origine. Les dieux sont des exemples, des créateurs, des tout-puissants, les origines sont des moments forts, ils concentrent des puissances idéales, des possibilités. C’est donc magique, par identification, analogie. On lit souvent sur les papyrus égyptiens ou gréco-égyptiens : « Je suis Isis », « Je suis Osiris ».

Bôlos de Mendès, le premier des occultistes, explique la magie par les « sympathies et antipathies » et par les « vertus occultes ». D’après lui, la salamandre et le feu sont en sympathie, le coq et le lion en antipathie, en inimitié ; la dépouille d’un serpent a la propriété merveilleuse de favoriser les menstrues.

Pic de la Mirandole, en néoplatonicien, explique la magie par l’amour. « Les merveilles de l’art magique ne s’accomplissent que par l’union et l’actualisation des choses qui sont latentes ou séparées dans la nature. […] Faire de la magie n’est pas autre chose que marier le monde (Magicam operari non est aliud quam maritare mundum) ». Tout comme le vigneron fait une greffe de la vigne, le magicien lie l’inférieur au supérieur, le matériel au divin, sur le plan du caché, du latent, du séminal. Pour faire un talisman il faut lier le signe gravé ou inscrit à un esprit planétaire, à un des sefirot de l’arbre des kabbalistes.

Paracelse explique la magie par l’astral, aussi bien l’Esprit sidéral que le corps astral (corpus sidereum), d’autre part il explique par la volonté et l’imagination du mage. « L’Esprit sidéral » est la lumière répandue dans notre esprit autant que la Raison universelle. « Même les choses insensibles, les plantes, les graines, les fruits, les pierres, etc., tout a un corps astral », celui-ci est un « aimant » qui attire « les influx sidéraux », un « moteur » qui donne vie et esprit au corps élémentaire. Le mage sait capter et diriger « les forces célestes », « les puissances astrales » dans les objets terrestres, mais aussi utiliser les images, les lettres, les chiffres, les mots, les sons. La pensée de Paracelse reste toutefois difficile à appréhender.

Agrippa de Nettesheim, Giambattista Della Porta, Swedenborg, la majorité des auteurs expliquent la magie par les analogies et correspondances pour le côté abstrait, par les liens ou les déliements pour le côté concret. C’est la fameuse notion de « ligature » (serrer un lien, faire un nœud). On a là une idée magique de tous temps et pour tous lieux. Exemple : il y a, selon le magicien, analogie, ressemblance, métaphore, apparentement entre l’amour et un lien, un nœud, un enchaînement, donc, pour créer un amour de façon magique, le magicien fera un nœud. L’analogie créera le lien. Recette du ive siècle : « Charme étonnant pour lier une femme aimée. Fais 365 nœuds. » Recette de 1997 : « Pour attirer l’amour. Dans un ruban rouge vous aurez écrit vos deux noms avec le sang de l’un des deux. Liez le ruban de manière à faire joindre les noms ». L’action magique transfère à deux personnes le pouvoir qu’a le nœud sur deux cordes, celui d’unir, de rapprocher. Un mage d’une part scrute, connaît, d’autre part manipule, transfère les équivalences symboliques.

Franz Anton Mesmer (1766) et tout le mouvement du magnétisme animal expliquent par un « fluide magnétique universel », ou plus prosaïquement par l’électromagnétisme.

Éliphas Lévi explique par la volonté32. « Savoir, oser, vouloir, se taire, voilà les quatre verbes du mage […]. Vouloir, vouloir longtemps, vouloir toujours, mais ne jamais rien convoiter, tel est le secret de la force ; et c’est cet arcane magique que le Tasse met en action dans la personne des deux chevaliers qui viennent délivrer Renaud et détruire les enchantements d’Armide. […] Ce qui rendait Jeanne d’Arc toujours victorieuse, c’était le prestige de sa foi. »

Frazer, ethnologue anglais, explique par les associations d’idées33. « Les hommes confondent l’ordre de leurs idées avec l’ordre de la nature, et, dès lors, imaginent que le contrôle qu’ils exercent ou semblent exercer sur leurs pensées les autorise à pratiquer un contrôle correspondant sur les choses. » Frazer distingue, dans son analyse de la magie, trois lois, qui marchent par associations (similitude, contiguïté, contrariété). Première loi, la  similitude, la sympathie par imitation : « Tout semblable appelle le semblable, ou un effet est similaire à sa cause » ; par exemple, la technique d’envoûtement consiste à percer d’une aiguille une poupée imitant la personne que l’on veut blesser. Deuxième loi, la contiguïté, la sympathie par contact, la contagion : « Les choses qui ont été une fois en contact  continuent d’agir l’une sur l’autre, alors même que ce contact a cessé » ; par exemple, un magicien peut blesser une personne en piquant les empreintes de pas laissées par cette personne. Troisième loi : « le contraire agit sur le contraire » ; par exemple, pour contrecarrer une blessure on peut susciter son contraire sous forme d’une image de cicatrisation.

Mikhaël Aïvanhov, un maître spirituel bulgare, explique par l’aura. « Être un mage, c’est créer. Le mage véritable est entouré d’un cercle de lumière, son aura, ce halo de lumière invisible qui émane de lui et qu’il a formé grâce à son travail spirituel et à la pratique des vertus. Pour créer, le mage utilise les mêmes moyens que Dieu Lui-même : il projette une image ou prononce un mot qui traverse son aura, et c’est l’aura qui fournit la matière pour la manifestation. » Il existe « trois grandes lois magiques :

  • 1) la loi d’enregistrement,
  • 2) la loi d’affinité,
  • 3) la loi du choc en retour ».

Alexandra David-Neel fournit un compte rendu des croyances mystiques tibétaines, et son livre Magic and Mystery in Tibet considéré comme une enquête ethnographique sur le paranormal. Dans la préface de l’édition 1965 du livre, David-Neel a attiré l’attention sur les difficultés liées à la classification de phénomènes extraordinaires dans différents contextes culturels lorsqu’elle a écrit que : « […] les Tibétains ne croient pas aux miracles, c’est-à-dire aux événements surnaturels. Ils considèrent les faits extraordinaires qui nous étonnent comme le travail d’énergies naturelles qui entrent en action dans des circonstances exceptionnelles, ou par l’habileté de quelqu’un qui sait les libérer, ou, parfois, par l’intermédiaire d’un individu qui, sans le savoir, contient en son sein. lui-même les éléments susceptibles de déplacer certains mécanismes matériels ou mentaux qui produisent des phénomènes extraordinaires. »

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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