La Bataille navale de la Hougue (1692).

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La bataille de la Hougue est une bataille navale pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg. En 1692, elle voit la victoire de la flotte anglo-hollandaise sur la flotte française du vice-amiral de Tourville, au large de la pointe du Cotentin.

Pour aider son cousin, le catholique Jacques II d’Angleterre, à retrouver son trône après en avoir été chassé par son beau-fils Guillaume III d’Orange-Nassau, Louis XIV lui propose une flotte et des hommes mis sous l’autorité de Tourville. L’embarquement est prévu en Cotentin avec 20 000 hommes et 70 vaisseaux pour débarquer près de l’île de Portland.

Après la défaite de Béveziers en juillet 1690, la flotte anglo-hollandaise, certes à deux contre un, reprend le contrôle de la Manche.


La guerre se poursuit depuis plusieurs années. Persuadé de la faiblesse de l’engagement anglais au sein de la coalition, Louis XIV prépare une  opération militaire visant à débarquer environ 20 000 hommes sur les côtes anglaises et de placer à nouveau Jacques II sur le trône.

Une des conditions de la réussite de ce plan est que Tourville doit entrer en Manche avec une force navale suffisante pour tenir tête à la flotte coalisée.

Le 12 mai, sous les ordres de Tourville, la flotte quitte Brest mais sans le renfort des 16 navires de l’escadre du Levant de l’amiral Victor Marie  d’Estrées. Alors que ses 44 vaisseaux s’engagent dans la Manche, le corsaire guernesiais John Tupper les découvre et alerte l’amiral Russel de l’avancée de la flotte française.

La flotte du Levant appareille de Toulon le 21 mars 1692 et capture deux navires anglais le 15 avril. Alors qu’elle s’apprête à passer Gibraltar le 18 avril, elle traverse une violente tempête qui détruit deux vaisseaux. L’amiral est contraint de faire demi-tour pour s’abriter à Malaga et réparer les avaries. C’est à ce moment qu’il apprend qu’un convoi anglais se trouve à proximité. Le 22 avril, il envoie 5 navires les attaquer. Pour éviter la capture, les Anglais incendient leurs bateaux. La flotte ne franchit le détroit de Gibraltar que le 25 avril et mouille à Bertheaume le 29 mai, jour de  l’engagement de Tourville.

Le jeudi 29 mai 1692, la flotte de Tourville se dirige vers la Hougue, pour embarquer l’armée de Jacques II. Mais on annonce les flottes anglaises et hollandaises qui viennent d’effectuer leur jonction au large de Barfleur. L’amiral n’est pas prévenu à temps que la flotte anglo-hollandaise lui est supérieure (99 vaisseaux de lignes avec 6 750 canons contre 44 vaisseaux français et 3 240 canons). Louis XIV ayant, en mars, donné l’ordre  d’attaquer quelles que soient les circonstances, Tourville décide donc d’attaquer la flotte ennemie en plein centre, pendant près de 12 heures. La bataille, qui se déroule à sept lieues au large entre le cap de la Hougue et la pointe de Barfleur, est indécise, cependant la flotte française renonce à l’expédition projetée et tente de se mettre à l’abri en profitant de la nuit et de la brume.

Les Français n’ont perdu aucun vaisseau. Par contre, les Anglais déplorent la mort du contre-amiral Richard Carter et la perte de deux navires.

Le bilan de la bataille est mitigé, s’il sera perçu dans l’opinion public comme une défaite cuisante en raison des évènements de la Hougue, il est  cependant une victoire de Tourville. Sa flotte deux fois moins nombreuses s’en sort indemne tout en coulant plusieurs vaisseaux ennemis (le Soleil-Royal coula cinq brûlots), les anglo-hollandais font état de 5 000 marins tués et 3 000 blessés quand les français compte 1 700 tués (cependant les marins français sont bien plus difficile a remplacer). Louis XIV dira lui même « j’ai eu plus de joie à apprendre que 44 de mes vaisseaux ont battu 99 de mes ennemis pendant un jour que des pertes que j’ai faites ».

Faute de fortification sur la côte normande, ou d’une rade sûre, Tourville prévoit de rejoindre Brest ou Saint-Malo afin de trouver un port pour réparer les navires dont la plupart ont été endommagés et en complet désordre. Vingt-sept navires parviennent à franchir le raz Blanchard à l’extrême pointe du Cotentin grâce à l’exploit d’Hervé Riel, avant la renverse des courants et à rallier Saint-Malo, mais les treize plus grands, dont le Soleil Royal de Tourville sont renvoyés vers le nord-est. Poursuivis par les Anglais, ils sont alors contraints de gagner la côte afin d’y trouver refuge.

Le 1er juin, trois navires fortement touchés pendant la bataille sont échoués sur la côte à Cherbourg : le Triomphant près de l’embouchure de la Divette, l’Admirable sur les Mielles, et le Soleil Royal le navire amiral à la pointe du Hommet. L’artillerie des fortifications de la ville tient pour quelque temps l’ennemi à distance. Les stocks de poudre du Soleil Royal et du Triomphant, en s’embrasant, explosent et les projections provoquent de gros dégâts matériels et humains dans la ville.

Tourville, à bord d’un autre vaisseau, poursuit sa route vers la Hougue, dans l’espoir d’être appuyé par les troupes et bateaux qui s’y trouvent. Une fois arrivé, l’amiral reçoit l’ordre d’échouer ses vaisseaux ; il importe de conserver canons et équipages. Six près de l’ile Tatihou (Le Merveilleux, Le Saint-Philippe, L’ambitieux, Le Foudroyant, Le Magnifique, Le Terrible), et six autres derrière la pointe de la Hougue (Le Fort, Le Gaillard, Le Bourbon, Le Fier, Le Tonnant, Le Saint-Louis).

Les 2 et 3 juin, les Anglais, embarqués sur des chaloupes, incendient l’un après l’autre les navires échoués. Jacques II regarde sur les hauteurs de Quinéville ce spectacle qui signifie la fin de ses ambitions. La destruction des quinze vaisseaux correspond à peu près aux pertes subies par la flotte anglo-hollandaise deux ans plus tôt à la bataille du cap Béveziers. Cette victoire navale n’est cependant pas mieux exploitée par les alliés qu’elle ne le fut à l’époque par les Français, ce qui envenime un conflit entre le secrétaire d’État Nottingham et l’amiral Russel, qui est finalement écarté du commandement de la flotte pour l’année 1693. En France, les quinze vaisseaux perdus sont remplacés dès l’année 1693 et Louis XIV ne tient pas rigueur à Tourville qu’il nomme maréchal de France le vendredi 27 mars 1693.

Cette sévère défaite révèle la nécessité de consolider la défense de la baie. Ce qui sera chose faite deux ans plus tard, avec l’édification de deux tours similaires, l’une à la pointe de La Hougue et l’autre sur l’île Tatihou. Elle révèle aussi amèrement l’erreur commise par les adversaires de Vauban, qui ont convaincu Louis XIV d’arrêter les travaux du port de Cherbourg et même de détruire ses fortifications. Malgré la destruction des navires de ligne, la proximité des côtes permet de récupérer la quasi-totalité des équipages et de l’armement, ce qui relativise le préjudice subi. À l’époque, il est plus aisé de remplacer un navire qu’un équipage expérimenté.

Pendant quelques décennies, les vestiges de la flotte de Tourville ont servi de mouillage pour les marins et de ressources en bois. Peu à peu oubliées, les épaves sont redécouvertes en 1985 par Christian Cardin, donnant lieu à d’importantes recherches archéologiques, présentées en partie au musée maritime de l’île Tatihou. À la suite de la découverte de ces épaves est né le projet de l’Association Tourville visant à reconstruire l’un de ces vaisseaux faisant la fierté de la marine française du XVIIe siècle, le Jean-Bart, vaisseau de 1er rang contemporain du Saint-Philippe et du Magnifique, tous deux retrouvés parmi les épaves de La Hougue.

En 2022, trois épaves retrouvées en 1990 sont identifiées comme des  vaisseaux français coulés durant la bataille. Deux des épaves, enfouies sous une épaisse couche de vase, présentent un réel intérêt scientifique et historique.

Source : Wikipédia.

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