Anne Hilarion de Costentin, Comte de Tourville, Maréchal de France

Anne Hilarion de Costentin (ou Cotentin), comte de Tourville, est un vice-amiral et maréchal de France, né le à Paris et mort le à Paris. Présenté à l’âge de quatre ans dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte, il mène très jeune plusieurs campagnes en mer Méditerranée contre les Barbaresques et les Turcs. En 1666, il intègre la Marine royale et est nommé capitaine de vaisseau l’année suivante. C’est pendant la guerre de Hollande que Tourville se distingue pour la première fois pendant la campagne de Sicile, aux batailles d’Alicudi, d’Agosta et de Palerme en 1676. La paix revenue, il commande une escadre de quatre vaisseaux, en 1679, lorsqu’il est pris dans une tempête au large de Belle-Isle. Son vaisseau Le Sans-Pareil coule et il ne doit sa survie qu’à l’intervention du chevalier de Coëtlogon.

Promu lieutenant-général des armées navales en 1682, il est nommé vice-amiral du Levant en 1689, un an après la mort du « Grand Duquesne ». Pendant la guerre de la Ligue d’Augsbourg, il se distingue à nouveau lors de la bataille du cap Béveziers en 1690 et lors de la bataille de Lagos en 1693.

À Paris, sa mère n’a aucune peine à le faire entrer Marine royale : Colbert ne cesse alors de se plaindre de la « disette de cadres » ; or Tourville a 24 ans et déjà quatre ans d’expérience en Méditerranée12. Le 4 décembre 1666, le duc de Beaufort, grand-maître de la navigation donne à Tourville une commission de capitaine de vaisseau. Il s’agit là d’un réel privilège, étant donné son jeune âge, un brevet de lieutenant de vaisseau lui aurait certainement été attribué si la comtesse douairière de Tourville, sa mère, née La Rochefoucauld, n’était pas aussi en faveur à la Cour.

Capitaine en 1667, il reçoit en 1668 son premier commandement, celui du vaisseau de ligne Le Courtisan. Avec ce vaisseau, il conduit en mars un commissaire du Roi chargé de réclamer à Alger l’exécution d’un traité récemment conclu entre le Roi et le dey. Au début de 1669, il reçoit un second commandement, celui du vaisseau Le Croissant Il croise alors en Méditerranée et participe à l’expédition de Candie placée sous les ordres du duc de Beaufort, au sein de la flotte qui quitte Toulon le 5 juin 1669. À son retour, en novembre 1669, il est confirmé par le Roi dans son grade de capitaine de vaisseau. En 1670, il se rend à la Cour de Versailles où il reste un an, il accompagne le Roi dans les Flandres19. Enfin, il protège le commerce français et s’oppose aux Turcs à bord de L’Hercule. Envoyé dans le golfe de Venise, à la tête de trois vaisseaux, il incendie devant Barlet un vaisseau ragusois, chargé de ravitailler les troupes ottomanes, il canonne ensuite la ville. Il prend un vaisseau de 50 canons, chargé de blé et d’autres provisions qu’il convoie à Messine. II capture d’autres vaisseaux au large de Brindisi. À son retour à Messine, il bombarde Reggio, où il escorte un brûlot qui met le feu à un vaisseau de guerre et à quatorze bâtiments au mouillage dans ce port. Le duc de Beaufort le compte alors parmi ses meilleurs capitaines.

Carte maximum Amiral de Tourville du 21/02/1944.

En 1671, commandant Le Duc, il effectue un coup de main audacieux contre des navires tunisiens stationnés dans le port de Sousse. Rentré à Rochefort, il apprend alors la mort de sa mère, survenue en mars 1671, et aux obsèques de laquelle il n’a pu assister.

En 1693, il peut venger la défaite de la Hougue en s’emparant du « convoi de Smyrne », au large de Lagos. Il capture ou détruit 80 navires marchands et inflige aux coalisés une perte de 30 millions de livres. Tourville se retrouve à la tête d’une armée navale de 93 vaisseaux. Il participe en 1694 à sa dernière campagne maritime, en Méditerranée, avec les sièges de Palamós et Livourne. Il partage ses dernières années entre Provence, Saintonge et Aunis dont il a été nommé commandant militaire et où il organise la défense des côtes françaises.

À Brest, en 1695, il s’active encore en des heures difficiles, à la suite du grand hiver et des bombardements anglais de l’année précédente (Saint-Malo, Dieppe, Le Havre). Le 2 novembre 1695, il reçoit son neveu Châteaumorand dans l’Ordre de Saint-Louis. Cependant, le cœur n’y est plus, il s’ennuie, se sent mal à l’aise en l’hôtel où réside sa femme et préfère résider seul dans un petit appartement du faubourg Montmartre. Il reçoit quelquefois des amis marins avec lesquels il évoque les grandes heures de la marine française au tournant du XVIIe siècle.

Il n’a que cinquante-neuf ans, mais la tuberculose le mine. Il meurt à Paris le 23 mai 1701. Il est enterré en l’église Saint-Eustache à Paris, à proximité du tombeau de Colbert, réalisé par Antoine Coysevox. En 1787, ses ossements furent transférés aux catacombes de Paris.