Joseph Haydn, compositeur.

(Franz) Joseph Haydn — il n’utilisait jamais son premier prénom —, né à Rohrau sur la Leitha en Basse-Autriche, le 31 mars 1732 et mort à Vienne le 31 mai 1809, est un compositeur autrichien. Il incarne le classicisme viennois au même titre que Mozart et Beethoven, les trois compositeurs étant regroupés par la postérité sous le vocable de « trinité classique viennoise ».

La carrière musicale de Joseph Haydn couvre toute la période classique, allant de la fin de la musique baroque aux débuts du romantisme. Il est à la fois le pont et le moteur qui a permis à cette évolution de s’accomplir. L’image du « papa Haydn »3 ne vient pas des titres de « père de la symphonie » ou « père du quatuor à cordes » généreusement décernés au XIXe siècle et même de nos jours. La création de ces genres relève d’une genèse un peu plus complexe, mais Haydn a très largement contribué à leur émergence et leur consolidation.


Haydn, carte maximum, Autriche, 1982.

Joseph Haydn fut le premier, avant Mozart, à vouloir devenir musicien indépendant. En tant qu’interprète, il ne s’orienta pas vers la profession de musicien d’église et ne devint que plus tard maître de chapelle. Vers 1750-1752 (à l’âge de 18-20 ans), à Vienne, il mena d’abord une vie difficile. Livré à lui-même, il jouait occasionnellement du violon lors de sérénades, de bals et d’inhumations. Il donna aussi des leçons de piano à de jeunes élèves ainsi qu’à la comtesse de Thun. De même, il devint valet de chambre (qualification pouvant parfaitement signifier qu’il était employé comme musicien). Cette période n’est connue que par la narration qu’Haydn lui-même en fera au soir de sa vie à ses premiers biographes, Albert Christoph Dies et Georg August Griesinger. Il rapporte avoir été hébergé quelque temps par Johann Michael Spangler, ténor à l’église Saint-Michel de Vienne, avant de s’installer dans une mansarde de la Michaelerplatz. Dans la même maison habitait le célèbre librettiste et poète Pietro Metastasio (Métastase).

En 1753, par l’intermédiaire de Métastase, il a la chance de faire la connaissance de Porpora dont il devient le secrétaire. Professeur de chant et compositeur renommé, Nicola Porpora lui dispense à son tour un enseignement concernant la composition des opéras, en fait son assistant et l’introduit dans les milieux aristocratiques. Haydn se forme également en autodidacte grâce à deux célèbres ouvrages : le Gradus ad Parnassum, traité de contrepoint rédigé par un compositeur de la cour, Johann Joseph Fux (1660-1741), et Der vollkommene Capellmeister (« Le Maître de chapelle accompli ») de Johann Mattheson8. Il est également influencé par la musique de Carl Philipp Emanuel Bach, deuxième fils de Jean-Sébastien. C’est au début des années 1750 que Haydn compose ses premières œuvres vocales (des Missæ brevis, messes brèves) et instrumentales dont il est impossible de préciser la chronologie exacte. Il rédige également, en 1751 ou 1752, la partition musicale (perdue) de l’opéra Der krumme Teufel (« Le diable boiteux »)9sur un livret de Josef Felix Kurz-Bernardon.

En italien, “di me giuseppe Haydn”, “Par moi, Joseph Haydn”. En 1757, le baron von Fürnberg (1720-1767) l’invite pendant quelques mois à participer aux séances de musique de chambre dans son château de Weinzierl, près de Melk, où Haydn compose ses premiers divertimenti ou cassations pour quatuors à cordes, qui établirent sa renommée, et sont à l’origine de la fortune de cette formation. L’année suivante, peut-être sur la recommandation de Fürnberg, il devient directeur de la musique chez le comte Carl von Morzin (1717-1783), qui est donc son premier employeur. Il compose alors ses premières symphonies pour un petit orchestre de seize musiciens.

À cette époque, il tombe amoureux d’une de ses élèves, Theresa Keller (1733-1819), fille d’un ami, et la demande en mariage. Mais Theresa étant destinée au couvent, Haydn accepte alors d’épouser sa sœur, de trois années plus âgée, Maria Anna Theresia Keller (1730-1800). Les premiers biographes de Haydn, Albert Christoph Dies et Georg August Griesinger sont en désaccord pour reconnaître la qualité d’aîné entre Theresa et Maria Anna. Marié le 26 novembre 1760, le couple n’eut pas d’enfant.

En difficulté financière, le comte de Morzin doit se résoudre à dissoudre son orchestre. Joseph Haydn retrouve rapidement une place auprès d’une des plus grandes et des plus fortunées familles de la noblesse hongroise : celle des princes Esterházy. Le contrat signé le 1er mai 1761 reflète bien la situation sociale des musiciens sous l’Ancien régime. Outre les formules un peu humiliantes, Haydn s’engage vis-à-vis du prince à lui réserver la totale exclusivité de ses compositions. Toutefois, contrairement à ce qui était fréquent à l’époque, Haydn ne sera jamais traité comme un simple laquais et le prince, grand amateur de musique, rapidement conscient du génie de son employé, ne résistera pas à la demande extérieure des éditeurs et du public au sens large. La clause d’exclusivité disparaîtra d’ailleurs du nouveau contrat signé le 1er janvier 1779 entre le prince et Haydn.

Il servira cette famille pendant plus de trente ans. D’abord au service de Paul II Anton Esterházy (1711-1762), la plus grande partie de son activité de compositeur se confondra avec le règne de son frère Niklaus (Nicolas dit « le magnifique »), prince mécène, féru de musique, qui laissera à Haydn toute capacité de développer librement son génie. Haydn est engagé comme vice-maître de chapelle de Gregor Joseph Werner auquel il est subordonné pour ce qui a trait à la musique de chœur. En revanche toutes les autres musiques relèvent du nouveau vice-maître. Il devient maître de chapelle à la mort de Werner en 1766.

À partir de 1769, Haydn et ses musiciens s’installent définitivement au château d’Esterháza que le prince Nicolas avait entrepris d’édifier dès son avènement. Mais ils séjournent aussi et jouent dans les autres résidences de la famille, notamment à Vienne, aux palais de la Wallnerstraße et de la Kärntnerstraße. À la mort de Nicolas Ier, en 1790, son fils Paul-Anton (1738-1794) étant peu attaché à la musique, Haydn pourra s’éloigner quelques années d’Esterháza et de Kismarton, séjours principaux de la famille princière. Il reprendra un service plus régulier auprès du fils de Paul-Anton, Nicolas II (1765-1833), de son retour de Londres en 1795 à l’arrêt de sa carrière en 1802, se consacrant essentiellement, à la demande du nouveau prince, à la production de musique religieuse (messes, oratorios).

Haydn, carte maximum, Vatican.

Pour assurer ses fonctions de maître de chapelle, Haydn dispose d’une troupe de chanteurs et d’instrumentistes de grand talent. Il dirige ses propres œuvres, mais aussi celles de ses contemporains, adapte de nombreux opéras italiens, compose des pièces spécifiques pour un type particulier de viole de gambe, le baryton, qui était l’instrument favori du prince Nicolas.

Durant les années passées au service des Esterházy, il écrit plus de cent symphonies (expérimentant dans ce domaine comme personne ne l’avait fait avant lui), des quatuors à cordes, concertos, sonates et pièces diverses pour clavier, opéras, divertissements et œuvres de musique sacrée. Rayonnant à partir des palais de la famille Esterházi, la célébrité de Joseph Haydn ne cessa de croître dans toute l’Europe jusqu’à faire de lui le musicien le plus fêté et admiré du continent. Dès 1770, le prince l’autorise à diriger ses propres œuvres à Vienne. Dans les années 1780, Haydn reçoit des commandes directes et propose ses compositions en édition à Vienne, Paris et Londres.

Le 28 septembre 1790 le prince Nicolas Ier Esterházy meurt à 77 ans. Son fils et successeur Anton congédie une grande partie des instrumentistes. Tout en maintenant le salaire de Joseph Haydn, il le libère de ses obligations de maître de chapelle. Le roi de Naples lui propose de le prendre à son service comme maître de chapelle, poste que Haydn refuse. Dès l’annonce du décès, Johann Peter Salomon, violoniste renommé, se précipite à Vienne et obtient l’accord de Haydn pour sa participation aux concerts londoniens qu’il organise chaque année. Depuis 1782, les organisateurs anglais espéraient une visite du compositeur. Mozart qui s’inquiétait pour son vieil ami essaya de le dissuader, alors que le baron van Swieten qui était intime avec les deux hommes, lui conseilla d’accepter. Haydn, qui n’avait jamais quitté les environs de Vienne entreprend ce long voyage et les deux hommes arrivent à Londres le 2 janvier 1791.

Haydn participe dans la salle de Hanover Square à douze concerts par souscription du 11 mars au 3 juin 1791 au cours desquels il crée quatre nouvelles symphonies (90e, 92e, 95e et 96e). En juillet, il se voit décerner par l’université d’Oxford le titre de docteur honoris causa. L’année suivante, le Professional Concert, concurrent de Salomon, après avoir essayé de débaucher Haydn, fait appel à son ancien élève Ignace Pleyel pour essayer de jouer de la rivalité entre les deux compositeurs. Les douze concerts prévus sont programmés dans la même salle du 17 février au 18 mai 1792. Contrairement aux craintes ou aux espoirs formulés ici ou là, il n’y eut pas d’animosité entre les deux compositeurs, chacun poussant la courtoisie à programmer des symphonies du « rival » dans ses propres concerts. Haydn y créera sa seule symphonie concertante pour répondre à celle de son élève.

De retour à Vienne en juillet 1792, Haydn prend comme élève Beethoven alors âgé de 22 ans. Ultérieurement les relations des deux hommes se dégradèrent au point que les leçons de contrepoint délivrées par Haydn furent dénigrées par Beethoven lui-même et certains auteurs. Il n’en reste pas moins que Beethoven bénéficia des conseils éclairés du modèle musical que représentait Haydn à cette époque. En janvier 1794, Haydn part pour une deuxième tournée à Londres laissant son jeune élève entre les mains d’Albrechtsberger. Il emmène avec lui son copiste Johann Elssler dont la fille Fanny fera plus tard une belle carrière de ballerine.

La première série de concerts a lieu de nouveau au Hanover Square du 10 février au 12 mai 1794. À l’issue de cette première série de concert, Haydn apprit que le prince Nicolas II Estérhazy avait décidé de reconstituer son orchestre. Haydn, qui continuait à bénéficier de son poste de maître de chapelle, prolongea son séjour d’un an en Angleterre, acte d’une indépendance nouvellement acquise. L’année suivante, les difficultés financières dues à la poursuite du conflit entre la France et l’Angleterre amènent Salomon à fusionner sa troupe avec celle de l’Opéra Concert dirigé par le célèbre violoniste Viotti. Les représentations ont lieu au King’s Theatre et sont réduites à neuf du 2 février au 18 mai 1795. Mais devant le succès de ces représentations, deux séances supplémentaires sont organisées les 21 mai et 1re juin. Au cours de ces deux années, Haydn crée de nombreuses œuvres originales et notamment les six dernières symphonies londoniennes. Lorsque Haydn quitte définitivement l’Angleterre en août 1795, il est considéré comme « le plus grand compositeur vivant ».

À son retour, Haydn a affaire à un nouveau prince, Nicolas II Esterházy (1765-1833), le fils d’Antoine décédé quelques jours après le départ du compositeur pour Londres. Nicolas II n’apprécie ni l’homme, ni sa musique. Il laisse donc son maître de chapelle disposer de son temps et n’exige de lui qu’une messe par an de 1796 à 1802.

Haydn réside donc le plus souvent dans sa maison de Gumpendorf (arrondissement de Mariahilf) qu’il vient d’acheter et, plus disponible, participe à Vienne à des concerts par souscription, et couronne sa carrière avec une série de neuf quatuors à cordes très innovants. Impressionné par l’audition à Londres des œuvres de Haendel, il s’attache à la composition de ses deux oratorios : La Création (1798) et Les Saisons (1801).

En janvier 1804, sur la recommandation de Haydn, le prince Esterházy confie à Hummel la direction de sa musique. Hummel devient donc Kapellmeister (littéralement : maître de chapelle, mais en allemand, le mot peut avoir un sens plus large). Le prince a la courtoisie de conserver pour Haydn ce titre, de manière honorifique, jusqu’au décès de ce dernier, en 1809. Hummel dédiera à Haydn l’année suivante sa sonate pour piano opus 13. En janvier 1805 la mort de Haydn est annoncée par des notices nécrologiques à Paris et à Londres avant d’être démentie.

Très affecté par le décès de ses frères Johann en 1805 et Michael en 1806, Joseph Haydn ne compose plus. Fatigué et malade, il laisse inachevé son dernier quatuor opus 103. Sa dernière apparition à un concert public a lieu le 27 mars 1808 pour une dernière audition de La Création sous la direction d’Antonio Salieri. Les dernières années, de nombreux compositeurs et musiciens font le pèlerinage jusqu’au domicile de Haydn, émus ou simplement curieux de rendre une dernière visite au vieux maître. Il décède le 31 mai 1809 pendant l’occupation de Vienne par les troupes napoléoniennes. Napoléon envoie cependant un détachement pour lui rendre hommage lors de son enterrement. Deux semaines après son décès, le 15 juin 1809, un service funèbre lui fut rendu dans la Schottenkirche, où fut joué le Requiem de Mozart.

Une plaque dans le Parc Haydn à Vienne indique que les restes du compositeur furent rapatriés à l’église du Calvaire d’Eisenstadt le 6 novembre 1820.

Le crâne de Haydn, subtilisé quelques jours après sa mort, rejoignit le reste du corps en 1954, à l’issue d’un parcours rocambolesque. Lors de l’exhumation du corps en 1820, on constata l’absence de la tête de Haydn. Nicolas II Esterházy diligenta une enquête qui révéla qu’un fonctionnaire impérial, aidé d’un employé du prince, tous deux adeptes de la phrénologie, théorie pseudo-scientifique inventée par Franz Joseph Gall, avaient soudoyé le fossoyeur pour récupérer le crâne afin de l’étudier. Les deux hommes restituèrent un faux. Le vrai crâne de Haydn fut récupéré en 1839, à la mort du dernier possesseur, par la Société des amis de la musique et exposé dans une vitrine du Musée de la Ville de Vienne jusqu’en 1954, date à laquelle il rejoignit le reste du corps dans le mausolée édifié entre-temps en 1932.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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