Boniface VIII, Pape.

Boniface VIII, né quelque part entre 1217 et 12301 et mort le 11 octobre 1303, de son nom Benedetto Caetani, est à partir du 24 décembre 1294 pape de l’Église catholique romaine.

Il est célèbre pour avoir porté à son sommet l’absolutisme théocratique de la papauté. Sa bulle Unam Sanctam, fulminée le 18 novembre 1302, manifeste de la primauté du pouvoir spirituel sur le temporel, spécifiait que « Les deux glaives sont donc au pouvoir de l’Église, le spirituel et le matériel [temporel], mais l’un doit être manié par l’Église, l’autre pour l’Église ; l’un par la main du prêtre, l’autre par celle des rois et des chevaliers », et concluait que « toute créature humaine, par nécessité de salut, doit être soumise au pontife romain ». Cette intransigeance contribua en partie à la querelle qui l’opposa au roi de France Philippe IV le Bel, au terme de laquelle il fut victime de l’« attentat d’Anagni » (7-8 septembre 1303).

D’abord avocat et notaire du pape Innocent IV à Rome, Benedetto Caetani obtint le chapeau de cardinal en 1281 par Martin IV.

Il fut dépêché par le pape Nicolas IV en tant que légat à Paris aux côtés de Gérard de Parme, pour tenter de résoudre les suites de la Croisade d’Aragon. Il assiste à l’occasion au concile de Sainte-Geneviève, portant sur le statut du clergé de France, assez favorable au roi. Mais cette légation concorde surtout avec l’abandon des prétentions de Charles de Valois sur l’Aragon, après son mariage avec Marguerite d’Anjou. Les légats pontificaux se montrent très fermes et obtiennent d’Alphonse la soumission de la question des Baléares à un arbitrage pontifical en avril 1291. Seul moyen de pouvoir poursuivre des négociations avec la France.

Au retour de sa légation, le cardinal Gaetani aide le pape Nicolas IV et participe à la répression contre Jean Colonna.

Alors que le conclave, divisé entre factions, tarde à choisir un nouveau pape après la mort de Nicolas IV, Pierre de Moronne une moine-ermite des Apennins, écrit à la Curie pour se lamenter d’une telle situation. C’est finalement lui-même qui est élu le 5 juillet 1294, il prend le nom de Célestin V. Seulement le nouveau pape, peu au fait des intrigues de la Curie, se retrouve rapidement manipulé par Charles II de Naples. Il nomme notamment, sans consulter le Sacré Collège, douze nouveaux cardinaux, dont cinq sont français, et donc favorables au roi de Naples.

Benedetto Caetani prend alors de plus en plus d’influence au Sacré Collège, incarnant la résistance ecclésiastique face aux empiétements de Charles II. Celui-ci tente donc de s’attacher les faveurs du cardinal Caetani alors qu’il commence à sentir les limites de son influence sur le pape.

Caetani fut élu pape le 24 décembre 1294, après l’abdication du pape Célestin V. Bien que son élection fût régulière, on l’accusa d’avoir poussé son prédécesseur (qu’il fit emprisonner pour éviter le risque de schisme) à se retirer. Une fois au pouvoir, il mit l’interdit sur le royaume du Danemark.

De même que Grégoire VII, ce pontife voulait élever la puissance spirituelle au-dessus de la puissance temporelle, et prétendait disposer des trônes ; il eut de vifs démêlés avec les Colonna, qui soutenaient les droits de la couronne d’Aragon, avec l’empereur d’Allemagne, et surtout avec Philippe le Bel, en France. Il incita les princes allemands à se révolter contre Albert Ier.

Il déclara les Fraticelles hérétiques en 1296.

Il canonisa Louis IX, désormais appelé saint Louis de France, au mois d’août 1297 par la bulle Gloria, laus, et honor.

En 1298, il fit promulguer le recueil de décrétales appelé Sexte.

En 1299, Boniface VIII nomma Jean de Chevry, seigneur de Chevry et de Torcy, évêque de Carcassonne (il le sera de 1299 à sa mort en 1300).

Il créa le premier jubilé, ou année sainte, en 1300. Le succès fut considérable, l’afflux de pèlerins étant extraordinaire5. Il reçut la même année la délégation envoyée par le khan mongol Mahmud Ghazan et conduite par le Florentin Guiscardo de’ Bastari. Les fastes furent tels que Dante situa le début de son poème au cours de la semaine sainte et n’hésita pas, dans la Divine Comédie, à placer Boniface VIII dans la troisième bolge du huitième cercle, la fosse des simoniaques.

À l’origine, Philippe IV le Bel est mêlé à de nombreux sujets de discorde avec le pape Boniface VIII et Bernard Saisset, l’évêque de Pamiers. Ce dernier incite notamment certains comtes à se défaire de la tutelle du roi de fer. Au début de l’année 1303, Philippe le Bel est menacé d’excommunication. Conseillé par son nouveau chancelier, Guillaume de Nogaret, il réplique par la convocation d’un concile œcuménique à Lyon dont le but serait de juger le pape, que plusieurs qualifient d’« indigne », et de le déposer. Nogaret est chargé de se rendre en Italie afin de notifier les volontés du roi au pontife, Boniface VIII. Celui-ci, ayant appris les intentions de Philippe le Bel avant l’arrivée de Nogaret, prépare la bulle d’excommunication Super patri solio (Petri solio excelso).

L’apprenant, Nogaret décide d’organiser un coup de force contre le pape avant la fulmination et la mise en vigueur de la bulle, le 8 septembre. Il recrute une troupe de 600 cavaliers et de 1 500 fantassins menés par deux chefs de guerre, par surcroît ennemis du pape, Sciarra Colonna et Rinaldo de Supino.

Dans la nuit du 7 au 8 septembre 1303, ils investissent la petite ville d’Anagni dans le Latium, où réside le pape pendant l’été. Ils réussissent à s’emparer sans trop de mal du palais pontifical de la ville. Cependant, les buts de Nogaret et de Colonna divergent. Nogaret veut simplement lui notifier la citation à comparaître au concile ; Colonna veut s’emparer de la personne du pape et l’obliger à renoncer à sa charge. Nogaret parvient à calmer son complice et lit solennellement son acte d’accusation au pape. Celui-ci fait face avec dignité sans céder sur aucun point, déclarant : « Voici mon cou, voici ma tête. »

Le romancier Maurice Druon décrit la scène dans Les Rois maudits : « (…) Là, le vieux pape de 68 ans, tiare en tête, croix en main, seul dans une immense salle désertée, voyait entrer cette horde en armures. Sommé d’abdiquer, il répondait : « Voilà mon cou, voilà ma tête ; je mourrai, mais je mourrai pape. » Sciarra Colonna le giflait de son gantelet de fer. Et Boniface lançait à Nogaret : « Fils de cathare ! Fils de cathare ! » »

La polémique persiste toujours quant à la gifle elle-même : dans sa biographie de Philippe le Bel, Jean Favier affirme que ce n’est qu’au XIXe siècle que prit naissance le mythe affirmant que Sciarra Colonna aurait giflé le pape. En réalité, aucun témoin contemporain n’a parlé de cette « gifle », qui semble aujourd’hui plus une métaphore qu’un acte réel et historique.

Le lendemain, la population d’Anagni s’est ressaisie. Supérieure en nombre, elle réussit à chasser la troupe de Sciarra Colonna. Nogaret parvient à s’enfuir. Libéré, Boniface VIII repart pour Rome où il meurt un mois après, le 11 octobre. La légende affirme qu’il est mort de chagrin à la suite des humiliations subies.

Son successeur, Benoît XI, abroge la bulle Super Patri Solio. Cependant il écarte de l’amnistie les coupables directs de l’attentat d’Anagni, Sciarra Colonna et Nogaret, en fulminant en particulier contre eux et quelques autres complices la bulle d’excommunication Flagitiosum Scelus, du 7 juin 1304, les citant à comparaître devant son tribunal dans un délai d’un mois, à Pérouse, sous peine d’être condamnés par contumace. Nogaret ne se présentant pas pour sa part reste canoniquement sous le coup de la sentence d’excommunication.

Le nouveau pape décède à son tour le 7 juillet 1304. Le nouveau pape, Clément V, élu en 1305, est un Français. Il installe la papauté à Avignon en 1309 et lève en 1311 toutes les condamnations portées contre le roi et ses conseillers, déclarant que durant tout le conflit l’attitude de Philippe le Bel avait été « bonne et juste. »

Source : Wikipédia.

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