Bon-Adrien Jeannot de Moncey, maréchal d’empire.

Bon-Adrien Jeannot de Moncey duc de Conegliano, né le 31 juillet 1754 à Moncey dans le Doubs et mort le 20 avril 1842 à Paris, est un général français de la Révolution et un maréchal d’Empire. Il est encore actuellement le seul militaire de la gendarmerie à qui cette dignité a été remise.

Le nom Moncey vient d’un hameau que la famille achète en 1789 au marquis de Cheylard. Au sein de la Grande Armée, le maréchal Moncey reçoit le surnom de « Fabius ».

Après des études incomplètes, le jeune Moncey s’échappe du collège en 1770 pour s’engager dans le régiment de Conti-Infanterie, sans l’accord de son père, annonçant au sergent recruteur qu’il a 16 ans. Au bout de six mois, son père achète son congé. Le jeune homme a à peine passé un an dans sa famille que le 15 septembre 1769, il s’engage dans le régiment de Champagne où sa grande taille le fait aussitôt admettre au nombre des grenadiers. C’est en cette qualité qu’il fait la « campagne des côtes de Bretagne » en 1773, campagne mise en œuvre dans le but de les protéger contre les entreprises des Anglais.

Malgré son attrait pour le métier des armes, une carrière militaire ne peut mener à rien un simple roturier, et Moncey achète son congé. Revenu à Besançon, Moncey paraît enfin vouloir se conformer aux vues de son père, et se livre pendant quelques mois à l’étude du droit. Cependant, dès la fin de l’année 1774, sa vocation l’emporte encore et il s’engage dans le corps privilégié de gendarmerie de la Garde de Lunéville, troupe d’élite, où les simples soldats ont rang de sous-lieutenants.

Après quatre ans de service, il passe le 20 août 1778, avec son grade de sous-lieutenant de dragons, dans la légion des volontaires de Nassau-Siegen, ainsi appelés du nom de leur colonel. Allant d’unité en unité, prenant des congés, il est alors qualifié d’« inconscient et léger » (jugement de 1779). Il devient lieutenant en second en 1782 puis lieutenant en premier en 1785. Au commencement de la Révolution, ce régiment devient le 5e bataillon d’infanterie légère, et est, dès la fin de l’année 1792, déployé avec l’armée des Pyrénées.

Moncey se montre partisan de la Révolution française. Nommé capitaine le 12 avril 1791, il commande au mois de juin 1793 le 5e bataillon d’infanterie légère devant Saint-Jean-Pied-de-Port. Le 5 février 1794, le général espagnol Caro, fort de son coup de main sur Château-Pignon, ayant rassemblé ses divisions, leur ordonne d’attaquer les Français dans leur camp d’Hendaye. La bataille est un moment indécise. Moncey, investi depuis peu du grade de chef de bataillon à la tête de la 5e demi-brigade légère de première formation (26 juin 1793), est malade mais participe tout de même aux combats. Les Français finissent par emporter la décision, ce qui leur permet de se maintenir aux portes de l’Espagne.

Maréchal Moncey, carte maximum, Palise 22/05/1976.

Pour le récompenser de son succès, les représentants en mission auprès de l’armée des Pyrénées-Orientales le nomment chef de brigade. Le Comité de salut public ne se contente pas de confirmer sa promotion à ce grade élevé ; peu de temps après, il lui confère celui de général de brigade le 18 février 1794, du fait du manque d’officiers supérieurs. Il est ainsi l’un des quatre futurs maréchaux d’Empire à avoir sauté le grade de colonel institué par le décret du 21 février 1793. Peu de temps après, il est promu au grade de général de division le 9 juin 1794. Montrant au conseil de guerre tenu en juillet 1794 plus de confiance que le général Muller, commandant en chef, il préconise l’offensive, avec succès, et est placé à la tête de l’aile gauche. Moncey exécute les mouvements qu’il a conçus. Moncey se distingue également à la prise de la Montagne de Louis XIV, à l’affaire des Aldudes, au siège de Tolosa.

Moncey, informé que les représentants le proposent à la Convention nationale pour remplacer le général Muller au commandement supérieur de l’armée des Pyrénées, refuse ce commandement, ne s’estimant pas capable de l’exercer. Les représentants s’opposent à son plaidoyer et confirment sa nomination le 9 août 1794. Moncey doit céder et pénètre le 24 juillet 1794 dans la vallée de Baztan, à la tête de quatre colonnes. Il s’empare du col d’Amaiur, puis se dirige vers la montagne des Quatre-Couronnes pour tourner le camp retranché des Espagnols établi à Irun, dont l’artillerie défend le passage de la Bidassoa. Les Espagnols finissent par abandonner leur camp et se retirent du côté d’Oiartzun, alors que la colonne du général Frégeville traverse en même temps la Bidassoa sous le feu ennemi. Les troupes espagnoles établies le long du fleuve, voyant les Français sur la montagne des Quatre-Couronnes, réalisent la précarité de leur position et évacuent leurs retranchements pour se replier du côté d’Hernani.

Après avoir fait sa jonction avec Frégeville à Oiartzun, Moncey marche sur Fontarabie, s’empare de cette ville le 1er août 1794, se dirige ensuite vers le port de Pasaia (2 août) et arrive devant Saint-Sébastien où 3 000 hommes de l’armée espagnole se sont réfugiés. La Tour d’Auvergne, à la tête des grenadiers qui forment l’avant-garde, négocie la capitulation qui a lieu le même jour (4 août). La ville de Tolosa est occupée à son tour le 9 août. Moncey établit son quartier-général à Elizondo, dans la vallée du Baztan. Légèrement blessé à Roncevaux, le général y fait détruire la pyramide élevée par les Espagnols dans la plaine, en mémoire de la défaite essuyée par Charlemagne. Dès le 17 octobre suivant, Moncey se signale de nouveau en battant les Espagnols à Orbaitzeta. La victoire met l’armée révolutionnaire en possession de la Navarre espagnole, hors la place de Pampelune ; les Français récupèrent en outre 2 500 prisonniers, 50 canons, 2 drapeaux, différents magasins, les fonderies d’Orbaitzeta et d’Eugui, évaluées à 30 millions. Le 28 novembre de la même année, un corps d’armée de 4 à 5 000 hommes, commandé par le général Ruby, est défait et laisse 200 prisonniers, 4 drapeaux, 1 pièce de canon en bronze — l’unique de l’armée espagnole — 5 000 fusils ou carabines, 38 caissons, la caisse militaire, les magasins du quartier-général de Bergara et des munitions. Ce succès est complété par la prise des deux villes d’Azkoitia et d’Azpeitia. Les opérations s’arrêtent avec l’arrivée de l’hiver.

L’armée des Pyrénées-Occidentales, sous les ordres du général en chef Moncey, se compose en février 1795 de 76 bataillons. Elle forme une ligne dont la droite, appuyée à la mer, se prolonge jusqu’à la vallée d’Azpeitia ; le centre s’étend dans les vallées de Lerin et de Baztan ; l’aile gauche rentre ainsi sur le territoire de la République et s’adosse à la place de Villefranche. À la reprise des hostilités, Moncey vainc le général Crespo près d’Urretxu, à Arrasate et à Eibar. Cependant Crespo, forcé de fuir et redoutant que les Français ne marchent sur Pancorbo, cherche à les attirer sur un autre point. En conséquence il se porte vers Bilbao à marches forcées mais décide finalement de se porter directement au secours de Pancorbo, en raison de la rapidité de la progression française. Le 19 juillet 1795, les Français prennent possession de Bilbao et occupent la province de Biscaye. Moncey conclut à Saint-Sébastien un armistice, préliminaire du traité de Bâle, signé le 22 juillet 1795, par les délégués français et espagnols. Il revient alors en France pour s’y reposer.

Le 31 août 1795, il est appelé au commandement en chef de l’armée des côtes de Brest. Ce poste est important car il doit surveiller les tentatives des Anglais et des émigrés sur les côtes et mener à bien en Bretagne l’œuvre de pacification que Hoche vient de terminer en Vendée. Après un an de séjour, il est envoyé à Bayonne pour commander la 11e division militaire le 1er septembre 1796. Après le coup d’État du 18 fructidor an V, des rapports de police le signalent comme royaliste. Les agents des Bourbons le traitent du moins comme tel et le désignent dans leurs rapports, sous le surnom « Laurens 1262 ». Bien qu’il soit étranger à ces menées, le Directoire le destitue le 26 octobre 1797. Il vit deux ans dans la retraite avant d’être remis en activité le 2 septembre 1799.

Lors du coup d’État du 18 brumaire, il seconde le général Bonaparte. Après son arrivée au pouvoir, celui-ci donne à Moncey le commandement de la 15e division militaire à Lyon. Au moment de la deuxième campagne d’Italie, Moncey est placé à la tête d’un corps d’armée issu de l’aile droite de l’armée du Rhin. Tandis que l’armée principale gravit le col du Grand-Saint-Bernard, il est chargé de franchir avec ses troupes le col du Saint-Gothard, ce qu’il fait le 17 mai 1800. Son corps participe ensuite à l’invasion du Tessin et de la Lombardie et fait son entrée à Milan le 28 mai. Au mois de juillet, alors que l’armée prend position à Marengo, le général Moncey est chargé d’occuper Plaisance d’où il doit observer Bobbio, garder le Tessin, la Sesia et l’Oglio, depuis le confluent de cette rivière jusqu’au Pô, pousser en outre des reconnaissances sur Peschiera et Mantoue. Lors de l’armistice qui suit la bataille de Marengo, les forces de Moncey occupent la Valteline. À Roveredo, il fait un grand nombre de prisonniers après avoir battu les Autrichiens à la Chiusa, à la Coriano et à Serravalle, ce qui lui permet d’opérer sa jonction avec Macdonald et l’armée des Grisons.

Maréchal Moncey, essais de couleurs.

Dans la campagne suivante en 1801, chargé du commandement de l’aile gauche de l’armée sous la direction de Brune, il se porte sur le village de Monzambano dont il s’empare après un combat vigoureux et où il a un cheval tué sous lui. Ce succès ouvre à l’armée le passage du Mincio. Les Autrichiens, battus, se replient sur l’Adige. L’armée française franchit à son tour le fleuve à Bussolengo. Le général en chef autrichien Bellegarde se porte sur Vicence pour attendre l’arrivée des généraux Laudon (de) et Vukassovich, qui descendent du Tyrol avec des renforts. Brune ordonne à Moncey de se porter sur Trente pour y faire sa jonction avec Macdonald, afin d’isoler et de détruire le corps autrichien de Laudon. Le général autrichien parvient cependant à échapper aux Français en usant d’un stratagème : il envoie à Moncey un officier de son état-major pour lui annoncer qu’il vient de recevoir la nouvelle d’un armistice conclu entre Brune et Bellegarde, et pour demander de conclure une convention semblable. Moncey accorde la suspension d’armes demandée et Laudon lui échappe en se retirant pendant la nuit par le défilé de Caldonazzo.

Brune, informé de cette nouvelle, dément l’assertion du général autrichien mais celui-ci a réussi à se sauver. En conséquence, il retire son commandement à Moncey et envoie Davout pour le remplacer, mais ce dernier, par respect pour son collègue, se contente de prendre le commandement de la cavalerie. Des plénipotentiaires autrichiens se présentent peu après à Brune en proposant un armistice aux conditions imposées par Bonaparte. Après la paix de Lunéville (1801), Moncey obtient le commandement militaire des provinces de l’Oglio et de l’Adda, converties en départements français. Il conserve cette fonction jusqu’au 3 décembre 1801, date à laquelle le Premier consul l’appelle à Paris pour lui confier les fonctions d’inspecteur général de la gendarmerie.

En 1801, il est rappelé à Paris pour y exercer les fonctions d’inspecteur de la gendarmerie. Ce nouvel emploi l’ayant amené dans la capitale, son crédit auprès du Premier Consul augmente beaucoup. Dès lors il est chargé de diriger une de ses nombreuses polices, ce qui lui est très facile par le moyen de la gendarmerie. Dans cette nouvelle position, Moncey se montre ce qu’il a été sur les champs de bataille, intelligent, honnête, laborieux, dévoué. Moncey accompagne en 1803, Bonaparte dans son voyage des Pays-Bas. C’est à partir de cette époque que Moncey occupe le château de Baillon à Asnières-sur-Oise, donné par Napoléon Ier.

En 1804, il préside le collège électoral du département du Doubs et est élu candidat au Sénat conservateur par le département des Basses-Pyrénées, qui a gardé souvenir de sa campagne de 1794. Le 19 mai 1804, Napoléon, devenu empereur, le comprend parmi les dix-huit généraux élevés au rang de maréchaux de l’Empire. Le 2 décembre 1804, lors du sacre de Napoléon Ier, au milieu des autres maréchaux, debout sur les marches de l’autel, Moncey porte la corbeille du manteau de l’impératrice Joséphine. Il est créé grand-cordon le 2 février 1805 et chef de la 11e cohorte de la Légion d’honneur. Duc de Conegliano depuis le 2 juillet 1808, Moncey reste chargé alors de commandements militaires de seconde ligne. Durant les campagnes d’Allemagne, Napoléon, désireux de conserver pendant son absence à l’intérieur quelques chefs sûrs et dévoués, laisse Moncey à Paris pour y continuer ses fonctions d’inspecteur général de la gendarmerie.

Lorsque est décidée la campagne de Russie en 1812, il est l’un des généraux qui manifestent le plus ouvertement leur désapprobation, et Napoléon ne l’appelle pas à prendre part à cette campagne. Toutefois, le 11 janvier 1814, l’Empereur nomme Moncey commandant en second de la garde nationale de Paris. Napoléon lui dit en partant pour sa campagne d’hiver : « C’est à vous et au courage de la garde nationale que je confie l’impératrice et le roi de Rome ». En réponse, Moncey remet à l’empereur une adresse, au nom de la garde nationale, proclamant la fidélité de ce corps à l’Empire.

Il organise la garde nationale et dispose de plusieurs milliers d’hommes lorsque la bataille de Paris se déclenche le 30 mars 1814. Moncey dispose ses soldats sur les hauteurs de Belleville et des Batignolles. Il tient aussi longtemps qu’il peut contre l’écrasante supériorité numérique des Alliés, et résiste à la place Clichy, où se dresse aujourd’hui sa statue (édifiée en 1870). Il doit néanmoins cesser le combat à l’annonce de la capitulation signée par le maréchal Marmont. Un ordre oblige Moncey à suivre l’armée : il remet au duc de Montmorency le commandement de la garde nationale, et, réunissant aux Champs-Élysées les débris des troupes de ligne restées sans chef, il se retire avec elles à Fontainebleau pour les mettre sous les ordres de l’empereur. Napoléon abdique peu après.

a révolution de Juillet, qui détrône la branche aînée des Bourbons, n’étonne pas le maréchal, confiné dans la retraite par son âge, ses goûts et par la mort de son fils. Absent lors de l’ouverture de la Chambre des pairs, il prête son serment de fidélité à la charte et au roi Louis-Philippe Ier dans la séance du 20 août. Après ses nombreuses campagnes, il est affecté en 1830 d’une hydrocèle énorme (par épanchement) et est soigné par le docteur Dominique-Jean Larrey. Par ordonnance du 15 janvier 1831, le maréchal est appelé à faire partie du conseil général du Doubs. C’est pendant son séjour à Vaivre que, favorable à la loi du 28 juin 1833, dite loi Guizot, sur l’instruction primaire, il effectue une donation de 12 000 francs aux besoins de l’instruction primaire dans la commune de Moncey, où il possède un château, et cède en outre la propriété d’un bâtiment destiné à la tenue de l’école, au logement de l’instituteur et à celui de l’institutrice.

Se trouvant, à l’époque de la mort du maréchal Jourdan, doyen des maréchaux de France, il est nommé le 17 décembre 1833 gouverneur des Invalides et occupe ce poste jusqu’à la fin de sa vie3. La nouvelle de sa propre mort se répand dans plusieurs journaux alors qu’il est retenu à son château de la Vaivre, souffrant des suites d’une attaque de paralysie. En 1836, il est frappé d’apoplexie et d’hémiplégie étant dans son domaine en Franche-Comté. Envoyé aux eaux thermales de Bourbonne, il en revient peu de semaines après atteint d’une angine bronchique pulmonaire. À la fin du mois d’octobre, il est de nouveau soigné par Larrey.[réf. nécessaire]

Lors de la cérémonie funéraire du retour des cendres de Napoléon Ier, qui a lieu dans l’église Saint-Louis-des-Invalides le 15 décembre 1840, Moncey, quoique malade, pouvant à peine se mouvoir, et malgré la rigueur d’un froid excessif, veut rendre un dernier hommage au défunt. Déjà gravement malade avant l’arrivée du cercueil, il aurait déclaré à son médecin : « docteur, faites-moi vivre encore un peu, je veux recevoir l’Empereur ». Porté dans un fauteuil, il est placé dans le chœur, à gauche de l’autel, auprès du catafalque, et attend l’arrivée du cadavre de Napoléon. Lorsque le corps fait son entrée dans l’église, il tente de se lever mais, affaibli, retombe sur son fauteuil. Il se fait transporter jusqu’au cercueil, embrasse la poignée de l’épée de Napoléon et déclare : « à présent rentrons mourir ». Il vit encore quelque temps après cet événement et meurt à l’hôtel des Invalides le 20 avril 1842, à onze heures du soir4. Soult prononce son discours funèbre tandis que le maréchal Oudinot lui succède aux Invalides.

Source : Wikipédia.