Bertrand du Guesclin, connétable de France et de Castille.

Bertrand du Guesclin, aussi Bertran du Guesclin1, né vers 1320 au château de la Motte-Broons, près de Dinan et mort le 13 juillet 1380 devant Châteauneuf-de-Randon, est un noble breton, connétable de France et de Castille, personnage très important de la première partie de la guerre de Cent Ans.

Comme il est d’usage, Bertrand est placé en nourrice et est élevé parmi des paysans jusqu’à l’âge de cinq ans. Le portrait peu flatteur qui nous est laissé par les historiens le décrit « petit », « les jambes courtes » et « noueuses », « les épaules démesurément larges », « les bras longs », « une grosse tête ronde et ingrate », « la peau noire comme celle d’un sanglier ». Sa laideur (la Chanson de Bertrand du Guesclin du trouvère Cuvelier dit de lui qu’il fut « l’enfant le plus laid qu’il y eût de Rennes à Dinan ») et sa brutalité lui valent l’opprobre parental. Bien qu’il soit l’aîné d’une fratrie de six enfants, sa mère donne la préférence à ses deux frères cadet et puîné, et son père le traite assez mal, refusant de le

former à la chevalerie : la chronique de Cuvelier dit de ses parents qu’ils « le détestaient tant, que souvent en leur cœur ils désiraient qu’il fût mort ou noyé dans l’eau courante ». Vers l’âge de six ans, il gagne néanmoins le respect de sa mère et ses cadets : selon les chroniques médiévales de l’époque (qu’il faut lire de nos jours avec une certaine circonspection à cause de leur tendance à embellir les actions des personnages — et de leurs proches — commanditaires ou protecteurs du chroniqueur, comme les Chroniques de Froissart), relégué comme à son habitude dans un coin de la pièce lors d’un repas familial en l’absence du père, il explose de colère et bouscule ses frères pour prendre sa place d’aîné sur le banc. Sa mère s’apprête à le punir quand il renverse la lourde table mais une femme juive convertie, versée dans la chiromancie et venue pour raconter la bonne aventure, prédit la gloire à ce fils belliqueux. Bertrand est désormais traité avec les égards dus à son rang. Selon un vers de Cuvelier contant que « lire ne savait, ni écrire, ni compter », nombre d’historiens en ont déduit que du Guesclin était illettré, ce qui est peu vraisemblable, ses parents lui ayant certainement donné une éducation nobiliaire digne de leur statut.

Bertrand Du Guesclin, carte maximum, 20/05/1961.

Il commence à signaler sa bravoure dans les guerres que se livrent Charles de Blois et les comtes de Montfort, Jean II et son fils Jean III, pour l’héritage du duché de Bretagne. Il se fait remarquer aussi dès le début de la guerre de Cent Ans, notamment en 1354 en prenant par ruse le château de Grand-Fougeray et en 1357 en participant à la défense de Rennes assiégée par Henry de Grosmont, duc de Lancastre. Du Guesclin ayant gagné le respect de la noblesse à la pointe de son épée, le chevalier Alacres de Marès15, dépendant du bailliage de Caux, l’adoube chevalier au château de Montmuran dans les Iffs en 1357 (ou 1354 d’après d’autres sources). Il prend alors pour devise « Le courage donne ce que la beauté refuse ». Il est nommé capitaine de Pontorson et du mont Saint-Michel sur recommandation de Pierre de Villiers. Il promet qu’il ne trouveroit jamais occasion qu’il ne chargeast les Anglois quelque part qu’il les renconstrat.

Soutenant Charles de Blois, époux de Jeanne de Penthièvre, prétendante à la couronne ducale, c’est en guerroyant plusieurs années dans la forêt de Paimpont et ses alentours qu’il devient celui que les Anglais vont craindre : Le Dogue noir de Brocéliande.

En 1360, il est lieutenant de Normandie, d’Anjou et du Maine puis, en 1364, capitaine général pour les pays entre Seine et Loire et chambellan de France.

Alerté par Guillaume de Craon, seigneur de Sablé, qu’une troupe anglaise dirigée par Hugues de Calveley se dirige vers Juigné-sur-Sarthe en janvier 1361, ce dernier se propose de se joindre à lui pour les attaquer. Du Guesclin se retrouve isolé et est fait prisonnier. Il retrouve sa liberté après le paiement d’une rançon de 30 000 écus. Hugues de Calveley devient par la suite l’un de ses lieutenants en Espagne.

Du Guesclin s’illustre en 1364 lors des prises de Rolleboise, de Mantes et de Meulan et célèbre l’avènement de Charles V en avril 1364, en remportant la bataille de Cocherel contre l’armée du roi de Navarre. Il prend ensuite Valognes où son fidèle Guillaume Boitel, qui commande l’avant-garde, joue le rôle déterminant. Il reçoit le comté de Longueville en Normandie.

Après ces victoires, il vole de nouveau au secours de Charles de Blois en Bretagne ; mais, en septembre 1364, à la bataille d’Auray, malgré tous ses efforts, son parti est battu : il est fait prisonnier par John Chandos, chef de l’armée anglaise. Sa rançon est de 100 000 livres. Le roi de France paie 40 000 livres, Guy XII de Laval répond du reste.

En octobre 1370, revenu en France, il est fait connétable de France par Charles V. Sa grande entreprise va être d’expulser les Anglais. Contrairement aux habitudes de la chevalerie française, il ne procède pas par grandes campagnes avec tout l’ost français, mais préfère reconquérir méthodiquement des provinces entières, assiégeant château après château. Il va chasser les Anglais de la Normandie, de la Guyenne, de la Saintonge et du Poitou.

Bien souvent, le siège ne dure pas, l’issue en étant accélérée par un assaut victorieux ou plus souvent encore par une ruse. Pour libérer Niort de la domination anglaise, il utilise un subterfuge : il fait revêtir à ses soldats l’uniforme anglais. L’ennemi, confiant, ouvre les portes de la ville et l’armée de du Guesclin s’en empare.

Georges Minois, historien du Moyen Âge, qualifie ainsi les victoires et la reconquête menées par Bertrand du Guesclin : « Certes, il ne conduit qu’une petite troupe de quelques centaines d’hommes, mais il obtient avec eux des résultats plus importants qu’avec une grosse armée, coûteuse, lourde, encombrante et lente. » Cette tactique victorieuse est menée pour trois raisons majeures :

premièrement, Charles V règne sur un royaume fragilisé par les guerres, le connétable doit se contenter de peu de moyens ;
deuxièmement, cela lui permet de tirer le maximum de ses maigres effectifs : il a obtenu plus de résultats en un mois de campagne (décembre 1370) que Robert Knollys, le meilleur capitaine d’Édouard III, en six ;
troisièmement, ce type de guerre, guerre d’embuscades, autrement dit, guérilla avant l’heure, est la mieux adaptée aux circonstances, puisqu’il s’agit de reprendre des châteaux dispersés, qui commandent routes et carrefours ; son petit groupe, mobile, souple, avec un noyau d’élite breton22, bien soudé, anticipe les actions des « commandos » du XXe siècle en frappant vite, à l’improviste, en restant insaisissable, en entretenant l’insécurité chez l’ennemi et en le décourageant petit à petit. Cette stratégie s’avère très payante.


En 1374, il combat à La Réole. La même année il se marie avec Jeanne de Laval dans la chapelle du château de Montmuran et en devient propriétaire par alliance jusqu’en 1380. En outre, son épouse lui apporte en dot le château de Montsabert en Anjou. Le château de Montsûrs est dès lors sa demeure, et il y réside dans les périodes hors-guerre. Il y traitera du mariage de sa nièce Marie d’Orange, avec Jean, vicomte de Vendôme.

En 1376, il reçoit la seigneurie de Pontorson en Normandie. Charles V, ayant en 1378 fait prononcer la confiscation du duché de Bretagne, occupé par ses officiers depuis 1373, le duc Jean IV étant en exil à Londres, provoque une fronde nobiliaire bretonne et le rappel du duc Jean IV de Bretagne exilé en Angleterre. L’inaction de du Guesclin lors du débarquement de Jean IV à Dinard le fait soupçonner de trahison. Il est indigné d’un tel soupçon, selon la version non établie de la chronique de Jean Cabaret d’Orville il aurait même renvoyé aussitôt au roi son épée de connétable et voulu passer en Espagne auprès d’Henri de Trastamare. Ayant retrouvé la confiance du roi grâce à l’entremise du duc d’Anjou, il retourne dans le Midi pour combattre encore les Anglais. En 1378, il participe à la campagne contre la Bretagne, avec son cousin Olivier de Mauny — chevalier banneret, seigneur de Lesnen et pair de France, qui fut nommé capitaine général de Normandie et chambellan de Charles V en 1372.

Mort de Du Guesclin à Châteauneuf-du-Randon, carte maximum, 16/11/1968.

En 1380, il combat contre les Grandes compagnies en Auvergne dans le Sud du Massif central où il met le siège devant Châteauneuf-de-Randon (Gévaudan). Après plusieurs assauts terribles, la place promet de se rendre au connétable lui-même, si elle n’est pas secourue dans 15 jours. Du Guesclin, pris d’une forte fièvre, meurt dans l’intervalle. La tradition attribue son décès à la consommation d’eau glacée pendant les chaleurs de l’été, une allégation commune à cette époque. Il aurait étanché sa soif à la fontaine de la Cloze / Glauze (selon les sources), visible au hameau d’Albuges. Le jour de son décès, le 13 juillet 1380 le gouverneur vient, la trêve expirée, déposer en hommage les clefs de la place sur son cercueil. Son corps est déposé à Saint-Denis.

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Sources : Wikipédia, YouTube.