Leonardo Sciascia, écrivain, essayiste, journaliste et homme politique.

Leonardo Sciascia, né le 8 janvier 1921 à Racalmuto, dans la province d’Agrigente en Sicile, et mort le 20 novembre 1989 à Palerme, est un écrivain, essayiste, journaliste et homme politique italien.


Fils d’un employé dans les mines de soufre de la région (lui-même issu d’une famille de mineurs) et d’une femme au foyer, en 1935 il suit la famille à Caltanissetta. Dans l’Istituto Magistrale (équivalent italien, à l’époque, de l’École normale primaire) de cette ville, Sciascia aura comme enseignant l’écrivain et dramaturge Vitaliano Brancati, qui l’initie à la connaissance de la littérature française. Dans les mêmes années, Sciascia découvre aussi la littérature américaine et l’Illuminisme. Diplômé en 1941, il devient  instituteur à Racalmuto en 1949.

En 1956 il publie son premier roman, Les Paroisses de Regalpetra, où il décrit, sous couvert de fiction, son expérience d’instituteur dans son village natal.

Après un séjour à Rome en 1957-1958, il s’installe à Caltanissetta comme employé du Ministère de l’Éducation.

Il publie en 1961 son premier roman policier ayant un arrière-plan politique, Le Jour de la chouette, qui se déroule dans un village sicilien dominé par la mafia et sa mentalité d’omertà. En 1968, le metteur en scène Damiano Damiani en tire un film, avec Franco Nero dans le rôle du capitaine des Carabiniers Bellodi et Claudia Cardinale dans celui de la veuve d’un assassiné.

En 1963 Sciascia publie Le Conseil d’Égypte, qui se déroule à la fin du XVIIIe siècle à Palerme, où les espoirs suscités par la Révolution française en quelques rares esprits illuminés se heurtent à une société immobile, où les privilèges de l’aristocratie se nourrissent de l’ignorance et de la superstition de la plèbe.

En 1964 paraît Mort de l’Inquisiteur, roman-enquête qui relate l’histoire de Diego La Matina, un moine sicilien persécuté par l’Inquisition de Palerme pour une faute qui reste inconnue encore aujourd’hui, qui finit par assassiner en 1658, dans les prisons de Palerme, le chef de l’Inquisition du royaume de Sicile. Sciascia a toujours considéré ce texte comme incomplet, se proposa souvent de le reprendre mais, finalement, n’y arriva jamais. La pièce de théâtre Le Député (1965) dénonce sans détours les complicités entre le gouvernement italien de l’époque et la mafia.

Le genre du roman policier à connotation politique est repris dans À chacun son dû, paru en 1966, histoire d’un intelligent mais naïf professeur de lycée qui, en enquêtant par simple curiosité sur un assassinat commis dans son village, finit par découvrir une vérité de crime, corruption et hypocrisie généralisée qui en causera la perte. Librement inspiré de ce roman, le film homonyme réalisé en 1967 par Elio Petri, avec Gian Maria Volonté dans le rôle principal, reçoit le prix pour le meilleur scénario au Festival de Cannes de la même année.

Toujours en 1967, Sciascia s’installe à Palerme. À partir de 1969, il écrit régulièrement dans le Corriere della Sera. Il publie la même année La Controverse liparitaine (une deuxième édition française s’intitule L’Évêque, le Vice-roi et les Pois chiches), qui raconte la controverse éclatée, au début du xviiie siècle, entre l’évêque de Lipari et l’administration fiscale : allégorie, d’ailleurs dédiée à Alexander Dubček, des rapports entre l’URSS et les États du bloc de Varsovie.

Sciascia prend sa retraite en 1970, pour se consacrer entièrement à  l’écriture.

En 1971 paraît Le Contexte, roman policier qui, sous le voile d’une allégorie assez transparente, se réfère à l’Italie contemporaine, laquelle venait de vivre 1968, les grandes luttes syndicales de 1969 et les premiers attentats de la « stratégie de la tension ». Ce roman suscita de violentes polémiques, non seulement dans les milieux proches du gouvernement, mais aussi chez les intellectuels et les hommes politique de la gauche socialo-communiste. En 1976, Francesco Rosi en tire le film Cadavres exquis, dont Lino Ventura tient le rôle principal. Entre-temps, Sciascia rédige une série de textes qui, en partant de crimes réels, dénoncent la société contemporaine : Actes relatifs à la mort de Raymond Roussel (1971), Les Poignardeurs (1976) et L’Affaire Moro (1978).

En 1973 paraît le recueil La Mer couleur du vin, en 1974 Todo modo, inquiétante histoire d’un groupe d’hommes politiques (l’allusion à la démocratie chrétienne est évidente pour le public de l’époque), qui, réunis dans un ermitage pour des exercices spirituels destiné à les purger de leurs crimes de corruption, se retrouvent au centre d’une série de crimes qui décapitent la direction de leur parti. Un film du même titre sera réalisé par Elio Petri en 1976, avec Gian Maria Volonté et Marcello Mastroianni.

Candide, un rêve fait en Sicile (1979) et Stendhal et la Sicile (1984) témoignent de l’amour de Sciascia pour la culture française.

Leonardo Sciascia est élu en 1975 au conseil municipal de Palerme, sur la liste du Parti communiste italien, mais démissionne deux ans plus tard, en désaccord avec la ligne majoritaire du parti, prônant un rapprochement avec la Démocratie chrétienne. Il est élu député au Parlement sous la bannière du Parti radical italien en 1979 et le reste jusqu’en 1983. Pendant son mandat, il fait partie de la commission d’enquête parlementaire sur l’assassinat d’Aldo Moro et le terrorisme.

Atteint d’une grave maladie depuis le début des années 1980, Sciascia continue néanmoins son activité, avec articles, interviews et encore des récits narratifs : l’amer Portes ouvertes (1987), Le chevalier et la mort (1988), Une histoire simple (1989).

Il s’éteint à Palerme le 20 novembre 1989. Sur son tombeau, à Racalmuto, est gravée une citation d’Auguste de Villiers de L’Isle-Adam («Nous nous en souviendrons de cette planète»), choisie par Sciascia lui-même. Son épouse est décédée en 2009.

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Sources : Wikipédia, YouTube.

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